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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Que faire des cons?

De Maxime Rovère

Critique de Frédéric Rodriguez

Entre le petit con et le grand con, il y a une multitude de cons (le pire étant le con dangereux, le gros con, le méchant con, celui qui va au bout de sa connerie, jusqu’à devenir nuisible pour la santé de son entourage, et puis y a le con-nard, ou la con-nasse, ce qui revient au même). Cela dit, je l’avoue, il m’arrive parfois d’être un peu con sur les bords. Qui ne l’est pas aux yeux des uns ou des autres ? Connerie et folie, même diagnostic ? (on pourra toujours lire Eloge de la folie si l’on souhaite creuser la question). Question de point de vue en tout cas mais aussi de perspective, de conscience personnelle et donc de remises en cause diverses et variées. Cela dit, dans nos jugements, ne nous faisons pas trop de mal, hein, ça serait un peu… con. Il suffit d’avoir conscience de sa connerie (que celle-ci soit nuisible, dangereuse ou, mieux, sans conséquence fâcheuse) et de changer (d’autres diraient se repentir ou se réformer). Dès lors, le con, qui est-il ? Et la conne, qui est-elle ? L’éventail de la connerie est si large (d’autres diraient qu’elle est illimitée) qu’il semble impossible d’étudier tous les cons à la fois. Il y a les cons assis sur leurs certitudes, qui refusent de douter ; mais il y en a d’autres qui rejettent tout et qui doutent même de la vérité ; et il y en a encore qui se foutent des deux premiers groupes, qui d’ailleurs se foutent de tout, même des drames qu’on pourrait éviter. Le con est celui ou celle qui manque de respect envers les autres. Celui qui méprise ou regarde de haut ses congénères quand ceux-là sont démunis et faibles. Bref, celui qui n’est pas bienveillant de nature (je ne parle pas de la bienveillance édictée en valeur absolue, ni de la propagande et des palabres hypocrites de certaines autorités, mais bien d’une nature qui ne s’imposera pas, par ailleurs). Le con est surtout celui ou celle qui accable, fatigue, avance sans préavis et justifie ses gestes par un « c’était plus fort que moi ». Mais dès qu’il pense, crée, dessine, joue d’un instrument, lit, etc., bref quand il regarde plus loin que le bout de son nez, l’Homme ne deviendrait-il pas moins con des fois ?

Avant d’aller plus loin, un petit diagnostic est donc nécessaire et ce livre du philosophe Maxime Rovere publié par Flammarion en 2019 est une petite bouffée d’oxygène (écrivain et historien de la philosophie, Rovere a enseigné à l’ENS de Lyon ; il a d’ailleurs écrit un bouquin sur l’auteur de l’Ethique, Le Clan Spinoza, que j’ai également lu mais que je trouve moins réussi ; et là, je termine L’école de la vie qui est délicieux). Le con (ou la conne) se distingue donc du fait qu’il insiste un peu trop sur sa différence : il s’observe avant tout, connait tout, vous fait savoir qu’il a tout vu, sa conne- essence est épuisante. Il est ridicule parfois. Sa science sérieuse et ses croyances sont les seuls qui soient valables, souvenez-vous de Bouvard et Pécuchet (Flaubert). Il peut être méchamment prosélyte, inélégant (qui ne sait pas « élire », ne sait pas choisir). Il ne sait pas dire non et refuse toujours. Grossier et vulgaire, il manque de recul et de distanciation (il n’a pas l’esprit critique et n’accepte pas la contestation). Il est manipulateur et manipulable, et si on le critique, il se vexe, boude, ne prend rien avec suffisamment de distance. Son anticonformisme n’est qu’apparence, sa critique de la bourgeoisie fait de lui un bourgeois (« la triste intelligence » d’Harry dans Le Loup des Steppes), et puis ce sont toujours les autres qui sont cons, jamais lui, jamais elle. Bref, le con, ça n’est pas Charlot dans Les Temps Modernes. Le con, c’est le triste sire, le clown de service, l’obséquieux qui aime le Pouvoir. C’est le pantin ou le snob qui ne se sent plus pisser, qui n’a que l’apparence de la force mais qui s’aplatit devant elle (il l’aime tellement, l’apparence de la puissance). Au-delà de ces catégorisations faciles, le con ne pense pas à deux fois, et ne sait pas trouver les mots justes, ni faire de l’humour, ni se taire ni s’arrêter quand c’est nécessaire (ferait bien de tourner sa langue sept fois dans la bouche). Sinon, bien sûr, ne nous arrive-t-il pas, les uns et les autres, de déconner et de dire des conneries de temps à autre ? Par contre, faire, des conneries (question de degré), ça peut être dramatique.

