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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Auprès de mon arbre: « La vie secrète des arbres » de P. Wolhlleben

La vie secrète des arbres

Ce qu’ils ressentent – comment ils communiquent

 

Peter Wohlleben

 

Editions Les Arènes – 2017 –261 pages

 

 

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Ce livre a une couverture magnifique, qui donne vraiment envie d’entrer dans l’ouvrage comme on entre dans une forêt  majestueuse. Cet ouvrage a connu un succès foudroyant en Allemagne où il s’est vendu à plus de 650 000 exemplaires ; il a ensuite été traduit en 32 langues. C’est dire s’il s’agit vraiment d’un très beau parcours éditorial !

 

L’Allemagne a toujours eu une passion pour les arbres : au XIXème siècle, les Allemands ont établi une liste d’un million d’arbres remarquables. La forêt a participé du romantisme allemand, tant en poésie et littérature qu’en peinture. La mythologie germanique exalte la forêt. Rien d’étonnant donc à ce qu’un livre écrit par un forestier amoureux de son métier et de sa forêt séduise ce peuple. Mais le succès est également en train de se propager en France. Toutes les critiques que j’ai pues lire sur cet ouvrage sont très positives.

 

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L’auteur adopte un point de vue qui peut énerver les scientifiques purs et durs, pétris d’immanence et de logique chimique. Il nous décrit le comportement des arbres en termes humains, parlant de l’arbre-mère et de ses enfants. De même décrit-il une collaboration, une entraide, une communication, une défense des arbres entre eux et contre leurs ennemis. Même si vous connaissez bien les arbres, vous serez charmés par cette approche très sensorielle, qui nous permet de mieux comprendre l’arbre et nous le rend très proche. P. Wohlleben pose ainsi la question de la solidarité entre arbres de la même espèce et la compétition entre espèces, confirmant ainsi Darwin. Mais il va plus loin, en nous soumettant des observations précises qui interpellent sur l’éventuelle mémoire des arbres et, pourquoi pas, une forme d’intelligence, ce qui supposerait un cerveau, jusque là non observé car pas du tout envisagé.

 

Ce livre ne pontifie jamais, il ne manie nullement le langage abstrait des techniciens et savants, il explicite toutes les notions théoriques en langue populaire. Pas de leçon de morale et d écologie non plus. Et pourtant le lecteur pourra en retirer de très nombreux enseignements. Par exemple sur la nécessité de laisser du temps long aux arbres, et donc d’accepter que notre vie et le commerce ne soient pas les étalons en la circonstance. Ou alors en nous décrivant le supplice de l’arbre urbain avec toute l’empathie du connaisseur : on a envie d’aller casser les grilles métalliques et le goudron des boulevards et avenues ! Il ne prend pas non plus l’attitude de l’écologiste profond qui préfère l’arbre à l’homme. Il nous remet simplement à notre place, montrant le respect que nous pourrions avoir envers ces géants pacifiques qui nous sont si utiles.

 

Je pense que c’est un livre à conserver et à relire par morceaux. Les chapitres sont courts et très précis ; certains peuvent donner lieu à un vrai débat public et seront utiles aux animateurs ou professeurs sérieux. Le plaisir est réel et jubilatoire à cette lecture. Et je puis vous assurer que vous ne verrez plus jamais les arbres du même œil après avoir lu ce livre.

 

Jean-Michel Dauriac

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Le crépuscule de la France d’en haut – Christophe Guilluy – Flammarion – 2016-

 

 

Ce livre est le troisième volet d ‘un tryptique consacré à la fracture française, dont la publication a commencé en 2013, avec « Fractures françaises », puis ‘est continué en 2014 avec « La France périphérique » et s’achève, au moins temporairement avec le titre présenté ici. Tout ayant commencé en 2000 avec la publication d’ un « Atlas des fractures françaises » chez L’Harmattan.. Depui0  s plus de quinze ans donc, Christophe Guilluy explore la société française en géographe autour des lignes de séparation sociales, politiques, économique set humaines qui se manifestent dans notre pays. Il faut se souvenir qu’Emmanuel Todd, avant lui, avait inventé l’expression « Fracture sociale » que Jacques Chirac avait préemptée sans vergogne pour sa campagne victorieuse de 1995 et dont on sait à quel point elle n’eut aucune suite ni mise en œuvre dans ses deux mandats.

