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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Trois cantiques classiques étudiés pour leur message évangélique

première partie du culte du 7 août 2016 à Pessac

 

 

 

Chant 1 : Dieu tout-puissant 58 ATG

 


Dieu tout-puissant, quand mon cœur considère

Tout l’univers créé par ton pouvoir :

Le ciel d’azur, les éclairs, le tonnerre,

Le clair matin ou les ombres du soir.

 

De tout mon être alors s’élève un chant :

Dieu tout-puissant, que tu es grand !

De tout mon être alors s’élève un chant :

Dieu tout-puissant, que tu es grand !

 

Quand par les bois ou la forêt profonde

J’erre et j’entends tous les oiseaux chanter,

Quand sur les monts la source avec son onde

Livre au zéphyr son chant doux et léger.

 

Mais quand je songe, ô sublime mystère !

Qu’un Dieu si grand a pu penser à moi,

Que son cher Fils est devenu mon frère

Et que je suis héritier du grand Roi.

 

Tu créas l’arbre et le buisson d’épines

Pour la couronne et le bois de la croix ;

Car ta pensée éternelle et divine,

C’était d’offrir Jésus ton Fils pour moi.

 

Quand mon Sauveur, éclatant de lumière,

Se lèvera de son trône éternel,

Et que, laissant les douleurs de la terre,

Je pourrai voir les splendeurs de ton ciel.


 

 

Le culte que nous rendons à Dieu ce matin est celui d’un peuple racheté face à son créateur. Ce chant est une belle expression classique de notre foi. Reprenons les paroles de ce chant.

 

Il contient un résumé populaire de ce qu’est le christianisme. Le schéma est répétitif, comme souvent dans les chansons ou les cantiques. Le couplet expose un moment de vie ou de pensée et le refrain tire la conclusion spirituelle.

 

Couplet 1 : L’univers, la Terre dans le Cosmos et les éléments sont contemplés avec admiration comme preuve d’un ordre du monde, ce qui amène à célébrer la grandeur de Dieu dans le refrain 1 qui est centré sur la grandeur de Dieu.

 

Couplet 2 : une sorte de zoom avant sur la nature, l’oiseau, la source et le vent. On dirait du J .J. Rousseau. La conclusion est la répétition du refrain 1 sur la grandeur de Dieu.

 

Les deux premiers couplets s’inclinent devant l’évidence de la création divine. Ce qui se retrouve dans un texte biblique célèbre en Romains 1 :19-20 :

 

« 19 ¶ car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, car Dieu le leur a manifesté. 

20  En effet, les (perfections) invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. »

 

Couplet 3 : le mystère sublime du Christ, qui passe par son incarnation, c’est-à-dire sa venue en chair comme nous et qui le fait devenir mon frère, notre frère : Jésus le dit lui-même dans les Evangiles .

 

Luc 8:21  « Mais il répondit: Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. »

 

Nous sommes donc devenus, comme Jésus, notre frères, héritiers de Dieu et de son royaume. Ephésiens 1 : 3 à 8 – 13-14.

 

« 3 ¶ Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. 

4  En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, 

5  il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adoptés, selon le dessein bienveillant de sa volonté, 

6  pour célébrer la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé. 

7  En lui, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés selon la richesse de sa grâce

8        que Dieu a répandue abondamment sur nous en toute sagesse et intelligence.  …]

13  En lui, vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui, vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis

14  et qui constitue le gage de notre héritage, en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire. »

 

le refrain change alors et devient une louange à la bonté de Dieu (voir paroles dans ATG) pour les refrains 3 et 4.

 

Couplet 4 : la résurrection, l’enlèvement de l’église ou le passage en l’au-delà, mise en chant simplifiée de l’Apocalypse de Jean ou des propos de Paul dans la première épitre de Paul aux Thessaloniciens.

 

Apocalypse 22 :3 à 5 : « 3  Il n’y aura plus d’anathème. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville. Ses serviteurs le serviront

4  et verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. 

5  La nuit ne sera plus, et ils n’auront besoin ni de la lumière d’une lampe,  ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils règneront aux siècles des siècles. »

 

1 Thessaloniciens 4 : 15 à 17 : « 15  Voici, en effet, ce que nous vous déclarons, d’après une parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. 

16  Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront en premier lieu. 

