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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Jonas, le grand poisson et Ninive Méditations de confinement 4

Voici le lien pour la version audio:

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Lecture de base :

Jonas Ch. 2 : 1-3a, 8 – 3:10 – 4 : 11

 

“ (2-1) L’Eternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits.  (2-2) Jonas, dans le ventre du poisson, pria l’Eternel, son Dieu. (2-3) Il dit : |…]

 (2-8) Quand mon âme était abattue au-dedans de moi, Je me suis souvenu de l’Eternel, Et ma prière est parvenue jusqu’à toi, Dans ton saint temple [….]

3 : 10  Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie. Alors Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas. |…]

4 : 11  Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des animaux en grand nombre ! ‘version NEG) »

 

On a souvent réduit le court livre de Jonas à une historiette pour les enfants. Ce récit est un must des Ecoles du dimanche protestantes. Tous ceux qui les ont fréquentées ont entendu cette histoire paraphrasée avec plus ou moins de bonheur par les moniteurs, pour aboutir à une morale devenue canonique sur l’amour de Dieu malgré la désobéissance de Jonas et sur le plan de salut universel de Dieu. Je ne renie nullement cet enseignement simplifié. Mais je crois qu’il serait vraiment regrettable de réduire le livre de Jonas à un conte pour enfants. Il a des enseignements pour toute personne et toute communauté qui veut être à l’écoute de Dieu.

 

On ne connaît absolument pas l’auteur de ce livre et la référence à un prophète cité dans 2 Rois 14 :25 est purement fantaisiste. Jonas, comme le beau livre de Ruth, est un récit édifiant, un petit roman à portée pratique et théologique. L’accumulation des miracles doit nous interpeller : est-ce bien crédible ? On peut le lire de façon littérale et tout prendre pour argent comptant. Je ne me range pas dans ce camp-là. Pour moi, tout le livre de Jonas est symbolique et vise l’édification, du peuple juif d’abord, puis du peuple chrétien. Je ne cherche pas à connaître l’espèce du poisson ou la variété de Ricin capable de pousser en un jour. Je saisis les leçons que Dieu a voulu transmettre par les rédacteurs de ce livre.

 

Nous connaissons l’histoire : Dieu missionne Jonas pour aller « crier contre Ninive », ville où règne le vice et l’injustice. Jonas a peur de cette mission et s’enfuit, par bateau, vers Tarsis (l’Espagne), dans la direction opposée à celle de Ninive. Dieu provoque une tempête étrange, qui amène les marins à chercher le bouc émissaire, Jonas, et à le faire passer par-dessus bord (chapitre 1).

Nous en arrivons alors au chapitre 2 et aux versets que je veux méditer avec vous.

 

Dieu choisit de confiner Jonas dans le ventre d’un grand poisson, au fond de la Méditerranée. Nous savons qu’une des symboliques de la mer est celle de l’espace du péché. Jonas est immergé au milieu du monde humain du péché, y compris le sien propre. Je rappelle que le péché est l’état de séparation d’avec Dieu. Durant 3 jours et 3 nuits, comme Jésus au tombeau, selon le fameux « signe de Jonas » de Matthieu 12 :40, Jonas peut réfléchir. Et, prophète revenu à la raison, il prie : les versets 3 à 11 sont un psaume crié à Dieu. Il s’agit d’ailleurs d’un assemblage de morceaux de divers psaumes bibliques hébreux. L’étude complète de cette prière serait une méditation très enrichissante en elle-même. Mais j’en viens au verset 8. Après avoir décrit sa descente dans l’abîme (symbole de la détresse et de la mort), Jonas saisit la bouée de la foi : « Je me suis souvenu de l’Eternel ». Sa fuite était un reniement. Il a fallu tous ces évènements graves pour qu’il revienne vers l’Eternel. Et alors, sa prière peut atteindre son but arriver dans le saint temple, donc à Dieu.