 

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Il vaut mieux avoir lu « La France périphérique » avant de lire ce volume, tant il s’appuie dessus et en est le contretype. Dans ce précédent volume, l’auteur avait fait le portrait d’une France abandonnée à ses ennuis et à sa misère par la France gagnante. Son diagnostic était sans complaisance et lui a valu l’ostracisme de la gauche bien-pensante, alors même que, comme Michel Onfray ou Jacques Julliard, il est incontestablement homme de gauche. Mais la chape de plomb de la pensée unique sévit beaucoup plus à gauche depuis vingt ans qu’à droite, il est extrêmement aisé de le démontrer par les tribunes publiées dans la presse de droite par des penseurs de gauche qui ne peuvent plus le faire que là.

 

Les idées fortes sont peu nombreuses dans ce livre, qui n’est pas un ouvrage universitaire mais un livre grand public. F. Guilluy prend cependant la précaution de citer toutes ses sources qui sont sérieuses et étatiques le plus souvent. L’idée qui arme tout le livre et qui est répété à satiété est que les élites diverses (de la pensée, de l’économie, de la politique et de la culture) se sont non seulement coupées de la France modeste, mais la rejettent par un certain nombre de procédé techniques et médiatiques, au nom de valeurs humanistes dont elles auraient l’exclusivité et la compréhension. De cette idée majeure d »coulent des idées mineures qui valident la thèse. Les élites ont fait des métropoles ce que Guilluy appelle « les nouvelles citadelles » qui pilotent le pays et excluent ou incluent les populations. Ces citadelles reposent sur une nouvelle féodalité qui se consolide avec le temps. Une quinzaine de métropoles à l’échelle du pays dominent les secteurs-clés de l’économie, de l’emploi et de la pensée sous toutes ses formes. S’y retrouve une partie de la France périphérique, au titre de la force de travail non qualifiée nécessaire aux basses besognes. La société s’y est américanisée totalement et use des médias comme paravent de ses manœuvres idéologiques. La ségrégation spatiale est son arme, camouflée derrière le discours sur la diversité qu’elle promeut mais en évitant surtout, pour les dites-élites, de la vivre au quotidien. Paris en est la quintessence. Cette société ne cherche nullement à assimiler ou intégrer les arrivants, elle a tout misé sur le multiculturalsime de fait et choisit de plutôt misé sur les immigrés que sur les classes populaires traditionnelles (ouvriers et employés). Tout ce modèle repose sur un contrôle médiatique sans faille qui crée les représentations collectives nécessaires à la poursuite des choses. Mais ce schéma se grippe, car les classes populaires se sont nettement désaffiliées du discours politiques et sont entrain d’inventer d’autres modèles de terrain, dans une solidarité contrainte, qui laisse le champ politique abandonné.  C’est ici que sont présentées les deux idées les plus intéressantes de ce livre qui, par ailleurs se répète pas mal.

 