17                Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. »

 

La bonté de Dieu est alors célébrée in situ, « dans son divin séjour » et c’est l’amour de Dieu qui clôt la version originale du chant, et non plus la puissance. Ce qui nous sauve est l’amour de Dieu, en aucun cas sa puissance.

 

Nous avons donc dans ce chant un résumé de l’histoire humaine face au dessein de Dieu. Qui ne peut s’accomplir que par la venue de Jésus ;

 

Chant 2 – Attaché à la Croix pour moi 127 JEM

 


Quel Sauveur merveilleux je possède !

Il s’est sacrifié pour moi

Et sa vie innocente, il cède

Pour mourir sur l’infâme bois.

Attaché à la croix pour moi,

Attaché à la croix pour moi,

Il a pris mon péché,

Il m’a délivré,

Attaché à la croix pour moi.

 

Il renonce à la gloire céleste

Pour le plan rédempteur de Dieu.

L’apparence est la plus modeste,

Ô quel prix pour me rendre heureux.

 

Maltraité, innocent, pour ma vie,

Pour mes iniquités, brisé

Et chargé de mes maladies,

Il mourut pour guérir, sauver.

 

Le salut accompli pour ses frères,

Mon Sauveur se rendit au ciel.

Il revient! Ô profond mystère,

Mon bonheur sera éternel.


 

 

Là encore, un vrai petit scénario de l’Evangile.

 

Couplet 1 : nous sommes comme les disciples au Golgotha ; il est mort sur la croix, sur l’ »infâme bois ». ils ne comprennent rien, comme les disciples d’Emmaüs.

 

Luc 24 : 18 à 21 : « L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit: Es-tu le seul qui séjourne à Jérusalem et ne sache pas ce qui s’y est produit ces jours-ci? 

19  Quoi? leur dit-il. Ils lui répondirent: Ce qui s’est produit au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, 

20  et comment nos principaux sacrificateurs et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. 

21                Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël, mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces événements se sont produits. » 

 

Le refrain célèbre le rachat de nos vies.

 

Couplet 2 : La venue du Fils de Dieu est présentée en 4 vers seulement. L’essentiel est dit : Jésus-Christ renonce à son statut céleste. Ce que Paul dit autrement :

 

Philippiens 2 : 6 à 8 : « 5  Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, 

6  lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, 

7  mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, 

8                    il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. »

 

Il devient un homme du peuple, à l’apparence des plus modestes.

 

Esaïe 53 : 2 : «  Il s’est élevé devant lui comme un rejeton, Comme une racine qui sort d’une terre assoiffée; Il n’avait ni apparence, ni éclat Pour que nous le regardions, Et son aspect n’avait rien pour nous attirer. »

 

Couplet 3 : la mise à mort de Jésus et sa signification pour un chrétien .

 

Esaïe 53 : 4 & 5 : «  Certes, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé; Et nous, nous l’avons considéré comme atteint d’une plaie; Comme frappé par Dieu et humilié. 

5                    Mais il était transpercé à cause de nos crimes, Écrasé à cause de nos fautes; Le châtiment qui nous donne la paix est (tombé) sur lui, Et c’est pas ses meurtrissures que nous sommes guéris. »

 

Le sens de la mort est alors éclairé : il s’agit de guérir et sauver, les mots même qu’emploie le prophète de l’Ancien Testament.

 

Couplet 4 : l’Ascension et la Parousie

 

Ce couplet nous décrit deux manifestations de la glorification de Jésus.

 

Marc 16 :19-20 : « 19  Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu. 

20                Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les signes qui l’accompagnaient. »

 

Matthieu 24 : 36-39 : « 36  Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. 

37  Comme aux jours de Noé ainsi en sera-t-il à l’avènement du Fils de l’homme. 

38  Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche; 

39                et ils ne se doutèrent de rien, jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous; il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme. »

Nous voyons donc ici qu’un chant simple peut être un concentré d’Evangile et nous comprenons mieux que des hommes et des femmes se soient convertis à l’écoute d’un simple cantique.

 

Ceci doit aussi nous inciter à veiller sur la qualité de nos chants, à mélanger intelligemment chants « lourds » et « légers », pour exprimer simplement notre joie, ce que nous allons faire pour finir cette première partie, après l’analyse d’un dernier exemple, peut-être le plus célèbre.

