Skip to content →

Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Iliade – Homère – Un feuilleton antique

Je vais avouer ici que je n’avais jamais lu cette épopée homérique avant cette année. Comme tout le monde,  j’en avais étudié des extraits, vu des adaptations cinématographiques et connu les personnages principaux. J’ai donc décidé de combler dans le soir de mon existence cette lacune qui m’empêchait de me présenter serein devant l’Eternel.

J’ai choisi une lecture feuilletonesque du gros livre. La structure s’y prête, avec son découpage en 24 chants, eux-mêmes, dans la version utilisée, découpée en sous-parties titrées. J’ai donc mis des mois à aller au bout, lisant quelques pages chaque matin, au petit déjeuner, pour ouvrir la journée.

Au fur et à mesure que j’avançais dans le texte, je devenais de plus en plus perplexe : quand donc allait commencer l’action qui justifiait la venue des nefs et des Achéens à Troie ? Et je songeais à la pièce de Giraudoux La guerre de Troie n’aura pas lieu, que j’avais étudiée au lycée et dont je ne garde aucun souvenir précis, si ce n’est la légèreté du propos. Eh bien, c’est lui qui avait raison : elle n’a jamais lieu ! Homère (ou ceux qui se cachent derrière ce nom) a réussi l’exploit d’écrire une œuvre longue et touffue qui débouche sur le néant. Ce fut la première leçon de cette lecture. On peut donc écrire un livre mondialement reçu et apprécié, sans tenir la promesse des prémices. D’aucuns diront que c’est là tout le génie de cette œuvre. Je leur laisse ce jugement, qui sent la sacristie littéraire antique.

Homère selon l’idéal esthétique grec (aucun rapport avec la véracité des traits, inconnus)

Parlons alors des personnages. On peut dire qu’il ya trois sortes de personnages dans cette aventure : les Dieux et Déesses, les Héros, souvent des demi-dieux et les simples mortels. Mortel étant ici à prendre au premier degré, car l’Iliade est une vraie boucherie.  Homère a, sans contestation possible, inventé le genre gore, bien avant Vendredi XIII ou Massacre à la tronçonneuse. Il faudrait faire des statistiques, avec « l’intelligence artificielle », ça va de soi, pour avoir le nombre exact de morts et les pages du volume consacrées à des combats sanguinolents, où l’hémoglobine coule à flots. Les mortels meurent donc à la pelle sur la plage et dans la plaine de Troie. Restent les Héros et les Dieux. Il y a une sorte de connivence asymétrique entre eux. Les Héros sont tous des enfants nés de Dieux ou de Déesses folâtrant avec des humains, puis vivant sous la surveillance plus ou moins serrée de leurs géniteurs. Les Dieux peuvent faire ce qu’ils veulent de ces Héros, alors que ceux-ci ne peuvent que les implorer. Il faut reconnaître à l’auteur une grande ironie et impertinence envers l’Olympe. Les Dieux sont représentés comme des enfants capricieux , jaloux, haineux et se disputant leurs jouets. On se demande mêle, à le lire, s’il y croyait vraiment ! Zeus orchestre toute cette furia, distribue les bons et les mauvais points et assiste au match. Car c’est un véritable match que décrit Homère. Les coups tordus se multiplient, les buts se succèdent dans chaque camp, l’arbitre interrompt parfois la partie pour faire entrer les soigneurs, afin de remettre sur pied les joueurs, afin qu’ils puissent reprendre la partie. Les soigneurs sont rusés et emploient des remèdes illégaux, il y a des interventions extérieures sur le terrain. Bref, c’est la grande pagaille ! Celui qui ne lirait que l’Iliade aurait des Dieux une image déplorable et ne respecterait pas la religion grecque.

Les Héros sont aussi pitoyables que les Dieux. Ne parlons que de quelques-uns, les premiers rôles seulement. Le grand roi Agamemnon est obtus, vaniteux et vaguement méchant. Il ne songe qu’à son petit honneur personnel. Homère a beau nous répéter qu’il est le plus grand des souverains et très aimé de ses sujets, ce n’est pas vraiment ce que l’on voit dans le récit. Les combattants Achéens, Patrocle et les quelques guerriers mis en avant par l’auteur sont des concepts purs, ne connaissant pas le doute ou la peur, prêts à mourir pour une cause absurde (tout cela pour récupérer une femme, Hélène, raptée par le roi de Troie, Priam, alors que le roi Agamemnon dispose d’une belle collection de femelles à sa disposition). En face, du côté des Troyens, les fils de Priam meurent comme des mouches et seul survit Hector, le champion de Troie. Hector est un soldat imbu de sa personne et convaincu de sa supériorité, bref un personnage sans aucun intérêt. Enfin, j’ai gardé pour la bonne bouche le super-héros, Achille. C’est à lui que revient la queue du Mickey du manège troyen. Achille boude durant tous les combats, laissant ses frères d’armes se faire massacrer, car Monsieur Achille a été offensé par Agamemnon. C’est la mort de son ami Patrocle et les interventions divines qui vont le décider à aller combattre et à tuer Hector. C’est sur les démarches de Priam venant récupérer la dépouille d’Hector, son fils, que se termine le récit. Tout ça pour ça !

