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Une si jolie musique ! sur Franz Schubert – La musique au cœur Michele-Lhopiteau-Dorfeuille

Franz Schubert – La musique au cœur

Michele-Lhopiteau-Dorfeuille

Lormont, LE BORD DE L’EAU, 2019

206 pages, 33 €

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Une si jolie musique!

 

Franz Schubert est, pour beaucoup, réduit à être l’auteur de La truite, et encore dans sa version adaptée en chanson plus ou moins enfantine. Pour la plupart des mélomanes amateurs, sa musique de chambre en petites formations constitue l’essentiel de son œuvre. Schubert souffre, comme on dirait dans la novlangue de notre merveilleuse époque, d’un « déficit d’image ». Mozart, Bach ou l’incontournable Beethoven de cette année 2020 (année anniversaire !) sont des stars, pour des raisons diverses. Le dernier membre de ce quatuor, lui, est ramené à ce portrait très classique qui orne la couverture de l’essai que lui consacre Michèle Lhopiteau-Dorfeuille : un jeune homme aux cheveux bouclés et à la face sympathique, simplement barrée d’une fine paire de lunettes. De lui, il est retenu qu’il mourut encore plus jeune que Wolfgang et moins sourd que Beethoven. Une des trouvailles de l’auteur est de proposer d’ailleurs comme explication de la mort du compositeur la même piste qu’elle avait explorée pour Mozart : l’empoisonnement aux produits pseudo-médicaux à base de mercure. Alors pourquoi donc Schubert est-il finalement beaucoup moins connu que ses illustres confrères ? Citons l’auteur, dans sa conclusion :

 

« Car Schubert est de toute évidence un homme moderne : Bach avait son Dieu, Mozart et Beethoven, en bons fils des Lumières, leurs utopies et leur foi en l’humanité. Franz, malade et désargenté dans un pays ruiné, prisonnier d’une époque à tous points de vue réactionnaire et dont l’avenir illisible préfigurait singulièrement la nôtre, n’eut rien de tout cela. Et en cela il nous ressemble. » (page 194).

 

A la lecture de cet essai – je préfère ce terme à celui de biographie, en raison des choix de l’auteur -, on découvre pourquoi, effectivement Schubert est notre plus-contemporain, par rapport aux trois autres compositeurs évoqués.  Schubert est contemporain de l’Empire napoléonien et de ses guerres européennes, qui ont saigné une partie majeure de l’Europe, dont l’Autriche. Son époque marque le début de la fin (qui sera merveilleusement évoquée au plan romanesque par le grand écrivain Joseph Roth dans le dyptique La marche de Radetski et La crypte des capucins). Franz est essentiellement Viennois : Michèle Lhopiteau montre combien peu il voyagea, et pas très loin quand il le fit. Sa vie pourrait être sous-titrée « une histoire viennoise du début du XIXème siècle ». Sa vie ne met en évidence aucun fait saillant aucun scandale, aucun coup d’éclat. Il est le fils surdoué musicalement d’un directeur d’école, et lui-même débutera sa vie professionnelle en étant aide-instituteur, un boulot ingrat et mal payé qu’il n’aimait pas et abandonna dès qu’il le put. Voilà pour le portrait social superficiel. Mais  là n’est pas l’important.

 

L’important est que Franz Schubert est un génie de la composition. Ce qui a été clairement compris et dit par ses amis, et reconnu par ceux qui ont pu entendre sa musique. Car le problème principal est là. Schubert, à la différence du trio majeur évoqué plus haut, n’a pas eu      de mécène ou de protecteur , et sa musique n’a pas du tout obtenu l’audience qu’elle aurait mérité. Ajoutons à cela que le doux Franz n’est pas un animal de foire, virtuose dès l’enfance ou compositeur attitré, comme Mozart, Beethoven ou Bach. C’est là un des aspects passionnants de ce livre, de nous faire découvrir cette personnalité introvertie, que l’on qualifierait, aujourd’hui dans le cadre des mythologies de la réussite, de « loser ». Il n’a jamais su s’imposer, se pousser du col, ou simplement se signaler. Le résultat est impressionnant : sa musique, de son vivant ne fut jouée que dans des cercles restreints au sein desquels il évoluait. A l’exception d’un grand concert viennois organisé par ses amis, en 1828, jamais sa musique ne fut offerte au grand public.

