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Catégorie : dans l’actualité

Les 10èmes rencontres du Frêne à Fresselines (23) Et nos campagnes, alors? 19-20 juillet 2025

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Organisé par Aux rêves du Frêne

Association Loi 1901 – Fresselines

Les rencontres du Frêne, 10 ans déjà !

Dossier de presse 2025 à télécharger ici :

En 2015, Christine Guillebaud et Jean-Michel Dauriac décidaient de lancer un temps de réflexion et de partage autour de grands sujets de notre époque. Cela s’appelait alors l’Université Libre d’Eté de Creuse (ULE), reprenant un nom qui avait été créé par Jean-Michel Dauriac en 2008, à Chéniers, pour des rencontres, privées d’abord, puis ouvertes au public, avec ses étudiants de la région bordelaise. Cette expérience dura de 2008 à 2012, puis se mit en sommeil. La reprise de 2015 gardait la méthode de travail, mais s’ouvrait à un public plus large.

Il fut décidé que ce serait l’avant-dernier week-end de juillet qui serait le rendez-vous annuel. Ce qui s’est passé chaque année depuis, sauf l’année 2020 avec la pandémie.

Un cadre juridique associatif fut donné en 2020, avec Aux rêves du Frêne, référence à Fresselines, lieu des manifestations.

Cette année 2025 marque donc les 10 ans de ces rendez-vous. Chaque année un thème est choisi par l’équipe organisatrice, à l’intérieur d’un thème général, « Habiter le monde ». Le thème 2025 est :

Et nos campagnes, alors ?

Ce sujet s’inscrit dans la logique des années précédentes, où furent traités les thèmes suivants : Villes et campagnes, Le climat change, et nous ? , Nos modes de vie….

L’ensemble s’inscrit dans une démarche d’information, de discussion et de proposition autour de ces sujets qui nous concernent tous. Les rencontres du frêne n’ont pas vocation à soutenir telle ou telle position politique mais à ouvrir les esprits par la découverte d’informations de qualité et la pratique du débat. Il appartient ensuite à chacun de se servir de ces connaissances comme il l’entend. Les organisateurs revendiquent une complète liberté vis-à-vis de tous les partis politiques et groupes de pression, mais ils revendiquent également toute liberté d’expression des intervenants invités.

Le programme de la session 2025 en détail

La session de cette année s’étend sur le samedi 20 et le dimanche 21 juillet.

Nous proposons une variété d’activité : conférences, débat, soirée artistique, concert.

Les conférences

Quatre causeries sont offertes au public.

Samedi matin, à 10 h 30 : La méthanisation, par Francis Duchiron, professeur retraité de l’université de Reims.

La méthanisation est le processus naturel de dégradation anaérobie de la matière organique. Elle produit du biogaz essentiellement composé de méthane identique au gaz de ville ; mais celui-ci est renouvelable contrairement au gaz disponible actuellement.

Nous exposerons d’abord le fonctionnement de la méthanisation au sens scientifique ; c’est-à-dire les micro-organismes et les voies métaboliques impliqués.

Nous regarderons ensuite les sources potentielles de matière première, ce qui déterminera où implanter des unités de méthanisation. A la ferme, dans les villes pour en recycler les déchets organiques liquides (station d’épuration anaérobie) ou solides (station de méthanisation en phase solide) ; dans les usines agroalimentaires pour recycler les déchets.

Vaut-il mieux avoir des petites unités individuelles sur chaque ferme, ville, station d’épuration, usines agroalimentaires ; ou des équipements plus gros voir industriels ? Ce choix doit être un choix politique effectué en concertation avec les citoyens.

Samedi après-midi, à 14 h 30 : Les paysages racontent une histoire : la nôtre, par Jean-Michel Dauriac, Professeur honoraire de géographie dans les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE).

Le mot paysage est un terme commun. Mais il a aussi un sens plus précis, en art ou en géographie. Notre conférence se propose de définir les sens propres de ce terme et la richesse de son apport, en présentant les enjeux des paysages, leurs significations diverses et la synthèse géographique, la lecture historique que l’on peut en faire, ainsi que la présentation des acteurs qui en sont auteurs et usagers, voire fossoyeurs. Nous ferons le choix de privilégier les paysages ruraux.

Dans un second temps, nous effectuerons un voyage spatio-temporel dans les paysages de la France, du paléolithique au XXIe siècle et nous expliquerons, exemples illustrés à l’appui comment il est possible de lire notre histoire et notre avenir parfois dans ces paysages variés de la campagne française.

