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Les chrétiens et l’argent

Les chrétiens et l’argent

 

 

 

 

Point d’actualité : La crise financière          


 

·  Le déclencheur officiel : la crise des subprimes et la titrisation des créances douteuses

·  Le contexte particulièrement dangereux : la mondialisation, la financiarisation de l’économie, la spéculation comme fin et l’absence de régulations

·  Les conséquences : les banques en faillite ou en difficultés (sauvés par les contribuables= privatisation des gains mais nationalisation des pertes) ; Les épargnants ruinés ou appauvris ; les entreprises en difficultés de crédit et d’activité car ralentissement de la demande car chute de la confiance, clé de voûte du système.

·  L’économie pénalisée donc au final le travail plus rare, moins bien payé et les contribuables obligés de payer les emprunts réalisés.

 

Pourquoi cette crise : parce que le système capitaliste n’a pas de morale, par définition, au sens strict de sa conception : un système économique est hors des catégories morales ; de plus notre société contemporaine occidentale est dans une situation de crise morale depuis plusieurs décennies ;

 

 

 

 

Citation d’Alain Caillé, anthropologue à Paris-X, Nanterre et spécialiste du don.

 

«  Tout l’enjeu des prochaines années va être de mobiliser la société pour retrouver, au-delà du tout-Etat et du tout-marché, le sens du don, de la solidarité, de la gratuité. Cela ne se fera pas tout seul. Car les morales, laïque et religieuse, qui portaient ces valeurs n’ont pas su les actualiser face à la déferlante néo-libérale. Il nous reste à effectuer un véritable travail de refondation des valeurs démocratiques. Le temps presse. »

cité in « La Vie » – 30 octobre 2008.

 

         Enjeux autour de trois mots : sens du don, gratuité, solidarité

         Interpellation aux laïques et chrétiens sur leur incapacité à être entendus dans le contexte actuel.

 

Voyons comment nous pouvons prendre appui sur l’enseignement de la Bible pour nous situer face à l’argent.

 

I/ La bible juive et la question de l’argent :

 

En simplifiant à l’extrême, il est possible de dire qu’il y a deux types de textes dans les écrits juifs, les récits de dérapage où l’argent est en jeu et les commandements ou instructions à ce sujet.

 

Mais avant tout, il faut rappeler qu’il est impossible de considérer la question de l’argent à cette époque comme nous le faisons aujourd’hui. Le symbole « argent », avec tout ce qu’il signifie pour nous est inopérant en Israël. Pour comprendre les textes bibliques il faut penser à deux idées connexes :la richesse (ou les richesses ou les biens) et les métaux précieux.

 

Les récits de « dérapages » liés à ces problèmes :

 

1/ le Veau d’or : Exode 32 : 1 à 6

1 ¶ Le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne; alors le peuple s’assembla autour d’Aaron et lui dit: Lève-toi, fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. 

2  Aaron leur dit: Défaites les anneaux d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les moi. 

3  Et tous (les gens du) peuple se défirent des anneaux d’or qui étaient à leurs oreilles et les apportèrent à Aaron. 

4  Il reçut l’or de leurs mains, le façonna avec le burin et fit un veau en métal fondu. Puis ils dirent: Israël! Les voici tes dieux qui t’ont fait monter du pays d’Égypte. 

5  Lorsqu’Aaron vit cela, il bâtit un autel devant lui et s’écria: Demain,  il y aura fête en l’honneur de l’Éternel! 

6  Le lendemain, ils se levèrent de bon matin, ils offrirent des holocaustes et présentèrent des sacrifices de communion. Le peuple s’assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir. 

 

 

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Nous avons là un récit connu, mais complexe. Le veau d’or est à la fois une idole qui remplace Dieu et il est en métal précieux, représentant ce qui est cher au cœur du peuple. L’idolâtrie associe l’or et l’animal. Les Israélites font comme les peuples voisins qu’ils connaissent, ni plus ni moins ; ils se « conforment au siècle présent » (romains 12). Ce dérapage à des conséquences très graves : la brisure des tables de la Loi, que les rabbins juifs considèrent comme un des évènements les plus importants de toute la Torah.

 

2/ La faute d’Akan, la convoitise des richesses : Josué chapitre 6 : 17 et suivants

voici le commandement de Dieu :

« La ville et tout ce qu’elle contient est réservée au SEIGNEUR, elle doit donc être détruite. Nous laisserons en vie uniquement Rahab, la prostituée, et tous ceux qui sont dans sa maison, parce qu’elle a caché nos espions. 

18  Vous, faites attention! Ne prenez rien de ce qui est interdit et doit être détruit. Sinon, vous ferez tomber le malheur sur le camp d’Israël, et il sera détruit. 

19  Tout l’argent, l’or et les objets en bronze et en fer, vous les consacrerez au SEIGNEUR et vous les mettrez dans son trésor.» 

 

et voici le dérapage :

¶ C’est alors que les Israélites commirent une infidélité à l’égard de l’interdit: Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah de la tribu de Juda, prit (une part) de l’interdit, et la colère de l’Éternel s’enflamma contre les Israélites. 

 

Akan désobéit et garde pour lui une part de butin, par convoitise, par amour des biens. C’est un des plus vieux ressorts du monde, le désir de possession.

 

Akân répondit à Josué: C’est vrai, c’est moi qui ai péché contre l’Éternel,  le Dieu d’Israël. Voici en détail ce que j’ai fait. 

21    j’ai vu dans le butin un manteau de Chinéar, d’une rare beauté, ainsi que deux cents sicles d’argent et un lingot d’or, pesant à lui seul cinquante sicles; J’en ai eu envie et je les ai pris; ils sont maintenant cachés en terre, à l’intérieur de ma tente, l’argent par-dessous. 

 

 

Dieu va châtier le peuple pour cette désobéissance.