Peut-être, comme Jonas, avons-nous tourné le dos plus ou moins violemment au désir de Dieu ? Peut-être avons-nous eu peur de ce qu’il attendait de nous ? Le croyant doit parfois aller au combat spirituel – je crois qu’il ne doit jamais aller au combat physique – et cela peut l’effrayer. Nous ne nous sentons pas armés pour affronter les moqueurs, les athées, les ennemis de Dieu. Nous ne saurions pas quoi leur dire : Jonas, souvent,  c’est nous, avec des variantes innombrables. Nous nous précipitons dans le doute, nous voulons vivre comme les autres, mais nous ne pouvons faire taire la voix de la foi. C’est quand Jonas est confiné, sans rien pour le distraire qu’il adresse sa plus belle prière à Dieu. Ce temps de retraite imposée est une bénédiction pour nos âmes si nous savons nous en saisir. Plus rien ne nous distrait, ne nous divertit, au sens que le grand écrivain Pascal évoque dans un texte cité à tort et à travers ces jours-ci, sur la difficulté de savoir garder la chambre, sans succomber au divertissement qui a pour but de cacher la question essentielle de notre mortalité. Jonas est face à lui-même et il trouve alors en lui les ressources pour repartir (on dirait « rebondir » dans le langage actuel). Il découvre que Dieu ne l’a pas abandonné. Si nous avons traversé les affres du doute et de la peur, sachons faire de ces jours de confinement le moment pour crier à Dieu et sortir des abîmes.

Dieu entend Jonas et le poisson le rejette sur le rivage. Commence alors le deuxième temps.

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Le confinement est fini. Jonas reçoit à cet instant le contenu précis de son message pour Ninive, formulé au verset 4 du chapitre 3 : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ».  Jonas va s’acquitter de sa mission cette fois-ci. Il va diffuser par sa voix l’avertissement de Dieu aux habitants de la ville. Il est devenu un serviteur obéissant. Mais il garde en lui une haine pour Ninive et son péché. Et au chapitre 4, nous le voyons très en colère devant la repentance des Ninivites. Le verset 10 du chapitre 3 proclame en effet que Dieu a décidé de ne pas détruire Ninive, devant les actes de repentance des habitants et du roi. Jonas devrait se réjouir, mais au lieu de cela, il est irrité. Il devrait rendre gloire à Dieu pour cette repentance, mais il ne le peut. Pourtant, dans sa colère,, il rend un magnifique témoignage à Dieu au verset 2 du chapitre 4 :

« Car je sais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal. »

 

Ninive, c’est le symbole du monde sans Dieu, livré à ses désirs et ses penchants bons et mauvais, ses « passions tristes » selon Spinoza. Jonas ne veut pas leur salut ! Il est heureux d’être membre du peuple de Dieu et sauvé, mais il ne veut pas que le salut aille aux païens. Ce qu’il sait de Dieu (voir le verset cité précédemment), il ne l’a pas fait sien. Il a besoin de se convertir dans cette direction. Et Dieu doit alors faire de la pédagogie avec lui, lui apprendre la compassion (on ne saura d’ailleurs pas si cela a marché). C’est le sens du chapitre 4. Ne sommes-nous pas parfois des Jonas, refusant l’accès à la grâce de Dieu pour les gens sans Dieu autour de nous et que nous jugeons trop pécheurs pour être graciés.

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Jonas et le ricin 

 

  

Et pourtant, si nous savons écouter et voir, nous pouvons comprendre que, depuis le début de cette épidémie, les valeurs s’inversent, les hommes et les femmes retrouvent la solidarité, le souci de l’autre, l’importance de la relation personnelle de proximité (l’épicier de quartier), la futilité de la consommation à outrance et les pièges de la mondialisation matérialiste. Ne seraient-ce point les signes que Ninive est touchée dans son cœur ? Nous avons le message de pardon, d’amour et de fraternité de Jésus. Agissons, dans la mesure de la loi. Soyons présents au monde par toutes les petites choses possibles : téléphoner pour réconforter, faire des courses pour des personnes fragiles, nous porter volontaire pour aider quand c’est possible. Il serait trop facile et très stupide de voir dans cette épidémie une punition de Dieu (que n’avons nous entendu comme stupidités pour l’émergence du SIDA !), comme le proclament les intégristes de toutes les religions, lesquels sont les vecteurs les plus efficaces de la contagion, par leur refus fanatique de respecter les règles de prudence. Relisons le dernier verset du livre de Jonas :

«  Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des animaux en grand nombre ! »

C’est la compassion qui doit nous habiter, comme elle habitait Jésus, face à Jérusalem. Rejoignons les hommes et les femmes de notre pays dans leurs belles et bonnes actions et soyons simplement des témoins du Christ à leurs côtés. Réjouissons-nous de chaque occasion où le bien triomphe du mal, car là est la volonté de Dieu.

