Skip to content →

Le Blog à Jean-Mi ! Posts

La foi et le triomphe du mal – Méditations de sortie de l’Arche 3

La version audio est là:

Lectures de base : Esdras 4 : 1-5 ; 24. version NEG.

« 1   Les adversaires de Juda et de Benjamin apprirent que les exilés bâtissaient un temple pour le SEIGNEUR, le Dieu d’Israël.

2  Ils s’approchèrent de Zorobabel et des chefs de famille et leur dirent : Nous bâtirons avec vous ; car, comme vous, nous cherchons votre Dieu, et nous lui offrons des sacrifices depuis le temps d’Asarhaddon, roi d’Assyrie, qui nous a fait monter ici.

3  Mais Zorobabel, Josué et les autres chefs des familles d’Israël leur répondirent : Ce n’est pas à vous et à nous de bâtir une maison pour notre Dieu ; nous bâtirons nous seuls pour le SEIGNEUR, le Dieu d’Israël, comme nous l’a ordonné le roi Cyrus, roi de Perse.

4  Alors le peuple du pays se mit à décourager le peuple de Juda et à l’intimider pour l’empêcher de bâtir ;

  • ils payèrent des conseillers contre eux, pour faire échouer leur projet, pendant tous les jours de Cyrus, roi de Perse, et jusqu’au règne de Darius, roi de Perse. […]

24  Alors s’arrêta l’ouvrage de la maison de Dieu à Jérusalem, et il fut interrompu jusqu’à la seconde année du règne de Darius, roi de Perse »

 Après avoir rétabli la communion avec Dieu par le culte, les Hébreux vont pouvoir poser les fondations du Temple. Lisons Esdras 3 : 8-11 : « 8 ¶  La deuxième année après leur arrivée à la maison de Dieu à Jérusalem, au deuxième mois, Zorobabel, fils de Shéaltiel, Josué, fils de Yotsadaq, avec le reste de leurs frères, les prêtres et les lévites, et tous ceux qui étaient revenus de la captivité à Jérusalem, commencèrent le travail et chargèrent les lévites depuis l’âge de vingt ans et au-dessus de surveiller les travaux de la maison du SEIGNEUR.

9  Et Josué, avec ses fils et ses frères, Qadmiel, avec ses fils qui étaient judéens, les fils de Hénadad, avec leurs fils et leurs frères les lévites, se chargèrent tous ensemble de surveiller ceux qui travaillaient à la maison de Dieu.

10  Lorsque les bâtisseurs posèrent les fondations du temple du SEIGNEUR, on mit en place les prêtres en costume, avec les trompettes, et les lévites, fils d’Asaph, avec les cymbales, afin de louer le SEIGNEUR d’après les indications de David, roi d’Israël

11. Ils louaient et célébraient le SEIGNEUR par le chœur : « Car il est bon, car sa  fidélité envers Israël est pour toujours ! » Et tout le peuple lança une grande acclamation, en louant le SEIGNEUR, parce qu’on posait les fondations de la maison du SEIGNEUR. (version NEG) » Enfin la mission glorieuse commence. Cela démarre par une grande joie, comme nous le rapporte le verset 11. Même si les plus anciens – il devait donc y avoir des personnes très âgées –, eux, pleurent en se souvenant du premier Temple et de sa destruction. C’est le temps de la restauration, c’est la fête. Il y a toujours de l’ambiance et de l’enthousiasme quand on démarre un grand projet. Et c’est humain, très humain. Cependant, il faut avoir une vision plus large et songer à l’ensemble de l’oeuvre. Ecclésiaste 7 : 8 nous dit : «  Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement… » Ne soyons pas des enfants. Poser la première pierre est toujours facile, remettre les clés au propriétaire en fin de chantier est plus ardu, mais aussi bien plus satisfaisant.

Retour à Sion. La Période du Second Temple.

Car, après ces débuts festifs, commencent les vrais difficultés. Ce sont les passages que nous avons lus au début de cette méditation.

Au verset 1, l’expression « Les ennemis de Juda et Benjamin » indique un contexte hostile. Malheureusement, le monde n’est pas vertueux, il est à l’image des hommes. Il faut être lucide, le peuple de Dieu a des ennemis, y compris dans ses voisins. Ce verset confirme d’ailleurs ce que nous avons dit à propos d’Esdras 3 :3, à savoir que les Hébreux, par crainte des populations locales, avaient d’abord restauré l’autel et le culte. C’est une des caractéristiques d’un esprit « réveillé » que d’être lucide et prudent. Or, ces ennemis apprennent quelle est la finalité du retour des captifs, rebâtir le Temple. Tant qu’ils ne savaient rien, ils ne se manifestaient pas concrètement. Mais lorsque le projet commence à devenir réel, avec la pose des fondations, leur hostilité devient visible. Nous devons savoir que, si nous annonçons notre intention de rebâtir le Temple aux gens de notre époque, cela va se passer ainsi. Mais que signifie donc « rebâtir le Temple » ?