La première idée donne son titre au dernier chapitre : « Le marronnage des classes populaires ». Guilluy développe l’idée que les catégories abandonnées de la France périphérique se comportent comme les nègres marrons des plantations d’outre-atlantique. Il s’agissait des esclaves en fuite qui allaient se cacher dans des terres inaccessibles et y créaient une société nouvelle détachée du monde des maîtres. Ce fut le cas du peuplement des cirques de l’île de la Réunion, refuges de négres marrons en raison de leur isolement.. les bayous du Mississippi jouèrent aussi ce rôle pour les esclaves américains. Cette approche est intéressante car l’étude du terrain la valide à de nombreuses échelles. Il existe une forme de contre-société en marche dans les espaces marginaux du pays, et ceux qui la composent et l’animent ne sont pas de hippies ou des baba cool, mais des français moyens que l’on a relégués et qui ont pris le parti de vivre autrement. Dans son très beau livre « Remonter la Marne », Jean-Paul Kauffmann utilise le mot « conjurateur » pour désigner ces hommes et ces femmes qui se battent pour conjurer le sort qu’on leur a jeté ou qu’on leur fait subir. L’idée est la même : les gens qui « marronnent » selon Guilluy sont les « conjurateurs » de Kauffmann. Il y a maintenant tout un travail fait pas des chercheurs et penseurs libres pour mettre en évidence ces initiatives sociales, économiques et culturelles qui fleurissent dans les territoires des villes moyennes et petites et dans l’hyperruralité comme on dit aujourd’hui à Paris. Il faut synthétiser tout cela pour saisir l’évolution irréversible qui coupe la société française en deux groupes qui n’ont plus grand chose en commun. Mais l’appréhension de cette forme émergente de marronnage ou de conjuration est porteuse d’espoir, d’autant plus qu’elle a lieu dans un contexte de sobriété subie qui est l’avenir de nos sociétés, n’en déplaise aux technophiles béats qui veulent nier l’appauvrissement planétaire des ressources et l’impasse qui nous attend s nous n’entrons pas dans la « conversion écologique » dont parle le pape François.

 

La seconde idée est plus politique et traduit bien la manipulation des mots et des médias que réalise la caste dirigeante de droite et de gauche ici réunie par la promotion et la défense de son modèle social mondialiste et ségrégatif. Il s’agit de l’usage de l’antifascisme (et donc en creux de l’usage du mot et de l’idée de fascisme).

«  Véritable arme de classe, l’antifascisme représente en effet un intérêt majeur. Il confère une supériorité morale à des élites délégitimées en réduisant toute critique la mondialisation à une dérive fasciste et raciste . » page 173

Ce propos est clair et rend bien compte d’une technique rodée, qui consiste à traiter de fasciste tout individu qui remet en cause le modèle actuel mondialiste, multiculturaliste, métissé, technophile et libéral. L’anathème est immédiat et les médias le répercutent ad nauseam. Citons les cas de Finkielkraut interdit de venue au rassemblement de Nuit Debout ou de Michel Onfray, devenu brutalement réactionnaire parce qu’il dit des évidences niées par les bobos socialos qui font le contrôle médiatique. Cela serait dérisoire si l’on s’adressait à un public qui sait ce qu’est le fascisme. Mais ce n’est plus du tout le cas. Les mots « fascistes » et « nazis » sont instrumentalisés en dehors de toute vérité historique et idéologique. Est « fasciste » tout ce qui s’oppose clairement à la doxa dominante décrite en quelques qualificatifs ci-dessus. Il est donc aisé de constituer un front antifasciste contre une menace qui n’est pas réelle. Guilluy renvoie, et je le fais aussi, au livre de Pier Paolo Pasolini, « Ecrits corsaires », chez Champs-Flammarion, où, dans de nombreux articles de combat publiés dans la presse italienne nationale au début des années 1970, il dit de manière très claire ce qu’est le fascisme et ce qu’il n’est pas. Il avait su distinguer bien avant nous la dérive qui règne aujourd’hui et interdit tout vrai débat d’idée en France. Sont également frappés d’indignité nationale le souverainisme, les revendication régionalistes ou la promotion des identités locales.

 

Guilluy termine par l’idée que demain on pourrait faire un suffrage à points qui hiérarchiserait les électeurs en fonction de leurs « aptitudes » à bien voter. Il s’appuie sur l’exemple de l’analyse des résultats du Brexit par les médias français et les experts. En gros, ce vote est celui d’imbéciles qui n’ont rien compris à leur propre intérêt ; il faudrait donc ne pas tenir compte de ce vote ou en réorganiser un qui donnerait un résultat conforme à la pensée dominante. La même chose s’est produite en 2005 au moment des résultats du référendum sur le trait européen constitutionnel que les Français ont rejeté. Les propos des commentateurs et hommes politiques divers ont été ignobles de mépris pour les citoyens français et laissaient déjà augurer de l’objectif de ces classes dirigeants hors sol. Anne Hidalgo à Paris en est le plus magnifique exemple.