 

 

 

Les commandements :

·        La dîme et les offrandes

·        La solidarité entre riches et pauvres

·        La remise en cause de la propriété par la pratique du jubilé.

 

En conclusion de ce très rapide survol de la période juive de notre bible, nous pouvons à l’inverse méditer sur le cas de Job. Son histoire est aussi un enseignement remarquable sur le rapport aux biens, à la richesse de l’époque (enfants et troupeaux). Job a su accepter de n’être que le gérant de ses biens et il su mettre son obéissance à Dieu au-dessus de ses malheurs économiques.

 

 

 

 


 

II Que dit Jésus ?


 

Il faut noter deux faits préliminaires :

·        Jésus se situe dans le contexte juif et parle comme un rabbin et un prophète, avec tout l’héritage des écrits antérieurs ;

·        Il accorde une place importante aux richesses et à l’argent, plus que dans les écrits anciens, car l’Empire Romain est déjà beaucoup plus monétarisé (la monnaie a été inventée par les Grecs au VIIème siècle avant notre ère et largement utilisée par les Romains qui unifièrent le système monétaire dans tout leur empire).

On peut reprendre la même structure que précédemment et la dépasser.

 

Les dérapages :

 

Toute la série des « Malheur à vous » dans Matthieu 23 :

 

Matthieu 23:13  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui le voudraient. 

Matthieu 23:14  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières; à cause de cela, vous subirez une condamnation particulièrement sévère. 

Matthieu 23:15  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, quand il l’est devenu,  vous en faites un fils de la géhenne deux fois pire que vous. 

Matthieu 23:16  Malheur à vous, conducteurs aveugles! Qui dites: Si quelqu’un jure par le temple, cela ne compte pas; mais si quelqu’un jure par l’or du temple,  il est engagé. 

Matthieu 23:23  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qu’il y a de plus important dans la loi: le droit, la miséricorde et la fidélité; c’est là ce qu’il fallait pratiquer sans laisser de côté le reste. 

Matthieu 23:25  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, alors qu’en dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. 

Matthieu 23:27  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impureté. 

Matthieu 23:29  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes et ornez les tombeaux des justes,

 

Luc 6:24  Mais malheur à vous, les riches, car vous avez votre consolation. 

 

 

 

Dans ces versets il y a une place importante accordée aux biens et à la richesse.et une condamnation des riches. De même certains personnages de l’Evangile sont liés à l’oppression financière ou à l’enrichissement illicite ou scandaleux : Zachée, Matthieu ou le publicain et sa prière de propre juste ;

 

Les commandements :

Deux exemples seulement

         le jeune homme riche : Matthieu 19 : 16 à 24

16 ¶ Tout à coup, un homme s’approche de Jésus et lui demande: «Maître, qu’est-ce que je dois faire de bon pour avoir la vie avec Dieu pour toujours?» 

17  Jésus lui répond: «Pourquoi est-ce que tu m’interroges sur ce qui est bon? Un seul est bon, c’est Dieu. Si tu veux entrer dans la vie avec Dieu, obéis aux commandements.» 

18  L’homme lui dit: «Quels commandements?» Jésus répond: «Ne tue personne. Ne commets pas d’adultère. Ne vole pas. Ne témoigne pas faussement contre quelqu’un. 

19  Respecte ton père et ta mère. Aime ton prochain comme toi-même.» 

20  Le jeune homme lui dit: «J’ai obéi à tout cela. Qu’est-ce que je dois faire encore?» 

21  Jésus lui dit: «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, et donne l’argent aux pauvres. Alors tu auras des richesses auprès de Dieu. Ensuite,  viens et suis-moi.» 

22  Mais quand le jeune homme entend cela, il s’en va tout triste parce qu’il possède beaucoup de choses. 

23 ¶ Jésus dit à ses disciples: «Je vous le dis, c’est la vérité: pour quelqu’un de riche, c’est très difficile d’entrer dans le Royaume des cieux. 

24  Je vous dis encore ceci: est-ce qu’un chameau peut passer facilement par le trou d’une aiguille? Eh bien, pour un riche, c’est encore plus difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu!»

         Le « rendez à César » Marc 12 : 13 à 17

13 ¶ Les chefs religieux envoient auprès de Jésus des Pharisiens et des gens du parti d’Hérode Antipas. Ils veulent lui tendre un piège en le faisant parler. 

14  Ils viennent dire à Jésus: «Maître, nous le savons, tu dis la vérité et tu n’as peur de personne. Tu ne regardes pas l’importance des gens, mais tu enseignes en toute vérité ce que Dieu nous demande de faire. Dis-nous: est-il permis ou non de payer l’impôt à l’empereur romain? Est-ce que nous devons payer, oui ou non?» 

15  Mais Jésus comprend que ce sont des hommes faux et il leur dit: «Pourquoi est-ce que vous me tendez un piège? Faites-moi voir une pièce d’argent.» 

16  Ils lui apportent une pièce d’argent et Jésus leur dit: «Sur cette pièce, il y a l’image et le nom de quelqu’un. De qui donc?» Ils lui répondent: «De l’empereur.» 

17  Alors Jésus leur dit: «Rendez à l’empereur ce qui est à l’empereur et rendez à Dieu ce qui est à Dieu.» Et ils sont très étonnés par la réponse de Jésus. 

 

Mais Jésus va au-delà :

Il fait le lien entre l’attitude face aux richesses et le  Royaume de Dieu :

 

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Matthieu 6 :23 à 34

23  mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres! 

24  Nul ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l’un et aimera l’autre,  ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. 

25 ¶ C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? 

26  Regardez les oiseaux du ciel: Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? 

27  Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie? 

28  Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Observez comment croissent les lis des champs: Ils ne travaillent, ni ne filent; 

29  cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. 