Jean-Michel Dauriac (à gauche) et Francis Duchiron (à droite) en pleine intervention publique, à Fresselines, durant l’été 2024. (Photo C. Dauriac)

Samedi après-midi, à 16 h 30 : Sauver les haies ? par Philippe Hirou, spécialiste des haies et bocages.

Alors que, depuis plus de 40 ans, l’on a pris conscience de l’importance des haies pour l’agriculture et les territoires ruraux et mis en place des politiques de replantation, pourquoi continuent-elles de disparaître ? Le constat est amer : on en replante 4000 km, mais il en disparaît plus de 20000 km chaque année. Leur image toujours négative au sein de la profession agricole, la radicalisation du débat entre écologie et économie, ou entre ville et campagne, la disparition des agriculteurs eux-mêmes et l’agrandissement des fermes l’expliquent en grande partie. Mais c’est aussi le résultat de pratiques d’entretien destructrices et du changement climatique.

Pourtant nous en avons encore plus besoin vis-à-vis du climat et de la biodiversité et elles peuvent être un atout pour l’agriculture et les territoires. Un atout économique en premier lieu, à la fois par des bénéfices et des coûts évités. De nombreux territoires se chauffent avec le bois des haies, dans le cadre de plans de gestion durable les préservant. Il ne s’agit pas du pillage auquel on assiste parfois, sans intérêt pour l’agriculteur ni pour le territoire local. En matière de lutte contre les inondations et l’érosion des sols, les haies sont une solution efficace. Le ralentissement du flux de l’eau et son infiltration vers les nappes phréatiques sont des bénéfices directs du maintien ou de la création de haies bien placées et en bon état. Les assureurs ne s’y trompent pas qui indiquent qu’à l’échelle des territoires, en moyenne, 1€ investi en prévention économise 8€ de dégâts. Et la haie ne coûte pas cher à implanter, on peut d’ailleurs recourir à la régénération naturelle, gratuite, ni à entretenir, car il s’agit au contraire de moins l’entretenir pour lui laisser plus de place. 


Dimanche matin, à 10 h 30 : Séverine, l’insurgée, Séverine l’oubliée, par Marie-France Boireau, Docteure en littérature et professeur honoraire de lettres en CPGE.

Séverine (Caroline Rémy, 1855-1929), un nom quasi oublié. Et pourtant, elle fut l’une des grandes journalistes de la fin du XIXe siècle, sans doute celle qui a inventé le journalisme d’investigation, celle qui a construit son identité de journaliste en se choisissant ce nom de plume, Séverine, celle qui a été une des premières journalistes professionnelles .

Alors, pourquoi un tel oubli ? Peut-être parce que Séverine fut une sorte d’électron libre et aucun parti, aucune association féministe, ne put et ne peut se réclamer d’elle. Dans sa vie personnelle et sa vie professionnelle, elle ne cessa d’affirmer sa liberté.

Disciple de Vallès qui a été son mentor, qui lui a appris le métier de journaliste, Vallès dont elle disait « c’est mon père », et dont elle prit la succession à la tête du journal Le Cri du peuple après la mort du vieux communard.

Mais ce n’était pas simple, en cette fin du XIXe siècle, pour une femme, de diriger un journal, et surtout de maintenir les colonnes de ce journal ouvertes aux différentes sensibilités de gauche. Elle finira par quitter Le Cri du peuple où les guesdistes avaient pris le pouvoir et elle vivra de sa plume, écrivant dans des journaux d’obédiences politiques différentes.

Comme le fera un siècle plus tard Florence Aubenas, elle n’hésitait pas à enquêter sur le terrain, à descendre, par exemple, dans la mine à Saint-Etienne, après un coup de poussier qui fit 112 morts, à se faire embaucher comme casseuse de sucre pour comprendre le rude métier des ouvrières.

 Longtemps réticente à l’égard des mouvements féministes réclamant les droits politiques pour les femmes, mue par un antiparlementarisme viscéral, elle finira par considérer que le droit de vote est important, en rejoignant le combat de son amie, Marguerite Durand, créatrice du journal La Fronde.

Son titre de gloire : la défense des pauvres, sa lutte  contre la misère, lutte pour laquelle elle  a déployé des trésors d’imagination et d’énergie.

Le grand débat, samedi 20 juillet à 18 h 00 : Et nos campagnes, alors ?