Bien sûr, les amoureux de cette oeuvre m’opposeront la culture antique de l’honneur et des vertus. Mais Homère la décrit de telle façon qu’elle est ridiculisée. Il y met certes les formes et use de tous les termes emphatiques pour décrire les grands sentiments de ses personnages, mais plus il en use, plus ils sont artificiels et ridicules.

Il reste le style. Je dois reconnaître le talent de l’aède, notamment dans le choix des formules, par exemple pour décrire la mort au combat, quand il dit d’un homme tombant au champ d’honneur « et ses armes tintent sur lui ». La forme trahit l’origine orale de cette épopée. Les répétitions à l’identique des dialogues sont typiques des procédés mnémotechniques des poètes oraux. Il faut bien reconnaître que cela passe beaucoup moins bien à l’écrit qu’à l’oral.

Aurais-je lu ce livre en lecture suivi ? Sûrement pas, justement en raison de ses répétitions incessantes et de la monotonie de l’action. En le lisant comme un feuilleton, je crois lui avoir rendu son vrai rythme. Je reste quand même perplexe sur son classement comme chef d’œuvre incomparable de l’histoire de la littérature humaine. Lecteur habituel de la Bible, je suis familier de ces styles antiques, marqués par l’oralité. Mais j’avoue ne pas avoir été convaincu par ma lecture de l’Iliade. Bon, je vous laisse, je vais bientôt commencer la lecture de l’Odyssée de la même façon. On en reparlera.

Jean-Michel Dauriac – Décembre 2024.

Leave a Comment

La pensée captive – Czselaw Milosz : à méditer encore de nos jours…

La pensée captive – Czselaw Milosz

Folio Essais – Gallimard – 2022 – 311 pages

Peut-on tirer quelque chose de bon d’une revue classée à l’extrême droite ? Voici une question sans objet pour un esprit de gauche ordinaire. La droite et, a fortiori, l’extrême droite, c’est le diable.

J’ai découvert l’existence de livre dans les pages de la revue Eléments, revue notoirement de droite (donc d’extrême droite pour un homme de gauche, puisque toute droite est extrême), fondée il y a des décennies par Alain de Benoist, un des plus grands penseurs français vivants.

Deuxième question impertinente : peut-on tirer quelque chose d’un livre écrit par un poète polonais il y environ soixante-dix ans, sous la dictature communiste, pour dénoncer ses ravages dans l’esprit et le comportement des individus ?

Le communisme s’est effondré il y a maintenant trente ans, l’économie de marché et la démocratie parlementaire ont triomphé, à quoi bon revenir sur cette période peu glorieuse ?

Ces deux questions sont évidemment rhétoriques, mais pas du tout inutiles. Elles permettent de mieux approcher l’ouvrage dont je veux vous parler aujourd’hui.

Être farouchement opposé au communisme stalinien fait-il de vous un homme de droite ? Si oui, alors j’en suis un et depuis longtemps. Je sais bien que la gauche a toujours un problème avec ça : elle condamne sans condamner tout en regrettant que… Il n’y a pas de bonnes dictatures, au prétexte qu’elles serviraient une cause noble. Ceci est une perversion de l’esprit. Le défenseur de la liberté se doit de haïr tous les despotes et dictateurs, quels que soient leurs bords. Le totalitarisme est asexué, ou ambidextre si vous préférez ! De même, tous les récits de lutte contre ces dictatures sont des avertissements pour des temps futurs sombres. Rien ne ressemble plus à la nuit qu’une autre nuit.