Parler de Franz, c’est parler d’un cercle d’amis fidèles, qui l’accompagnèrent jusqu’à sa mort et même au-delà, se battant pour que sa musique soit jouée et reconnue à sa juste valeur.Très judicieusement, notre auteur débute son essai par un chapitre titré « La garde rapprochée » où elle brosse, par extraits de lettres et courtes notules biographiques le portrait de ce cénacle schubertien. On y voit donc que le compositeur a eu la chance d’avoir ces vrais fidèles autour de lui . Il est même assez vraisemblable de penser que s’il avait été seul, Franz Schubert aurait eu une petite vie terne et n’aurait peut-être pas créé tout ce qu’il a composé.  Car nous apprenons, entre autres choses, que Schubert n’eut jamais de domicile vraiment personnel, mais vécut chez autrui selon les circonstances, tantôt chez son père, son frère ou l’un  ou l’autre de ses bons compagnons. Car ceux-ci, bons viennois au fait de la musique de leur époque, avaient compris qu’il était vraiment génial et firent tout leur possible pour qu’il puisse composer et entendre se œuvres. Plusieurs étant de bons musiciens, montèrent des formations à cet effet. Un chanteur et une chanteuse de renom surent reconnaître la valeur de ses lieder et les firent connaître du mieux qu’ils le purent. Mais le bilan global des compositions jamais jouées ou seulement en cercle privé est impressionnant. Tout autant que la couardise (ontologique) des éditeurs qui refusèrent sa musique, soit parce qu’elle était trop complexe – ce qui était objectivement vrai -, soit parce qu’elle n’était pas connue (le serpent qui se mord la queue), soit simplement par paresse.  Bref, si Schubert eut un bel enterrement –que la famille paya longtemps après – suivi par de nombreux amis et connaissances, à l’inverse de Mozart (Michèle Lhopiteau a aussi expliqué pourquoi dans un livre précédent), il mourut comme « inconnu célèbre » au-delà de Vienne.

C’est finalement l’acharnement de ses amis qui permirent d’éviter l’oubli et la foi de certains musiciens, comme Félix Mendelssohn, pour le remettre à sa juste place. Mais même aujourd’hui, le Schubert connu des musiciens et mélomanes reste celui des lieder et de la musique de chambre.   Son œuvre religieuse et symphonique est mésestimée et méconnue. Ses opéras ne sont pas joués : mais là, il y a selon Michèle Lhopiteau, la raison objective de la faiblesse des livrets. Il y a encore une grosse marge de progression pour la reconnaissance de Franz Schubert.

A la lecture de cette chronique aura compris toute la richesse de ce livre, qui s’inscrit dans la continuité des trois autres (Mozart, Bach et Beethoven), que j’ai chroniqués en leur temps. Je dois ici redire le coup de génie qu’est le fait de joindre deux cd d’extraits à cette lecture. Ces extraits sont tous annoncés dans le texte, cela permet d’entendre aussitôt ce que l’auteur explique ou cite. Les plages sont dans l’ordre linéaire du texte. Mais, comme pour les précédents, ces deux disques peuvent s’écouter seuls, comme une sorte de best of de Schubert (ce que j’écris là est un crime pour l’amateur de musique classique !).

Mes remarques critiques porteront sur la forme et non sur le fond, auquel je n’ai rein trouvé à redire, l’information étant très sérieuse et l’expertise de Michèle Lhopiteau-Dorfeuille reconnue. Pourquoi ne pas mettre le lexique des formes et la chronologie de Schubert en fin de volume, comme cela se fait habituellement. C’est assez aride de débuter ainsi et le risque est soit que ce soit ignoré, soit que cela rebute le lecteur potentiel. Et il en faut peut, aujourd’hui, pour rebuter un lecteur, à l’ère du zapping qui n’épargne rien ni personne.  Quant au chapitre XV « Schubert et le septième art », qui est une excellente idée (celle de montrer l’étonnant succès de Schubert comme « auteur » de musique de films), il aurait sa place en annexe, comme je l’avais indiqué dans l’ouvrage sur Bach, à propos du chapitre sur les « baroqueux ». Il s’agit simplement d’une précaution formelle visant à ne pas rompre l’unité thématique du livre. Tout en préservant ce travail intéressant qui vient en complément du reste. Car, il faut dire cela pour terminer, Schubert, bien plus que Mozart, Bach ou Beethoven, est un génie de la mélodie pure et en a composé un nombre impressionnant (d’où son succès au cinéma), toutes plus belles les unes que les autres, ce que les deux disques permettent amplement de vérifier.