En présence de F. Duchiron, J-M. Dauriac et Ph. Hirou

Avec en invité, grand témoin : Philippe Auvillain, agriculteur retraité, ancien responsable creusois de la Confédération Paysanne

Ce temps de discussion avec le public, permettra à chaque conférencier de préciser certains points de leurs conférences, à la demande et d’échanger des points de vue sur le monde rural et son avenir.

Le grand témoin présentera son parcours et les options majeures qui semblent les meilleures pour les agriculteurs, l’agriculture, le milieu et l’alimentation des Français.

A l’issue de ce débat, l’association Aux rêves du frêne offrira un apéritif consistant aux présents. (20 h 15 -21 h 30)

Une soirée culturelle Poésie et chansons (21 h 30 – 23 h 00 environ)

Les participants sont invités à venir avec un texte ou un poème qu’ils ont envie de partager avec l’assemblée. Christine Guillebaud, poétesse bien connue des Creusois, dira des poèmes de son choix, Jean-Michel Dauriac chantera des chansons de sa composition et fera chanter la salle sur des chansons françaises connues.

Avec un hommage à Marcelle Delpastre, poète corrézienne, née en 1925.

En option, en fonction de la météo du ciel : Observation astronomique, à partir de 22 h 30, avec Laurent Sartre, astronome amateur et conférencier scientifique.

Concert de clôture de la session : dimanche 20, église de Fresselines, 16 h 00

Fréquences Libres, par l’ensemble Gabriel

https://www.ensemblegabriel.com

 Un verre de l’amitié, servi dans la salle polyvalente, clôturera cette session 2025

Contacts :

Jean-Michel Dauriac : dauriacjeanmichelgmail.com – 06 33 84 71 69

Francis Duchiron : francis.duchiron@univ-reims.fr – 05 55 89 71 60

* * * * * * * *

En partenariat avec l’UPHG (Université Populaire des Hauts de Garonne – Lormont 33)

Vous pouvez vous abonner aux vidéos hebdomadaires des conférences UPHG, en adhérant à l’association, pour 10€ par an.

Contacts : Jean-Michel Dauriac, président, jmdauriac@laposte.net

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Sacrée Fête de la musique 2025 !

S’il ne devait rester qu’une seule chose des années Mitterrand, ce serait la Fête de la musique. L’idée géniale de coupler ce grand moment populaire au solstice d’été est une façon de renouer avec les rites païens cosmiques. Bien qu’elle ait été largement récupérée par le monde du business, cette fête reste ce qu’elle était au départ : la célébration populaire de la musique, à laquelle tout le monde peut participer, quel que soit son niveau musical. De plus, ce moment de communion ne s’est pas cantonné au monde urbain, comme c’est souvent le cas des pratiques culturelles, mais il marque aussi profondément la France rurale, celle des territoires et des gens oubliés, ceux que le géographe Christophe Guilluy appelle « les oubliés ». J’ai longtemps pratiqué la Fête de la musique comme musicien de jazz, avec mon groupe Jazzpotes, puis Jazzéthic. Depuis le Covid, je me borne à la faire en auditeur-spectateur, en attendant de redevenir acteur. J’ai aussi choisi de la vivre dans ma patrie d’adoption, la Creuse et sud du Berry, autour de chez moi. J’ai déjà rendu compte dans une série d’articles de la vitalité de la vie culturelle en milieu rural profond (liens). Cette édition 2025 a été pour moi l’occasion de vérifier cette vitalité. C’est ce que je veux partager avec vous.

Cette année, la Fête de la musique tombait idéalement un week-end – c’est beaucoup moins pratique en semaine ! -, qui plus est avec un temps au beau (et très chaud !) fixe. C’est d’ailleurs sans doute cette chaleur étouffante qui m’a poussé à choisir deux concerts dans des églises du coin. Les architectes médiévaux savaient fort bien « climatiser » leurs constructions. Dans ma petite patrie, il existe un hebdomadaire plus que centenaire, L’écho du Berry, qui fait très bien son travail d’information locale, notamment au plan culturel. Il dresse une liste de toutes les manifestations proposées dans son périmètre. C’est par lui que j’ai pu choisir mes deux concerts du samedi et du dimanche. Il s’agissait donc de deux concerts dans des églises et avec des chorales, autour du répertoire de musique dite « sacrée[1] ». Il faut distinguer d’emblée cette musique de la musique ou du chant liturgique, qui sont des composants du culte. Les compositions peuvent être incorporées à certaines cérémonies, mais elles ne sont pas partie prenante de la liturgie ordinaire des cultes. Reconnaissons cependant que les compositeurs ont le plus souvent pris comme base textuelle des textes d’église, en latin dans la plus grande partie des cas. Mais ce choix a été rejeté par un compositeur comme J.S. Bach qui a composé sur des textes en allemand, ou Brahms avec son Requiem allemand. Le latin n’est pas la langue officielle de la musique sacrée, mais il y joue, historiquement, un rôle majeur.