Ceslaw Milosz, prix nobel de Littérature 1980

Une préface du grand philosophe Karl Jaspers ouvre ce livre, avec beaucoup de pertinence en quelques pages. Il signale la position fort inconfortable de l’auteur, mais aussi son authenticité. Le livre lui donne largement raison. C. Milosz écrit de l’intérieur, un peu comme le firent Soljenitsyne ou Vaclav Havel. Il a servi ce régime communiste polonais dans les premières années de son existence, car, comme beaucoup de ces concitoyens, il espérait vraiment un renouvellement du pays. Mais il n’a jamais été un communiste militant et convaincu. Son histoire le prouve d’ailleurs, puisqu’il a fui la Pologne en 1951 et demandé l’asile politique en France, avant d’aller s’installer aux États-Unis. C’est là qu’il reçut le Prix Nobel de littérature en 1980.  Ce rappel pour signaler que c’est un livre d’écrivain, pas un reportage de journaliste. Les exemples qu’il prend, chez les artistes, surtout des écrivains, il les connaît parfaitement. Quel est son propos ?

Il veut montrer comment un pouvoir totalitaire s’empare des esprits ou des corps, soit par la contrainte violente (c’est le cas des arrestations arbitraires et des goulags), soit par la propagande, la lassitude et la servilité, sans oublier la peur. Il y a tout cela dans son livre. Il s’agit d’une série d’essais thématiques portant sur le conditionnement dictatorial communiste.

L’essentiel du contenu comporte des portraits qui, mis bout à bout, dessinent le paysage intellectuel d’une démocratie populaire dans le début des années 1950 (et ce jusqu’à la chute du système soviétique, à partir de novembre 1989). L’auteur débute son livre par une sorte de préambule, intitulé Au lieu d’une histoire, dans lequel il se situe dans l’enjeu politique de l’Europe centrale et orientale. Il faut prendre le temps de bien lire ces pages pour en pas mésinterpréter le livre. Voici ce que dit Milosz de lui-même :

« J’ai appartenu à la catégorie peut-être la plus nombreuse, celle des hommes qui, à partir du moment où leur pays est tombé dans la dépendance de Moscou, se sont efforcés de faire acte d’obéissance et ont été utilisés par les nouveaux gouvernements. Le degré d’engagement qu’on exige d’eux varie avec chaque cas individuel. Pour ma part, je n’ai jamais été membre du parti communiste, bien que j’aie travaillé de 1946 à 1950 en qualité de diplomate au service du gouvernement de Varsovie. » (p. 15-16).

Cette position est importante à comprendre, car elle fut celle, comme il le dit, de la majorité des hommes etd es femmes de ces pays. Ils voulaient sincèrement tourner la page du nazisme et croire qu’un autre monde était possible, comme le leur disaient les communistes. C’est avec le temps et la mise en place de l’inéluctable dictature que certains ont changé d’avis et attitude, allant jusqu’à fuir leur pays, comme l’auteur.

Les mécanismes qu’il va décrire sont ceux qu’il a pu observer lui-même et on sent, dans chacun des portraits types qu’il dresse qu’on pourrait, qu’il pourrait mettre un nom et un visage.

Le deux premiers textes sont généraux et décrivent un type d’attitude, plutôt qu’un personnage. Murti-Bing est une sorte de mise en bouche à partir d’un livre paru en 19332 à Varsovie (donc en dehors de tout contexte communiste), appelé Insatiabilité. Milosz nous décrit cet ouvrage de telle manière que nous pouvons le rattacher à la vague artistique de l’entre-deux-guerres, celle de l’expressionisme. Le Murti-Bing est un produit chimique, vendu sous le manteau, sous forme de pilules qui sont censées procurer sérénité et bonheur. Donc, une drogue. Qui immunise celui qui la prend contre toute préoccupation métaphysique et contre toute influence extérieure négative, une sorte d’euphorisant abrutissant. À partir de cette référence, l’auteur commence à décrire ce qui se passe dans son pays et les conséquences de la propagande. Il enchaîne avec un deuxième texte titré Le ketman – non sans avoir intercalé un chapitre sur l’Occident vu de ces pays communistes nouveaux -,  nom donné à une pratique venue des pays islamiques du Moyen-Orient. Le ketman est l’homme (ou la femme, bien sûr) qui dissimule ses sentiments et ses opinions et peut même aller jusqu’à jouer un rôle complètement inverse à ce qu’il croit profondément. Cette technique a de nouveau fait parler d’elle en Occident à partir des attentats du 11 septembre 2001, car elle a été utilisée par les terroristes pour se fondre dans la masse de leurs pays d’accueil et apparaître comme des voisins sans histoire, bons pères  ou bons collègues de travail. Le ketman trompe tout le monde. De l’exemple du cas historique présenté par Gobineau, écrivain français, Milosz passe rapidement à la même pratique en démocratie populaire. Ceux qui ont travaillé cette question ou eu l’occasion d’aller au-delà du rideau de fer ont pu vérifier la pertinence de cette image. Nombreux étaient ceux qui jouaient un rôle bien rodé pour avoir la paix. Cette pratique pose évidemment la question de savoir jusqu’où jouer le rôle et si cela ne mène pas à une sorte de schizophrénie profonde.  Les pages de ces chapitres sont à la fois tragiques et savoureuses, car elles sont remarquablement écrites et on y prend un réel plaisir.