Ce Schubert vient donc enrichir la connaissance des mélomanes et l’oeuvre de Michèle Lhopiteau-Dorfeuille qui, discrètement mais sûrement, s’impose comme un auteur de premier plan en musicologie populaire – secteur déserté par les spécialistes, car le peuple est infâme et ne mérite pas de jouir des trésors de la bourgeoisie éclairée (c’était la phrase Gilets Jaunes du jour) -, comme le démontre aussi le succès de ses conférences de vulgarisation (de vulgus en latin, le peuple, beurk !), notamment à l’Université Populaire des Hauts de Garonne, où elle officie bénévolement depuis des années, pour partager sa passion de la musique avec tous.

 

Jean-Michel Dauriac

Président-Fondateur de l’Université Populaire des Hauts de Garonne et mélomane.

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« La foi est plus belle que Dieu » sur « La panthère des neiges » de Sylvain Tesson Gallimard , 2019 ; prix Renaudot2019

 

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Ecrire un livre sur l’attente, c’est à nouveau rédiger L’Arlésienne ou Le désert des Tartares. Vieille idée littéraire ou philosophique : l’attente éveille la réflexion, mais pas seulement elle . Tous nos sens peuvent se mettre en éveil, selon la nature de l’attente. Bien sûr ce n’est pas à l’arrêt d’autobus ou sur le quai de la gare que cela se passe. Cette attente-là est stérile, enchâssée dans la course folle de la vie des hommes ordinaires, réduits le plus souvent à l’état de bipèdes lobotomisés. Un bus ou un train ne portent aucune menace ou espérance ; au pire seront-ils bondés et l’entrée et le voyage seront pénibles, au mieux on pourra s’asseoir. Sylvain Tesson remplace d’ailleurs le terme par « affût », parfaitement adapté aux circonstances que narre ce livre.

 

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Le sujet est très cadré et dirait-on, squelettique : L’auteur est invité par un grand photographe animalier à l’accompagner au Tibet pour photographier la « panthère des neiges », appelée zoologiquement « Once ». L’expédition rassemble quatre personnes, Tesson, Munier (le photographe) et deux collaborateurs, Marie et Léo. Unité de Lieu : tout se passe dans l’univers semi-minéral des hauts plateaux tibétains, entre 4600 m et 6000 m pour les monts qui encadrent le vaste plateau du Tchang Tang. Unité de temps : l’affût est la mesure unique de ce récit ; peu importe les jours et les nuits. Unité d’action enfin : le seul but de tout ce qui est fait est d’observer cette panthère zonale, en voie d’extinction sous le feu de la contrebande pour sa fourrure. Car nous sommes bien dans une tragédie, mais pas celle qui va se conclure par la mort de l’héroïne – ici l’animal -, comme dans le modèle grec ou cornélien. Ici la tragédie est le simple déroulement de la vie, au sens du bios, dans un espace quasiment préservé des nuisances civilisationnelles actuelles par la rudesse de son climat et la pauvreté apparente de ses ressources. Il y a les chasseurs, les proies et les parasites du système : toute la métaphore de notre humanité. Et c’est là que réside la véritable tragédie dont parle ce livre : l’être humain est le grand destructeur de l’ordre  biologique du monde, l’artisan de la sixième extinction des espèces, observée, quantifiée et annoncée dans un avenir tout proche. Nous vivons, indifférents ou impuissants, au milieu de ce carnage dont nous ne pouvons nous laver les mains. L’appât du gain escalade aussi les pentes du Tibet et rend la survie de l’once très incertaine, malgré des mesures de protections chinoises tardives et purement formelles. Là, durant deux ou trois semaines (je n’ai pas réussi a vraiment faire le compte en lisant l’ouvrage), Tesson va vivre une expérience unique, lui qui, pourtant, s’est mis souvent en situation d’en vivre beaucoup.