Deux concerts, deux lieux différents, deux ambiances différentes et deux qualités musicales différentes, mais un même amour-passion de la musique chez les exécutants : on est donc bien dans l’esprit de la Fête de la musique.

Samedi soir 21 juin, 20 h 30, Basilique de Neuvy Saint Sépulchre (Indre), la maîtrise de la cathédrale d’Angers se produit gratuitement avec un répertoire historique allant du XIIe siècle à nos jours. Le décor est somptueux : la basilique est une des rares églises rondes de France, une belle copie de celle de Jérusalem, datant du XIIe siècle. Evidemment la rotonde n’est pas la forme qui facilite le plus la vision durant les concerts, comme le montre la photographie ci-dessus. Par contre, l’acoustique de cette salle, avec son étage et sa coupole très haute, est exceptionnelle, ce que les choristes et leur chef ont bien senti est exploité. Ainsi firent-ils une entrée scénarisée en tournant, en deux groupes de sens opposés, autour des douze énormes piliers. Le résultat sonore était extraordinaire, on eût dit une longue volée de cloches, durant le chant du motet inaugural. C’était gagné dès le départ : une telle entrée en matière sonore ne pouvait laisser personne indifférent. L’assistance était nombreuse et captivée. La Maîtrise de la cathédrale d’Angers est un des plus vieux chœurs de France, sa fondation remontant au XIVe siècle. Son but premier est l’accompagnement des offices dans la cathédrale. Mais son activité va bien au-delà. Elle se produit en concert, à domicile et à l’extérieur, dans un répertoire de musique sacrée. Son actuel chef de chœur est aussi maître de chapelle de la cathédrale, c’est Sylvain Rousseau. Le chœur dispose aussi d’une accompagnatrice au piano pour certaines pièces plutôt modernes, Camille Pineau.

La formation venue à Neuvy était composée d’un peu plus d’une vingtaine de chanteurs et chanteuses, réparties dans les quatre pupitres habituels. Si les chanteurs sont amateurs dans leur état social, ils sont bien du niveau professionnel dans leur exécution. Le répertoire leur a donné l’occasion de chanter un panorama du chant sacré du Moyen Âge au XXIe siècle, ce qui permettait à l’auditeur attentif de bien mesurer les changements, jamais brutaux, dans un genre très cadré par définition. C’est surtout le répertoire du XXe siècle qui acte l’évolution. Les six oeuvres interprétées (voir le programme ci-joint) rendaient compte d’un changement réel dans la continuité qu’impose la relative permanence des offices.

La direction du chœur autorise un très jeu de nuances, particulièrement mises en valeur dans l’écrin roman de la basilique : les fortissimo étaient vraiment impressionnants, enveloppant dans une pâte sonore tout le lieu, embarquant de ce fait les auditeurs, les détachant pour une heure des pesanteurs de la vie ordinaire, tant il est vrai que cette musique élève l’âme et allège le poids du corps quotidien. Le final fut étincelant, avec un phrasé staccato des hommes établissant une basse continue sous le drapage des voix féminines de l’Exultate de Carl Jeankins. L’exécution impeccable laissait passer toute la sensibilité spirituelle de ces morceaux. Le public l’a bien compris, qui a fait un triomphe aux chanteurs, lesquels ont promis de revenir, séduits par l’acoustique sublime du lieu.

Dimanche 22 juin, 17 h 00, Eglise Saint -Pierre-ès-liens de Châtelus-Malvaleix,  Creuse. Le décor est plus modeste, c’est une église de village assez ordinaire, mais que le public a rempli. Les chanteurs sont venus en voisin, de Guéret, la préfecture microscopique du département. Initialement le concert comportait deux parties : le Quatuor vocal Canthem ouvrait avec un répertoire éclectique allant de Palestrina à Poulenc. Mais avant le début du dit concert, les organisateurs annoncèrent que le quatuor en se produirait pas, la soprano étant en rupture de voix. Il ne restait donc que la deuxième partie, assurée par l’Ensemble vocal de Guéret, sous la direction de Marie-Christine Josset. Cet ensemble est soutenu par le Conservatoire de Guéret qui lui fournit chefs de chœurs et locaux de répétition. Il comprend une quarantaine de chanteurs répartis sur les quatre pupitres, avec une dizaine d’hommes, ce qui est assez remarquable pour être signalé, tant le déséquilibre est grand dans les chorales dont certaines se passent carrément de voix masculines, faute de recrues.