30  Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs qui existe aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne vous (vêtira-t-il) pas à plus forte raison, gens de peu de foi? 

31  Ne vous inquiétez donc pas, en disant: Que mangerons-nous? Ou: Que boirons-nous? Ou: De quoi serons-nous vêtus? 

32  Car cela, ce sont les païens qui le recherchent. Or votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 

33  Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus. 

34  Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. 

 

Luc 9 : 23 à 27

23  Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. 

24  Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera. 

25  Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même? 

26  En effet quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. 

27  Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d’avoir vu le royaume de Dieu. 

 

 

Matthieu 6:21  Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur. 

 

L’enseignement de Jésus est sans ambiguïté : il se défie des biens et de leur pouvoir sur les hommes.

 

Après Jésus, les apôtres fixeront et développeront des points précis :

Les Actes montrent une communauté qui met en commun ses biens et rompt donc avec la propriété ; contexte eschatologique. Mais certains restent attachés aux richesses ; le dérapage le plus sérieux est celui d’Ananias et Saphira  (Actes 5 :1 et suivants). Le mensonge est puni autant que l’appât des biens.

Paul sera très attentif aux collectes de solidarité entre églises, donc à une forme de redistribution entre riches et pauvres dans le peuple de Dieu. Il donnera des avis sur la façon de pratiquer la charité dans l’Eglise, ou l’offrande…

 

Quant à Jacques, il reprend les propos de Jésus (son frère ) avec une grande et rare violence :

Jacques 5 : 1 à 5 :

1 ¶ A vous maintenant, les riches! Pleurez à grands cris à cause des malheurs qui viendront sur vous! 

2  Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont mités. 

3  Votre or et votre argent sont rouillés; et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous et dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans ces jours qui sont les derniers! 

4  Voici: le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées. 

5  Vous avez vécu dans les voluptés et dans le luxe, vous avez rassasié vos coeurs au jour du carnage. 

 

Il y a donc matière à réfléchir sérieusement sur le rapport entretenu avec l’argent et les biens divers qui constituent la richesse. Il y a un grand danger à se conformer au penchant naturel des sociétés qui nous entourent.

 

 

 

 


Prière : lecture de la prière de Jean Calvin page 65 du livre de Jérôme Cottin

Mon Père et mon Sauveur

 

Mon Dieu, mon Père et mon Sauveur

Puisqu’il t’a plu de me conserver par ta grâce

Pendant la nuit qui vient de finir et jusqu’au jour qui commence,

Fais que je l’emploie tout entier à ton service

Et que je ne pense, ne dise et ne fasse rien

Qui ne soit pour te plaire et obéir à ta sainte volonté,

Afin que toutes mes actions se rapportent

A la gloire de ton nom et au salut de mes frères.

 Et de même que pour cette vie terrestre,

Tu fais luire ton soleil sur le monde,

Veuille aussi éclairer mon intelligence

Par la clarté de ton esprit.

Afin de me diriger dans la voie de ta justice.

Ainsi, ô mon Dieu,

A quelque chose que je m’applique,

Que mon but soit toujours de te servir et de t’honorer,

Attendant tout mon bien de ta seule bénédiction ,

Et n’entreprenant rien qui ne te soit pas agréable.

Fais aussi, Seigneur,

Que tout en travaillant pour mon corps,

Et pour la vie présente,

J’élève mon âme plus haut

Jusqu’à cette vie céleste et bienheureuse

Que tu réserves à tes enfants.

 

Jean Calvin

 

 

 

 

Conclusion : quelques enseignements concrets


nous sommes dans ce monde mais pas de ce monde, donc : 

 

  1. Nous n’avons pas les mêmes intérêts que lui : recherche du profit à tout prix
  2. Ne nous inquiétons de rien si nous sommes dans la foi et dans des pratiques saines au plan financier : Les Béatitudes.
  3. Nous devons rester dans les clous de l’Evangile et relire les Béatitudes le plus souvent possible : l’accumulation de l’argent pour l’argent n’est pas notre programme ; si nous en avons tant mieux, mais faisons-en bon usage.
  4. Choisissons nos placements et nos investissements selon une morale : placements éthiques, aides r coopératives…
  5. L’amour de l’argent (l’avarice) est cité parmi les péchés graves alors qu’on n’y pense guère.
  6. Les affaires d’argent entre chrétiens sont déconseillées.
  7. L’argent des chrétiens doit servir la cause de leur foi et non celle du monde profane.
  8. Ce n’est pas l’argent qui est maudit, mais c’est notre rapport à l’argent qui peut l’être.

 

 

 

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Don, générosité et vie chrétienne

 

 

 

Partie 1 : actualité du don :

 

Citation d’Alain Caillé, anthropologue, à rappeler :

 

«  Tout l’enjeu des prochaines années va être de mobiliser la société pour retrouver, au-delà du tout-Etat et du tout-marché, le sens du don, de la solidarité, de la gratuité. Cela ne se fera pas tout seul. Car les morales, laïque et religieuse, qui portaient ces valeurs n’ont pas su les actualiser face à la déferlante néo-libérale. Il nous reste à effectuer un véritable travail de refondation des valeurs démocratiques. Le temps presse. »

cité in « La Vie » – 30 octobre 2008.

 

 

 

Quels types de dons aujourd’hui ? pour simplifier on peut proposer quatre catégories (non-exhaustives évidemment)

 

1/ les « dons » des Etats, liés à la crise financière actuelle, qui ne sont que des versions urgentes des subventions antérieures :

  • dons aux grandes banques françaises, contre seul engagement de maintenir ouvert le crédit, ce qu’elles ne font manifestement pas.
  • dons aux grands constructeurs automobiles américains (Ford, Chrysler et General Motors) qui demandaient 34 MM de $ et n’ont obtenu que 17 MM !