 

Jean-Michel Dauriac

6 avril 2020

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L’herbe sèche et l’aigle plane… Méditations de confinement 3

La version audio est ci-dessous:

 medit-3-herbe-et-aigle-mp3.mp3

Lecture de base: Esaïe 40: 6-8; 29-31(version NBS)

 

« 6  Quelqu’un dit : Crie ! On répond : Que crierai-je ? — Toute chair est de l’herbe, tout son éclat est comme la fleur des champs.

7  L’herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR passe dessus. Vraiment, le peuple est de l’herbe :

8  l’herbe se dessèche, la fleur se fane ; mais la parole de notre Dieu subsistera toujours.

…29  Il donne de la force à celui qui est épuisé et il augmente la vigueur de celui qui est à bout de ressources.

30  Les adolescents s’épuisent, ils se fatiguent, les jeunes gens finissent par trébucher ;

31       mais ceux qui espèrent le SEIGNEUR renouvellent leur force. Ils prennent leur essor comme les aigles ; ils courent et ne se fatiguent pas, ils marchent et ne s’épuisent pas. »

Ces versets d’Esaïe sont écrits au VIIIème siècle (et VIème siècle peut-être) avant J.C. Esaïe est le grand prophète de Jérusalem, celui dont le livre est le plus long et le plus attesté. On a retrouvé des rouleaux entiers de son texte dans les grottes de Qmran, parmi les fameux manuscrits de la Mer Morte, en 1947.

Le chapitre 40, où se trouvent nos versets, est le début de la deuxième partie du livre – ce qu’on appelle aussi le “second Esaïe”, dans certains courants théologiques. Cette seconde partie couvre les chapitres 40 à 55. Au chapitre 56 débute la troisième partie ou “troisième Esaïe”.

Cette deuxième partie parle clairement du peuple déporté, alors que la première parlait du règne des rois du VIIIème siècle en Juda: Ozias, Jotam, Achaz et Ezechias. Nous sommes donc deux cents ans après et Juda, en tant que royaume, a été vaincu et toute sa population jeune déportée par le vainqueur (voir ma première méditation “Si je t’oublie Jérusalem…”). Le prophète Esaïe (ou ses disciples, si on croit qu’il y a ici trois livres de trois époques réunis), délivre un message de consolation et d’espérance à ce peuple vaincu et loin de chez lui. C’est dans ce deuxième livre que se trouvent les quatre “chants du serviteur” qui, pour les chrétiens, annonçaient le Messie Jésus-Christ.

 

Mais revenons à nos textes. Les versets choisis nous permettent de recevoir deux enseignements de la part de Dieu, pour nous aujourd’hui, comme pour des millions de juifs et chrétiens qui les ont reçus auparavant au cours des siècles.

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D’abord l’herbe et sa fleur.

En ce moment de printemps, de mon bureau où j’écris ces lignes, je peux admirer tout un lit de pâquerettes, très précoces cette année. D’autres fleurs se joignent à ces modestes fleurs de l’herbe, celles du cerisier, des iris… Le prophète nous dit que nous sommes comme cette herbe et ces pâquerettes. Leur beauté est de courte durée, nous le savons. Un matin, quand j’ouvrirai les volets, elles ne seront plus là, disparues. Notre vie est à l’image de cette petite fleur, belle mais fragile. Qu’est-ce que notre vie en face de la durée des temps de l’univers, quelle que soit l’hypothèse que l’on retienne ? Les psaumes contiennent de nombreux passages qui rappellent cette fugacité de l’homme. Par exemple, le psaume 8 verset 4:

“ Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui?

Et le fils de l’homme pour que tu prennes garde à lui?”