Compte tenu des circonstances, l’Ensemble n’avait prévu qu’une moitié de programmation, soit sept morceaux, donc une durée plutôt brève. La cheffe de chœur eut la présence d’esprit de présenter chaque morceau assez précisément, ce qui allongea un peu l’ensemble. Le répertoire était hétérogène, avec des pièces religieuses, mais aussi des chansons d’origines diverses, dont une version française de La Cumparsita, célébrissime tango, qui fut la tortue de certains jeunes accordéonistes de ma génération. Il serait malséant de comparer cet ensemble avec la Maîtrise de la Cathédrale d’Angers : comme le disait un grand philosophe du XXe siècle, Thierry Rolland, ils ne boxent pas dans la même catégorie. La Maîtrise sélectionne et exige un niveau de lecture et de chant de tous ses membres ; l’Ensemble vocal cherche avant tout à continuer de chanter et, pour cela, recrute avec beaucoup moins d’exigence. C’est le lot de la plupart des chorales. Ce qui ne veut pas dire que le résultat sera mauvais, car en chant choral la totalité vaut plus que la somme des parties. Autrement dit, on peut obtenir un résultat tout à fait honorable avec des chanteurs très moyens, ce qui compte alors étant l’unité de l’ensemble et le talent du chef de chœur pour faire monter la mayonnaise. De ce point de vue là, le concert de l’Ensemble vocal de Guéret est tout à fait correct. La masse collective existe et arrive à bien chanter ensemble. Les solos sont évités, remplacés par des solos de pupitre, plus sécurisant. En effet, l’âge moyen des choristes est assez élevé, comme dans la très grande majorité des chorales[2], et on sait que la voix ne s’améliore pas en vieillissant, son maintien étant déjà une belle chose. Les choristes s’en sortent bien, portés par leur désir de chanter et leur application. Le spectacle était donc tout à fait estimable et a fait la joie du public, qui en a redemandé, obtenant un bis de La Cumparsita.

Evidemment, si l’on mettait les deux ensembles côte à côte, il n’y aurait pas de doute : la Maîtrise d’Angers évolue à un niveau bien plus élevé, professionnel dans son exigence. C’est particulièrement sensible dans le jeu des nuances, beaucoup plus ouvert pour eux que pour l’ensemble de Guéret. Mais il faut aussi attribuer cela à l’âge des chanteurs, bien plus jeunes à Angers, donc plus puissants. Un autre facteur différentiel est sans nul doute également le niveau musical. Celui-ci permet à la Maîtrise d’aborder des pièces plus complexes que l’Ensemble vocal de Guéret. Mais je ne retiendrai pas ces différences de niveau, évidentes et incompressibles. Je ne veux garder que les deux moments de plaisir que j’ai vécus lors de ces deux concerts. Il y avait là la rencontre de deux mondes culturels : celui de la grande ville et de ses moyens et celui du monde rural, moins fourni. Mais la passion est la même et l’Ensemble vocal de Guéret apporte la preuve qu’on peut arriver à un résultat satisfaisant avec des gens ordinaires qui sont assidus et passionnés. C’est la définition de l’art populaire, celui que je défends dans ces colonnes.

Merci donc à ces deux ensembles de chanteurs pour la joie qu’ils ont donnée au public de la France périphérique venu les écouter et les apprécier de toute leur attention.

Pour en savoir plus sur la Maîtrise d’Angers : https://maitrisecathedrale-angers.fr/le-choeur.html

L’Ensemble vocal de Guéret est sur Facebook : https://www.facebook.com/ensemblevocaldegueret/?locale=fr_FR

Jean-Michel Dauriac – 23 juin 2025


[1] Je n’aime pas cette appellation qui laisse croire qu’il y aurait sur ces morceaux une inspiration particulière qui les distinguerait d’une musique triviale. Je préfère parler de musique d’inspiration religieuse, ce qui en qualifie le champ, mais ne discrimine pas la musique en elle-même.

[2] Le chant choral est la première activité des retraités, selon toutes les enquêtes.