 

Chant 3 : A toi la Gloire – 1 ATG

 


À toi la gloire, ô ressuscité !

À toi la victoire pour l’éternité.

 

Brillant de lumière, l’ange est descendu,

Il roule la pierre du tombeau vaincu.

 

Vois-le paraître :

C’est lui, c’est Jésus.

Ton sauveur ton maître,

Oh ! ne doute plus.

Sois dans l’allégresse peuple du Seigneur

Et redis sans cesse que Christ est vainqueur.

 

Craindrais-je encore ?

Il vit à jamais,

Celui que j’adore,

Le Prince de paix.

Il est ma victoire, mon puissant soutien,

Ma vie et ma gloire, non, je ne crains rien.


 

Ce chant est un chant de triomphe, tiré du « Messie » de Georg-Friedrich Haendel, compositeur anglo-saxon du XVII ème siècle, strict contemporain de J.S Bach. Il célèbre l’inversion de la logique ordinaire. La mort est d’habitude la défaite finale et totale de l’homme.

 

Couplet 1 : Où est la victoire de la mort ?

 

1 Corinthiens 15 :55-57 : « 55  O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? 

56  L’aiguillon de la mort, c’est le péché; et la puissance du péché, c’est la loi. 

57                Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ! »

Retenez le mot aiguillon, il reviendra tout à l’heure !

 

Couplet 2 : C’est la célébration de la victoire. Ici, c’est une victoire collective, pour le « peuple du Seigneur ». Nous retrouvons ici les accents des Psaumes.

 

Couplet 3 : La victoire devient alors personnelle : la crainte est bannie. Dieu apparaît avec des attributs importants ; il est victoire, soutien, vie et gloire. Retenons aussi ces mots, pour la suite de notre culte

 

Ce que nous venons de voir dans ces cantiques classiques produit en nous une vraie joie qui nous pousse à célébrer Dieu par le chant.

 

JM Dauriac – août 2016

 

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Habiter le monde – Université Libre d’Eté Fresselines (23) 30-31 juillet 2016

Cette année encore, nous proposons un rendez-vous de réflexion et de convivialité sur le dernier week-end de juillet, dans le village d’artistes de Fresselines, au Nord de la Creuse. Deux jours à prendre le temps de se parler, de penser ensemble ou contre, de vivre notre dignité d’humains.

fresselines-vue-generale.jpg

 

le thème choisi pour plusieurs années est « Habiter le monde », que nous déclinerons selon les sessions par des aspects thématiques.

 

La session 2016 est une introduction. Elle vise à nous présenter la vaste dimension du sujet. Ceci sera fait en deux temps:

 

– par une conférence du philosophe de l’urbain & essayiste Thierry Paquot, « Qu’est-ce qu’habiter? », le samedi après-midi 30 juillet à 16 h 00, dans la salle des fêtes de Fresselines, suivie à 17 h00 d’un débat avec le public autour de « Habiter la Terre ou habiter le monde? » animé par Jean-Michel Dauriac, organisateur-créateur de l’ULE, et Thierry Paquot

 

– Des ateliers le dimanche matin, à partir de 9h30:

1 . 9h30-11h00: » Autour de Cézanne », avec Bernard Fauconnier, romancier, biographe et critique littéraire, auteur d’une biographie de Cézanne. L’occasion de rappeler que nous sommes dans « La vallée des peintres » à Fresselines.

 2. 11h00- 12h30: « Quel monde habiter? », avec Jean-Michel Dauriac et Thierry Paquot; Une introduction illustrée sur les facettes variées de ce monde contemporain que nous devons habiter. Le débat permettra de dégager les centres d’intérêts et les points critiques qui pourront être abordés dans les sessions suivantes.

 

le guide réflexion de l’atelier

 

Atelier de l’Université Libre d’Eté de Fresselines 2016

 

Quel monde habiter ?

Par Jean-Michel Dauriac et Thierry Paquot

 

 

Cet atelier a pour but de faire un petit état des lieux sélectifs de la planète afin de nous aider à saisir la dimension des enjeux du présent et du futur. Conçu par un géographe, il est tout naturellement appuyé sur un appareil cartographique, la carte étant un excellent document de synthèse qui permet le débat (même si elle est aussi un document subjectif et idéologique). J’ai choisi les thèmes suivants pour nourrir notre réflexion générale. Le but n’est pas de rentrer dans les détails – ce sera l’objet des prochaines sessions de notre ULE – mais de mettre en évidence les points chauds de ce monde fini qu’est la Terre, au sein d’un infini du Cosmos que nous ne connaissons qu’à peine. Le plan proposé est le suivant :

 

·       Thème 1 : Un monde fini, très peuplé, mais inégalement.

