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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Si je t’oublie, Jérusalem… Petite méditation pour temps de confinement (semaine 1)

 version audio: si-je-toublie-jerusalem.MP3si-je-toublie-jerusalem.MP3

Texte de base : Psaume 137 : 1-6 (version NBS)

 

« 1 ¶  Près des fleuves de Babylone, là-bas, nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Sion.

2  Aux saules de la contrée nous avions suspendu nos lyres.

3  Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants ; nos bourreaux, de la joie : Chantez-nous des chants de Sion !

4  Comment chanterions-nous le chant du SEIGNEUR sur une terre étrangère ?

5  Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite oublie !

6  Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens pas de toi, si je ne mets pas Jérusalem au-dessus de toute autre joie. »

 

Ce psaume est assez original dans l’ensemble du livre. C’est un psaume à résonnance historique. L’auteur rappelle un épisode douloureux de l’histoire d’Israël : l’exil en Babylonie.

En –722, les dix tribus d’Israël (le royaume du Nord) sont déportées à Babylone. En – 587, c’est au tour de Juda d’être vaincu et de voir une grande partie de sa population déportée (le livre de Daniel nous en parle bien). Le temple de Salomon est détruit, les objets précieux du culte dérobés et les murailles de Jérusalem détruites : c’est le symbole visible d’une volonté d’anéantissement complet des royaumes d’Israël par Nabuchodonosor. L’exil sera levé en –538 par un décret de Cyrus, qui permettra le retour des déportés, au moins en partie. Donc, un minimum de cinquante ans loin du foyer de la religion juive, puisque le culte était centralisé à Jérusalem.

 

Les versets 1 et 2 nous parlent de la tristesse des Juifs en exil, de leur incapacité à chanter et à être joyeux : les cithares sont inutiles, accrochées aux branches des arbres. Leurs vainqueurs voudraient les entendre chanter et jouer, car leurs chants sont réputés et très beaux. Mais la réponse du verset 4 est très claire : « Comment chanter un chant du Seigneur en terre étrangère ? » Ils n’ont pas le cœur à cela.

Sort alors le cri du cœur, devenu une des devises du juif de la diaspora au fil des siècles, partout et en tous temps dans le monde :

«  Si je t’oublie Jérusalem, que ma main droite oublie ! »

Cette formule, typiquement juive, signifie l’importance de ne pas oublier, afin de ne pas être comme celui qui a perdu l’usage de sa main droite. L’éloignement ne doit pas se traduire en oubli, mais au contraire en culte de la mémoire. Le Juif, comme le chrétien est un  homme de mémoire. Jérusalem, c’est le lieu du rassemblement des croyants, où chaque Juif devait monter une fois l’an au moins ; nous dirions pour nous que c’est l’église ou le temple.

 

Nous vivons une période inédite d’éloignement de la maison du culte et de la prière. C’est un exil sanitaire nécessaire. Mais sans doute pouvons-nous, chez nous, dire en cœur, le verset 1 du psaume. L’église locale me manque, comme elle vous manque. Nous pouvons ne pas avoir le cœur à chanter, souffrir de l’isolement, d’une forme de solitude, nous sentir comme en prison.

C’est le moment de faire une double expérience qui nous fera grandir dans la foi.

 

La première est celle de chérir la mémoire de notre communauté. C’est quand l’église n’est plus accessible que nous pouvons mesurer à quel point nous y sommes attachés et à quel point elle est utile et nécessaire à notre vie spirituelle personnelle. C’est peut-être l’occasion de réfléchir, chacun pour notre part, aux raisons pour lesquelles elle nous manque : Sont-ce les prédications de notre pasteur ? Les rencontres de prière ? La Cène partagée et le culte dominical ? Toutes les activités diverses que ce lieu et cette communauté nous offrent ? Est-ce parce que nous y rencontrons nos frères et sœurs ?

Pensons aussi à ce que nous y apportons et ce que nous pourrions y apporter. N’avons nous pas parfois plus pris que donné ? Ne voulons-nous pas partager tel ou tel talent ou idée ?