Et dans le plus vieux livre de l’Ancien Testament, nous trouvons ce cri de Job, adressé à Dieu:

“ Qu’est-ce que l’homme pour que tu en fasses tant de cas? Pour que tu te soucies de lui, pour que tu t’occupes de lui chaque matin?” Ch. 7: 17-18.

Assurément, nous sommes aussi passagers que l’herbe des champs. Les cimetières son remplis de gens importants et indispensables. Aujourd’hui ici et, demain, séchés et disparus.

En ces jours de drame, nous sommes ahuris, nous qui n’avons pas connu les boucheries de 14-18 ou les camps de 1939-45, par l’image des camions emportant les chargements de cercueils, en Italie ou à New York, lesquels seront inhumés ou incinérés dans la solitude anonyme du chêne ou du sapin selon les moyens et les disponibilités du moment. Je viens de voir une image où un prêtre italien, à Bergame, bénissait à la chaine tout un gymnase de cercueils avant leur chargement pour l’éternel repos, comme dit le cliché de langage. Exactement les mêmes images qu’à Verdun en 1916! Mais cette fois, l’ennemi n’est pas l’Allemand, mais un microscopique organisme qui n’a qu’une seule volonté: vivre en nous, ce qui nous fait mourir.

Sans doute l’homme et la femme de 2020 ont-ils besoin de redécouvrir notre condition de mortel, alors que nos sociétés font tout pour occulter la mort, qui pourrait ralentir l’hédonisme et la consommation, valeurs centrales de nos sociétés matérialistes. Comme au temps d’Isaïe ou de Jésus, nous ne sommes rien de plus, à l’échelle de l’univers, qu’une pâquerette.

Mais… pour parodier le grand Pascal: une pâquerette pensante.

Et la fin du verset 8 est là pour dissiper l’angoisse:

“ La parole du Seigneur demeure éternellement.”

Pourquoi donc opposer l’éternité de la Parole à la fragilité de notre vie?

Parce que le seul salut, face à notre condition, est dans les promesses de la Parole. Ce n’est pas ici le moment de les rappeler, ce serait trop long, tant elles sont nombreuses. Mais rappelons-nous que la mort a été vaincue au Calvaire. Paul a pu s’écrier:

“ O! mort où est ta victoire?

Mort, où est ton aiguillon?” 1 Corinthiens 15:55

En reprenant le prophète Osée (ch. 13:14).

Il nous faut à la fois accepter notre destin de brins d’herbe et l’espérance folle des promesses de la Parole, et garder sans cesse les deux côte à côte.

 

Passons maintenant à l’aigle! (versets 29-31)

 

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Après un constat qui pourrait être effrayant pour celui qui n’a ni la foi ni la force morale d’affronter la mortalité de l’homme, vient un formidable encouragement, mais là encore, tout en contrastes.

Que dit Esaïe? L’exact contraire du discours normal du monde: les adolescents et les jeunes s’épuisent et tombent. Ceux qui se croient insubmersibles se révèlent eux aussi fragiles et fatigables. Le prophète montre alors au verset 31 que le vrai critère spirituel est “ceux qui espèrent le Seigneur”. Il y a un glissement voulu du domaine purement biologique et matériel au domaine élargi du spirituel (qui ne nie en rien le corporel). L’âge n’est plus du tout le critère valable, comme les spécialistes l’avaient laissé entendre au début d e cette pandémie du Covid-19, en faisant des plus âgés des victimes attendues. Ce n’est pas la logique de Dieu.

 

L’homme qui croit reçoit plusieurs promesses:

l      Il renouvelle ses forces (il a donc du repos, car seul cela permet le renouvellement)

l      Il s’élève comme l’aigle: il voit alors les choses de haut, il domine la situation, il peut prendre du recul, il s’extirpe de l’ordinaire. Il voit tout petit ce qui semble énorme au sol.

l      Il court (la bonne course, selon Paul) mais ne se fatigue pas, car il a les bonnes vitamines, les énergies renouvelables.

l      Il marche sur le bon chemin (s’il n’est plus en âge de courir) et ne brûle pas toute sa vigueur, mais il a une direction et un but.

Nous pouvons alors chanter et prier le psaume 103, qui confirme tout ce que nous venons de dire: je lis seulement les versets 5 à 8 et 15 à 18, mais relisez le psaume en entier, car il est magnifique.