·       Thème 2 : Un monde fragmenté et  parcouru en tous sens.

·       Thème 3 : Un monde de civilisations et de langues variées.

·       Thème 4 : Un monde aux dieux multiples

·       Thème 5 : Un monde agité et troublé

·       Thème 6 : Un monde de plus en plus urbain.

·       Thème 7 : Un monde capitaliste et mondialisé.

 

Chaque thème peut donner lieu à un discussion propre, mais aussi alimenter un débat plus complexe où tous les facteurs se mêlent. Ainsi la population nombreuse, aux cultures diverses, aux croyances multiples, est aujourd’hui soumise à un modèle capitaliste mondialisé qui n’est pas sans poser problème. Les inégalités de développement accentuent l’écart entre riches et pauvres, entre les continents et les pays, mais au sein même des pays. Des migrants sillonnent la planète, mus par des ressorts très variés : économie, guerres, climat… Ils viennent s’entasser dans des mégalopoles à la croissance très rapide qui constituent autant un problème qu’une solution à cet état de fait. Tout ceci engendre troubles et inquiétudes. Comme vous le voyez, on peut parler d’un effet systémique, tout cela constituant un grand système complexe qui nous échappe souvent. Est-ce une raison pour renoncer à le penser ?

Jean-Michel Dauriac

 

 

Un repas en commun pourra être pris sur place, moyennant finance et inscription.

 

L’après-midi sera récréatifs, avec un spectacle de conte et une découverte d’un site sandien, à Gargilesse (36)

 

La brochure et le programme détaillée sont à télécharger ci-dessous.

 

ule-2016-int_print.pdf   

ule-2016-couv_print.pdf

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Le défi urgent de notre pays et de notre temps – A propos de « Penser l’islam »

Michel Onfray            Grasset 2016 168 pages

 

Ce petit livre est celui dont Onfray avait suspendu la diffusion après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris ; Il comprenait bien que le moment était le plus mal choisi pour essayer de faire réfléchir sur l’islam. Cinq mois plus tard, en 2016, il sort le livre en France, car le texte publié en Italie va revenir de manière indirecte dans ce pays.

 

michel-onfray-penser-islam.jpg

En tant que livre, celui-ci est assez mal fagoté, il faut bien le dire : c’est un livre de circonstance, construit avec du matériau disparate. Le début est la reproduction d’articles de l’année passée – publiés ou non – sur les thèmes de la guerre coloniale et de l’islam au prisme des évènements de janvier 2015. Ceux qui lisent la presse les connaissent déjà. Onfray a ajouté des commentaires et des liaisons. Puis à partir de la page 50, un long entretien avec une journaliste algérienne, Asma Kouar, musulmane.

 

            Il  répond à des questions qui partent du « Traité d’athéologie » mais ne suivent aucune ligne directrice ; le lecteur est très rapidement perdu par ces changements de direction et de thématique. Le contenu est assez peu original, Michel Onfray se contentant de répéter en le résumant ce qu’il dit depuis une dizaine d’années sur la laïcité et les religions. Mais celui qui aura lu le « Traité d’athéologie » lors de sa sortie –ce qui est mon cas – ne pourra pas manquer de trouver une nette évolution politique et humaine du philosophe. Il a depuis mieux lu les textes sacrés – le « traité » était très approximatif sur de nombreux points – et surtout approfondi sa pensée sociale sur la place des religions et la République. L’anarchiste de « politique du rebelle » a pris un coup de réalisme. Et  pour moi c’est très bien. Il faut retenir une position finalement assez modérée sur l’islam en France. Au nom de la nécessité de vivre ensemble sur ce territoire, il préconise un choix politique : celui de soutenir l’islam compatible avec les éléments républicains, position aujourd’hui partagée par tous les penseurs de bon sens non pollués par les calculs politiques à court terme.  Voici quelques extraits significatifs.