Il s’agit, d’une manière ou d’une autre, de remettre Dieu au cœur de la cité. Non pas pour revenir en arrière, vers la chrétienté médiévale, vers la théocratie ou pour l’alliance de l’Eglise et de l’Etat. Mais pour proposer aux hommes et aux femmes de notre voisinage – notre pays, notre région, notre ville… – de découvrir la culte authentique, le bon, l’agréable et le parfait. Or, il y a énormément de personnes qui ne veulent pas de cela.

Voyons ce qui se passe à Jérusalem : le verset 2 du chapitre 4 nous décrit la démarche des ennemis. Ils viennent proposer aux Hébreux de bâtir avec eux, car, disent-ils : « nous invoquons votre Dieu. » Voici le piège de la séduction : ce ne sont donc pas des ennemis, ils ont la même foi et accomplissent le même culte. Ce piège est aussi vieux que la tentation du Serpent dans le jardin d’Eden. « Dieu n’a-t-il pas dit ? » dit le serpent. Sous entendu : je suis avec vous, je sais ce que Dieu a dit et veut. Eve et Adam n’ont pas su déjouer cette ruse et ils ont alors découvert qu’ils s’étaient distanciés de Dieu par leur désobéissance. Si les Hébreux acceptent avec joie la proposition des ennemis, ils passent à côté de leur mission. Ils se laissent berner par un pseudo-discours religieux. Aujourd’hui ce discours des ennemis existe, il est omniprésent chez les marchands de syncrétisme, les gourous d’un faux oecuménisme, les vendeurs de zénitude et de développement personnel. Il est aussi chez certains politiques qui draguent les voix chrétiennes. Ils usent tous des mêmes ruses, mettent en avant Dieu et la foi. Et il est facile de se laisser berner. Je ne vais pas ici vous détailler les exemples bibliques de ce genre de piège, mais il y en a beaucoup, tant dans la Bible juive que dans le Nouveau Testament.

Comment réagir ? Faut-il passer pour des sectaires, des réactionnaires, des esprits obtus, alors que le discours dominant – mensonger, rappelons-le – est irénique et universaliste autant que relativiste. Oui, il faut oser être fidèle à la révélation et à la mission donnée par le réveil de l’esprit.

Le verset 3 montre que les chefs des Hébreux ont été éclairés et ont bien marqué leurs différences. Ils ont rappelé l’Edit de Cyrus, la suprême autorité terrestre. Ils avaient conscience de leur responsabilité et ne se sont pas laissés endormir par des discours trompeurs.

Quand nous sommes ainsi sollicités, pour nous fondre dans un grand tout qui a l’apparence de la piété, mais qui en est en réalité la négation de fond, soyons fermes sur nos convictions. Il ne s’agit nullement d’un manque d’amour, mais de fidélité à ce qui nous sauve : la Parole de Dieu donnée aux hommes. Jean a dit, dans son épitre, ch. 4, versets 1 et 2 : « 1   Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.

2  Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : tout esprit qui se déclare publiquement pour Jésus-Christ venu en chair est de Dieu. (version NEG) »

Seul l’Esprit de Dieu peut éprouver les esprits. L’homme charnel se laisse berner par l’esprit séducteur des discours aimables du monde. L’homme spirituel – celui qui a l’esprit « réveillé »  – voit l’esprit à l’œuvre derrière les belles paroles de séduction. Les Hébreux ont su discerner cela, par leur esprit en éveil. Les voici donc sauvés de ce piège, si tentant. Est-ce fini ?

Bien sûr que non, car l’esprit des ennemis ne peut renoncer. Mais quel est donc cet esprit si dangereux ? Allons encore en 1 Jean 5 :19 : « Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est au pouvoir (ou gît sous le pouvoir) du Malin. » Il s’agit donc d’une lutte entre deux esprits. Celui de Dieu – qui nous assure que nous sommes à lui – et celui du Malin, qui n’est pas un Dieu du mal. En Hébreu, ce mot « malin » veut dire « adversaire, accusateur », et en grec, c’est le mot « diabolos – diable », qui signifie : le diviseur, le dénonciateur. Ce discours trompeur se présente sous le masque de l’unité de la foi pour diviser Dieu et son peuple. Ne craignons pas d’être fermes et de refuser tout compromis. Ceci ne nous empêche nullement d’être fraternels et pleins d’amour pour ceux qui sont sous l’emprise de cet esprit. Car nous n’avons nulle supériorité, nul avantage supplémentaire, nous ne sommes pas les auteurs de notre éveil et de notre salut. Nous avons simplement accepté de nous laisser réveiller. Pour établir le culte vrai aux yeux du monde afin qu’il ait le choix de la vie.