 

Expérience de l’affût, avec toute sa conséquence intérieure. Observer sans répit une portion de vallon himalayen, à travers des jumelles ou une lunette, pour espérer apercevoir cet animal insaisissable. Voici qui vide le cerveau des futilités d’en bas et ramène à l’os de l’esprit humain. Pour Tesson, il s’agira à la fois de songer à sa mère brutalement disparue et à un amour perdu. Le milieu géographique et géologique n’accorde aucune distraction. Géométrie et minéralité scandent le paysage. Une neige rare couvre les sommets, des torrents ravinent les flancs de montagne, une herbe rare et stoïque ourle les pentes les plus basses et les moins froides. Le vent ou la course des troupeaux soulève une poussière d’érosion vielle de quelques millions d’années, selon la stratigraphie actuelle. Impossible de distraire sa pensée par le paysage ; lui aussi est à l’os. Il faut bien alors affronter ses démons intérieurs, si l’on en a.  Là-haut, le mode de vie d’en bas, celui que nous mettons en œuvre, chacun pour notre part, de gré ou de force, apparaît comme ce qu’il est : insensé et suicidaire. L’homme, peu doué pour la survie en milieu naturel, a peu à peu artificialisé l’oekoumène – et touristifié le reste – tout en éliminant les prédateurs historiques de l’homo sapiens. Il fonce tout droit vers une catastrophe générale, drogué à l’illusion technicienne. Les hauteurs du toit du monde ramènent au réel : la vie est un équilibre fragile où chaque espèce joue son rôle ; seul l’homme a refusé de tenir le sien. Est-ce la faute des chrétiens, des savants, des ingénieurs ? Au point de non-retour où nous en sommes cela n’a plus guère d’importance.

 

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La panthère des neiges résiste avec ses moyens : son osmose avec un milieu hostile, son art du camouflage et une prudence sensorielle à toute épreuve. La voir est un moment exceptionnel, une apothéose rare. C’est pour cela que Munier a fait le voyage et qu’il est prêt à rester des heures en affût, dans un air à -20 ou -30°C.

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Munier est le véritable héros de ce livre. Par petites touches, Tesson nous en dresse un portrait touchant. Mais sans pathos. Munier n’est pas un desperado ou une victime de notre monde qu’il fuirait. Il est un homme qui vit avec une ouverture au monde qui y inclut toute la faune et remet l’homme à sa (juste) place. Comme tous les sages, il parle peu, sauf quand il s’agit de nommer et décrire un animal. Photographier l’animal c’est de l’anti-chasse. Lui traque la présence de la vie non humaine jusque dans la bruyante fête foraine de la grande ville chinoise de Chengdu où ils se promènent la veille de leur retour en France. Il aperçoit une chouette dans le vacarme du ciel illuminé; un peu plus tard, ayant fui le bruit et la luminescence, il observe la lune. A côté de lui se trouve une femme qui l’aime et le comprend, Marie, qui l’assiste et l’accompagne dans ses campagnes. Se le sont-ils dit ou se contentent-ils de vivre leur bonheur d’être ensemble ? Nous n’en saurons rien. Ce qui les unit est le même amour des animaux et leur compréhension. Faut-il aller plus loin ?

 

Verront-ils la panthère ou seront-ils comme le héros de Buzzati ou le « trop vieux général » Zangra de la chanson éponyme de Jacques Brel, qui espèrent l’ennemi et ne sont plus là quand il vient ? Selon la logique de Munier On pourrait le croire durant toute la première partie du livre, quand ils contemplent les yacks, les vautours et les loups. Puis ils trouvent le vallon miraculeux, celui où elle doit,  selon la logique de Munier, apparaître. Tesson, qui n’oublie jamais qu’il fut d’abord formé en géographie, a dessiné deux cartes manuelles au début du livre. Le lecteur s’y référera souvent pour mieux comprendre le récit. Ce vallon court, parcouru par un petit affluent du Mékong naissant, offre des points d’observation stratégiques. Dans le froid glacial d’une grotte ou sur le replat d’un talus, ils espèrent ; car l’attente est ici chargée d’une espérance : la panthère existe et elle fréquente cette région, donc ils peuvent la voir. Et ils vont la voir ! L’épiphanie aura lieu à trois reprises, sous trois angles et à trois distances différentes. A cette occasion, Sylvain Tesson comprend combien l’attention est importante et mobilise toute notre concentration. Il ne s’agit pas de regarder, mais de scruter le terrain, de se détacher de nos apprentissages culturels qui focalisent sur un premier plan et ignorent le reste. Il faut retrouver la pureté du regard des enfants, comme ceux des fils du berger nomade, qui du premier coup d’oeil ont vu a panthère là où le commun ne voit que le rapace du premier plan ; Retrouver ce regard est en quelque sorte renaître a soi-même dans sa relation au monde. Le symboliste comprendra que cette histoire a aussi un sens spirituel qui dénonce nos regards étroits et dominateurs.