Ce sont de purs cadeaux, qui ne sont assortis d’aucune obligation réelle, mais de vœux pieux ou de symboles pour distraire le peuple qui souffre (la suppression des « bonus des dirigeants bancaires en France ou la limitation des salaires de PDG aux EU à 500 000 $ !). En fait c’est une forme de vol de l’argent collectif, public, celui des contribuables qui sert à renflouer des entreprises totalement privées dont la politique de licenciements continuera comme avant.

 

2/ Les dons des  philantropes :

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pas nouveau, car datant de l’antiquité gréco-romaine, avec les mécènes. S’est poursuivi durant tout le cours de l’histoire ( la famille des Médicis à Florence est réputé pour cela ). La version actuelle est la Fondation, société à statut particulier qui vient des E.Unis. Le philantrope a gagné beaucoup d’argent dans les affaires (pas toujours moralement proprement !) et « rachète » sa conscience en donnant une partie de ses immenses gains. C’est toujours mieux que rien, évidemment. Dans l’actualité, deux grandes fondations jouent un rôle mondial, celle de Bill & Melinda Gates, et celle de Georges Soros. La première s’occupe des déshérités et surtout des enfants et des victimes du SIDA en Afrique, l’autre aide à tout progrès vers la démocratie. Ces fondations sont alimentées par des dons défiscalisés et ne paient elles-mêmes pas d’impôts.

 

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3/ Les dons des chercheurs, en sciences humaines surtout. Là, le don est simplement un objet d’étude que l’on passe au crible de l’observation. Pour les sociologues et anthropologues, il n’y a pas de don « pur » (nous dirions, nous chrétiens « gratuit »), mais tout don appelle un « contre-don », conscient ou inconscient. L’observation est subtile et très souvent vraie. Mais le surnaturel divin n’y a aucune place. Ce qui est vrai pour un dîner entre connaissances ne l’est pas pour le salut ou l’offrande !

 

4/ les dons des individus ordinaires : charité, solidarité…Ils obéissent certes souvent à la logique du contre-don inconscient : on donne aux Resto du Cœur en pensant que si on était en situation de nécessité absolue, on aimerait bien recevoir. On peut plus parler de solidarité que de don au sens biblique.

Dans cette catégorie de don qui est la plus massive, l’affectif joue un rôle majeur : Lors du Tsunami du pacifique, les français ont été plus généreux que d’habitude, car les médias ont beaucoup plus insisté sur cette catastrophe-là que sur d’autres, car il y avait des victimes françaises. Qu’en aurait-il été des dons si ce n’avait pas été le cas ? Mais, il faut constater qu’en règle générale, les pauvres donnent proportionnellement plus que les riches, ils sont plus généreux.

 

Retenons aussi que le don est souvent une façon élégante de se débarrasser de son superflu. D’où une grande ambiguïté.

 

Nous allons revenir sur la générosité un peu plus loin.

 

Comment avoir un point de vue chrétien et biblique sans adopter l’attitude du monde profane ou être influencé par lui ?

 

 

 

 

Partie 2 : Dans notre foi, le don est basique et présent sous deux aspects liés.

 


 

1/ Jean 3 : 16, encore et toujours, est clair.

 

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

 

Jésus a donné lui-même sa vie. Nous sommes au bénéfice exclusif d’un don gratuit (« par grâce » au sens étymologique). Certes ce don en espère, en désire un autre en contre-don, mais il est gratuit par essence car anonyme .

 

2/ en échange de la réception de l’Evangile et de ce don, nous pouvons si nous le voulons (c’est la conversion) agir aussi sous forme de don.

 

Romains 6 :13 :

 

Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité; mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants de morts que vous étiez, et offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice.

 

Dieu va au-delà encore et donne son plan pour l ‘humanité

 

3/ Ceci se résume donc dans le verset célèbre de 1 Timothée 2 :3

 

3  Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur,

4  qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

 

 

Reprenons cela dans l’ordre au moyen d’un schéma rapide :

 

 

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Partie 3 : Quelques enseignements et mises en pratique

 

 

Qu’avons-nous reçu en don de Dieu

 

1/ La vie éternelle : Jean 3 :16

2/ L’assurance spirituelle d’être enfant de Dieu :

Jean 1 : 9 à 13

 

Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

10  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.

11  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.

12  Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés,

13  non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

 

3/ Le Saint-Esprit, le Consolateur : Actes 1 :3-4

 

3  Après qu’il eut souffert, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se montrant à eux pendant quarante jours, et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu.

4  Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il;

5        car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit.

 

Promesse faite à tous : Jean 15 :26

 

Jean 15:26  Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi;

 

4/ La paix de Dieu : Jean 14 :27

 

27    Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s’alarme point.

 

5/ Des talents divers à faire fructifier : Matthieu 25 : 14 à 30

 

14 ¶ Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens.

15  Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit.

16  Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents.

17  De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres.

18  Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître.

19  Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte.

20  Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres.

21  Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.

22  Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres.

23  Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.

24  Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné;

25  j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.

26  Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné;

27  il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt.

28  Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents.

29  Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.

30    Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

 


 

2/ Comment avons-nous reçu ?

 

« Je ne vous donne pas comme le monde donne… » dit Jésus . Que signifie cette expression ? Au minimum qu’il y a deux façons de donner distinctes : celle du monde (voir partie 1) et celle de Jésus. L’affirmation de Jésus vise à encourager les disciples. Donc, le don par Jésus est supérieur aux dons du monde. Il est d’une autre catégorie, ne rentre pas dans les calculs humains. Ce que nous avons reçu de Jésus (et donc de Dieu par lui) est bien meilleur et d’une nature différente : ce don ne peut se détruire et se corrompre.  1 Pierre 1 :14

 

4  pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir; il vous est réservé dans les cieux,

 

 

C’est le don le meilleur : ce qui est venu par grâce de Dieu est notre vraie richesse.