Si nous répétons chaque jour « Si je t’oublie église de Pessac… », alors nous serons comme les enfants d’Israël quand ils revinrent d’exil, capables de reconstruire, agrandir, vivre un temps de réveil spirituel.

 

La seconde expérience nous fait passer du souci local de l’église de Pessac au souci mondial de l’Eglise Universelle (ou catholique dans son sens exact du terme) du Christ. Pendant quelques semaines, il nous est donné de vivre un peu de la vie de nos frères et sœurs persécutés, qui ne peuvent pas se réunir au grand jour et sont contraints souvent à l’isolement. Bien sûr, ils doivent en plus subir la surveillance policière, les dénonciations et les calomnies, au péril de leur vie.

Je suis persuadé que ce temps particulier du confinement est une occasion formidable de comprendre ce que vivent ou ont vécu les chrétiens d’Orient, chassés de leurs maisons, interdits de culte, maltraités… Ce que vivent au quotidien les chrétiens du Pakistan, de l’Inde, du Bengladesh ou de la Chine, soumis à l’arbitraire du pouvoir, à la clandestinité, mais aussi au bénéfice de la solidarité fraternelle souterraine.

Mettons à profit ces semaines pour penser à ceux dont c’est la vie habituelle, portons-les quotidiennement devant Dieu par nos prières, allons sur internet chercher  des renseignements plus complets sur leur sort. Bref, aimons en paroles et en actes nos frères persécutés.

 

Alors, nous pourrons employer, quand nous reparlerons plus tard de ces semaines, l’imparfait du psalmiste et mesurer notre bonheur d’avoir la liberté du culte et d’appartenir à une église locale. Nous aurons gravé dans nos cœurs le sort des chrétiens persécutés et nous ne les oublierons jamais, comme nous saurons que l’église est la bénédiction du croyant, en tant que réunion de fidèles.

 

Alors, oui, merci mon Dieu de ce temps d’épreuve.

 

Jean-Michel Dauriac

18 mars 2020

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Un vrai-faux roman russe : Notre assassin de Joseph Roth

 

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Court roman d’une nuit, entièrement circonscrit entre la fermeture d’un bistro parisien et le lever du jour, ce récit est effectué à la première personne. Le narrateur est un russe émigré à Paris, dans l’après-traité de Versailles, qui raconte pourquoi il est affublé du surnom « Notre assassin ».

L’art de l’écrivain Roth est toujours aussi efficace ; on se laisse emporter par ce récit, somme toute, initialement banal, au moins en apparence. Il s’agit de la confession d’un ancien policier de la police secrète du Tsar, l’Okhrana. Golubtschick est un bâtard d’aristocrate russe né dans les années 1890, si l’on refait une chronologie rétroactive. Fils adoptif d’un garde-forestier qui a bien voulu épouser la fille perdue et son marmot, il grandit dans l’absence du père, car le garde meurt prématurément des suites de son infidélité. Le jeune garçon reçoit cependant le soutien financier de son vrai père, qui lui paie des études dans une pension. Tout dérape lorsque le jeune homme veut aller se faire reconnaître par son père, le prince Krapotkin. Celui-ci l’éconduit et le jeune homme en conçoit un ressentiment profond. Et c’est là qu’apparaît un personnage majeur du roman, Janos Lakatos, commerçant hongrois de passage  à Odessa, où s’était rendu notre jeune héros. De cet instant, la vie du jeune bâtard bascule dans un cauchemar social et humain.

On ne peut pas, évidemment, ne pas songer à Dostoïevski et à Crime et Châtiment, par exemple. Joseph Roth a réussi un « à la manière ruse » parfait. Son personnage, salaud d’informateur ne peut pas nous être totalement odieux, car il n’a pas réussi à tuer en lui l’humanité et la bonté. Mais il est trop habité par la haine pour pouvoir s’en sortir. Chaque tentative de retour au bien est un échec auquel Lakatos est mêlé. Nous comprenons assez vite, comme le héros, que Lakatos est l’incarnation du Diable. Le récit bascule donc insidieusement dans le fantastique, sous l’angle de la mystique russe. Nous suivons la descente aux enfers d’un jeune homme qui voulait seulement être reconnu au double sens du terme. A travers ses mésaventures, parfois cruelles et sordides, l’auteur nous dépeint la société d’une Russie tsariste à l’agonie, soutenue par un système policier impitoyable.