Quand on vous prend pour un con, là aussi, c’est rageant (pauvre Villeret dans Le dîner de cons). Entre moqueurs et courtisans, le fossé est alors très mince. Mais ce sont surtout les conséquences de la connerie qui font le plus de dégâts (collectivement d’abord, individuellement ensuite, ou l’inverse). Le conditionnement pour se comporter comme des cons, voilà bien le problème. Et si la connerie a l’apparence de la connaissance (ou de la conne essence), elle est ignorance, le bien plus souvent. C’est aussi un manque d’amour, nous dit Rovere, une absence d’humanité, une intolérance à la différence. Cela ne signifie donc pas que tous les cons se valent. ll y a plusieurs degrés dans la connerie. « Mais c’est hélas une société malade qui produit aussi des cons en pagaille ». Ce ne sont pas seulement les cons qui détruisent tout et se détruisent par là-même (les conditions de la vie sociale et professionnelle, les conditions d’une vie familiale apaisée et sensée, etc.). C’est aussi la société toute entière qui donne ce sentiment d’autodestruction, d’absurde, faut bien le reconnaître (relire L’homme révolté d’Albert Camus, et même, plus près de nous, La fabrique du cré-tin de Jean-Paul Brighelli ou La fabrique des pervers par Sophie Chauveau). Con dangereux, con destructeur, con-strictor, con-quistador… Un prédateur. Un dominant. Il faut l’identifier rapidement pour s’en protéger. Le titre, forcément, est très accrocheur. Il pourrait en rebuter quelques-uns. Dommage. Aspect commercial ? Au final, comme le dit très justement Marie-Claude Sawerschel (voir son délicieux commentaire) Maxime Rovere donne à lire une étude brillantissime sur le sujet. Fallait oser ! Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ? (Audiard). Je n’irai pas jusque-là. Je veux seulement dire que c’était risqué de publier pareil ouvrage : ça aurait pu être un flop, or, c’est tout le contraire. C’est brillant, intelligent et humain. On connaissait quelques citations de Frédéric Dard (1). Avec le bouquin de Rovere, on en retiendra d’autres (2).


(1) « Les cons me blessent, me contraignent, me ligotent, me flagellent, m’ulcèrent, me démoralisent, m’irritent, m’endorment, me conspuent, m’oppriment, me dépriment, m’usent, me défèquent, m’engluent, me ruinent, m’embrigadent, m’écrasent, me crucifient, me baisent, me volent, me violent, m’accidentent, m’assassinent, me font alternativement suer et ch…, m’obligent, me vilipendent, me rognent, me bafouent, m’emplâtrent, m’épouvantent, me vieillissent, me profanent, me cocufient, m’éclaboussent, me soûlent, m’amputent, me saignent, me noircissent, me font voter, m’étatcivilent, m’inculquent, m’enc…, me gauchissent, me droitisent, et surtout – ô combien surtout ! – immensément surtout : me fatiguent et me re-refatiguent un peu plus chaque jour, m’emmerdent jusqu’à la désintégration finale. Qu’à la fin je leur porte plainte contre, à tous ! Au tribunal de Dieu, du diable ou de mes fesses. » (extrait de son livre, Les Con, notez l’absence du « s », puisqu’il s’agit d’un nom propre ; ce livre s’inscrit un peu dans la veine des San Antonio, c’est donc plein de verve et d’humour). Je ne sais pas si Frédéric Dard aurait aimé le bouquin de Rovère. Sans doute que oui. Audiard aussi (même si question de style, entre Rovère et Dard, ça n’est pas comparable, puisqu’avec le premier, on n’est pas dans la farce piquante, mais plutôt dans un manuel d’éthique interactionnelle, une étude ne manquant pas de recul et de distanciation par ailleurs). On peut commencer à lire si on est lycéen (c’est même recommandé quand on est élève en classe de terminale et que l’on suit des cours de philo). Le bouquin vient d’être publié en édition de poche (Que faire des cons, chez Champs Flammarion).

(2) C’est déjà ça, même si certains et certaines pourront toujours se reconnaître ici et là. Maxime Rovere donne par ailleurs pas mal de remèdes et de solutions (avec des exemples concrets) dans nos interactions avec les cons. Voici quelques passages croustillants : par exemple, « le con ou la conne se définissent, du fait d’un comportement que nous estimons inadéquat, comme des êtres que nous identifions, même momentanément, comme situés à un degré inférieur d’une échelle morale où, sans être parfaits, nous nous situons nous-mêmes – dans notre effort à tous pour devenir des êtres humains accomplis ». « D’ailleurs, qui sait définir ce qu’est un être humain accompli ? ». « La disparition des cons savants va de pair avec la prolifération des cons d’expérience » (page 56). « Au même titre que l’existence des cons, l’existence de la haine, de la colère, etc., doit être accueillie non comme une erreur, mais comme un fait. Vous allez donc non seulement devoir faire avec l’existence du salopard qui refuse de récompenser vos efforts même par un geste qui ne lui coûterait rien, mais vous allez en plus devoir survivre aux émotions qu’il vous inspire. Pour travailler correctement, il faut d’ailleurs inverser les choses : d’abord leur régler leur compte à vos émotions ; ensuite, on s’occupera de ce salaud. » (page 62) « Ce qui définit les cons : ils rendent les accidents inévitables / ils nous accablent, ils ne nous laissent pas tranquilles, ils s’obstinent » (page 12 et 68), etc., etc. A lire, quitte à y revenir pour méditer. 

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Reconstruire dans l’adversité

Méditations de sortie de l’Arche 6

La version audio est ici:

Introduction contextuelle :

Nous abordons maintenant le livre de Néhémie, qui reprend et complète le livre d’Esdras.
C’est la seconde phase;: dans le premier temps, le temple a été rebâti, après que le culte ait été restauré. Il s’agit ensuite de reconstruire, dans un second temps, les murailles qui entourent Jérusalem.
En effet, la montage de Dieu, Sion, n’est nullement protégée, elle est à la merci de ses voisins.
La région est un mélange de divers peuples, qui se retrouvent aussi dans la population de la ville, qu’ils ont investie depuis la destruction et la déportation des Hébreux.

