Skip to content →

La logique de Babel (1)Méditations de sortie de l’Arche n° 10

Le fichier audio est là:

Lecture de base : Genèse 11 : 1 à 4

«  Or, toute la terre parlait un même langage avec les mêmes mots.

2  Partis de l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Chinéar, et ils y habitèrent.

3  Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques et cuisons-les au feu. La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de mortier.

  • Ils dirent (encore): Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet (touche) au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas disséminés à la surface de toute la terre. » (version La Colombe)

Le récit de la tour de Babel est assez bref (9 versets en tout) et, malgré cette brièveté, il est devenu un des plus grands mythes de l’humanité (avec le Déluge, la sortie d’Egypte ou la ligature d’Isaac) tirés de la Bible. Mon propos n’est pas aujourd’hui de discuter du caractère mythique ou historique de ce récit. Rien que chez les protestants, la divergence est irréductible : les libéraux considèrent cette histoire comme un fable à but explicatif de la diversité des langues et de l’hubris de l’humanité première ; les évangéliques en font, le plus souvent, une lecture historique et littérale. Entre les deux extrêmes, toute une frange de huguenots hésitent entre les deux positions. Je pense que le même débat court chez les catholiques ou les orthodoxes, mais en silence. Laissons cela de côté et faisons une lecture contemporaine de ce texte, par la démarche de l’analogie.

Situons d’abord ce texte dans le livre de la Genèse, car il y a un enseignement en cela

Si nous regardons où se situe cet épisode dans le livre des origines, nous voyons qu’il suit le grand récit de Déluge et de la sortie de l’Arche de Noé. Nous sommes bien, analogiquement, dans une situation comparable à la nôtre. Nous pouvons dire que le XXIème siècle a connu deux « déluges » qui ont ébranlé l’humanité : la crise financière mondiale de 2008, dite « crise des subprimes » et la crise en cours du Covid19. Dans les deux cas, le choc a été suffisamment fort pour que les hommes pensent un « monde d’après ». Nous savons que les années qui ont suivi la crise de 2008 ont ramené inexorablement à la vie d’avant, « business as usual », comme le disent les Anglo-saxons. Aucune leçon n’a été tirée de ce séisme.

Nous avons bien lu et entendu partout parler, surtout durant le premier confinement – mars à mai 2020), de l’urgence et de la nécessité de penser un monde d’après qui serait au bénéfice des leçons de la pandémie. Mais nous sentons bien, et nous entendons et nous voyons que les gens, dans leur immense majorité, veulent retrouver une « vie normale », c’est-à-dire leur vie d’avant. On peut donc, raisonnablement penser que, encore une fois, il n’y aura aucune bifurcation générale de notre société. Est-ce d’ailleurs souhaitable, possible, utile et bénéfique ? C’est à chacun de nous de répondre à cette question.

Les descendants de Noé, selon la Bible, ont engagé une démarche de civilisation. Voyons quelle est sa base.

Le projet de Babel

C’est d’abord un projet qui naît d’une humanité homogène, issue de l’après-déluge. Le verset 1 parle d’une seule langue ; il y a donc unité humaine. Cette unité fait l’union, et l’union fait la force.

Aujourd’hui il faut regarder derrière les apparences du monde que nous connaissons. La mondialisation impose, par sa pratique, la langue anglaise et ses termes au monde entier. Nous voyons, depuis la chut du bloc communiste soviétique, l’idée d’une gouvernance mondiale unique qui progresse. La crise du Covid19 est un formidable accélérateur de cette idée. Or, toute gouvernance mondiale est, par nature, porteuse du risque de totalitarisme, par l’absence de toute alternative et la concentration du pouvoir avec tous ses moyens de coercition et de contrôle.

Le projet de Babel fait la preuve du génie inventif des hommes : les versets 2 et 3 montrent à la fois l’invention de la brique, des techniques d’assemblage et la naissance de la ville, donc l’idée  même d’urbanisation. Tout cela représente un progrès considérable, auquel il faut ajouter l’usage du bitume pour cimenter.