Les versets 4 et 5 montrent que les ennemis tentèrent de décourager le peuple, de l’intimider. Puis de le corrompre. Cela dura plusieurs années, si l’on se réfère à la chronologie des faits. La lutte a donc été longue et harassante pour les missionnés de Dieu. Ne croyons pas que nous échapperons à la lutte si nous affichons clairement la bannière de Dieu : toute la Bible nous atteste du contraire. Marcher et bâtir avec Dieu, c’est combattre sans cesse contre l’une ou l’autre des attaques du diviseur.

Cette lutte est remontée jusqu’à l’Empereur, à plusieurs reprises. Les Hébreux furent dénoncés comme préparant une révolte – lire les versets 6 à 24 du chapitre 4. Les arguments choisis ont fait mouche et Artaxerxès y fut sensible. Le verset 24 montre le coup d’arrêt du projet du Temple. Triste défaite. Mais que fait donc Dieu ? Pendant près de 10 ans, rien. Alors, où est la morale, où est la victoire ? le mal a triomphé. A quoi a servi l’esprit, la lucidité et le culte pratiqué ? A vues humaines, à rien. Celui qui sonde la Bible et la vie des hommes et des femmes de Dieu dans l’histoire de l’Eglise universelle sait que cela arrive souvent. Parfois Dieu semble nous abandonner.  Dans le célèbre chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux, l’auteur écrit à propos de tous ces individus qui ont espéré et vécu par la foi :

« Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur était promis. »  Dieu serait-il menteur ? Ce verset met en lumière la différence de temps entre les hommes ou Dieu. Les hommes peuvent avoir l’impression d’être laissés seuls. Le grand mystique Jean de La Croix appelait ce temps de lutte « la nuit ». Nous avons vu aussi Job passer par là. Seule la foi peut alors nous aider. Je reprends pour terminer la parole de Qohélet citée plus haut :

« Mieux vaut l’aboutissement d‘une affaire que son commencement. »

Nous verrons l’aboutissement dans les prochaines méditations

Jean-Michel Dauriac – juin 2020.

Leave a Comment

A ceux qui ignorent le sens des mots: « distanciation sociale », un monstre sémantique

Durant deux mois de claustration sanitaire, nous avons subi, au travers des journaux d’informations, papier ou autre, un bombardement de néologismes, de termes anglais adoptés sans aucun discernement et des formules totémiques absurdes.

L’expression « distanciation sociale » est sans doute l’exemple le plus frappant de l’absurdité médiatique. mais il est aussi significatif que cela ait été repris par tous sans aucune analyse. le panurgisme de nos pseudo-élites est impressionnant.

La notion de « distanciation » est claire: ils ‘agit du fait de mettre à distance. le terme a beaucoup été utilisé à propos du théâtre de Bertold Brecht. Un entomologiste met à distance l’insecte qu’il étudie pour l’observer au microscope ou dans un milieu quelconque. On juge de tel ou tel événement avec distanciation, si l’on est peu impliqué dedans ou si l’on a suffisamment de maîtrise de soi pour prendre du recul. Bref, la distanciation implique l’acrt, l’éloignement objectif.

Le mot « social » est relatif à ce qui touche une société; une société se sont des gens qui vivent en proximité car ils ont et veulent avoir des rapports humains? Un ermite se place hors ud jeu social, un prisonnier mis en isolement est désocialisé par sanction. Le social implique la proximité et la relation.

Cette expression est sans doute un emprunt stupide à l’anglais

Mais mettez ensemble « distanciation » et « social », et vous obtenez un non-sens sémantique, ce que l’on nomme dans le catalogue des figures de style, un oxymore. Sauf que l’oxymore est le plus souvent volontaire, pour produire un effet. Là, dans le contexte de l’épidémie, nul effet n’était recherché, les gens à la manoeuvre n’étant pas des poètes et des littérateurs. Ils ont simplement accolé ensemble deux termes qu’il ne faut pas marier et ont commencé à diffuser cette consigne débile. Si on les comprend, pour protéger l’autre, le « socius », mon partenaire de société, il faut s’éloigner de lui. il faut rompre le social pour manifester un comportement altruiste. La distanciation est la mort du social, son exact contraire. Et voilà comment des millions de gens ont usé d’une expression qui dit exactement le contraire de ce qu’elle est censée vouloir dire. Et ce n’est qu’un petit exemple entre milles de la bêtise ordinaire démultipliée par la loup médiatique.