 

3/ Que devons-nous donner et comment le donner ?

 

C’est là qu’intervient la générosité, cette belle qualité.

L’étymologie du mot est intéressante : Generosus= de bonne ou noble race, donc animé de sentiments nobles, de bonne source. Elément complémentaire de définition : « Qui donne plus qu’il n’est tenu de faire » (1677)

Rappelons-nous que nous sommes maintenant fils de roi, donc de noble race et que nos sentiments ont cette source.

  • nous devons donner tout ce que nous avons reçu gratuitement au plan spirituel ; il ne faut rien garder, c’est la condition pour que ce soit sans cesse renouvelé : cf le vin des noces de Cana ou la multiplication des pains.
  • Mais nous devons aller au-delà et pratiquer la générosité absolue par amour. Deux textes importants et difficiles pour nous.

Matthieu 6 : 19 à 21

 

19 ¶ Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent;

20  mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.

21    Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.

 

Matthieu 5 : 40-42

 

40  Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

41  Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.

42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.

 

Jésus appelle à dépasser la mesure. Il n’y a pas de don raisonnable dans le programme divin. Il y a un don généreux qui fait plus que ce qui convient.

Dans la logique de l’Evangile, nous n’avons pas à être économe . Matthieu 6 : 25-34

 

25 ¶ C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?

26  Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux?

27  Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie?

28  Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent;

29  cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.

30  Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?

31  Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi serons-nous vêtus?

32  Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

33  Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

34    Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

 

L’épargne n’est pas une qualité chrétienne. Seules les dettes sont proscrites par le message de l’Evangile : Romains 13 :8

 

  Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi.

 

Or le discours du monde actuel est tout autre :

 

         valorisez votre épargne, assurez votre vieillesse, vos enfants, vos biens… Ces principes sont en  fait d’un autre esprit que celui de Jésus.

         Utilisez votre temps libre et votre argent pour prendre soin de vous. Le développement personnel est la grande mode, on remplit des rayons de librairie là-dessus, y compris dans les publications chrétiennes. Ceci aussi est en contradiction avec ce que dit Jésus. Par vocation céleste, nous sommes « sauvés pour servir », selon la belle devise de l’Armée du Salut. Et non sauvés pour jouir.

         Etre généreux, c’est être inconséquent, imprévoyant.  Ce n’est  pas ce que dit Jésus ou ce qu’écrit Paul.

 

Donnons non seulement le message spirituel du salut par l’Esprit, mais donnons nos talents avec les deux sens du terme, argent et capacités.

Et en plus, donnons notre temps. Ne tombons pas dans le piège que nous tend le monde : l’hédonisme, l’égoïsme, la jouissance, la qualité de la vie, le développement personnel… autant de trappes sous nos pas.

 

C’est quand je me suis allégé de tout que je peux recevoir et communier.

 

Texte de Bill Deraime ou écoute du morceau « Rien ne Pourra »

 

Rien ne pourra me séparer de toi

 

 

 

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

 

Dans la tempête et dans la nuit,

C’est ta main qui me conduit.

Dans le désert où je m’enfuis,

C’est ta loi qui me suffit.

Quand je suis seul, tu me donnes ta main.

Si je t’appelle, tu m’écoutes comme un père.

Quand je me perds, tu oublies tout

Pour me chercher très loin, tu vas jusqu’au bout,

Jusqu’au bout…

 

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

 

 

Lorsque j’ai soif, c’est ton eau que tu me donnes,

Mon Dieu, que ton eau est bonne…

Lorsque j’ai faim, c’est ton pain que tu me romps,

Mon Dieu, que ton pain est bon…

Quand je me vide, tu me combles de vie.

Quand je m’enterre, tu m’attires au Paradis.

Quand je descends, c’est ton bras qui me soulève.

Cent fois je tombe, cent fois tu me relèves,

Tu me relèves…

 

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

 

 

 

Paroles et musiques de Bill Deraime

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L’impossible est notre vocation, l’incroyable notre foi et la folie notre sagesse…

L’impossible est notre vocation, l’incroyable notre foi et la folie notre sagesse…

 

 

Il y a une véritable inversion de la logique dans la Bible et dans le message de Jésus. Le bonheur se trouve là où nous lisons humainement le malheur est inversement. Le chemin de la foi est celui qui casse méthodiquement nos certitudes rationnelles et humaines, surtout pour l’occidental judéo-gréco-romain. Réfléchissons à cela à partir de nos textes de base et de quelques penseurs chrétiens.

 

 

L’impossible est notre vocation

 

 

Matthieu 5 : 1 à 12

 

version NEG :

1 ¶ Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.

2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:

3 ¶ Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!

4 Heureux les affligés, car ils seront consolés!

5 Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre!

6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!

7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!

8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!

9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!

10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux!

11 Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.

  1. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

 

Version BFC :

1 ¶ Quand Jésus vit ces foules, il monta sur une montagne et s’assit. Ses disciples vinrent auprès de lui

2 et il se mit à leur donner cet enseignement:

3 ¶ Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux!

4 Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera!

5 Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre que Dieu a promise!

6 Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu le demande, car Dieu exaucera leur désir!

7 Heureux ceux qui ont de la compassion pour autrui, car Dieu aura de la compassion pour eux!

8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!

9 Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils!

10 Heureux ceux qu’on persécute parce qu’ils agissent comme Dieu le demande, car le Royaume des cieux est à eux!

11 Heureux êtes-vous si les hommes vous insultent, vous persécutent et disent faussement toute sorte de mal contre vous parce que vous croyez en moi.

12 Réjouissez-vous, soyez heureux, car une grande récompense vous attend dans les cieux. C’est ainsi, en effet, qu’on a persécuté les prophètes qui ont vécu avant vous.

 

Que considérons-nous comme possible ?