Nous découvrirons finalement que Goblutschick n’est effectivement pas un assassin, comme il l’avait affirmé en préambule à son récit. Qu’il soit un salaud ordinaire est aussi une évidence. Mais le livre va bien au-delà du portrait d’un sbire de l’Okhrana. Il interroge la dualité de chaque être humain. Il y a dans le héros une double personnalité, celle du jeune malheureux qui se sent rejeté et voudrait seulement exister comme les autres et celle de l’informateur voué aux sales besognes. Ce qui nous le rend proche est cette lutte entre les forces du Mal, aiguillonnées par Lakatos, et le forces du Bien, qui reviennent à plusieurs reprises à la charge. Cela nous ressemble tellement. Bien sûr, nous pouvons toujours nous en sortir en disant que nous n’avons pas commis toutes ces turpitudes, mais cela ne fait que nier le réel : chacun de nous est ombre et lumière, parfois la lumière triomphe, souvent l’obscurité règne. Chez le héros, il n’y a pas de rédemption car il n’y pas de rédempteur : il croit au Diable car il l’a rencontré à plusieurs reprise, mais il ne parvient à croire en Dieu. Il est seul face au démon. Et sa confession est sans équivoque : il est perdu, il a perdu son humanité.

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Joseph Roth (1894 – Brody, Ukraine –1939 Paris)

 

Roman tragique, Notre assassin est très imprégné de cet esprit russe du désespoir. La seule lumière possible, c’est Golubtschick lui-même qui l’a éteinte : elle s’appelait Léa Rifkin, elle était juive russe et révolutionnaire en exil. Il l’aimait vraiment, sans se l’avouer, et il l’a vendue aux autorités russes contre un paquet de roubles. L’amour a été vaincu par Mammon. Et la vie continue, par la force de l’habitude et de la biologie, mais elle est vide de joie et de sens pour le malheureux personnage de Roth. Bien sûr, cette vision pessimiste est celle de l’auteur, qui d’oeuvre en œuvre ne parvient pas à faire el deuil de l’Autriche-Hongrie de François-Joseph. On peut parler d’une œuvre crépusculaire. Ce qui ne signifie pas du tout triste et ennuyeuse, mais sûrement tragique et en clair-obscur. Encore un grand livre de cet auteur majeur du XXème siècle européen, qui n’a pas la place qu’il mérite dans le panthéon des lettres.

 

Jean-Michel Dauriac

16 mars 2020 Beychac, en confinement sanitaire.

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Grandeur du petit peuple : quand Michel Onfray écrit à l’encre sympathique jaune

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S’il est un auteur et un homme qui ne laissent pas indifférent, c’est bien Michel Onfray ! Depuis maintenant trois décennies, il inonde les étals des libraires de titres tous plus originaux les uns que les autres, sur des sujets les plus divers, avec un seul point commun : exercer son droit à une pensée libre et philosophique. Que tous ces livres ne soient pas des réussite durables, l’auteur lui-même le sait et l’a dit, mais il a besoin, du moins est-ce ce que je crois, de l’écriture comme d’autres de la cigarette. Ici, il nous livre une réflexion sur le mouvement des Gilets Jaunes (MGJ).

 

La castagne (pour faire référence au chef d’œuvre de Nougaro, « Toulouse ») commence avant même le premier mot du texte , par la dédicace, qui mérite d’être citée :

« A la mémoire de mon père Gaston

qui était ouvrier agricole

A ma mère Hélène

Qui fut femme de ménage

A mon frère Alain

Qui est mécanicien dans une carrière

A sa femme Nathalie

Qui est cantinière

A mon neveu Ludovic

Qui, après une formation de bûcheron,

Est apprenti plombier

A ma nièce Virginie

Qui est aide-soignante. »

Le ton est donné, l’auteur a défini son camp : celui des humbles et des sans-grades. Il faut lui reconnaître qu’il n’a jamais oublié d’où il venait, même si aujourd’hui par son talent et son travail, il appartient à la petite confrérie des auteurs qui vivent bien de leur plume. Je le rejoins dans cette origine et dans cette fidélité.