 

« 1 ¶  De David. Que je bénisse le SEIGNEUR, que tout en moi bénisse son nom sacré !

2  Que je bénisse le SEIGNEUR, que je n’oublie aucun de ses bienfaits !

3  — C’est lui qui pardonne toutes tes fautes, qui guérit toutes tes maladies,

4  qui reprend ta vie à la fosse, qui te couronne de fidélité et de compassion,

5  qui rassasie de biens ta vieillesse, qui te fait rajeunir comme l’aigle.

6 ¶  Le SEIGNEUR agit pour la justice, il défend le droit de tous les opprimés.

7  Il a fait connaître ses voies à Moïse, ses hauts faits aux Israélites.

8  Le SEIGNEUR est compatissant et clément, patient et grand par la fidélité ;

9  il n’accuse pas sans cesse, il ne garde pas rancune pour toujours ;

10  il ne nous traite pas selon nos péchés, il ne nous rend pas selon nos fautes.

11  Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant sa fidélité est forte au-dessus de ceux qui le craignent ;

12  autant l’orient est éloigné de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions.

13  Comme un père a compassion de ses fils, le SEIGNEUR a compassion de ceux qui le craignent.

14  Car lui, il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière.

15  L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs.

16  Lorsqu’un vent passe sur elle, elle n’est plus, et le lieu qu’elle habitait ne la reconnaît plus.

17  Mais la fidélité du SEIGNEUR est depuis toujours et pour toujours en faveur de ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils,

18  pour ceux qui gardent son alliance et se souviennent de ses directives, afin de les suivre.

19 ¶  Le SEIGNEUR a installé son trône dans le ciel, et son règne domine sur tout.

20  Bénissez le SEIGNEUR, vous, ses messagers, qui êtes puissants en force et qui exécutez sa parole, en écoutant sa parole !

21  Bénissez le SEIGNEUR, vous toutes, ses armées, qui êtes à son service et qui faites sa volonté !

22  Bénissez le SEIGNEUR, vous toutes, ses œuvres, dans tous les lieux sur lesquels il domine !  Que je bénisse le SEIGNEUR ! »

 

 

Quel beau message d’espérance. Nous sommes à la fois l’herbe et l’aigle, par la grâce du Seigneur.

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Paul et Silas chantaient…Méditations du confinement (2)

Lecture biblique de base : Actes 16 : 16 à 34

(surtout les versets 25 & 26)

Actes 16 : 16 ¶  Or il arriva que comme nous allions à la prière, nous fûmes rencontrés par une servante qui avait un esprit de Python, et qui apportait un grand profit à ses maîtres en devinant.

17  Et elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant, et disant : ces hommes sont les serviteurs du Dieu souverain, et ils vous annoncent la voie du salut.

18  Et elle fit cela durant plusieurs jours ; mais Paul en étant importuné, se tourna, et dit à l’esprit : je te commande au Nom de Jésus-Christ de sortir de cette fille ; et il en sortit.

19  Mais ses maîtres voyant que l’espérance de leur gain était perdue, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent dans la place publique devant les Magistrats.

20  Et ils les présentèrent aux Gouverneurs, en disant : ces hommes-ci, qui sont Juifs, troublent notre ville :

21  Car ils annoncent des maximes qu’il ne nous est pas permis de recevoir, ni de garder, vu que nous sommes Romains.

22  Le peuple aussi se souleva ensemble contre eux, et les Gouverneurs leur ayant fait déchirer leurs robes, commandèrent qu’ils fussent fouettés.

23  Et après leur avoir donné plusieurs coups de fouet, ils les mirent en prison, en commandant au geôlier de les garder sûrement.

24  Et le {geôlier} ayant reçu cet ordre, les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds dans des ceps.

25 ¶  Or sur le minuit Paul et Silas priaient, en chantant les louanges de Dieu ; en sorte que les prisonniers les entendaient.

26  Et tout d’un coup il se fit un si grand tremblement de terre, que les fondements de la prison croulaient ; et incontinent toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés.

27  Sur quoi le geôlier s’étant éveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et se voulait tuer, croyant que les prisonniers s’en fussent fuis.