 

Avant de repartir, Munier veut aller voir les sources du Mékong, ce fleuve-vie de toute l’Asie Moyenne, qui sur 5000 km court des monts Kunlun à son delta indochinois. Tout là-haut, il n’est qu’une micro-source prise par la glace et un torrent qui ne suinte que deux heures par jour en raison du froid. C’est l’occasion pour Tesson de délivrer une double leçon – sans aucun ton professoral mais au sens sapiential – sur le fleuve et sur sa symbolique pour nos sociétés.

 

Dans ce livre, Tesson poursuit sa vocation d’écrivain-voyageur. Mais il me semble qu’il y a un infléchissement net depuis son terrible accident et sa « gueule cassée ». Les chemins noirs étaient déjà empreints d’une gravité que les livres d’ « avant » ne m’avaient pas offerte. L’homme a vieilli, il a côtoyé la mort et la douleur : on n’en sort pas indemne. Dans le même temps, je trouve aussi que son style a acquis une plus grande qualité littéraire ; il ose le lyrisme, chose qu’il faisait du bout du stylo, presque par effraction autrefois. Ce livre est un fort beau texte. Je suis d’avis qu’il faut le mettre dans tous les CDI de France, et que les professeurs de lettres s’en emparent. Pas la peine de le conseiller aux lecteurs, Tesson a maintenant un public large et fidèle qui le suit. C’est amplement mérité.

 

Mériadec – Jean-Michel Dauriac – le 26 décembre 2019,

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Vivre autrement, qu’ils disent !

 

Ouverture : vidéo « Nous avons tous de grands pouvoirs » 2’03

https://lareclame.fr/publicisconseil/realisations/campagne-de-sensibilisation-4

 

Introduction : Sur la perversité de la communication (ici publicitaire) qui n’est qu’une propagande de manipulation. Dans cette vidéo, le but final est d ‘offrir un smartphone dernière génération à son enfant. Tout le discours à base morale est en fait une préparation marketing à la promotion du produit.

Nous allons nous intéresser à toutes ces injonctions qui nous sont envoyées par les divers pouvoirs qui nous régentent.

 

Thème 1 : Nous sommes littéralement bombardés d’injonctions à changer de comportement

 

  • Le plus visible est l’automobile, fondement de notre civilisation occidentale actuelle : le diesel est caca, l’électrique est vertueux. Montrer les prix des voitures hybrides ou électriques et rapprocher cela du salaire médian, du nombre de précaires et du taux de pauvreté en France.
  • Les modes de déplacement doux sont promus : après avoir encouragé à tout vat le mode automobile, les camions et l’avion, il y a une campagne de masse sur les déplacements en vélo électrique, en trottinette (ou autres engins du même type), sur la marche à pied ou même le cheval (Yves Cochet). Tout cela, évidemment lié à la ville.
  • L’habitat : là aussi virage à 180° ! Depuis les années 1970, il y a eu des campagnes publiques pour encourager l’habitat individuel, pavillonnaire en priorité. Ceci était couplé à l’industrie automobile et pétrolière. Aujourd’hui, c’est la proximité urbaine qui est le nouveau modèle, avec la notion de densification des banlieues ; les tours, tant décriées et détruites, font leur retour. L’objectif de Bordeaux Métropole est d’atteindre 1 M d’habitants (avec trois (bientôt quatre ?) ponts intra-urbains, dont un fermé à la circulation !
  • La transition énergétique est devenue le Saint Graal, après le Développement Durable, ce cliché oxymorique rentré dans les mœurs. Voici donc les nouveaux comportements, à la fois ceux qui sont condamnés et ceux qui sont dits « vertueux » pour la planète. Il faut donc abandonner incessamment les chaudières au fuel, passer au bois ou à l’électricité « verte » ( une nouvelle escroquerie sémantique). Quitte à commencer la destruction spéculative des forêts. Le modèle vertueux repose sur le nucléaire, devenu aujourd’hui LA solution, même pour les écologistes ! Bien sûr totalement sans danger et sans hypothèque pour les générations futures. Nos maisons sont brutalement devenu des « passoires énergétiques qu’il faut refaire du sous-sol au combles !