Ce que nous pouvons accomplir par nous-mêmes ;

Ce que nous comprenons et pouvons expliquer ;

Ce que nous connaissons déjà ;

Ce qui a déjà été fait ;

 

Tout le reste est classé sous la rubrique « impossible ». Or ce que nous dit Jésus, aussi bien dans l’Évangile de Mathieu que dans ceux de Marc ou Luc, relève de l’impossible.

 

 

Matthieu 19 : 26 « Jésus les regarda, et leur dit: Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible. »

 

Marc 10: 27 ; Luc 18: 27; ces trois textes tirés de l’épisode dit du « jeune homme riche« .

 

Voir aussi Luc, chapitre un, verset 37 : » Car rien n’est impossible à Dieu.« 

 

Dieu parle par les auteurs des épîtres aussi et nous enseigne ce que lui considère comme impossible.

 

Épître aux Romains : 8:3 « Car, chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, »

La loi ne peut effacer le péché. Et pourtant combien nous sommes pénétrés de cette croyance car le salut par les bonnes oeuvres dans le catholicisme ou l’obéissance aux commandements pour les juifs vont à l’encontre de cette déclaration. Or ceci est déclaré impossible par Dieu. C’est par la grâce seule que nous sommes sauvés.

 

Épître aux Hébreux 6:18: « 17 C’est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse l’immuabilité de sa résolution, intervint par un serment,

18 afin que, par deux choses immuables dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l’espérance qui nous était proposée. »

Dieu ne peut mentir. C’est donc à nous de nous conformer à sa parole est à sa volonté et pas l’inverse. Or cela est possible, nous verrons comment.

Épître aux Hébreux 10:4 et 11:6:  » car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés. »

« Or, sans la foi, il est impossible de lui être agréable; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. »

Aucun sacrifice n’ôte le péché (dans la loi juive), mais seule la foi rend possible l’agrément de Dieu. Il est donc totalement hors de notre portée d’offrir quoi que ce soit qui puisse nous faire pardonner auprès de Dieu si ce n’est l’offrande de notre foi, dont nous verrons tout à l’heure qu’il ne s’agit pas d’une chose aisée.

 

 

Croire en Dieu par Jésus-Christ c’est admettre que nous devons remettre en question nos catégories du possible et de l’impossible.

 

L’exemple du bonheur selon Jésus-Christ :

 

Reprenons les Béatitudes et livrons-nous à une analyse destinée à éclairer leur caractère « impossible » pour l’être humain. Commençant par les Béatitudes «scandaleuses» et négatives de prime abord.

« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux. »

Dans un monde qui valorise l’intellect, ceux-ci est une provocation. Or il n’y alla nullement provocation de l’imbécillité, mais abandon de sa confiance en soi, confiance dans le seul esprit de Dieu.

 

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. »

L’homme naturel ne cherche jamais les pleurs. Il n’y a pas, devenu chrétien, à chercher le dolorisme. Mais, de l’épreuve des larmes sort un bonheur inattendu : la consolation, soit par l’esprit de Dieu ou par Dieu lui-même, soit par les frères et soeurs, soit par un prochain quelconque ou encore par l’intervention d’un ange.

 

« Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux. »

Souffrir l’opprobre par fidélité à ce qui est juste, voilà un comportement réel peu commun. La trahison, le reniement (tel l’apôtre Pierre) ou l’apostasie sont monnaie courante. Jésus nous dit qu’il y a bonheur à une souffrance de cette nature. Parole prophétique pour lui et pour nous.

 

« Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera qu’on répandra sur vous toutes sortes de mal à cause de moi. »

Comment trouver du bonheur dans l’insulte, la persécution et l’agression ? En s’identifiant à Jésus-Christ par sa mort et sa résurrection. Il a subi cela pour nous, donc nous pouvons subir cela pour lui. Ce n’est possible que par la foi (Hébreux 11:6)

 

Mais à y regarder de près, les Béatitudes « positives » sont également quasi-impossibles pour nous.

« Ceux qui sont doux… »

« Ceux qui ont faim et soif de justice… »

« Les miséricordieux… »

« Ceux qui ont le cœur pur… » (Jean-Roger Caussimon)

« Ceux qui procurent la paix… » (François d’Assise)

 

Tous ces comportements sont contraires à l’attitude naturelle de l’homme, surtout dans nos sociétés occidentales de compétition et l’individualisme égoïste.

  • Les doux sont perçus comme des faibles ou efféminées, des lâches, des perdants, des loosers…

  • Les affamés et assoiffés de justice comme des empêcheurs de tricher en rond, des « zorros » pénibles à la longue.

  • Les miséricordieux sont prompts à pardonner, à faire confiance. Donc, là aussi sont perçus comme des faibles. Le pardon est une denrée rare dans le monde actuel, malgré la frénésie apparente de repentance publique des hommes politiques ou des communautés diverses. Voir à ce propos l’idéal chrétien dans le « Notre Père ».

  • Les ouvriers de paix remplissent le tonneau des Danaïdes et roulent le rocher de Prométhée. Il est tellement plus facile d’être hargneux, haineux et de semer la discorde.

 

À l’issue de ce parcours dans l’impossible, le verset 12 vient clore le défi.

«Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. »

Tout croyant est donc ici assimilé au ministère prophétique, c’est-à-dire littéralement « celui qui parle de la part de… » ; or c’est bien l’impossible programme des béatitudes.

 

 

Sur ce point, la conclusion sera portée par le penseur chrétien protestant Théodore Monod, qui répondait la chose suivante quand on lui demandait de définir le bonheur :

 

« Je crois que c’est parvenir à vivre en conformité avec un certain idéal. D’avoir réussi à rendre son existence conforme un idéal entrevu. En ce qui me concerne, cet idéal est celui du Sermon sur la montagne, et de façon encore plus concise, celui des huit béatitudes dans la version de Matthieu. Pour moi, les béatitudes sont le cœur du christianisme. » Extrait du livre « Entre ciel et terre » aux éditions Babel poche.