Si nous revenons à notre présent, nous ne pouvons que constater l’accélération technique absolument inédite des dernières décennies, notamment liée à l’essor de la science informatique. L’homme pense se sortir de toutes les impasses où il s’est enfermé par une réponse technique. Ainsi, face au réchauffement climatique, une nouvelle discipline est née, la géo-ingénierie, qui pense des remèdes planétaires à la montée du CO² ou à l’acidification des océans. Ce n’est pas le lieu ici de décrire ces projets. Il suffit de dire qu’ils sont prométhéens, totalement démesurés. De même, la crise du Covid19 doit se régler par la mise au point ultra-rapide de vaccins à ARN, technique directement liée aux manipulations génétiques, donc relevant du jeu de l’apprenti-sorcier dans de très nombreux cas. Nul ne songe, chez les divers puissants de ce monde, à interroger le mode de vie mondialiste, consumériste et destructeur de nos sociétés.

Le projet de Babel est à la fois transcendant et immanent. C’est donc un projet holistique, global et, aussi, à terme, totalitaire.

  • -transcendant, car la tour doit « toucher au ciel », et donc percer et détruire le mystère de la divinité.
  • -La tour sera dans une ville. Dans la Bible, la ville est une invention de Caïn, le meurtrier fratricide, pour aller se cacher de la face de Dieu. Genèse 4 : 17 :

« 17  Caïn connut sa femme ; elle conçut, et enfanta Hénoc. Il bâtit ensuite une ville, et il donna à cette ville le nom de son fils Hénoc. »

  • -Le but final est de se « faire un nom », c’es-à-dire de devenir Dieu, car en hébreu, le mot Nom est une des appellations de Yahvé. Par leur technique et leur labeur, les hommes veulent devenir Dieu.
  • -Le projet est de rester réuni sous cette gouvernance divine des hommes-bâtisseurs. Il y a bien un désir de contrôle absolu.

La signification pour notre temps est limpide

  • -Le projet mondialiste édifie des tours de plus en plus hautes, qui portent toutes un nom, dont celui de certains hommes, comme la Tour Trump ou la tour  Rockfeller. C’est une transposition parfaite du désir de Babel.
  • -La ville, sous la forme idéale de la métropole mondiale (ou mégapole), est le seul modèle urbain promu, même chez les peuplades les plus rurales du monde (au Rwanda ou au Cambodge par exemple). Tout est pensé uniquement par et pour la ville et les urbains. Le modèle de la révolte contre Dieu est donc devenu exclusif (Je renvoie les sceptiques au splendide livre théologique de Jacques Ellul, Sans feu ni lieu).
  • -Tous les Etats luttent contre la dispersion la plus ancienne : les nomades sont partout persécutés et sédentarisés sous la contrainte, au nom du droit foncier, de la modernité, mais en réalité au nom du désir de contrôler des peuples libres. C’est uniquement pour pouvoir mieux « surveiller et punir », pour reprendre un titre du philosophe Michel Foucault, dans lequel il analyse cette tendance de nos sociétés modernes.
  • -La gouvernance mondiale avance inexorablement depuis 1945. Ne nous laissons pas abuser par les épisodes communistes ou le rôle actuel de la Chine. Peu à peu, les intérêts convergent et l’étau se resserre sur nos libertés, et nos vieilles nations luttent vainement pour ne pas être effacées. Le projet européen, derrière sa pseudo-origine démocrate-chrétienne (fausse mais promue, l’histoire récente l’a prouvé) participe à cette marche vers  le gouvernement mondial. Ce qui est testé à 27 ou 28 pays est appelé à se généraliser.

Conclusion

Nous pourrions appeler ce que nous vivons « Le projet Babel II ». Ce projet est accompagné d’un travail de propagande jamais égalé dans l’histoire et se déployant à l’échelle mondiale. La phase la plus avancée est celle du gouvernement numérique du monde par les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Microsoft), sociétés plus riches et plus puissantes que beaucoup d‘Etats. La résistance symbolique n’a aucune chance réelle d’aboutir, sauf si les terriens acceptent de se déconnecter et de changer leur habitudes.

Mais en parallèle avec les GAFAM, il existe toute une galaxie d’organisations connues (OMS, FAO, UNESCO, OMC…) ou très secrètes (comme els grandes fondations), qui posent, brique après brique pour construire Babel II.

Alors, tout est donc fichu ? Il n’y a plus qu’à se résigner ?

Si on s’arrête au verset 4, cela est le constat évident. Mais le récit comporte une deuxième partie, qui sera l’objet de la méditation suivante.

Jean-Michel Dauriac – Février 2021.