28  Mais Paul cria à haute voix, en disant : ne te fais point de mal : car nous sommes tous ici.

29  Alors ayant demandé de la lumière, il courut dans {le cachot}, et tout tremblant, se jeta {aux pieds} de Paul et de Silas.

30  Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

31  Ils dirent : crois au Seigneur Jésus-Christ ; et tu seras sauvé, toi et ta maison.

32  Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient en sa maison.

33  Après cela, les prenant en cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt après il fut baptisé, avec tous ceux de sa maison.

 

34  Et les ayant amenés en sa maison, il leur servit à manger, et se réjouit, parce qu’avec toute sa maison il avait cru en Dieu. (version Segond 1910)

 

 

version audio:paul-et-silas-chantaient-jean-paul-ayme-chanson-mp3.mp3 

 

 

Voici un récit qui, en général, fait le bonheur des personnes chargées du catéchisme : une belle histoire avec de l’action, du suspense et une fin positive où triomphent les bons. Le plus souvent on y voit un beau miracle de Dieu en faveur de ses deux apôtres emprisonnés. Ce n’est pas faux, évidemment, mais je voudrais ici proposer une autre interprétation de ce texte, en lien avec ce que nous vivons en ce moment.

 

Situons cet épisode dans son contexte. C’est le deuxième voyage missionnaire de Paul. Cette fois-ci, il voyage avec Silas (qui a remplacé Barnabas), Timothée et le narrateur, le médecin Luc. Partie de Jérusalem, la petite équipe repasse par Antioche (l’église-mère de Paul), puis visite Tarse (sa ville natale), avant d’entreprendre un périple en Asie Mineure, qui s’achève à Troas – près du lieu de la légendaire ville de Troie. Jusque là c’est une tournée d’affermissement des églises que Paul a fondées lors de son premier voyage. Mais à Troas Paul reçoit un ordre de mission divin, lors d’une vision ; lisez le verset 9 du même chapitre :

 

«  Passe en Macédoine, et viens à notre secours »

 

lui dit en songe un Macédonien. Le livre des Actes nous présente plusieurs visions ou messages de ce type (Philippe, Pierre, Paul…) C’est un temps où Dieu se manifeste puissamment par son Esprit (ce qui ne veut pas dire qu’il ne se manifeste plus aujourd’hui !). Paul reçoit l’ordre de mission et part en bateau en Macédoine grecque. Il traverse Néapolis (verset 11) et rejoint la ville principale, Philippes C’est là que se situe notre récit.

 

Les versets 12 à 15 racontent un début de mission encourageant : une femme, nommée Lydie, se convertit sur leur prédication et se fait baptiser, elle, et toute sa maison (coutume de l’époque : la religion du maître de maison est celle de toute la maisonnée). Puis, les choses dérapent : les versets 26 à 24 nous montrent comment cela se passe ; Un esprit de divination – c’est le sens du mot python – qui habite dans une servante de la ville, dévoile à tous les habitants qui sont Paul et ses compagnons, que la jeune fille suit sans cesse. Nous pouvons penser que c’est une bonne chose, mais Paul, lui, finit par se lasser de cette publicité qui lui apparaît contre-productive, dans une ville grecque et romaine, donc païenne, où il vaut mieux être discret. Il ordonne à l’esprit mauvais de quitter cette femme et celle-ci en est délivrée. Et tout part en vrille. De l’esclave, nous ne savons plus rien. Mais nous apprenons que ses maîtres sont fort mécontents, car ils gagnaient de l’argent avec son don de médium qui vient de disparaître. S’enclenche alors la machine judiciaire ; ils sont accusés de troubles à l’ordre public (c’est une accusation très pratique de tous temps, de Jésus aux Gilets Jaunes !), arrêtés, et bastonnés. Leur faute est énoncée au verset 20 : « Ils sont juifs » (Ah ! le bon vieil antisémitisme de toujours !). On les met en prison avec des blocages de leurs jambes par des pièces de bois.