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L’âme vive et légère

Ce beau titre est celui du numéro 286 de la revue Christus, revue de vie spirituelle et édification des Jésuites. Parution en avril 2025.

Je tiens à vous signaler cette parution, car le thème de l’âme est assez obscur, surtout en notre époque qui lui a longtemps nié toute existence, au nom d’un matérialisme primitif (on se souvient avec une ironie cruelle des expériences des savants soviétiques pesant des mourants et leurs cadavres de suite après leur mort pour établir que l’âme n’existait nullement, puisque le pois était quasiment inchangé avant et après le grand passage). Or, l’âme fait retour depuis quelques années, et pas seulement chez les croyants. Nous savons que ce concept est ancien, venant, pour notre civilisation de la Grèce classique. L’âme était un grand sujet de débat entre les philosophes et penseurs hellènes. Il est certain que le Nouveau Testament, en plusieurs textes porte la marque de cette idée hellénistique. Mais il est tout aussi certain que parler de l’âme est délicat, puisqu’elle nous est insaisissable au sens premier. Mais, comme l’amour ou le bonheur, cette immatérialité n’est pas du tout synonyme d’inexistence. Les auteurs de ce dossier se sont attachés à parler de l’âme sous divers angles, ce qui permet d’en avoir une vue assez riche. Une douzaine de contributions est proposée. Toutes ne sont pas du même intérêt. Mais toutes méritent l’attention du lecteur.

Le dossier est organisé par grands thèmes. Le premier est un rappel des textes bibliques qui parlent de l’âme. Nous y trouvons une synthèse des mots employés dans les langues d’origine du Livre, mais aussi un intéressant article sur l’âme dans les Psaumes. C’est à la fois savant et accessible. Une autre section rassemble des textes sur des aspects « pratiques », tel « La prière, « nourriture de l’âme » », tant il est vrai que toutes les traditions spirituelles utilisent la prière comme voie d’accès à la vie de l’âme. L’étude des rapports de l’âme et de la conscience est abordée dans un autre article. Les œuvres d’auteurs tels que Marie Noël, la poétesse française, ou Hildegarde de Bingen, l’abbesse médiévale, sont examinées au sujet de l’âme. Deux articles interpellent le lecteur philosophe ou curieux : l’un traite du délicat sujet de l’existence ou non d’une âme chez les « animaux non-humains » selon la belle formule litotique actuelle, et l’autre s’interroge sur une formule rendue célèbre en poésie, « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? », par Lamartine. La proximité des humains et des animaux, notamment dans le cadre des animaux de compagnie, ne peut manquer de nous interpeler. De même, nous « prêtons une âme » aux lieux et aux choses, selon notre histoire. On le voit, le champ couvert est large et ouvre des horizons de réflexion.

Je dois terminer par une remarque sur les deux derniers articles du dossier. IIs sont consacrés au purgatoire qui est, en doctrine canonique catholique, le tiers lieu où patientent les âmes qui ont juste assez fauté pour ne pas aller en Paradis, mais pas assez gravement pour mériter l’Enfer. On est donc chez Dante et sa Divine Comédie, mais au XXIe siècle. Le premier article est écrit par une religieuse membre d’une congrégation vouée aux âmes du purgatoire, qui fait l’historique de celle-ci et donne en même temps son ressenti sur le purgatoire. Le lecteur, au travers des précautions sémantiques alambiquées, comprendra bien qu’elle a du mal à accepter ce dogme médiéval. Mais elle n’en dit rien expressément.  Le second est écrit par le recteur d‘un site catholique qui accueille les personnes qui veulent se rassurer ou assurer la position d’une âme défunte. Et là, chez ce religieux, aucun doute ne transparaît, il adhère des quatre fers au dogme et y ajoute, pour faire bonne mesure, la dévotion mariale, comme moyen d‘appui, présentant une théologie pratique sans aucun fondement biblique ou évangélique.

Je laisse aux lecteurs le droit à leurs croyances ouà  leurs refus, mais je me dois de rappeler, en tant que théologien protestant, qu’il n’y a aucun fondement scripturaire solide à la notion d’Enfer et que l’idée même d’un Purgatoire est totalement absente de la Bible. La seule chose qui s’y trouve est celle du « Séjour des morts », notion juive du Shéol ; normal, puisque Jésus était juif !

Hormis ces deux articles qui sont très discutables, le dossier est vraiment intéressant et mérite votre lecture.

La revue peut se commander directement sur le site de la revue :

https://www.revue-christus.com

Jean-Michel Dauriac – mai 2025.

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