 

« Il n’y a pas une différence de nature mais une différence de degré entre l’islam pacifique du croyant intégré dans la République qui conduit sa vie bonne en instaurant en principe la fameuse sourate « Pas de contrainte en matière de religion » et l’islam de ceux qui s’appuient sur de nombreuses autres sourates du même Coran et qui s’avèrent antisémites, phallocrates, misogynes, homophobes, bellicistes, guerrières, et tuent au nom du livre qui dit aussi qu’il ne faut pas tuer… » page 47

 

Cette remarque est vraie et s’applique aussi au judaïsme et au christianisme : c’est la même Bible qui a servi de justification aux Croisades diverses et à La Réforme de Luther, c’est la même Tora qui aujourd’hui sert de base aux juifs républicains français et aux ultras-orthodoxes israéliens, qui sont une grosse part du problème palestinien.

 

« Si l’on refuse et récuse l’idéologie, la République doit composer avec cette réalité, en dehors de toute fantasme, et promouvoir l’islam républicain qui s’appuie sur les sourates pacifiques. » page 66

 

«  Proposer un contrat social avec l’islam en France pour qu’il y ait un islam de France. Cet islam devrait prélever ce qui, dans le Coran, dans les Hadiths du Prophète, dans la biographie de Mahomet (Sîra), dans l’islam, dans l’histoire des musulmans, se montre clairement compatible avec les valeurs de la Républiques que je viens de citer. Si tel est le cas (ce qui suppose de renoncer à ce qui justifie la haine et le sang au nom de l’islam…), alors la République donne ce qu’elle doit donner : elle fournit un formation aux imams, elle les salarie, elle surveille les prêches pour qu’ils soient républicains, elle finance les lieux de prière, elle assure la protection des musulmans.

Tout ceci serait assuré par un denier du culte prélevé en fonction des confessions, l’athéisme ou l’agnosticisme constituant une case dans la déclaration… » page 126

 

Alléluia ! Onfray vient de réinventer le système allemand ou scandinave et de piétiner le Concordat dans son esprit laïcard, revenant au modèle d’Alsace-Lorraine. Cette pique énoncée, je sui tout à fait d’accord avec lui qu’à situation nouvelle et exceptionnelle, il faut des réponses nouvelles et exceptionnelles. L’Etat, garant de la sécurité et de l’harmonie de son peuple doit prendre les choses en mains. Je suis plus réservé sur un contrôle systématique des prêche, qui gêne le théologien que je suis. Je pense qu’une surveillance discrète par Les RG comme elle s’est toujours faite dans les diverses églises évangéliques du pays est suffisante.

 

Ces trois extraits résument à peu près l’ensemble du livre sur la question de l’islam. Il faut reconnaître que , si cela peut paraître évident à plusieurs, pour Michel Onfray, c’est une très grande évolution par rapport à ses positions anciennes férocement antireligieuses. Il prouve ainsi qu’on peut être athée et admettre la foi et la praxis des autres. Resterait à poser la délicate question de la place dans la sphère publique : l’islam a-t-il vocation à s’exprimer sur les évolutions de ce pays ? Comment ? Quand on voit avec quel mépris les médias parisiens ont traité l’opposition au mariage pour tous ( dont je ne partageais pas toutes les positions, loin de là !), il y a du chemin à parcourir pour obtenir un vrai dialogue dans ce pays.

 

Mais ce livre rappelle aussi une position plus philosophique, celle de la lecture et analyse des textes sacrés des religions.

 

« On doit pouvoir lire avec un œil d’historien les textes sacrés de toutes les religions comme on le fait des textes philosophiques, spirituels, politiques – d’autant que els trois textes monothéistes sont aussi des textes philosophiques, spirituels, politiques. » Page 87

 

On est bien d’accord. Je crois Michel Onfray trop cultivé pour ne pas savoir qu’Ernest Renan il y a 130 ans environ a écrit une « vie de Jésus » sur cette base : il n’a pas été banni de la République, mais a été vivement critiqué par les chrétiens de son temps, ce qui est la règle du jeu du débat. Par ailleurs, il existe un grand théologien protestant, Rudolf Bultman qui a proposé, au sein du christianisme, d’accomplir un travail de « démythologisation » des textes bibliques ; il est aujourd’hui considéré comme un auteur incontournable des exégètes sérieux du christianisme. Là aussi la question est celle du but poursuivi : s’il s’agit de la liberté d’étude et de débat, je vote des deux mains pour ; s’il s’agit de vouloir ridiculiser les religions, je ne peux que m’opposer car on piétine alors les valeurs revendiquées. La limite est celle de la liberté individuelle absolue, dans les deux sens.