Nous conduirons cette méditation en trois temps.

Temps 1 : délabrement et motivation

Lecture de base : Néhémie 2 : 13-15.

13 Je sortis de nuit par la porte de la Vallée, dans la direction de la source du Dragon et vers la porte du Fumier, en inspectant les murailles de Jérusalem où il y avait des brèches, et ses portes qui avaient été dévorées par le feu.
14 Je passai près de la porte de la Source et près du Réservoir du Roi, et il n’y avait pas de place où la bête que je montais puisse passer.
15 Je montai de nuit par l’oued et j’inspectai la muraille. Puis je rentrai par la porte de la Vallée et je fus ainsi de retour. […] Version NBS

Néhémie, (en hébreu, « l’Eternel console »), a été envoyé par Artaxerxès, empereur perse, pour rebâtir Jérusalem. C’est la suite de la mission que Cyrus le Grand avait initiée, avec l’envoi d’Esdras. Il arrive à Jérusalem, mais ne dit rien de sa mission aux magistrats de la ville. Il commence d’abord par se rendre compte lui-même de l’état désastreux de cette muraille. Il fait cela discrètement, de nuit, pour ne pas être vue. La prudence est et la discrétion sont de grandes qualités pour le croyant.
Que voit-il ? Des brèches, des portes brulées et des gravats qui obstruent le chemin. Triste état des lieux : la ville est ouverte à tout ennemi. De quoi témoignent ces dégâts ?
Les brèches racontent le siège et la violence des agresseurs, qui ont pu casser la muraille ; c’est le signe d’une défaite imparable.
Les portes brûlées montrent que les vainqueurs ont voulu anéantir toute la sécurité de la ville. Ces deux signes peuvent nous parler de ce qui peut arriver dans une vie attaquée et vaincue. L’adversaire veut supprimer toute possibilité de se protéger à nouveau. Jésus a repris cette image dans certaines de ses paraboles.
Les gravats attestent que rien n’a été fait pour nettoyer et effacer les traces de la défaite. La ruine durable est aussi dans cette destruction de toute volonté des vaincus. Nous connaissons aussi cela dans nos vies parfois, quand l’épreuve nous terrasse et nous ôte toute envie de nous en sortir.

Lecture 2 : Néhémie 2 : 17 à 19

17 Je leur dis alors : Vous voyez le malheur où nous sommes. Jérusalem est un champ de ruines, ses portes ont été détruites par le feu. Venez, rebâtissons la muraille de Jérusalem, et nous ne serons plus dans le déshonneur.
18 Je leur racontai comment la bonne main de mon Dieu était sur moi, et quelles paroles le roi m’avait adressées. Ils dirent : Bâtissons ! Et ils prirent courage pour cette œuvre bonne.
Sanballat, le Horonite, Tobiya, l’administrateur ammonite, et Guéshem, l’Arabe, l’ayant appris, se moquèrent de nous et nous traitèrent avec mépris. Ils dirent : Que faites-vous là ? Vous rebellez-vous contre le roi ? Version NBS.

Néhémie parle alors à tous ceux qui ont une responsabilité et montre à la fois la tristesse présente et sa motivation. Il expose sa mission, montrant qu’il ne se laisse pas abattre par ce qu’il a vu.
Sa détermination entraîne alors ceux qui, jusque-là, n’avaient rien fait.

Deuxième temps – l’adversité : de la moquerie au projet guerrier

Lecture de base : Néhémie 4 : 1-3

1 Lorsque Sanballat apprit que nous rebâtissions la muraille, il fut en colère et très irrité.
2 Il se moqua des Juifs, et dit devant ses frères et devant les soldats de Samarie : A quoi travaillent ces Juifs impuissants ? Les laissera-t-on faire ? Sacrifieront-ils ? Vont-ils achever ? Redonneront-ils vie à des pierres ensevelies sous des monceaux de poussière et consumées par le feu ?
3 Tobija, l’Ammonite, était à côté de lui, et il dit : Qu’ils bâtissent seulement ! Si un renard s’élance, il renversera leur muraille de pierres ! […]
6b Et le peuple prit à cœur ce travail.
7 ¶ Mais Sanballat, Tobija, les Arabes, les Ammonites et les Asdodiens, furent très irrités en apprenant que la réparation des murs avançait et que les brèches commençaient à se fermer.
8 Ils se liguèrent tous ensemble pour venir attaquer Jérusalem et lui causer du dommage. Version NEG (la numérotation des versets peut changer selon les versions).

