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Lecture de base :
Jonas Ch. 2 : 1-3a, 8 – 3:10 – 4 : 11
“ (2-1) L’Eternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits. (2-2) Jonas, dans le ventre du poisson, pria l’Eternel, son Dieu. (2-3) Il dit : |…]
(2-8) Quand mon âme était abattue au-dedans de moi, Je me suis souvenu de l’Eternel, Et ma prière est parvenue jusqu’à toi, Dans ton saint temple [….]
3 : 10 Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie. Alors Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas. |…]
4 : 11 Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des animaux en grand nombre ! ‘version NEG) »
On a souvent réduit le court livre de Jonas à une historiette pour les enfants. Ce récit est un must des Ecoles du dimanche protestantes. Tous ceux qui les ont fréquentées ont entendu cette histoire paraphrasée avec plus ou moins de bonheur par les moniteurs, pour aboutir à une morale devenue canonique sur l’amour de Dieu malgré la désobéissance de Jonas et sur le plan de salut universel de Dieu. Je ne renie nullement cet enseignement simplifié. Mais je crois qu’il serait vraiment regrettable de réduire le livre de Jonas à un conte pour enfants. Il a des enseignements pour toute personne et toute communauté qui veut être à l’écoute de Dieu.
On ne connaît absolument pas l’auteur de ce livre et la référence à un prophète cité dans 2 Rois 14 :25 est purement fantaisiste. Jonas, comme le beau livre de Ruth, est un récit édifiant, un petit roman à portée pratique et théologique. L’accumulation des miracles doit nous interpeller : est-ce bien crédible ? On peut le lire de façon littérale et tout prendre pour argent comptant. Je ne me range pas dans ce camp-là. Pour moi, tout le livre de Jonas est symbolique et vise l’édification, du peuple juif d’abord, puis du peuple chrétien. Je ne cherche pas à connaître l’espèce du poisson ou la variété de Ricin capable de pousser en un jour. Je saisis les leçons que Dieu a voulu transmettre par les rédacteurs de ce livre.
Nous connaissons l’histoire : Dieu missionne Jonas pour aller « crier contre Ninive », ville où règne le vice et l’injustice. Jonas a peur de cette mission et s’enfuit, par bateau, vers Tarsis (l’Espagne), dans la direction opposée à celle de Ninive. Dieu provoque une tempête étrange, qui amène les marins à chercher le bouc émissaire, Jonas, et à le faire passer par-dessus bord (chapitre 1).
Nous en arrivons alors au chapitre 2 et aux versets que je veux méditer avec vous.
Dieu choisit de confiner Jonas dans le ventre d’un grand poisson, au fond de la Méditerranée. Nous savons qu’une des symboliques de la mer est celle de l’espace du péché. Jonas est immergé au milieu du monde humain du péché, y compris le sien propre. Je rappelle que le péché est l’état de séparation d’avec Dieu. Durant 3 jours et 3 nuits, comme Jésus au tombeau, selon le fameux « signe de Jonas » de Matthieu 12 :40, Jonas peut réfléchir. Et, prophète revenu à la raison, il prie : les versets 3 à 11 sont un psaume crié à Dieu. Il s’agit d’ailleurs d’un assemblage de morceaux de divers psaumes bibliques hébreux. L’étude complète de cette prière serait une méditation très enrichissante en elle-même. Mais j’en viens au verset 8. Après avoir décrit sa descente dans l’abîme (symbole de la détresse et de la mort), Jonas saisit la bouée de la foi : « Je me suis souvenu de l’Eternel ». Sa fuite était un reniement. Il a fallu tous ces évènements graves pour qu’il revienne vers l’Eternel. Et alors, sa prière peut atteindre son but arriver dans le saint temple, donc à Dieu.
Peut-être, comme Jonas, avons-nous tourné le dos plus ou moins violemment au désir de Dieu ? Peut-être avons-nous eu peur de ce qu’il attendait de nous ? Le croyant doit parfois aller au combat spirituel – je crois qu’il ne doit jamais aller au combat physique – et cela peut l’effrayer. Nous ne nous sentons pas armés pour affronter les moqueurs, les athées, les ennemis de Dieu. Nous ne saurions pas quoi leur dire : Jonas, souvent, c’est nous, avec des variantes innombrables. Nous nous précipitons dans le doute, nous voulons vivre comme les autres, mais nous ne pouvons faire taire la voix de la foi. C’est quand Jonas est confiné, sans rien pour le distraire qu’il adresse sa plus belle prière à Dieu. Ce temps de retraite imposée est une bénédiction pour nos âmes si nous savons nous en saisir. Plus rien ne nous distrait, ne nous divertit, au sens que le grand écrivain Pascal évoque dans un texte cité à tort et à travers ces jours-ci, sur la difficulté de savoir garder la chambre, sans succomber au divertissement qui a pour but de cacher la question essentielle de notre mortalité. Jonas est face à lui-même et il trouve alors en lui les ressources pour repartir (on dirait « rebondir » dans le langage actuel). Il découvre que Dieu ne l’a pas abandonné. Si nous avons traversé les affres du doute et de la peur, sachons faire de ces jours de confinement le moment pour crier à Dieu et sortir des abîmes.