 

 

La même démarche de confrontation à l’impossible peut être appliquée au « malheur » selon les Évangiles ou la Bible. Ce qui est malheur pour Jésus est à rebrousse-poil de notre logique humaine. Voici deux exemples pris encore dans le Sermon sur la montagne, mais dans la version de l’Évangile de Luc.

 

Luc 6: 24 « mais malheur à vous est riches, car vous avez votre consolation. »

On peut mettre ce texte en corrélation directe avec la Béatitude évoquée plus haut : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » La richesse permet, sur la terre, d’acheter les consolations, donc d’éviter de dépendre des frères et sœurs, et plus largement de son prochain ; cette indépendance est en fait un orgueil, soit une faute grave, un péché qui attriste Dieu.

 

On peut encore citer, dans le même registre, sans les commenter :

Luc 6: 25 et 26 : « Malheur à vous qui êtes rassasiés… Malheur à vous qui riez maintenant… Malheur lorsque de tous les hommes diront du bien de vous… » Autant de choses qui nous semblent légitimes. Il nous paraît impossible que le malheur vienne de ces choses « normales ». Et pourtant… Pourquoi cette inversion de valeurs ?

 

 

L’incroyable est notre foi et la folie notre sagesse

 

 

Ce thème est très présent dans le nouveau testament. Il l’était également dans la Torah, et pour la foi chrétienne, concentrons-nous sur la nouvelle alliance

 

1 Corinthiens 1 :18 à 31

 

version NEG :

18 Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu.

19 Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et je rendrai nulle l’intelligence des intelligents.

20 Où est le sage? Où est le scribe? Où est le raisonneur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde?

21 Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver les croyants par la folie de la prédication.

22 Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse:

23 nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens,

24 mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs.

25 Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.

26 Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.

27 Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes;

28 et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont,

29 afin que personne ne se glorifie devant Dieu.

30 Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui par la volonté de Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption,

  1. afin, comme il est écrit, Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur.

 

Version BFC :

18 En effet, prêcher la mort du Christ sur la croix est une folie pour ceux qui se perdent; mais nous qui sommes sur la voie du salut, nous y discernons la puissance de Dieu.

19 Voici ce que l’Écriture déclare: Je détruirai la sagesse des sages, je rejetterai le savoir des gens intelligents.

20 Alors, que peuvent encore dire les sages? Ou les gens instruits? Ou les discoureurs du temps présent? Dieu a démontré que la sagesse de ce monde est folie!

21 En effet, les humains, avec toute leur sagesse, ont été incapables de reconnaître Dieu là où il manifestait sa sagesse. C’est pourquoi, Dieu a décidé de sauver ceux qui croient grâce à cette prédication apparemment folle de la croix.

22 Les Juifs demandent comme preuves des miracles et les Grecs recherchent la sagesse.

23 Quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié: c’est un message scandaleux pour les Juifs et une folie pour les non-Juifs;

24 mais pour ceux que Dieu a appelés, aussi bien Juifs que non-Juifs, le Christ est la puissance et la sagesse de Dieu.

25 Car la folie apparente de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et la faiblesse apparente de Dieu est plus forte que la force des hommes.

26 Considérez, frères, qui vous êtes, vous que Dieu a appelés: il y a parmi vous, du point de vue humain, peu de sages, peu de puissants, peu de gens de noble origine.

27 Au contraire, Dieu a choisi ce qui est folie aux yeux du monde pour couvrir de honte les sages; il a choisi ce qui est faiblesse aux yeux du monde pour couvrir de honte les forts;

28 il a choisi ce qui est bas, méprisable ou ne vaut rien aux yeux du monde, pour détruire ce que celui-ci estime important.

29 Ainsi, aucun être humain ne peut se vanter devant Dieu.

30 Mais Dieu vous a unis à Jésus-Christ et il a fait du Christ notre sagesse: c’est le Christ qui nous rend justes devant Dieu, qui nous permet de vivre pour Dieu et qui nous délivre du péché.

31 Par conséquent, comme le déclare l’Écriture: Si quelqu’un veut se vanter, qu’il se vante de ce que le Seigneur a fait.

 

Le mot « folie » revient six fois dans ce court texte. Cela montre à quel point Paul veut graver cette idée dans l’esprit des destinataires.

Qu’est-ce que la folie ? « Aliénation d’esprit » quand on veut aller au plus court ; « dérangement de l’esprit ». La folie est donc reliée à l’esprit. Être chrétien se fonde sur un pari incroyable, une forme de dérèglement de l’esprit selon l’humain ordinaire. Devenir chrétien, c’est recevoir un esprit plus grand que le nôtre en nous, c’est donc bien aliéner notre esprit à l’Esprit de Dieu. C’est donc une folie au sens commun. Aliéner : céder à un autre la propriété d’une chose.

Mais cette folie initiale de l’onction de l’Esprit consécutif à la conversion, est elle-même construite sur un enchaînement d’« incroyables ».

 

La prédication de la croix est la folie centrale. Qu’y a-t-il de proprement incroyable derrière cette expression ?

  • Le sacrifice volontaire de Jésus qui a le « pouvoir de donner sa vie », mais aussi la volonté de le faire, malgré un combat terrible livré au jardin des oliviers.

  • La mort sans péché du Christ sur le bois maudit est proprement inimaginable pour tout être humain normalement constitué.

  • La résurrection au matin de Pâques, avec toute la symbolique qui l’accompagne ne peut être acceptée par un être humain doté de tout son bon sens. Quelqu’un qui est mort ne saurait revivre.