Evidemment, ce projet est rapidement connu des non-juifs de la ville, et ceux-ci, qui n’aiment ni les Juifs ni leur Dieu, réagissent.
D’abord, c’est le mépris et l’incrédulité qui sont manifestés (vt. 1-3). Il susent de termes dévalorisants : les Juifs sont « impuissants » – ce qui correspond à la population âgée ou faible qui était demeurée sur place initialement – ; on leur rappelle la défaite, les brèches et le feu aux portes pour les décourager (vt. 2). L’Ammonite ironise sur leur incapacité à élever une muraille solide, qu’un renard pourra renverser. Tout est fait pour humilier les Juifs.
Mais ceux-ci s’accrochent à leur projet (vt. 6b). les adversaires passent alors du mépris, de la moquerie à la colère, car leur première stratégie a échoué. Ils décident alors d’une autre tactique, celle de l’attaque militaire (vt. 8). Le but est de causer des dégâts nouveaux à la ville, pour saper le moral du peuple. Il faut casser la motivation.
« Ils se liguèrent » : tous les non-juifs se liguent contre les Juifs. La haine fait l’union. Derrière cette haine des hommes se trouve le rejet de l’Eternel, le Dieu unique des Juifs. Ils pensent qu’il les a oubliés et veulent faire triompher leurs divinités.

Quand l’homme (ou la femme) ou le groupe veut sortir de sa détresse et revenir à la sécurité de Dieu, il va déchaîner contre lui les diverses armes du mal. D’abord la moquerie, la raillerie, qui blesse profondément. Elle accompagne le mépris, la déconsidération. La lutte spirituelle nous met inévitablement aux prises avec ces comportements, dans nos familles, parfois dans notre couple, au travail, dans le voisinage… Le Diviseur parvient à faire contre celui qui croit une union du mal. Bien sûr, il ne faut absolument pas devenir paranoïaque, et se croire constamment persécuté. Il faut analyser par l’Esprit Saint et distinguer ce qui relève de l’Esprit Malin et ce qui est de la vie humaine normale (hélas marquée également par le mal sous divers aspects). Mais nous savons, par la Bible, que l’Adversaire existe et qu’il ne veut pas de la réparation des brèches dans nos vies, pas plus qu’il n’accepte notre sécurité spirituelle.

Troisième temps : s’adapter aux circonstances

Lecture de base : Néhémie 4 : 16-18a

16 Depuis ce jour, la moitié de mes serviteurs travaillait, et l’autre moitié était armée de lances, de boucliers, d’arcs et de cuirasses. Les chefs étaient derrière toute la maison de Juda.
17 Ceux qui bâtissaient la muraille, et ceux qui portaient ou chargeaient les fardeaux, travaillaient d’une main et tenaient une arme de l’autre ;
18 chacun d’eux, en travaillant, avait son épée ceinte autour des reins. Version NEG.

L faut noter que le peuple n’a pas cédé sous la menace. Sous la conduite de Néhémie, il a adapté son comportement au risque.
Néhémie doit diviser en deux ses serviteurs : le travail avancera donc deux fois moins vite. Le Diviseur le sait, mais il sait aussi qu’il n’a pas triomphé : le travail continue. Il y aura donc deux catégories de personnes sur le chantier.
Ceux qui ont mission de bâtir concrètement la muraille ne sont pas pour autant désarmés. On a deux mentions différentes ; les porteurs avaient une arme dans une main et travaillaient de l’autre main. Certes, ils étaient moins efficaces, mais en s’y mettant à plusieurs, les charges étaient déplacées. C’est donc la coopération qui fait la réussite, image de l’Eglise, corps de Christ. Quant aux maçons, ils ont une « épée ceinte autour des reins ». Ils ont donc la ceinture et l’épée ; la ceinture est la vérité, elle porte l’épée, qui est celle de l’Esprit, la Parole de Dieu. L’épée et la ceinture vont ensemble. Elles permettent aux deux mains de travailler, toute en ayant le moyen de se défendre.

Ephésiens 6 : 11 Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable.
12 Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes.
13 C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté.
14 Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture ; revêtez la cuirasse de la justice ;
15 mettez pour chaussures à vos pieds le zèle que donne l’Evangile de paix ;
16 prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin ;
17 prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu. Version NEG.

Ceux qui ont pour mission de surveiller vont être équipés d’armes diverses, pour se protéger (bouclier, cuirasse), mais aussi pour repousser les assaillants (lance, arc). Evidemment nous mettons ce verset en parallèle avec le texte célèbre d’Ephésiens 6 : 11-17, où Paul évoque « toutes les armes de Dieu », dans le cadre de la lutte contre les esprits mauvais. La cuirasse est la justice ; le bouclier est la foi. On peut assimiler la lance à la prière. Paul ajoute le casque du salut, mais cette notion était inconnue en tant que telle des Juifs de cette époque. Les combattants veillent sur leurs frères en s’appuyant sur tous les moyens spirituels. C’est leur participation à la reconstruction. Sans doute ceux qui portent les armes ne sont pas de bons maçons ou peut-être pas assez forts pour être porteurs, mais ils ont une fonction de veille. Il faut noter que chez Néhémie, comme chez Paul, les armes ont une fonction strictement défensive.

Que conclure ?

Notre vie (ou notre famille, ou notre église locale) peut avoir été saccagée, ruinée. Nous pouvons avoir perdu tout dynamisme. Mais Dieu sait susciter des envoyés pour restaurer la ville sainte et remotiver les cœurs chancelants. Le fait que Dieu envoie un homme ne détruit pas l’adversité, mais elle permet de la combattre et de la vaincre. Peu importe que cela prenne beaucoup plus de temps que prévu. Le tout est que le travail démarre et avance. Nous pouvons mettre beaucoup de temps à sortir de la défaite, mais c’est la persévérance dans le travail spirituel qui en est l’assurance finale. Il faut aussi identifier les adversaires et s’en protéger. Ce sera le sens de la méditation suivante, qui terminera ce cycle sur Esdras et Néhémie.