 

Une question se pose, qui peut aussi vous venir à l’esprit : pourquoi Dieu les a-t-il envoyés ici, pour qu’ils soient battus et emprisonnés ? Notre intelligence humaine ne comprend pas. Le début de la mission, oui, ça, c’est bien dans le style de Dieu. Mais la suite, très décevante. Dans les jours où nous sommes, j’entends certains chrétiens se prévaloir de la protection divine. Ils seront alors forcément perplexes quand vont mourir des frères et des sœurs de leur communauté. Dieu n’a-t-il pas dit qu’il était avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ? Bien sûr qu’il est avec nous, et même en nous, avec le Saint-Esprit, mais il n’a jamais dit que nous serions protégés de tout ce qui atteint l’humanité. C’est une lecture fausse de l’Evangile. La maladie peut nous atteindre et nous tuer, comme la justice inique de Philippes a arrêté, battu et emprisonné les apôtres.

 

Comment réagirent Paul et Silas ? Se sentirent-ils trompés par Dieu ? Pas vraiment !

 

«  Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas, en prière, chantaient un hymne à Dieu »

 

dit une version du XVIIIème siècle. Ils sont donc en train de rendre gloire à Dieu, au lieu de gémir sur le traquenard de cette mission.

Nous pouvons passer notre temps à accuser les Chinois, les Italiens, l’inconscience des Français, l’incurie du gouvernement, le manque de masques et de gel ou de lits de réanimation. Mais ce n’est pas l’attitude de Paul et Silas. Eux prient et chantent la gloire de Dieu. (Car Dieu n’est pas l’auteur du virus et de l’épidémie, mais c’est bien la cupidité des hommes et leur organisation économique mondialisée).

Alors faisons de même. Ces longues journées de retrait offrent tant de moments pour parler avec Dieu et l’écouter. Prier peut prendre de très nombreuses formes : l’écoute, l’oraison, la conversation ou la lecture des psaumes… Une prière n’est pas tarifée à la durée. C’est la sincérité et la disposition de cœur qui comptent. Paul et Silas, dans le noir, en pleine nuit, prient et chantent et il est ajouté dans le texte que « les prisonniers les écoutaient ».

 

Alors survient l’accomplissement de la promesse, la preuve que l’ordre de mission, l’appel, n’étaient pas une tromperie. Les circonstances font qu’ils se retrouvent libérés de leurs entraves, eux et les autres captifs, toutes portes ouvertes par la secousse sismique évoquée. Dieu est celui qui libère et fait tomber les chaînes. Cela nous ne pouvons pas le faire, nous. Ce que nous pouvons faire, c’est prier et chanter la gloire de Dieu. C’est Lui qui nous libèrera de cette prison de l’épidémie.

 

La conclusion est magnifique (versets 27 à 34). La délivrance aurait pu virer au drame : évasion collective et suicide du geôlier. Au lieu de cela, Paul et Silas ont un boulevard devant eux pour évangéliser ce gardien et sa famille. Et tous sont baptisés et, à leur tour, rendent gloire à Dieu. Dieu triomphe, Paul et Silas aussi. Il faut lire la fin du chapitre pour voir que le triomphe est total, puisque les magistrats de la ville vont devoir faire amende honorable auprès de Paul et de son équipe.

 

Que retenir pour nous, aujourd’hui ?

 

Nous pouvons vivre ces moments de confinement comme une mise aux fers, un séjour en prison. Comment allons nous réagir ? Vivons intensément notre foi et notre vie chrétienne. Prions sans cesse, d’une façon ou d’une autre. Réjouissons-nous, c’est un ordre divin que Paul nous a transmis. Chantons : nous connaissons tous des cantiques, entonnons-les, même seuls. Rendons grâce par le chant.

Nous n’avons pas de geôlier à évangéliser. Mais nous connaissons sûrement des personnes que nous pouvons encourager, soutenir, pour lesquelles nous pouvons avoir une parole de paix et de joie. Qui sait si cela ne finira pas par une grande bénédiction pour l’Eglise ?

 

« Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient… »

 

Amen

 

Je vous propose, pour finir ce moment de partage d’écouter une chanson sur notre sujet : ce sont Chantal et Jean-Paul Ayme qui ont enregistré ce titre, dans les années 1970. Bon confinement à tous.

 

Jean-Michel Dauriac

Deuxième semaine de confinement contre le Covid-19

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