 

Vaincre la mort est incroyable ; vivre sans péché est incroyable ; donner sa vie pour ce qui vous haïssent est incroyable. Mais Jésus-Christ est lui-même incroyable par essence. Car d’après le passage de l’Évangile de Luc au chapitre un, versets 26 à 38:

 

«¶ Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.

28 L’ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.

29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.

30 L’ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.

31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.

32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.

33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin.

34 Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme?

35 L’ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.

36 Voici, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.

37 Car rien n’est impossible à Dieu.

38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole! Et l’ange la quitta. »

 

Jésus est conçu par le Saint Esprit et enfanté par une vierge. Il est savant des choses de Dieu sans avoir été éduqué, ce que nous raconte le texte de l’Évangile de Luc, chapitre 2, versets 41 à 50.

 

 

« ¶ Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque.

42 Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête.

43 Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s’en aperçurent pas.

44 Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances.

45 Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher.

46 Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.

47 Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses.

48 Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.

49 Il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père?

50 Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »

 

 

Les miracles des Évangiles sont humainement incroyables. Depuis des siècles, les hommes charnels cherchent des explications à cette « magie », n’hésitant pas à émettre les hypothèses les plus farfelues parce qu’ils refusent de croire l’incroyable qui s’appelle dans le langage spirituel le surnaturel.

 

La radicalité de Jésus et de ses propos est parfaitement incroyable, si on la replace dans la tradition juive, même essénienne. Jésus est en rupture totale avec son temps et les principes religieux et moraux de son peuple. Non seulement on ne peut le croire, mais il faut l’empêcher de continuer.

 

Jésus est proprement incroyable. Croire en lui est donc impossible rationnellement. Et pourtant nous y croyons !

 

Car l’Esprit Saint déversé en nous par Jésus de la part de Dieu rend possible l’impossible et croyable l’incroyable. La folie de la croix devient sagesse, et la sagesse humaine devient folie. Ce miracle est un acte double : l’appel de Dieu envers nous ; le pas de foi, le « lâcher prise » du oui à l’appel de Dieu. Dès lors notre vie devient incroyable même en sans fondement.

 

Qui que nous soyons, et à plus forte raison si nous sommes des gens simples et modestes, peu éduqués, méprisés selon les critères de ce monde, Dieu le veut et va nous utiliser. C’est l’inverse de la course à la qualification humaine. Nous devenons frères de Jésus, participant à son destin, rachetés par son sacrifice. Ce qui signifie que nous sommes donc promis à la résurrection et à la présence éternelle de Dieu, ce que nous traduisons par « l’espérance de la vie éternelle ». Combien de gens qui se disent chrétiens ne croient pas cela car c’est trop « incroyable » ! Comme s’il y avait une hiérarchie dans l’incroyable.

 

Si j’accepte de croire, alors tout l’incroyable devient incroyable :

  • Le Christ, sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection, son ascension et son retour en gloire un jour inconnu.

  • L’Esprit saint donné à chaque croyant pour l’équiper, avec ses dons ou charismes, et le renouvellement de l’intelligence humaine afin qu’elle puisse comprendre les mystères de Dieu.

  • La guérison divine des corps et des âmes.

  • L’eschatologie chrétienne (et juive) : ce monde actuel finira et sera remplacé, comme Jésus-Christ l’a dit, comme les prophètes l’ont dit, comme l’Apocalypse de Jean le dit.

  • Le salut offert à tous gratuitement par grâce.

 

Voulons-nous vivre cette vie impossible et l’incroyable ? Acceptons-nous devenir « fous », d’aliéner notre esprit (et non notre intelligence) pour entrer dans la « vie chrétienne normale » comme l’écrivait Watchman Nee, Pasteur et théologien chinois du XXe siècle ? Tout est à nous. Tout est dit dans la Bible. À nous de nous en saisir à la mesure de notre foi.

 

 

Conclusion : citation de Jacques Ellul, tiré du livre « La subversion du christianisme » aux éditions du Seuil.

 

 

« Si l’on n’admettait que ce que le nouveau testament entend par christianisme et être chrétien était conformes aux idées humaines, propre à plaire à l’homme, à le flatter comme s’il s’agissait de sa propre invention, d’une doctrine sortie de son cœur : il n’y aurait pas de problème ! Mais il y a un « mais ». Une difficulté : ce que le Nouveau Testament entend par être chrétien est justement ce qu’il y a de plus contraire à l’homme. C’est pour cet homme un scandale. Ou bien ce contre quoi il doit se révolter ou bien ce dont il doit chercher à se débarrasser par ruse et à tout prix, par exemple grâce à cette escroquerie qui consiste à appeler christianisme exactement le contraire… Puis à rendre grâce à Dieu de la faveur immense d’être chrétien ! « Rien ne déplaît plus à l’homme, ne le révolte davantage que le christianisme du Nouveau Testament : vraiment annoncé, il ne peut gagner ni chrétiens par millions, ni salaires et profits terrestres !… Alors se produit la confusion : pour que les hommes acquiescent, il faut que la chose annoncée soit de leur goût et les séduise… Et ici réside bien la difficulté : elle ne réside nullement à montrer que le christianisme officiel n’est pas celui du Nouveau Testament mais à montrer que le christianisme du Nouveau Testament et ce qu’il entend par être chrétien sont des choses profondément désagréables à l’homme » (Soren Kierkegaard). « Jamais, pas plus aujourd’hui qu’en l’an 30, la révélation chrétienne ne peut plaire à l’homme : le christianisme a toujours été pour lui au fond de son cœur un ennemi mortel. Aussi l’histoire témoigne-t-elle que de génération en génération existe une classe sociale hautement respectée (les prêtres) dont le métier consiste à faire du christianisme exactement le contraire de ce qu’il est » (Soren Kierkegaard). »

 

Jean-Michel Dauriac – Mars 2008

 

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