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  • L’indispensable numérique : Tout est fait pour nous pousser à entrer sans réserve dans ce monde technique où nous abandonnons nos droits, notre souveraineté. L’administration dématérialise tout, toutes les informations passent par internet ; le standard Androïd exclut de fait ceux qui n’ont pas un appareil adapté ;  Le recours à des applis et des appareils connectés est incessant (le frigo, la cafetière , le chauffage, la genouillère…)

 

Pour culpabiliser ou discréditer ceux qui ne jouent pas le jeu, on a inventé la notion d’ « illettrisme numérique » baptisé « illectronisme ». Qui oserait nier que tout cela est uniquement une affaire de gains, d’argent et d’actionnaires et dividendes, et pas la « vie bonne » des philosophes grecs !

 

Thème 2 : La réalité économique est bien plus sordide et amorale

 

  • Tous ces changements sont promus d’abord pour doper l’industrie, la recherche et in fine, le totem mondial de la croissance, sans laquelle il n’y a point de salut pour nos économies. Depuis Al Gore, « Green is gold » est la règle des chefs d’entreprises innovants aux Etats-Unis et ailleurs. Notion de « croissance verte » qui devrait nous faire bien rire !
  • Tous ces changements sont fondés sur l’adoption d’une autre consommation, dite « verte », « équitable », « vertueuse », « circulaire »… qui ne demeure cependant qu’une consommation, dans la société du même nom.
  • Tous ces changements « vertueux » épuisent les ressources naturelles : après les hydrocarbures, c’est le lithium, les terres rares ou les minerais qui deviennent la clé de ces produits (batterie, smartphones, économie connectée, data centers…). Le changement climatique en est aussi augmenté.
  • Tous ces changements sont impulsés par l’alliance des politiques avec les industriels et les financiers. On veut convaincre, par le matraquage de la propagande, que c’est le vœu des citoyens.

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Une représenattion du Dieu Mammon, dieu de l’argent

  • Tous ces changements sont extérieurs à l’homme ; ils n’affectent pas le cœur et l’esprit des humains, dont ceux qui l’impulsent se moquent comme d’une guigne.

 

Il faut donc se poser la question de savoir quelle attitude adopter, face à des risques réels et à des mauvaises solutions.

 

Thème 3 : S’il faut changer de mode de vie, que faire ?

 

  • Comme chrétiens libres – n’est-ce pas la définition même d’un protestant ? – et citoyens également libres et responsables – ce devrait être des pléonasmes -, nous devons nous entraider, dans le cadre d’abord de l’église locale, puis au-delà, de l’église universelle et au-delà encore de l’humanité entière, pour prendre du recul critique face à la force de frappe de la communication et aux objectifs de ce monde.
  • Comme « nouvelle création » :

« 17  Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.

18  Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. » 2 Corinthiens 5 : 17-18

, par la grâce divine, nous pouvons accomplir un travail sur nous-mêmes – d’autres voies, non chrétiennes le permettent aussi, soyons honnêtes – pour arriver à un double résultat : 1/ Progresser dans notre vie spirituelle personnelle ; vers l’amour du prochain, la sanctification de nos vies et l’action ; 2/ mettre en œuvre du concret, pour aller dans la bonne vraie direction : recyclage et partage (vide-grenier gratuit et projets liés), solidarité avec nos frères et sœurs en difficultés, d’abord ici, puis ailleurs :

« 17  Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ?

18  Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. » I Jean 2 :17-18

  • Soutenir les luttes justes et les « plus petits », comme l’a enseigné le Christ :

Matthieu 25:45 « Et il leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. »

Car nous sommes bien « dans le monde », comme Jésus l’a dit dans sa prière :

« 11 ¶  Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous.

12  Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.

13  Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie parfaite.

14  Je leur ai donné ta parole ; et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.

15  Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal.

16  Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.

17 ¶  Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité.

18                Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. » Jean 17 :11-18

 

Conclusion :

Il faut effectivement vivre autrement ; Mais pas selon les commandements changeants du monde et de ses puissants, mais selon la vie nouvelle en Christ. Nous devons être des forces de changement de vie, mais de ce changement le monde ne veut pas, car il remet en question tout ce qu’il considère comme bon et juste, qui est en réalité injuste et mauvais à tous égards. Nous en revenons toujours à l’injonction de Paul adressée aux Romains :

 

« 1 ¶  Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.

2        Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » Romains 12 :1-2

 

Jean-Michel Dauriac – Novembre 2019

 

 

 

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