 

«  Voilà pourquoi je tiens à égale distance les littéralistes qui ignorent le contexte et les contextualistes qui ignorent la lettre. Le littéraliste produit le fondamentaliste qui confond l’esprit et la lettre et ne lit que ce qui est écrit. En revanche le contextualiste ne lit pas ce qui est écrit et veut même parfois voir le contraire de ce qui est écrit. » page 128

 

Encore une fois, je suis tout à fait d’accord ! Car l’espace de « vie bonne » est dans la lecture spirituelle de ces textes et non dans leur lecture comme textes historiques – le géographe universitaire que je suis ne peut admettre une lecture littérale de la création en 6 jours de 24 heures ! – ou comme code de morale intemporelle : la société hébraïque préchrétienne ou l’antiquité romaine n’ont plus rien à voir avec notre époque (pas toujours de manière positive d’ailleurs).

 

«  Question : Beaucoup prétendent que l’Occident « néo-libéral » est politiquement, et moralement, pornographique, idolâtre et ennemie de tout transcendance. Qu’en pensez-vous ?

 

Réponse de Michel Onfray : Ceux qui pensent cela n’ont pas tout à fait tort ! L’occident est en bout de course, l’Europe est moribonde, elle ne revivra pas, et comme toutes les civilisations en phase d’effondrement, elle montre des signes de décadence : l’argent roi, la perte de tous les repères éthiques et moraux, l’impunité des puissants, l’impuissance des politiciens, le sexe dépourvu de sens, le marché qui fait partout la loi, l’analphabétisme de masse, l’illettrisme de ceux qui nous gouvernent, la disparition des communautés familiales ou nationales au profit des tribus égotistes et locales, la superficialité devenur règle générale, la passion pour les jeux du cirque, la déréalisation et le triomphe de la dénégation, le règne du sarcasme, le chacun pour soi… » page 68

 

Je partage ce diagnostic avec le philosophe. Notre monde ancien va mal et il dit que tout va mieux ! Je crois à l’utilité de la transcendance dans la guérison sociale. Non pour revenir à une chrétienté morte ou une théocratie républicaine, mais pour raviver le débat moral et éthique en profondeur et non selon les canons des formats télévisuels ou internet. Il faut recréer des espaces de discussion sur le temps long : les Université populaires sont un de ces outils.

 

 Il faut donc une vraie réflexion sur les textes et je suis convaincu que le dialogue inter-religieux sans concession est LA solution pour l’émergence de cet islam de France. J’ai déjà organisé plusieurs rencontres de ce type et j’en ai vu les aspects très positifs tant du côté des musulmans que des chrétiens ou des juifs.

 

Je n’aborderai pas ici les considérations politiques que Michel Onfray développe dans sa conclusion. Je partage tout à fait ses positions : ces attentats ne sont pas liés au hasard mais à une politique étrangère de la France ; le dégoulinement de sentiments superficiels mus par les médias et qui retombent comme un soufflé est une piètre réponse d’un pouvoir qui n’en peut mais.. Je ne fais pas du tout confiance à Hollande pour résoudre cette crise, pas plus qu’à Sarkozy ou Juppé ; il faudrait un homme ou des hommes et des femmes qui puissent être libres dans leurs têtes et non formatés par les diverses grandes écoles ou grands partis – et c’est un prof de classe prépa qui dit cela ! -. Je ne crois pas aux hommes providentiels, qui sont la paresse des hommes du peuple et qui se retournent en général contre ceux qui les ont élevé ou sont assassinés.

 

C’est donc un livre qui peut susciter le débat. Mais il faudrait aller plus loin : il y a quelques années, lors d’une rencontre avec Michel Onfray, celui-ci m’avait lancé, sous forme de boutade, après avoir appris que j’étudiais la théologie protestante : « Pourquoi pas de la théologie à l’Université Populaire de Caen, un jour ? » Je crois que le moment est venu. Et je serais tout à fait volontaire pour y réfléchir, moi qui ai fondé une Université Populaire que Michel Onfray a bien voulu parrainer par deux magnifiques conférences.

 

Jean-Michel Dauriac

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