Ce beau titre est celui du numéro 286 de la revue Christus, revue de vie spirituelle et édification des Jésuites. Parution en avril 2025.
Je tiens à vous signaler cette parution, car le thème de l’âme est assez obscur, surtout en notre époque qui lui a longtemps nié toute existence, au nom d’un matérialisme primitif (on se souvient avec une ironie cruelle des expériences des savants soviétiques pesant des mourants et leurs cadavres de suite après leur mort pour établir que l’âme n’existait nullement, puisque le pois était quasiment inchangé avant et après le grand passage). Or, l’âme fait retour depuis quelques années, et pas seulement chez les croyants. Nous savons que ce concept est ancien, venant, pour notre civilisation de la Grèce classique. L’âme était un grand sujet de débat entre les philosophes et penseurs hellènes. Il est certain que le Nouveau Testament, en plusieurs textes porte la marque de cette idée hellénistique. Mais il est tout aussi certain que parler de l’âme est délicat, puisqu’elle nous est insaisissable au sens premier. Mais, comme l’amour ou le bonheur, cette immatérialité n’est pas du tout synonyme d’inexistence. Les auteurs de ce dossier se sont attachés à parler de l’âme sous divers angles, ce qui permet d’en avoir une vue assez riche. Une douzaine de contributions est proposée. Toutes ne sont pas du même intérêt. Mais toutes méritent l’attention du lecteur.
Le dossier est organisé par grands thèmes. Le premier est un rappel des textes bibliques qui parlent de l’âme. Nous y trouvons une synthèse des mots employés dans les langues d’origine du Livre, mais aussi un intéressant article sur l’âme dans les Psaumes. C’est à la fois savant et accessible. Une autre section rassemble des textes sur des aspects « pratiques », tel « La prière, « nourriture de l’âme » », tant il est vrai que toutes les traditions spirituelles utilisent la prière comme voie d’accès à la vie de l’âme. L’étude des rapports de l’âme et de la conscience est abordée dans un autre article. Les œuvres d’auteurs tels que Marie Noël, la poétesse française, ou Hildegarde de Bingen, l’abbesse médiévale, sont examinées au sujet de l’âme. Deux articles interpellent le lecteur philosophe ou curieux : l’un traite du délicat sujet de l’existence ou non d’une âme chez les « animaux non-humains » selon la belle formule litotique actuelle, et l’autre s’interroge sur une formule rendue célèbre en poésie, « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? », par Lamartine. La proximité des humains et des animaux, notamment dans le cadre des animaux de compagnie, ne peut manquer de nous interpeler. De même, nous « prêtons une âme » aux lieux et aux choses, selon notre histoire. On le voit, le champ couvert est large et ouvre des horizons de réflexion.
Je dois terminer par une remarque sur les deux derniers articles du dossier. IIs sont consacrés au purgatoire qui est, en doctrine canonique catholique, le tiers lieu où patientent les âmes qui ont juste assez fauté pour ne pas aller en Paradis, mais pas assez gravement pour mériter l’Enfer. On est donc chez Dante et sa Divine Comédie, mais au XXIe siècle. Le premier article est écrit par une religieuse membre d’une congrégation vouée aux âmes du purgatoire, qui fait l’historique de celle-ci et donne en même temps son ressenti sur le purgatoire. Le lecteur, au travers des précautions sémantiques alambiquées, comprendra bien qu’elle a du mal à accepter ce dogme médiéval. Mais elle n’en dit rien expressément. Le second est écrit par le recteur d‘un site catholique qui accueille les personnes qui veulent se rassurer ou assurer la position d’une âme défunte. Et là, chez ce religieux, aucun doute ne transparaît, il adhère des quatre fers au dogme et y ajoute, pour faire bonne mesure, la dévotion mariale, comme moyen d‘appui, présentant une théologie pratique sans aucun fondement biblique ou évangélique.
Je laisse aux lecteurs le droit à leurs croyances ouà leurs refus, mais je me dois de rappeler, en tant que théologien protestant, qu’il n’y a aucun fondement scripturaire solide à la notion d’Enfer et que l’idée même d’un Purgatoire est totalement absente de la Bible. La seule chose qui s’y trouve est celle du « Séjour des morts », notion juive du Shéol ; normal, puisque Jésus était juif !
Hormis ces deux articles qui sont très discutables, le dossier est vraiment intéressant et mérite votre lecture.
La revue peut se commander directement sur le site de la revue :
https://www.revue-christus.com
Jean-Michel Dauriac – mai 2025.
Leave a Comment