La logique de Babel (1)

Méditations de sortie de l’Arche n° 10

Lecture de base : Genèse 11 : 1 à 4

«  Or, toute la terre parlait un même langage avec les mêmes mots.

2  Partis de l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Chinéar, et ils y habitèrent.

3  Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques et cuisons-les au feu. La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de mortier.

  • Ils dirent (encore): Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet (touche) au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas disséminés à la surface de toute la terre. » (version La Colombe)

Le récit de la tour de Babel est assez bref (9 versets en tout) et, malgré cette brièveté, il est devenu un des plus grands mythes de l’humanité (avec le Déluge, la sortie d’Egypte ou la ligature d’Isaac) tirés de la Bible. Mon propos n’est pas aujourd’hui de discuter du caractère mythique ou historique de ce récit. Rien que chez les protestants, la divergence est irréductible : les libéraux considèrent cette histoire comme un fable à but explicatif de la diversité des langues et de l’hubris de l’humanité première ; les évangéliques en font, le plus souvent, une lecture historique et littérale. Entre les deux extrêmes, toute une frange de huguenots hésitent entre les deux positions. Je pense que le même débat court chez les catholiques ou les orthodoxes, mais en silence. Laissons cela de côté et faisons une lecture contemporaine de ce texte, par la démarche de l’analogie.

Situons d’abord ce texte dans le livre de la Genèse, car il y a un enseignement en cela

Si nous regardons où se situe cet épisode dans le livre des origines, nous voyons qu’il suit le grand récit de Déluge et de la sortie de l’Arche de Noé. Nous sommes bien, analogiquement, dans une situation comparable à la nôtre. Nous pouvons dire que le XXIème siècle a connu deux « déluges » qui ont ébranlé l’humanité : la crise financière mondiale de 2008, dite « crise des subprimes » et la crise en cours du Covid19. Dans les deux cas, le choc a été suffisamment fort pour que les hommes pensent un « monde d’après ». Nous savons que les années qui ont suivi la crise de 2008 ont ramené inexorablement à la vie d’avant, « business as usual », comme le disent les Anglo-saxons. Aucune leçon n’a été tirée de ce séisme.

Nous avons bien lu et entendu partout parler, surtout durant le premier confinement – mars à mai 2020), de l’urgence et de la nécessité de penser un monde d’après qui serait au bénéfice des leçons de la pandémie. Mais nous sentons bien, et nous entendons et nous voyons que les gens, dans leur immense majorité, veulent retrouver une « vie normale », c’est-à-dire leur vie d’avant. On peut donc, raisonnablement penser que, encore une fois, il n’y aura aucune bifurcation générale de notre société. Est-ce d’ailleurs souhaitable, possible, utile et bénéfique ? C’est à chacun de nous de répondre à cette question.

Les descendants de Noé, selon la Bible, ont engagé une démarche de civilisation. Voyons quelle est sa base.

Pieter Bruegle l’ancien – La Tour de Babel

Le projet de Babel

C’est d’abord un projet qui naît d’une humanité homogène, issue de l’après-déluge. Le verset 1 parle d’une seule langue ; il y a donc unité humaine. Cette unité fait l’union, et l’union fait la force.

Aujourd’hui il faut regarder derrière les apparences du monde que nous connaissons. La mondialisation impose, par sa pratique, la langue anglaise et ses termes au monde entier. Nous voyons, depuis la chut du bloc communiste soviétique, l’idée d’une gouvernance mondiale unique qui progresse. La crise du Covid19 est un formidable accélérateur de cette idée. Or, toute gouvernance mondiale est, par nature, porteuse du risque de totalitarisme, par l’absence de toute alternative et la concentration du pouvoir avec tous ses moyens de coercition et de contrôle.

Le projet de Babel fait la preuve du génie inventif des hommes : les versets 2 et 3 montrent à la fois l’invention de la brique, des techniques d’assemblage et la naissance de la ville, donc l’idée  même d’urbanisation. Tout cela représente un progrès considérable, auquel il faut ajouter l’usage du bitume pour cimenter.