 

Ce livre n’est pas exempt de défauts formels, notamment dans ses répétitions, mais il a le mérite de dire tout haut ce que nous sommes nombreux à penser. Il va l’encontre de toute une doxa universitaire géographique que je connais parfaitement et qui empêche toute discussion au fond, en privilégiant un formalisme stérile et une pensée monocolore élaborée par quelques groupes parisiens essentiellement. Reclus, reviens, ils sont devenus fous !

 

Jean-Michel Dauriac

Beychac, le 13 octobre 2016

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Eloge de la faiblesse – Une position anticonformiste chrétienne

 

 

Lecture  introductive :

 

2 Corinthiens 11 :30

« S’il faut se glorifier, c’est de ma faiblesse que je me glorifierai. »

2 Corinthiens 12 :6 à 10

« 6  Si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité; mais je m’en abstiens, de peur que quelqu’un ne m’estime au-dessus de ce qu’il voit ou entend de moi, 

7  à cause de l’excellence de ces révélations. Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, pour que je ne sois pas enflé d’orgueil. 

8  Trois fois j’ai supplié le Seigneur de l’éloigner de moi, 

9  et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses,  afin que la puissance de Christ repose sur moi. 

10  C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les privations, dans les persécutions, dans les angoisses, pour Christ;  en effet quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

2  Corinthiens 4 : 7 à 10

« 7  Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette puissance supérieure soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. 

8 ¶ Nous sommes pressés de toute manière, mais non écrasés; désemparés, mais non désespérés; 

9  persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus; 

10  nous portons toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste dans notre corps. »

 

Introduction :

 

Nous avons ici affaire à un texte écrit à la première personne :Paul parle de lui, comme très souvent dans ses lettres. Ce qu’il déclare est d’abord un témoignage personnel. Ces affirmations deviennent ensuite un enseignement spirituel pour l’édification personnelle des croyants. Il n’y pas là de théologie. Aucune vérité sur Dieu ou Jésus. Seulement une méditation à partir d’un vécu – qui, lui, incorpore la grâce de Dieu -, pour orienter la vie d’un chrétien dans la bonne direction.. Que dit Paul dans ces textes :

  1. Il y a une certaine possibilité de se glorifier de sa faiblesse, donc d’en faire l’éloge.
  2. Il donne sa vie en exemple et l’échec de sa prière. Cette faiblesse correspond à une réponse du Seigneur toute en paradoxe.
  3. Quel est  le contenu de cette faiblesse, sa limite et sa finalité ?

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 Paul de Tarse peint par Rembrandt

Paul défend son apostolat par sa faiblesse

 

Les chapitre 10 à 12 de cette seconde lettre aux Corinthiens sont une défense de Paul, qui répond a des critiques à lui adressées et explique son apostolat particulier – il n’est pas un apôtre historique qui a connu Jésus et l’a suivi -. Le ton est souvent polémique. Il en vient à expliquer ses combats et ses épreuves, à partir de 11 : 16. Et l’angle d’attaque est la faiblesse, corrèle très bizarrement avec le fait de « se glorifier ». Généralement la faiblesse est perçue comme un défaut et il n’y a pas lieu de s’en réjouir, à plus forte raison d’en tirer gloire.

 

Dans le chapitre 10, il emploie cinq fois le verbe « se glorifier », entre 10 :13 et 18 :

 

« 13  Pour nous, nous ne voulons pas nous glorifier hors de toute mesure, nous prendrons au contraire pour mesure le domaine que Dieu nous a départi en nous faisant parvenir aussi jusqu’à vous. 

14  Nous ne dépassons pas nos limites, comme si nous n’étions point parvenus jusqu’à vous; car c’est bien jusqu’à vous que nous sommes arrivés avec l’Évangile du Christ. 

15  Nous ne nous glorifions pas, hors de toute mesure, des travaux d’autrui.  Mais nous avons l’espérance, si votre foi augmente, de devenir encore plus grands parmi vous, dans notre propre domaine, 

16  en évangélisant les contrées situées au-delà de chez vous, au lieu de nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le domaine des autres. 

17  Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. 