Il se livre ensuite à une écriture qui ressemble à celle de La Bruyère, en plus développée : il dresse quatre « caractères » d’hommes face au pouvoir. Les quatre sont actifs dans le milieu communiste, de façon diverse. De manière quasi clinicienne, il les appelle par des lettres de l’alphabet, suivies d’un qualificatif. Il y a ainsi A., ou le moraliste, B., ou l’amant malheureux, C., ou l’esclave de l’histoire et D., ou le troubadour. Chaque cas est trop précis, tant dans son passé que dans son présent pour être une création de l’imagination. Ils ont tous côtoyé l’auteur, ils sont approximativement de sa génération. À travers ces quatre grands types, Milosz brosse le paysage intellectuel de ce que nous appelions alors les « pays de l’Est ». Les textes sont de véritables récits, charpentés et développés, que le lecteur peut lire dans le désordre s’il le veut, car ils sont une petite œuvre en soi. Il faut noter, outre la qualité du style, le fait que jamais C. Milosz ne se laisse aller à la méchanceté et à l’injure envers ces hommes, dont el comportement est assez misérable. Il décrit, en grand moraliste ; au lecteur de juger.

Le livre se conclut par un texte qui prend plus de recul et s’élève au niveau philosophique et politique, L’homme, cet ennemi de l’ordre, une sorte de bilan général. Il y aborde notamment le problème du Parti et de l’Église chrétienne, soulignant qu’il ne pouvait y avoir place pour deux Églises, sachant que le Parti savait qu’il était lui-même une Église. L’attitude variable des chrétiens y est suggérée et ce n’est pas toujours très flatteur. Le tout dernier chapitre est consacré aux grands vaincus de l’avancée communiste, Les Baltes, titre de ce chapitre. Milosz est né dans un de ces pays et y a été attaché ; il a vu comment l’Ours russe les a asservis, il le décrit à sa façon.

J’avoue que ce livre m’a beaucoup touché. Peut-être parce que j’y ai retrouvé ce que mes amis roumains m’avaient décrit ; mais plus sûrement parce que je crois profondément que ce qu’il décrit dépasse le seul cadre historique et spatial des Démocratie Populaires.

Ne nous y trompons pas, nous vivons au sein d’un Occident en train de devenir une dictature d’autant plus redoutable qu’elle avance maquillée et se drape des droits de l’homme et la lutte contre les injustices diverses. Bas les masques ! La dictature numérique est déjà en place et se consolide d’année en année. Quand elle aura réussi à supprimer la monnaie et l’écriture manuelle, elle aura privé l’humain de tout moyen de liberté. La vidéosurveillance (hypocritement rebaptisée par les Estrosi-Ciotti « vidéo-protection ») met en place le Big Brother qu’Orwell nous décrivait dans 1984. Il se banalise et gagne nos maisons et nos voitures : tout se filme et se consulte à distance. La pensée est de plus en plus encadrée par des censeurs à peu près aussi cultivés que les « gardes rouges » de Mao. L’Université est devenue la citadelle des intolérances après avoir été longtemps le refuge de la pensée libre. Les ketman sont parmi nous et se dévoilent brusquement lors d’attentats horribles ou de crimes sordides. Le Murti-Bing gangrène nos sociétés sous des noms divers : cocaïne,héroïne, crack, molécules de synthèse… Il est en grande partie prescrit par le corps médical sous les noms divers de psychotropes, antidépresseurs, anxiolytiques… au nom du soin. Alors, ne croyons pas que ce livre parle d’un ailleurs et d‘un autrefois lointain : il parle de nous et de nos attitudes face aux pouvoirs ; c’est donc avec urgence qu’il faut le lire et s‘en souvenir.

Jean-Michel Dauriac – décembre 2024.

Leave a Comment

Plutôt les transgenres que nos vieillards…

Titre du Figaro du vendredi 13 novembre : « La HAS veut un accès gratuit à la transition de genre à partir de 16 ans ».

Le titre surprend déjà, mais la lecture de l’article est bien plus dérangeante. Il s’agit d’un rapport officiel demandé à la Haute Autorité de Santé, organisme indépendant, qui doit être publié ces jours-ci et dont le texte est à la relecture. Qu’y apprend-on ?