Si nous revenons à notre présent, nous ne pouvons que constater l’accélération technique absolument inédite des dernières décennies, notamment liée à l’essor de la science informatique. L’homme pense se sortir de toutes les impasses où il s’est enfermé par une réponse technique. Ainsi, face au réchauffement climatique, une nouvelle discipline est née, la géo-ingénierie, qui pense des remèdes planétaires à la montée du CO² ou à l’acidification des océans. Ce n’est pas le lieu ici de décrire ces projets. Il suffit de dire qu’ils sont prométhéens, totalement démesurés. De même, la crise du Covid19 doit se régler par la mise au point ultra-rapide de vaccins à ARN, technique directement liée aux manipulations génétiques, donc relevant du jeu de l’apprenti-sorcier dans de très nombreux cas. Nul ne songe, chez les divers puissants de ce monde, à interroger le mode de vie mondialiste, consumériste et destructeur de nos sociétés.

Le projet de Babel est à la fois transcendant et immanent. C’est donc un projet holistique, global et, aussi, à terme, totalitaire.

  • -transcendant, car la tour doit « toucher au ciel », et donc percer et détruire le mystère de la divinité.
  • -La tour sera dans une ville. Dans la Bible, la ville est une invention de Caïn, le meurtrier fratricide, pour aller se cacher de la face de Dieu. Genèse 4 : 17 :

« 17  Caïn connut sa femme ; elle conçut, et enfanta Hénoc. Il bâtit ensuite une ville, et il donna à cette ville le nom de son fils Hénoc. »

  • -Le but final est de se « faire un nom », c’es-à-dire de devenir Dieu, car en hébreu, le mot Nom est une des appellations de Yahvé. Par leur technique et leur labeur, les hommes veulent devenir Dieu.
  • -Le projet est de rester réuni sous cette gouvernance divine des hommes-bâtisseurs. Il y a bien un désir de contrôle absolu.

La signification pour notre temps est limpide

  • -Le projet mondialiste édifie des tours de plus en plus hautes, qui portent toutes un nom, dont celui de certains hommes, comme la Tour Trump ou la tour  Rockfeller. C’est une transposition parfaite du désir de Babel.
  • -La ville, sous la forme idéale de la métropole mondiale (ou mégapole), est le seul modèle urbain promu, même chez les peuplades les plus rurales du monde (au Rwanda ou au Cambodge par exemple). Tout est pensé uniquement par et pour la ville et les urbains. Le modèle de la révolte contre Dieu est donc devenu exclusif (Je renvoie les sceptiques au splendide livre théologique de Jacques Ellul, Sans feu ni lieu).
  • -Tous les Etats luttent contre la dispersion la plus ancienne : les nomades sont partout persécutés et sédentarisés sous la contrainte, au nom du droit foncier, de la modernité, mais en réalité au nom du désir de contrôler des peuples libres. C’est uniquement pour pouvoir mieux « surveiller et punir », pour reprendre un titre du philosophe Michel Foucault, dans lequel il analyse cette tendance de nos sociétés modernes.
  • -La gouvernance mondiale avance inexorablement depuis 1945. Ne nous laissons pas abuser par les épisodes communistes ou le rôle actuel de la Chine. Peu à peu, les intérêts convergent et l’étau se resserre sur nos libertés, et nos vieilles nations luttent vainement pour ne pas être effacées. Le projet européen, derrière sa pseudo-origine démocrate-chrétienne (fausse mais promue, l’histoire récente l’a prouvé) participe à cette marche vers  le gouvernement mondial. Ce qui est testé à 27 ou 28 pays est appelé à se généraliser.

Conclusion

Nous pourrions appeler ce que nous vivons « Le projet Babel II ». Ce projet est accompagné d’un travail de propagande jamais égalé dans l’histoire et se déployant à l’échelle mondiale. La phase la plus avancée est celle du gouvernement numérique du monde par les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Microsoft), sociétés plus riches et plus puissantes que beaucoup d‘Etats. La résistance symbolique n’a aucune chance réelle d’aboutir, sauf si les terriens acceptent de se déconnecter et de changer leur habitudes.

Mais en parallèle avec les GAFAM, il existe toute une galaxie d’organisations connues (OMS, FAO, UNESCO, OMC…) ou très secrètes (comme els grandes fondations), qui posent, brique après brique pour construire Babel II.

Alors, tout est donc fichu ? Il n’y a plus qu’à se résigner ?

Si on s’arrête au verset 4, cela est le constat évident. Mais le récit comporte une deuxième partie, qui sera l’objet de la méditation suivante.

Jean-Michel Dauriac – Février 2021.

Published in Bible et vie

One Comment

  1. André Pascual André Pascual

    Merci pour ces commentaires, toujours limpides

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *