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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Pour en savoir un peu plus sur la crise de l’eau!

Périodiquement il nous est rappelé par les médias que le XXIème siècle sera celui des guerres de l’eau. C’est tout à fait plausible. mais aussitôt cette annonce faite, on repasse à autre chose et on fait la promotion du maïs ou celle des stations de lavage des voitures! Le problème de l’eau est indissociable de celui du réchauffement climatique, car celui-ci va modifier foretment les régimes hydrologiques et pluviométriques, c’est déjà en marche! Mais l’eau est aussi un enjeu de notre système productif et de consommation. Nous devons donc agir sur les deux fronts. Le numéro 19 de l’écologiste consacre son dossier à « la crise de l’eau ». Comme à l’accoutumé, c’est varié et informatif, même s’il convient de garder une distance critique avec certaines positions.

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Sont ainsi abordés dans ce numéro:

– le thème des grands barrages et leur remise en question en terme de productivité et de bien commun: une analyse qui ouvre une bonne discussion;

– l’eau et la pollution par les pesticides, qui dénonce bien les incohérences des textes récents en France, montrant à quel point derrière une logique de préservation se cache la volonté de favoriser les lobbies de production industriielle chimique;

– Les autres pollutions sont également abordées, que ce soit celle par les déchets radioactifs ou par les rejets en océan, aussi bien que le gaspillage par les maïs hybrides actuels.

Une page de bonnes adresses clôt le dossier, permettant ainsi une bonne introduction à ce thème vital.

voici l’adresse du site de la revue, qui vous permet de la commander ou de connaître les thèmes déjà traités:

http://www.ecologiste.org/

On peut, évidemment trouver dans cette revue des prises de position très discutables au plan politique, mais elle contient des information difficiles à trouver et de bons éclairages.

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Purin d’ortie et réchauffement climatique

Je redémarre ma saison de blog, après une assez longue interruption technique. Pour me mettre en jambe, je ne peux laisser passer l’absurdité de l’affaire du purain d’ortie.

Voici une recette simplicissime obtenue à partir d’orties (plantes qui poussent naturellement assez facilement) et d’eau de pluie (ce qui pour l’instant n’est pas encore marchandisé). Les effets de cette macération sont positifs, aussi bien comme complément nutritionnel que comme engrais naturel. Eh bien, par les vertus de la nouvelle loi d’orientation agricole de 2006, il est strictement interdit d’en assurer la promotion publique (et a fortiori la commercialisation) sous peine d’une amende très conséquente et d ‘une peine de prison. Comment transformer en délinquants les détenteurs et promoteurs d’une agriculture traditionnelle. Bien sûr il est aisé de débusquer là derrière le lobby de la chimie phytosanitaire. Mais faut-il encore une fois baisser les bras et accepter ce qui devient de plus en plus inacceptable: le déni de liberté couplé à l’assassinat programmé de l’espèce humaine. Que fleurissent cent mille orties et que partout l’odeur nauséabonde de ce purin titille les papilles des conseils d’adminsitration de Bayer, Rhône-Poulenc et autres amis de la terre…

Dans le même temps se réunit au Kénya la nième conférence sur le climat. Comme d’habitude attendons-nous à ce qu’elle accouche d’une souris, malgré le tintamarre médiatique qui l’accompagne. Le fameux protocole de Kyoto est un gadget comparé à l’amplitude des mesures qu’il faudrait prendre sans tarder. On commence juste dans ces cénacles à parler de la suite. L’urgence de la situation n’est vraiment pas saisie et surtout pas communiquée réellement aux populations. Les mesurettes ne seront d ‘aucune utilité en la matière. Il faut une action révolutionnaire pour espérer faire face. Il s’agit ni plus ni moins de tourner le dos à une grande partie de notre modèle de développement occidental. Et comment les puissants dirigeants de toutes espèces pourraient-ils le faire, alors même qu’ils sont les promoteurs et les bénéficaires de ce système mortifère? Seuls les citoyens peuvent impulser ce retournement qui va aux racines du système capitaliste, qui remet en cause la croissance, ce dieu des imbéciles formatés dans les même écoles d’autistes… L’observation de nos sociétés laisse peu d’espoir en un sursaut civique, quand on observe quels sont les enjeux de la campagne présidentielle en France. Mais la foi c’est « espérer contre toute espérance »! Je veux donc continuer à me battre pour ce changement par tous les petits moyens dont je dispose, même si je suis assez pessimiste sur la suite.

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Changer le monde par un ordinateur à 100$?

Dans Le Monde 2 du 17 juin 2006, le grand reportage est consacré à l’ordinateur des pauvres, sous l’accroche provocante de couverture: « Cet ordinateur peut changer le monde ».

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L’enquête nous entraîne dans les coulisses d’un projet né il y a quelques années dans la tête de Nicholas Negroponte, un ancien gourou de l’informatique, copain des Bill Gates et autres Steve Jobs. Negroponte a trahi la famille (du moins en apparence) en se faisant le coordinateur d’une ONG baptisée OLPC (One Laptop Per Child) soit « un ordinateur portable par enfant ». Il a réuni une équipe de chercheurs et des partenaires prestigieux pour mener à bien son rêve: rendre accessible à environ 100$ un ordinateur portable basique destiné aux enfants des pays pauvres. Après plusieurs versions, l’appareil est prêt et vient d ‘être présenté au Sommet mondial de l’information de Tunis en novembre 2005. Associées à ce projet, on trouve des entreprises du type AMD (processeurs), Google (moteur de recherche) ou Red Hat (distributions Linux), aussi bien que le PNUD (programme de développement de l’ONU). En face d’une équipe motivée et soudée qui a l’impression d’accomplir une tâche quasi-messianique, les critiques et opposants ne manquent pas, à commencer évidemment par Bill Gates. On comprend mieux quand on sait que ce portable des pauvres fonctionnera avec un système d’exploitation Linux, c’est-à-dire libre de droit et open source (améliorable par tous les gens de bonne volonté et compétents). Le PDG d’Intel, numéro un mondial des processeurs, est lui aussi contre ce projet (la machine fonctionnera avec un processeur AMD, son grand concurrent!). On saisit donc dès l’énoncé de ces camps opposés que la logique du capital et du marché est à l’oeuvre. A noter qu’un certain nombre de personnes éminentes dans les pays du Sud sont également contre ce projet qu’ils qualifient soit d’inessentiel, soit d’impérialiste. Bref l’ordinateur à 100 $ est loin de faire l’unanimité. Ce qui n’a aucune importance et ne doit pas nous surprendre. Au final, et c’est très bien ainsi, ce sont les clients qui choisiront ou non de donner raison à Negroponte.

Mais ceci pourrait rester un simple sujet sur la guerre des grands de l’informatique si Negroponte et ses collaborateurs ne pensaient, en accomplissant cela, changer le destin des jeunes du monde et, par conséquent, le monde. Leur discours est le parfait reflet de la philanthropie américaine, dont on doit toujours se demander si elle est fondée sur l’éthique protestante du capitalisme ou sur un impérialisme paternaliste. Et c’est là que je ne saurais approuver ce projet sur ces motivations. Une machine peut améliorer ou pourrir la vie de nombreux êtres humains: la brouette est une invention géniale qui aidé grandement les travailleurs manuels, mais il serait abusif de dire que la brouette a changé le monde! Le fusil a tué des millions de gens, mais il n’a pas changé le monde au sens philosophique.

Car je suis intimement convaincu que rien ne peut changer le monde si ce n’est l’homme en tant qu’être pensant ou son créateur, si on est déiste. C’est verser dans le matérialisme le plus obtus que de donner à un assemblage électronique la capacité de changer le cosmos. L’ordinateur est maintenant banalisé à outrance dans nos pays occidentaux; il a modifié les métiers, rendu caduques certains d’entre eux, créé de nouveaux emplois; Internet ouvre sur le monde de manière vertigineuse, offrant l’accès au savoir, aux biens et aux tares humaines les plus dégradantes. Mais il n’est que le reflet de l’humain dans son essence, il n’est en aucune manière la cause de l’humaine nature, ce qui est capable de la changer. Confondre des changements opératoires avec des changements d’être, c’est confondre les conséquences avec les causes. Le monde change parce que l’homme pense. Le premier qui a conçu un outil, le premier qui a pensé une organisation sociale, le premier qui a orné une grotte de fresques, le premier qui a inventé l’écriture, celui-là a fait faire de grands pas à son espèce. Par son travail de pensée. Mais l’outil, l’organisation sociale, la fresque ou l’écrit ne sont pas en eux-mêmes les changements du monde. Une civilisation est d’abord un rapport au monde, spirituel et matériel, elle ne saurait se résumer à un objet. Parler de « civilisation automobile » ou de « cyber-civilsation » me semble une formidable réduction mentale. La voiture, quand elle est arrivée dans nos vies, et je me souviens de la première voiture de mon père, une 4CV Renault,, a peu à peu bouleversé nos comportements et nos manières d’être. On allait plus souvent voir les grands-parents à la campagne, car c’était bien plus rapide, souple et moins coûteux! Mais ce qui sous-tendait cela c’était la structure familiale de notre civilisation occidentale du XXème siècle. La voiture est un outil de transport, rien de plus ; l’homme a vécu sans elle fort longtemps, il faut d’ores et déjà qu’il commence à s’habituer à vivre à nouveau sans elle, ou au moins à beaucoup moins l’utiliser, crises énergétique et écologique obligent. L’ordinateur n’est rien d’autre qu’un assemblage plus ou moins ingénieux de composants. Il n’aide en rien à penser. Platon a été un des fondateurs de la pensée occidentale avec pour seul outil la parole et la puissance de son esprit. Bill Gates n’a en rien changé le monde, car il n’y a aucune pensée dans un DOS ou un Windows, seulement des routines de programmation qui exécutent à la demande des tâches de plus en plus complexes et cela de plus en vite. Le traitement de texte n’apprend pas à écrire les livres ou les poèmes, le correcteur orthographique n’enseigne pas les joies subtiles et sadiques de la grammaire. Je pourrais continuer ainsi fort longtemps, mais comme je crois le lecteur intelligent, je pense que c’est assez!

Changer le monde consiste d’abord à le penser, à en prendre la mesure. Vaste tâche qui nous occupe toute notre vie. Ce n’est pas un hasard si la plupart des grands livres essentiels sont écrits au soir d’une vie et si les grands penseurs sont considérés souvent juste avant leur mort ou parfois après! Changer le monde est d’abord se construire face au monde et dans le monde. C’est connaître la richesse des gens qui nous ont précédés et les civilisations qu’ils ont élaborées, qui ont toutes grandi, puis décliné, pour enfin disparaître. L’Histoire sert à comprendre cela, mais aussi à relativiser les apogées. Nous appartenons à une époque qui se pense immortelle dans ce qu’elle construit. Ce sentiment a sans doute habité les hommes de toutes les grandes époques, mais il est omniprésent chez nous et porté au rang de dogme. C’est, entre autres choses, pour cela que nous ne mesurons pas la gravité de la situation écologique. Nous sommes en train de changer le monde en le rendant inhabitable à notre espèce, si nous ne retrouvons pas lucidité et modestie. L’homme doit s’inscrire dans un cadre naturel qui ne lui appartient pas, qui le dépasse; nous ne sommes pas les Maîtres du monde, juste ses locataires. La seule chose que nous pouvons changer c’est notre « être au monde ». Et là, aucune machine, pas plus l’ordinateur à 100$ que n’importe quelle autre ne peut nous aider. Oui, chaque homme peut changer le monde en lui, ce qui le changera, lui, inévitablement. Voilà un beau projet, qu’on peut bien appeler humaniste si l’on veut.

ajout du 22 novembre 2006: http://akosh.pcinpact.com/actu/news/32899-OLPC-usine-chine.htm

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