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Voici donc un livre qui est un livre placé sous le signe de l’immédiateté. Onfray abandonne les Camus ou Nietzsche pour parler d’un présent brûlant (voir la photo de couverture du livre). Il introduit sa réflexion par un chapitre qui donne le ton, « Le retour du refoulé mastrichtien ». Il s’y livre à des considérations historiques sur les révolutions et émeutes françaises et étrangères et leurs conséquences. Il y définit le peuple, ce qui est central pour son ouvrage :

« ..le peuple – que je définis comme l’ensemble de ceux sur lesquels s’exerce le pouvoir et qui ne l’exercent jamais -, les petits, les sans-grades, les modestes, les gens de peu. » (p. 12-13).

Après quoi, il précise pourquoi il a choisi de parler des GJ.

« C’est le peuple qui s‘est soulevé dès les premières heures des Gilets Jaunes. » (p. 13).

Ceci ne pouvait que plaire à un libertaire proudhonien comme lui, égaré dans un siècle libéral capitaliste sans vergogne. C’est d’ailleurs aussi ce qui m’a fait apprécier ce mouvement avant même son début. Enfin, il précise  que ce livre prend la forme d’un journal, sur le modèle de grands prédécesseurs, comme le Hugo de Choses vues  ou le Tocqueville de Souvenirs.

 

Son parti-pris est donc de nous livrer dans l’ordre chronologique les textes qu’il a écrit au fur et à mesure que se lançait, puis se structurait, puis changeait le MGJ. Il prévient qu’il y aura donc des redites. Faute avouée n’est qu’à moitié pardonnée : il y a effectivement beaucoup trop de répétitions et je me suis habitué à les sauter, dès que j’identifiais le début d‘un refrain, que ce soit pour flinguer Macron ou ses séides ou pour montrer en quoi les GJ ont été caricaturés. Je pense qu’un tel sujet méritait une travail de relecture, non pour améliorer, mais pour sortir toutes ces  redondances qui risquent de décourager le lecteur moyen.

Que dit Onfray ?

D’abord, il essaie de rendre justice aux revendications des GJ, qui ont si souvent été caricaturées par une presse aux ordres du pouvoir et un pouvoir aux ordres du capital et de l’ « enfant-roi », comme il surnomme fort justement notre bien-aimé Président à la pensée complexe. S’appuyant à la foi sur des informations officielles parues dans ladite presse, des tracs et des messages qui lui ont été envoyés par les GJ eux-mêmes, il montre qu’il s’agit bel et bien d’une revendication légitime de ceux qui sont écrasés. Le peuple a une pensée ; elle est simple, mais pas simpliste, et elle s’est polie sur les ronds-points au fil des semaines.

Ensuite, il montre comment a été pratiqué à une échelle industrielle l’amalgame pour discréditer les GJ. Comment à partir d’un propos, on le généralise et on l’essentialise, pour arriver à une formule sans cesse répétée du type : « Les Gilets Jaunes pensent que… » ou plutôt, vu de Paris, « ne pensent pas du tout ». Ainsi ont été lancées et appuyées les accusations d’antisémitisme, homophobie, de fascisme, de racisme et tant d’autres « ismes » dont se régale la petit coterie qui fait l’opinion dans les médias des nababs qui la contrôlent. Il ne nie pas, et ce serait absurde de le faire, que des propos de cette nature aient pu être dits ou écrits ici et là, mais ils ne représentent en rien la nature de ce mouvement. C’est comme si ‘l’on déduisait du fait que Castaner est un fantoche que tous les ministres sont des fantoches ! (il tape particulièrement sur le ministre de l’Intérieur en mettant en relief à la fois sa personnalité et ses actes souvent stupides).

Il montre encore comment le pouvoir, et Macron en premier, a choisi de réprimer très violemment les manifestations pacifiques des GJ. Pas de maintien de l’ordre, mais de la baston, où les policiers se savaient couverts. Le nombre des victimes et la nature des blessures ne laissent aucun doute là-dessus, même les observateurs étrangers du plus haut niveau l’ont signalé. La seule limite posée par le Président et ses acolytes (le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur) était qu’ils puissent dire et répéter en boucle qu’il n’y avait eu aucun mort du fait des forces de l’ordre et de pouvoir suggérer que les morts bien réels étaient du fait des GJ, ce qui est absolument faux.

Corrélativement à ce choix de la violence, il dénonce le rôle des médias et la propagande par l’image qui en est découlé. Il signale comment ils ont choisi les GJ qu’ils invitaient, pour les isoler, les ridiculiser ou les récupérer. Le sommet de ce mensonge transformé en information est le fameux Grand Débat, dont Onfray retrace la généalogie et les trucages. La justice a également été mise au pas et a prononcé des peines très sévères à l’encontre des GJ, alors qu’on attend encore les condamnations de policiers mis en cause de manière indubitable : on a sanctionné deux ou trois lampistes pour mieux couvrir les autres.

L’impuissance et les stratégies des partis politiques et des syndicats sont bien analysées, en particulier les revirements de La France Insoumise et de son Conducator. En même temps qu’il montre comment le mouvement se veut farouchement apolitique et loin des partis traditionnels, il établit bien la limite de ce modèle et le fait que le refus de toute organisation signe une forme d’impuissance.

Il signale le paradoxe de ce mouvement : d’un côté des mâles qui se comportent parfois en machos classiques, en beaufs de base, et de l’autre une forte présence féminine fort intéressante. Il en profite pour délivrer un manifeste féministe. Le livre est l’occasion de plusieurs portraits, à charge souvent pour les mâles, et plutôt flatteurs pour les femmes.

Enfin, ce qui arme l’analyse de tout le mouvement des GJ est le refus de l’Etat Mastrichtien, dont Onfray montre qu’il est le véritable pouvoir, dont nos gouvernants sont des hommes-liges . Le combat est à mener d’abord pour abattre ce Moloch qu’on ne peut pas quitter sans son accord (voir le Brexit). L’auteur prend fermement position dans le camp des souverainistes, prouvant s’il en était besoin, que ce n’est évidemment pas une opinion d’extrême-droite, comme le veut faire croire la propagande européiste.

 

Le livre est donc très riche et se présente comme une « défense et illustration des Gilets Jaunes », pour parodier les titres classiques. Il ne manque pas de lucidité sur les manques , les errements ou les faiblesses des GJ. Il se conclut sur la mise en sommeil plus ou moins inévitable du mouvement en tant que phénomène massif. Mais il espère que ce n’est pas la fin, et voici, en ce sens , la dernière phrase du livre :

 

« Je ne souhaite qu’une seule chose : la résurrection du Phénix contre ces vautours-là. » (p. 370)

 

Je partage son désir, mais en y ajoutant le passage à une organisation fédéraliste minimale (ce qu’il dit d’ailleurs à un moment) pour permettre la poursuite du mouvement. S’ils persistent à n’être que des individus isolés qui se retrouvent le samedi, le GJ sont condamnés à disparaître en tant que tels.

 

Ce livre est un beau témoignage pour la mémoire du mouvement, c’est un réquisitoire implacable contre l’équipe de l’enfant-roi et du prince lui-même, contre lequel Onfray n’a pas de mots assez durs. Il faut signaler d’ailleurs que dans ce livre, il se lâche comme jamais et écrit plus comme un militant que comme un observateur. Comme à l’accoutumé, il y en aura pour détester ce livre et son auteur ; c’est leur droit, mais il ne faudrait pas qu’ils en oublient l’absolue sincérité et toute absence de calcul. C’est assez rare pour le signaler.

 

Jean-Michel Dauriac

Le 12 mars 2020.

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