Jean-Michel Dauriac

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Le prix de la purification

Méditations de sortie de l’Arche 5

La version enregistrée est ici:

Lecture de base : Esdras 6 : 7 et 12 .

« 7  Laissez continuer les travaux de cette maison de Dieu ; que le gouverneur des Juifs et les anciens des Juifs, la rebâtissent sur l’emplacement qu’elle occupait.

8  Voici l’ordre que je donne touchant ce que vous aurez à faire à l’égard de ces anciens des Juifs pour la construction de cette maison de Dieu : les frais, pris sur les biens du roi provenant des tributs de l’autre côté du fleuve, seront exactement payés à ces hommes, afin qu’il n’y ait pas d’interruption.

9  Les choses nécessaires pour les holocaustes du Dieu des cieux, jeunes taureaux, béliers et agneaux, froment, sel, vin et huile, seront livrées, sur leur demande, aux sacrificateurs de Jérusalem, jour par jour et sans manquer,

10  afin qu’ils offrent des sacrifices de bonne odeur au Dieu des cieux et qu’ils prient pour la vie du roi et de ses fils.

11  Et voici l’ordre que je donne touchant quiconque transgressera cette parole : on arrachera de sa maison une pièce de bois, on la dressera pour qu’il y soit attaché, et l’on fera de sa maison un tas d’immondices.

12  Que le Dieu qui fait résider en ce lieu son nom renverse tout roi et tout peuple qui étendraient la main pour transgresser ma parole, pour détruire cette maison de Dieu à Jérusalem ! Moi, Darius, j’ai donné cet ordre. Qu’il soit ponctuellement exécuté. »     

La dernière méditation sur Esdras (en ligne sur le site) nous avait donné à voir le triomphe du mal et des ennemis des Hébreux. Leurs manœuvres avaient convaincu le grand roi Artaxerxès. Ils recommencent leurs attaques auprès de Darius, son successeur. Mais, à leur grande surprise, le résultat fut tout à fait inverse. Nous venons de lire les versets 6 à 12 du chapitre 6 qui reprennent les termes de la lettre du roi. C’est une victoire totale, avec une confirmation et même un renforcement de la position des Hébreux. Ceci nous enseigne évidemment que le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes et que la Bible est là, par ses exemples, pour nous enseigner à la comprendre par l’Esprit.

Pour en savoir plus sur ce sujet, voir : Cahiers Evangile 187, mars 2019, Editions du Cerf, Temps de Dieu, temps des hommes.

Donc, la mission est accomplie victorieusement. La vie va reprendre, avec ses projets et ses occupations.

  • Les Hébreux veulent aussi relever les murailles de Jérusalem, pour protéger le Temple. C’est le contenu majeur du livre de Néhémie.
  • Ils veulent en même temps vivre sur leurs terres, selon le culte restauré et la loi de Moïse retrouvée.

Lecture de base 2 : Chapitre 9 et 10 d’Esdras.

« 9 : 1   Après que cela fut terminé, les chefs s’approchèrent de moi, en disant : Le peuple d’Israël, les sacrificateurs et les Lévites ne se sont point séparés des peuples de ces pays, et ils imitent leurs abominations, celles des Cananéens, des Héthiens, des Phéréziens, des Jébusiens, des Ammonites, des Moabites, des Egyptiens et des Amoréens.

2  Car ils ont pris de leurs filles pour eux et pour leurs fils, et ont mêlé la race sainte avec les peuples de ces pays ; et les chefs et les magistrats ont été les premiers à commettre ce péché.

3  Lorsque j’entendis cela, je déchirai mes vêtements et mon manteau, je m’arrachai les cheveux de la tête et les poils de la barbe, et je m’assis désolé.

4  Auprès de moi s’assemblèrent tous ceux que faisaient trembler les paroles du Dieu d’Israël, à cause du péché des fils de la captivité ; et moi, je restai assis et désolé, jusqu’à l’offrande du soir.

5   Puis, au moment de l’offrande du soir, je me levai du sein de mon humiliation, avec mes vêtements et mon manteau déchirés, je tombai à genoux, j’étendis les mains vers l’Eternel, mon Dieu,

6  et je dis : Mon Dieu, je suis dans la confusion, et j’ai honte, ô mon Dieu, de lever ma face vers toi ; car nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes, et nos fautes ont atteint jusqu’aux cieux.

7  Depuis les jours de nos pères nous avons été grandement coupables jusqu’à ce jour, et c’est à cause de nos iniquités que nous avons été livrés, nous, nos rois et nos sacrificateurs, aux mains des rois étrangers, à l’épée, à la captivité, au pillage, et à la honte qui couvre aujourd’hui notre visage.

8  Et cependant l’Eternel, notre Dieu, vient de nous faire grâce en nous laissant quelques réchappés et en nous accordant un abri dans son saint lieu, afin d’éclaircir nos yeux et de nous donner un peu de vie au milieu de notre servitude.

9  Car nous sommes esclaves, mais Dieu ne nous a pas abandonnés dans notre servitude. Il nous a rendus les objets de la bienveillance des rois de Perse, pour nous conserver la vie afin que nous puissions bâtir la maison de notre Dieu et en relever les ruines, et pour nous donner une retraite en Juda et à Jérusalem.

10  Maintenant, que dirons-nous après cela, ô notre Dieu ? Car nous avons abandonné tes commandements,

11  que tu nous avais prescrits par tes serviteurs les prophètes, en disant : Le pays dans lequel vous entrez pour le posséder est un pays souillé par les impuretés des peuples de ces contrées, par les abominations dont ils l’ont rempli d’un bout à l’autre avec leurs impuretés ;

12  ne donnez donc point vos filles à leurs fils et ne prenez point leurs filles pour vos fils, et n’ayez jamais souci ni de leur prospérité ni de leur bien-être, et ainsi vous deviendrez forts, vous mangerez les meilleures productions du pays, et vous le laisserez pour toujours en héritage à vos fils.

13  Après tout ce qui nous est arrivé à cause des mauvaises actions et des grandes fautes que nous avons commises, quoique tu ne nous aies pas, ô notre Dieu, punis en proportion de nos iniquités, et maintenant que tu nous as conservé ces réchappés,

14  recommencerions-nous à violer tes commandements et à nous allier avec ces peuples abominables ? Ta colère n’éclaterait-elle pas encore contre nous jusqu’à nous détruire, sans laisser ni reste ni réchappés ?

15  Eternel, Dieu d’Israël, tu es juste, car nous sommes aujourd’hui un reste de réchappés. Nous voici devant toi comme des coupables, et nous ne saurions ainsi subsister devant ta face.

10 :1  Pendant qu’Esdras, pleurant et prosterné devant la maison de Dieu, faisait cette prière et cette confession, il s’était rassemblé auprès de lui une foule très nombreuse de gens d’Israël, hommes, femmes et enfants, et le peuple répandait d’abondantes larmes.

2  Alors Schecania, fils de Jehiel, d’entre les fils d’Elam, prit la parole et dit à Esdras : Nous avons péché contre notre Dieu, en nous alliant à des femmes étrangères qui appartiennent aux peuples du pays. Mais Israël ne reste pas pour cela sans espérance.

3  Faisons maintenant une alliance avec notre Dieu pour le renvoi de toutes ces femmes et de leurs enfants, selon l’avis de mon seigneur et de ceux qui tremblent devant les commandements de notre Dieu. Et que l’on agisse d’après la loi.

4  Lève-toi, car cette affaire te regarde. Nous serons avec toi. Prends courage et agis.

5  Esdras se leva, et il fit jurer aux chefs des sacrificateurs, des Lévites, et de tout Israël, de faire ce qui venait d’être dit. Et ils le jurèrent.

6  Puis Esdras se retira de devant la maison de Dieu, et il alla dans la chambre de Jochanan, fils d’Eliaschib ; quand il y fut entré, il ne mangea point de pain et il ne but point d’eau, parce qu’il était dans la désolation à cause du péché des fils de la captivité.

7  On publia dans Juda et à Jérusalem que tous les fils de la captivité eussent à se réunir à Jérusalem,

8  et que, d’après l’avis des chefs et des anciens, quiconque ne s’y serait pas rendu dans trois jours aurait tous ses biens confisqués et serait lui-même exclu de l’assemblée des fils de la captivité.

9  Tous les hommes de Juda et de Benjamin se rassemblèrent à Jérusalem dans les trois jours. C’était le vingtième jour du neuvième mois. Tout le peuple se tenait sur la place de la maison de Dieu, tremblant à cause de la circonstance et par suite de la pluie.

10  Esdras, le sacrificateur, se leva et leur dit : Vous avez péché en vous alliant à des femmes étrangères, et vous avez rendu Israël encore plus coupable.

11  Confessez maintenant votre faute à l’Eternel, le Dieu de vos pères, et faites sa volonté ! Séparez-vous des peuples du pays et des femmes étrangères.

12  Toute l’assemblée répondit d’une voix haute : A nous de faire comme tu l’as dit !

13  Mais le peuple est nombreux, le temps est à la pluie, et il n’est pas possible de rester dehors ; d’ailleurs, ce n’est pas l’œuvre d’un jour ou deux, car il y en a beaucoup parmi nous qui ont péché dans cette affaire.

14  Que nos chefs restent donc pour toute l’assemblée ; et tous ceux qui dans nos villes se sont alliés à des femmes étrangères viendront à des époques fixes, avec les anciens et les juges de chaque ville, jusqu’à ce que l’ardente colère de notre Dieu se soit détournée de nous au sujet de cette affaire.

15  Jonathan, fils d’Asaël, et Jachzia, fils de Thikva, appuyés par Meschullam et par le Lévite Schabthaï, furent les seuls à combattre cet avis,

16  auquel se conformèrent les fils de la captivité. On choisit Esdras, le sacrificateur, et des chefs de famille selon leurs maisons paternelles, tous désignés par leurs noms ; et ils siégèrent le premier jour du dixième mois pour s’occuper de la chose.

17  Le premier jour du premier mois, ils en finirent avec tous les hommes qui s’étaient alliés à des femmes étrangères.

18  Parmi les fils de sacrificateurs, il s’en trouva qui s’étaient alliés à des femmes étrangères : des fils de Josué, fils de Jotsadak, et de ses frères, Maaséja, Eliézer, Jarib et Guedalia,

19  qui s’engagèrent, en donnant la main, à renvoyer leurs femmes et à offrir un bélier en sacrifice de culpabilité ;

20  des fils d’Immer, Hanani et Zebadia ;

21  des fils de Harim, Maaséja, Elie, Schemaeja, Jehiel et Ozias ;

22  des fils de Paschhur, Eljoénaï, Maaséja, Ismaël, Nethaneel, Jozabad et Eleasa.

23  Parmi les Lévites : Jozabad, Schimeï, Kélaja ou Kelitha, Pethachja, Juda et Eliézer.

24  Parmi les chantres : Eliaschib. Parmi les portiers : Schallum, Thélem et Uri.

25  Parmi ceux d’Israël : des fils de Pareosch, Ramia, Jizzija, Malkija, Mijamin, Eléazar, Malkija et Benaja ;

26  des fils d’Elam, Matthania, Zacharie, Jehiel, Abdi, Jerémoth et Elie ;

27  des fils de Zatthu, Eljoénaï, Eliaschib, Matthania, Jerémoth, Zabad et Aziza ;

28  des fils de Bébaï, Jochanan, Hanania, Zabbaï et Athlaï ;

29  des fils de Bani, Meschullam, Malluc, Adaja, Jaschub, Scheal et Ramoth ;

30  des fils de Pachath-Moab, Adna, Kelal, Benaja, Maaséja, Matthania, Betsaleel, Binnuï et Manassé ;

31  des fils de Harim, Eliézer, Jischija, Malkija, Schemaeja, Siméon,

32  Benjamin, Malluc et Schemaria ;

33  des fils de Haschum, Matthnaï, Matthattha, Zabad, Eliphéleth, Jerémaï, Manassé et Schimeï ;

34  des fils de Bani, Maadaï, Amram, Uel,

35  Benaja, Bédia, Keluhu,

36  Vania, Merémoth, Eliaschib,

37  Matthania, Matthnaï, Jaasaï,

38  Bani, Binnuï, Schimeï,

39  Schélémia, Nathan, Adaja,

40  Macnadbaï, Schaschaï, Scharaï,

41  Azareel, Schélémia, Schemaria,

42  Schallum, Amaria et Joseph ;

43  des fils de Nebo, Jeïel, Matthithia, Zabad, Zebina, Jaddaï, Joël et Benaja.

44  Tous ceux-là avaient pris des femmes étrangères, et plusieurs en avaient eu des enfants. Version Louis Segond 1910 »

Ne cachons pas que ces  textes sont difficiles pour nous. Ils cumulent les difficultés et on comprend bien qu’on préfère, le plus souvent, les laisser reposer en paix dans la Bible. Nous avons là trois types de difficultés :

  • Théologiques d’abord : comment relier cela au christianisme et à l’esprit de l’Evangile ?
  • Sociologiques : ceci est très éloigné de notre société et souvent incompréhensible. Nous sommes choqués par ces mœurs, qui sont sur un modèle aujourd’hui rejeté.
  • Morales : comment comprendre les choix moraux des Hébreux ? C’est positivement scandaleux pour nous à une époque où l’on prône ouverture et multiculturalisme.

Celui qui veut vraiment étudier la Bible ne doit jamais contourner la difficulté, il doit l’affronter, quitte à admettre parfois qu’il ne comprend pas. Je ne ferai pas ici d’exégèse savante. Ce ne sont pas les termes hébreux qui sont en jeu, mais les dogmes fondamentaux. Nous avancerons en trois moments progressifs.

Premier temps : le constat de péché est dressé au milieu du peuple

Esdras 9 :1-2.    « Après que cela fut terminé, les chefs s’approchèrent de moi, en disant : Le peuple d’Israël, les sacrificateurs et les Lévites ne se sont point séparés des peuples de ces pays, et ils imitent leurs abominations, celles des Cananéens, des Héthiens, des Phéréziens, des Jébusiens, des Ammonites, des Moabites, des Egyptiens et des Amoréens.

2  Car ils ont pris de leurs filles pour eux et pour leurs fils, et ont mêlé la race sainte avec les peuples de ces pays ; et les chefs et les magistrats ont été les premiers à commettre ce péché. (version Segond) »

Ce sont les chefs de tribu eux-mêmes qui viennent signaler la situation mauvaise à Esdras qui vient d’arriver à Jérusalem. Résumons :

  • Tout le monde a été touché : le peuple, les prêtres et les membres de la caste du Temple, les Lévites.
  • Le péché est d’abord une intégration réussie dans le mauvais sens (ils ne sont pas restés séparés). C’est le poids du conformisme social.
  • C’est du mimétisme, de l’imitation. Donc un manque de personnalité et de convictions.
  • Ils ont « ont mêlé la race sainte avec les peuples de ces pays ». Le péché est donc, selon les critères d’aujourd’hui un bon comportement d’accueil. « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » disent les contes. Or, au vu de la Loi et du culte restauré, c’est une désobéissance totale aux commandements de Dieu. Dieu a ordonné que son peuple ne se métisse pas, il l’a prescrit avant l’entrée en Terre Promise. Mais au fil du temps et des circonstances, les hommes ont adopté les normes des païens. Il est souvent très difficile de rester dans la pureté de la volonté de Dieu. Or, les chefs et le peuple viennent de retrouver la Loi et d’avoir l’esprit réveillé. Leur conscience est donc en train de les reprendre.

Deuxième temps : que faire face à la voix de cette conscience ?

  • C’est la prise de conscience de la faute qui permet de dire la chose. Elle n’est plus cachée mais révélée, et elle concerne tout le monde. C’est la première étape nécessaire d’une repentance.
  • La repentance (qui découle de la culpabilité) a très mauvaise presse aujourd’hui. Elle est castratrice selon les concepts psychanalytiques. Il faut la détruire, la nier, pour vivre heureux. Là est la grande faille qui sépare le croyant et le non-croyant. S’il n’y a plus de culpabilité, il n’y a plus de faute, plus de péché et on peut « jouir sans entraves », pour reprendre un slogan de mai 68. Oui, on peut faire taire la voix de la conscience, mais on ne peut pas la détruire, car elle est constitutive de la nature humaine. C’est d’ailleurs pour cela que la psychanalyse n’a jamais guéri véritablement quiconque.
  • Les Hébreux ressentent la nécessité d’une purification de leur mode de vie, non pour se punir, mais pour vivre mieux car selon la volonté de Dieu.

Ils choisissent alors d’aller au vif du problème. Le passage d’Esdras 10 :3  «  Faisons maintenant une alliance avec notre Dieu pour le renvoi de toutes ces femmes et de leurs enfants, selon l’avis de mon seigneur et de ceux qui tremblent devant les commandements de notre Dieu. Et que l’on agisse d’après la loi. Version Segond » nous informe de leur décision : renvoyer ces femmes étrangères et leurs enfants. C’est un remède de cheval. Ne pouvaient-ils pas en trouver un plus humain ? Nous reviendrons là-dessus dans un instant.

  • Ils n’agissent pas dans la précipitation, mais choisissent une méthode qui permet de prendre le temps d’examiner chaque cas.

Les Hébreux ont ciblé le vrai problème et l’ont attaqué à la racine, même si cela fut très douloureux. Ils ont utilisé leur intelligence pour régler ce problème. Et ils ont mené à bien jusqu’au bout leur décision. Esdars 10 :17 :   « Le premier jour du premier mois, ils en finirent avec tous les hommes qui s’étaient alliés à des femmes étrangères. (version Segond) »

Troisième temps : Que retirer de ces textes, aujourd’hui, pour nous ?

C’est là le moment le plus difficile. Il faut savoir trouver le message de Dieu au milieu d’une histoire qui peut nous choquer ou nous révolter.

  • Premier enseignement : ce récit décrit une société patriarcale qui fait bien peu de place aux femmes . C’est un fait évident. Mais ne lisons pas cette histoire vieille de 2500 ans avec la grille de lecture actuelle, féministe, ou en terme de genre. En ce temps, toutes les sociétés étaient de ce type et cela devait durer longtemps. Prenons actes du fait et ne perdons pas notre temps à juger et condamner un monde hors de notre portée.
  • Deuxième enseignement : Il y a, pour nous, aujourd’hui, quelque chose de profondément inhumain à renvoyer des femmes et des enfants de cette manière. Mais, là aussi, voyons les mœurs du temps : les mariages étaient avant tout des alliances tribales et des transactions. Ce que nous lisons est une rupture de contrat. Cependant, il ne nous est pas dit que ce fut une décision facile et sans douleur. Mais il s’agissait de corriger une erreur, une trahison de la Loi. La conscience spirituelle l’emporta sur les sentiments charnels et humains.
  • Troisième enseignement : Quel est le sens symbolique, universel et intemporel de cette histoire ?
  1. Tout renoncement a ce que l’on sait être la vérité (ici la Loi) est une lâcheté, un compromis, un conformisme.
  2. Toute erreur se paie un jour ou l’autre, surtout dans l’économie divine. Quand vient ce temps, il faut alors, par l’esprit, bien se souvenir de l’origine de ce mal actuel.
  3. Le mariage étranger est une image simple de la désobéissance par facilité, aux conséquences graves, car l’homme qui agit ainsi donne ses enfants au peuple étranger par le corps de la mère. Les principes chrétiens peuvent aussi être dévoyés si on les met au service d’une cause étrangère, quelque charme de celle-ci ait. Une fois ce mariage contre nature consommé, la lignée échappe au père. La répudiation est alors la seule solution qui restait aux Hébreux, puisqu’ils n’étaient pas enclins à accepter les conversions. Aujourd’hui, la conversion, par Christ, est offerte à tous, car, selon le mot de Paul, « il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs, ni hommes libres, ni esclaves ».
  4. Le couple est une complémentarité, il faut donc choisir un conjoint qui partage les mêmes idées, sinon il y a du tirage. Cela est constaté dans tous les mariages, hélas.
  5. Enfin, une dernière leçon, difficile, est que toute purification et retour à l’obéissance est une épreuve douloureuse. C’est exactement le contraire de la faute commise, qui a été douce et facile. Ceci est universel et intemporel.

On peut trouver ce récit très dur, mais vous noterez que Dieu n’a pas demandé aux Hébreux de renvoyer leurs femmes étrangères. C’est leur propre décision. Il y a donc dans ce texte un bel exemple de liberté (certes douloureuse) laissée aux hommes par Dieu.

Septembre 2020 – JM Dauriac

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