18 Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, c’est celui que le Seigneur recommande. »

 

En 11 : 17, on le retrouve trois fois en deux phrases :

 

« 17  Ce que je dis, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme hors de sens, avec l’assurance d’avoir de quoi me glorifier. 

18    puisque beaucoup se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi. »

 

Louis Segond a traduite « Kauxaomai » par se glorifier ; on pourrait dire aussi : « s’enorgueillir, être fier de, mettre son orgueil, tirer sa fierté de ; se vanter ». L’idée de faire sa propre gloire soi-même est partout présente. Or nous ne nous vantons que de ce qui , à nos yeux, peut nous grandir, nous individualiser ou nous distinguer d’autrui et de la foule des autres.

 

Puis suivent les détails de ses  souffrances pour l’œuvre de Dieu – ce ne sont pas des fantasmes, mais cela      est confirmé en grande partie par le rédacteur des Actes des Apôtres, l’évangéliste-médecin Luc.

 

Et on arrive à ce qui est le centre de la démonstration de Paul : la faiblesse, sujet de gloire pour lui. SA faiblesse revendiquée. Ce qui ne peut que laisser perplexe, si on pense à l’évangile qu’il annonce ( voir Ephésiens 1 : 15 à 19 ).

 

« 15 ¶ C’est pourquoi moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les saints, 

16  je ne cesse de rendre grâces pour vous: je fais mention de vous dans mes prières; 

17  afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître; 

18                qu’il illumine les yeux de votre coeur, afin que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel, quelle est la glorieuse richesse de son héritage au milieu des saints, 

19 et quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force. »

 

Un exemple concret de la vie de Paul et la parole révélée du Christ

 

2 Corinthiens 12 : 7 à 10

 

« 7  à cause de l’excellence de ces révélations. Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, pour que je ne sois pas enflé d’orgueil. 

8  Trois fois j’ai supplié le Seigneur de l’éloigner de moi, 

9  et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses,  afin que la puissance de Christ repose sur moi. 

10  C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les privations, dans les persécutions, dans les angoisses, pour Christ;  en effet quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

 

Ce texte contient plusieurs éléments dignes d’intérêt :

  • « une écharde dans la chair » : cette si petite chose qui peut nous faire tant souffrir et dont nous avons tant de mal parfois à nous débarrasser tant elle est minuscule et profondément enfoncée. Le mot n’est pas choisi au hasard, bien sûr. Cette écharde a fait couler beaucoup d’encre. Personne ne sait de quoi il s’agit : certains ont parlé de la mauvaise vue de Paul, d’autre d’une maladie de peau, etc.. Cela n’a en fait aucun intérêt de le savoir, car l’écharde est ici un concept. Le mot grec veut dire aussi bien « écharde » qu’ « aiguillon ». Il s’ajoute donc à l’idée de douleur l’idée de ce qui fait avancer.
  • Paul a recours, comme tout croyant, comme nous, à la prière ( à trois reprises dit-il) : et là, c’est l’échec. Sa prière n’est pas exaucée. On peut imaginer sans peine ce que cela signifie pour un apôtre comme Paul, dont la prière a une grande efficacité.  Sans nul doute au départ, une grande déception et de l’incompréhension : pourquoi Seigneur ? Mais sa prière a été entendue, car il y a une réponse. Voici un enseignement précieux pour nous : ne confondons pas écoute et exaucement. La prière sincère est toujours entendue. L’exaucement dépend de Dieu seul ( par Jésus). Nous ne pouvons pas juger ni même vraiment comprendre cela. Il faut accepter la différence infranchissable entre Dieu et nous. Esaïe 55 : 8 et 9 :

 

« :8  Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, —Oracle de l’Éternel. 

9  Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies Et mes pensées au-dessus de vos pensées. »

 

  • La réponse du Seigneur est précise, adaptée et argumentée :

1 . Il répond vraiment sur le sujet, qui est la faiblesse (ici physique). Ce n’est pas un propos général : c’est la réponse attendue à une requête bien formulée. Prions précisément et non en termes vagues, et sachons attendre et entendre une réponse tout aussi précise.

2 . Réponse adaptée : Le Seigneur lui dit pourquoi il ne le délivre pas : « Ma grâce te suffit. » Paul a déjà tout reçu dans le salut par grâce, qui est au-dessus de toutes choses. Le Seigneur l’appelle à revenir à la source, à ne pas inverser la hiérarchie des faits, ce qui est le propre de la chair et de l’humain, soumis à toutes ses limitations. La réponse invite à s’élever au-dessus de l’humain par l’Esprit, amis sans arrêter le combat et ôter l’écharde.

3 . Réponse argumentée : « …car  ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » Ce que Paul traduira ailleurs par des formules-chocs : « les choses folles du monde », pour désigner les croyants (1 Corinthiens 1 :27 : «   Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; ») ; ailleurs il parle de « balayures du monde » : « 1 Corinthiens 4:13  calomniés, nous parlons avec bonté; nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous, jusqu’à maintenant. ».  Le but est d’éviter l’orgueil (verset 7), occasion de chute (skandalon) de l’homme, donc de « se glorifier ». Paul va alors formuler de sublime paradoxe du verset 10 b :

« en effet quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

 

Comment cela est-il possible ?

 

 

Les faiblesse, les limites et la force

 

 

Reprenons maintenant les versets 8 à 10 du chapitre 4 lus précédemment :

 

« 8 ¶ Nous sommes pressés de toute manière, mais non écrasés; désemparés, mais non désespérés; 

9  persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus; 

10                nous portons toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste dans notre corps. »

 

Chaque membre de phrase obéit à la même construction : la faiblesse et sa manifestation, puis la limite. Nous avons là quatre exemples qui constituent une progression pensée par l’apôtre.

 

  1. « pressés mais non écrasés ». L’apôtre nous parle ici de la résistance qui nous est donnée, qui nous empêche de céder, de manière surnaturelle, par l’effet de la grâce. Chaque couple suivant procède de la même source : le sacrifice et la résurrection de Jésus.
  2. « Désemparés mais pas désespérés ». ici c’est de l’espérance dont il est question. Nous pouvons ne plus savoir où nous en sommes, mais l’espérance demeure, indestructible.
  3. « Persécutés mais pas abandonnées ». La fidélité de Dieu ne nous fait jamais défaut. Nous sommes toujours accompagnés par Dieu et aussi par les frères et sœurs, concrètement ou par la prière.
  4. « Abattus mais pas perdus ». Le salut demeure par-delà les défaites. La grâce nous suffit et surpasse toute épreuve, ce qui ne signifie nullement que nous ne sommes pas tristes, malheureux ou dépressifs parfois.

 

Les épreuves décrites sont très dures mais pas extrêmes.

 

1 Corinthiens 10 : 13 nous dit pourquoi ; c’est encore Paul qui nous l’enseigne, sans nul doute par son expérience personnelle/

 

« 13  Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine; Dieu est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces;  mais avec la tentation, il donnera aussi le moyen d’en sortir, pour que vous puissiez la supporter. »

 

L’épreuve ne saurait nous anéantir car dans la grâce du salut résident la résistance au mal, l’espérance de la foi, la fidélité de la présence de Dieu et le salut qui donne sens à nos vies. Rien ne peut nous priver de cela.

 

Romains 8 :38-39 :

 

« 38  Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, 

39  ni les puissances, ni les êtres d’en-haut, ni ceux d’en-bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur. »

 

Conclusion :

 

L’éloge jusqu’à la glorification de nos faiblesses n’est pas :

  • de la fausse modestie à connotation religieuse (sorte d’hypocrisie onctueuse)
  • un renoncement au combat
  • une excuse pour nos fautes (ou péchés)
  • un apitoiement sur nous-mêmes

 

Bien comprise, elle est une attitude de soumission intelligente à Dieu qui permet alors toute la manifestation de sa puissance. Alors nous pouvons dire, avec Paul :

 

« Je me glorifie donc bien volontiers de mes faiblesses afin que la puissance du Christ repose sur moi » – verset 9 du chapitre 12 de la seconde lettre aux Corinthiens.

 

 

Jean-Michel Dauriac – Août 2016

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