Dieu entend Jonas et le poisson le rejette sur le rivage. Commence alors le deuxième temps.
Le confinement est fini. Jonas reçoit à cet instant le contenu précis de son message pour Ninive, formulé au verset 4 du chapitre 3 : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ». Jonas va s’acquitter de sa mission cette fois-ci. Il va diffuser par sa voix l’avertissement de Dieu aux habitants de la ville. Il est devenu un serviteur obéissant. Mais il garde en lui une haine pour Ninive et son péché. Et au chapitre 4, nous le voyons très en colère devant la repentance des Ninivites. Le verset 10 du chapitre 3 proclame en effet que Dieu a décidé de ne pas détruire Ninive, devant les actes de repentance des habitants et du roi. Jonas devrait se réjouir, mais au lieu de cela, il est irrité. Il devrait rendre gloire à Dieu pour cette repentance, mais il ne le peut. Pourtant, dans sa colère,, il rend un magnifique témoignage à Dieu au verset 2 du chapitre 4 :
« Car je sais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal. »
Ninive, c’est le symbole du monde sans Dieu, livré à ses désirs et ses penchants bons et mauvais, ses « passions tristes » selon Spinoza. Jonas ne veut pas leur salut ! Il est heureux d’être membre du peuple de Dieu et sauvé, mais il ne veut pas que le salut aille aux païens. Ce qu’il sait de Dieu (voir le verset cité précédemment), il ne l’a pas fait sien. Il a besoin de se convertir dans cette direction. Et Dieu doit alors faire de la pédagogie avec lui, lui apprendre la compassion (on ne saura d’ailleurs pas si cela a marché). C’est le sens du chapitre 4. Ne sommes-nous pas parfois des Jonas, refusant l’accès à la grâce de Dieu pour les gens sans Dieu autour de nous et que nous jugeons trop pécheurs pour être graciés.
Jonas et le ricin
Et pourtant, si nous savons écouter et voir, nous pouvons comprendre que, depuis le début de cette épidémie, les valeurs s’inversent, les hommes et les femmes retrouvent la solidarité, le souci de l’autre, l’importance de la relation personnelle de proximité (l’épicier de quartier), la futilité de la consommation à outrance et les pièges de la mondialisation matérialiste. Ne seraient-ce point les signes que Ninive est touchée dans son cœur ? Nous avons le message de pardon, d’amour et de fraternité de Jésus. Agissons, dans la mesure de la loi. Soyons présents au monde par toutes les petites choses possibles : téléphoner pour réconforter, faire des courses pour des personnes fragiles, nous porter volontaire pour aider quand c’est possible. Il serait trop facile et très stupide de voir dans cette épidémie une punition de Dieu (que n’avons nous entendu comme stupidités pour l’émergence du SIDA !), comme le proclament les intégristes de toutes les religions, lesquels sont les vecteurs les plus efficaces de la contagion, par leur refus fanatique de respecter les règles de prudence. Relisons le dernier verset du livre de Jonas :
« Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des animaux en grand nombre ! »
C’est la compassion qui doit nous habiter, comme elle habitait Jésus, face à Jérusalem. Rejoignons les hommes et les femmes de notre pays dans leurs belles et bonnes actions et soyons simplement des témoins du Christ à leurs côtés. Réjouissons-nous de chaque occasion où le bien triomphe du mal, car là est la volonté de Dieu.
Jean-Michel Dauriac
6 avril 2020
Merci pour ce message très parlant!
merci Jean Michel , de ce message tres bien explique pour moi tu m’apprend que Ninive c’est le monde je n’y avait pas pensee bien sur je connais Jonas mais pas sur cet angle la
merci beaucoup d’avoir deteille cette histoire ;;j’aime bcp de la facon dont tu presente tes messages …. ils donne a reflechir regarder en soi mediter au prochain message Jean Michel j’aime beaucoup
Proverbes 27.17 : « Tout comme le fer aiguise le fer, l’homme s’aiguise au contact de son prochain. »
un remerciement au rémouleur qu’est NOTRE très estimé Jean Michel
salutations fraternelles
Jacques