Qu’un comité idoine a été créé suite à la demande de l’Etat pour ce rapport. Que ce comité est présidé et composé, soit par des transgenres, soit par des associatifs œuvrant pour eux ou par des personnalités ayant fait connaître leur soutien à cette cause. Comme pluralité d’avis, on peut faire mieux. Cela fait songer à la mascarade de la consultation sur le climat organisé par sa majesté de Bourbon-Macron, où tout était noyauté par des gens du même bord, soit des écolos purs et durs, sans aucune contradiction interne. Il est certain que c’est une conception particulière de la démocratie. Celle qui est dans la continuité de l’emprise woke, décoloniale et déconstructiviste qui gangrène notre université, nos médias et, de plus en plus, nos écoles. Pas de liberté pour les partisans de la liberté d’expression.

Le contenu qui est dévoilé (et qui a peu de chance d’être modifié vue les relecteurs !) pose de sérieux problèmes éthiques et sociaux. La grande idée est de créer un service public de la transition de genre pour aider tous ceux (sans doute des millions en France, si on en croit nos entourages !) qui le souhaiteraient et ce, à partir de 16 ans. Il est proposé que tous les soins, nombreux et coûteux, soient remboursés par la sécurité sociale. Il est également prévu des structures pour recevoir les parents pas convaincus et les faire changer d’avis. Tout un code pratique est prévu pour les personnels qui travailleront à cette grande cause nationale, code bienveillant qui enfourche tous les tics de langage et de posture apparus depuis quelques années. Il est également dit qu’aucune évaluation du comportement de la personnalité des demandeurs ne sera faite. On laissera donc seuls des jeunes de 16 à 18 ans, entre les mains d’associations pro domo. Tout cela brosse évidemment le portrait d’un futur effrayant.

La photographie qui illustre l’article du Figaro

Essayons de raisonner sérieusement sur ce sujet. Si le changement de genre (et non plus seulement de sexe !) est devenu un droit réclamé à corp et à cri par une toute petite minorité bruyante et agissante, c’est sans aucune considération de l’opinion publique des Français. Mais il y a un gouffre entre autoriser (sous certaines conditions) une démarche extrêmement lourde et médicalement dangereuse à terme et en faire supporter la charge par e système de santé commun auquel tous les travailleurs cotisent. Alors que, dans le même temps, obtenir des prothèse dentaires coûte toujours un fortune et disposer de bonnes lunettes n’est pas assuré par le fameux 100% santé. Qu’est-ce à dire pour la population ? Une bonne dentition, de bonnes prothèse ou lunettes ou des opérations castratrices ou reconstructives pour une minorité ? Où est l’intérêt général du peuple ? Ceux qui soutiennent ces dérives sont complètement coupés du réel, vivant dans des tribus sociétales de nantis ou de victimes de leurs propagandes. Nous savons tous que le budget de la Sécu n’est pas extensible à l’infini. Il faut établir des priorités, fondées sur la santé et le nombre de gens concernés. Dans ces deux cas, le phénomène transgenre est très périphérique.

Par contre, les mêmes qui vont soutenir ce programme et le faire arriver dans l’hémicycle parlementaire, se soucient comme d’une guigne du grave problème de la grande vieillesse et de la dépendance, pour être plus précis du scandale des EHPAD. Or, tout jeune militant des causes perdues est un futur vieillard. Tous, ou presque, nous avons des parents ou des proches qui sont concernés ; ils sont des millions à vivre dans des établissements indignes, quel que soit le standing extérieur affiché, car le problème est à la fois un problème de gestion financière (pour les actionnaires dans les groupes dominants, pour garder l’équilibre dans le secteur associatif) et d’éthique de la personne. Et, contrairement à la question de la transition de genre, on n’est pas dans un choix délibéré, mais dans un état contraint. Ce que subissent nos anciens dans ces établissements est scandaleux, nous le savons, les preuves ont été apportées. Il y a un manque crucial de personnel qualifié, en raison des bas salaires proposés et des conditions de travail. Alors, s’il faut choisir où mettre de l’argent, je le dis clairement, ; c’est dans l’amélioration de ces conditions et la reprise en main complète de ce secteur que dans un remboursement intégral des transitions de genre. La détresse de certaines personnes mal dans leur être est certes bien réelle, mais elle ne peut occulter celle de millions de vieillards, souvent seuls et sans défense.

Alors, puisqu’il FAUT choisir, je choisis sans hésiter nos vieillards et je rejette l’idée absurde de ce service public de niche. Libre à ceux qui me lisent de me traiter de « fasciste », insulte préférée de ceux qui ne pensent pas comme la coalition arc-en-ciel.

Jean-Michel Dauriac – 14 décembre 2024.

Leave a Comment