Quand une fois de plus, l’absurde est garanti par le gouvernement!

Veillons donc, d’abord, au sens des mots. Nous savons qu’ils peuvent caresser comme blesser ou tuer. un mésusage des termes peut avoir de très graves conséquences: des livres savants entiers ont été écrits sur ce sujet. La tourmente médiatique nous emporte sans cesse et nous ôte notre capacité à vivre justement la distanciation nécessaire avec ces termes et ces expressions En son temps Léon Bloy, le génial imprécateur catholique a écrit une brillante « Exégèse des lieux communs »; des décennies plus tard, Jacques Ellul a produit, dans son sillage, une « Nouvelle exégèse des lieux communs ». Ces livres sont en evnte libre, on peut et on doit les lire pour se prémunir.

Depuis la fin du confinement, sans doute alertés par un quelconque académicien jovial, les crocodiles du marigot médiatique et politique parlent, à juste titre de « distance physique » à respecter. Ils se seraient honorés d’y réfléchir avant.

One Comment

L’homme providentiel – une réflexion chrétienne

 

Introduction :

 

Ecoute de « L’homme dans la cité » de Jacques Brel

 

« Ah que nous vienne un homme, aux portes de la cité ». Voici bien posé le thème de ce culte d’actualité : les sociétés humaines ont toujours compté sur la venue hypothétique d’un homme capable de les sortir de situations épineuses : un « sauveur » laïc en quelque sorte. Les historiens ont appelé « homme providentiel » ceux qui surgissent de temps en temps dans l’histoire d’un pays ou d’une société et suscitent une adhésion massive et une grande espérance. L’historien Jean Garrigues y a consacré un livre récent, dans le cadre d e l’histoire de France.

hommes-providentiel-garrigues-couv.jpg

 

La genèse ancienne de l’homme providentiel

 

 

Ce n’est pas un fait nouveau, nous en trouvons trace très loin dans l’antiquité et sa littérature. On peut identifier deux sources antiques à ce fait, qui sont aux sources de notre culture occidentale.

 Les Grecs ont créé une mythologie complexe, avec une hiérarchie d’intervenants : les dieux, nombreux, les demi-dieux, fruit d’un accouplement divin avec une humaine, et les Héros, hommes providentiels capable d’exploits : Hercule- Héraklès  est le plus célèbre. Nous trouvons la transposition de ces faits dans la série dessinée Astérix.

Mais la matrice la plus importante est hébraïque, avant même d’être juive. L’homme attendu, c’est ce que la Bible juive appelle le messie (messhia), l’envoyé, le serviteur d’Adonaï. Celui qui rétablira le royaume d’Israël en majesté, séchera toute larme et établira un règne éternel de paix. Le terme d’attente « messianique » est devenu synonyme d’« homme providentiel ». mais dans la conception juive, le messie est un nom commun, dont le dernier seul est celui qui peut d’écrire avec une majuscule.. Voici quelques références de la Bible qui montrent que le mot s’est appliqué à Saül, avant d’être appliqué à Jésus dans le cadre du second testament.

 

1 Samuel 2 : 10

« 10  Les ennemis de l’Eternel trembleront ; Du haut des cieux il lancera sur eux son tonnerre ; L’Eternel jugera les extrémités de la terre. Il donnera la puissance à son roi, Et il relèvera la force de son oint. »

 

 

1 Samuel 12 :3 à 5 :

« 3  Me voici ! Rendez témoignage contre moi, en présence de l’Eternel et en présence de son oint. De qui ai-je pris le bœuf et de qui ai-je pris l’âne ? Qui ai-je opprimé, et qui ai-je traité durement ? De qui ai-je reçu un présent, pour fermer les yeux sur lui ? Je vous le rendrai.

4  Ils répondirent : Tu ne nous as point opprimés, et tu ne nous as point traités durement, et tu n’as rien reçu de la main de personne.

5  Il leur dit encore : L’Eternel est témoin contre vous, et son oint est témoin, en ce jour, que vous n’avez rien trouvé dans mes mains. Et ils répondirent : Nous en sommes témoins. »

 

 

1 Samuel 24 : 5 à 7 :

«   (24-6) Après cela le cœur lui battit, parce qu’il avait coupé le pan du manteau de Saül.

6  (24-7) Et il dit à ses gens : Que l’Eternel me garde de commettre contre mon seigneur, l’oint de l’Eternel, une action telle que de porter ma main sur lui ! car il est l’oint de l’Eternel. »

 

 

Jean 1 :40-41 :

« 40  André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean, et qui avaient suivi Jésus.

41  Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ). »

 

Jean 4 :24 – 25 :

« 25  La femme lui dit : Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses.

26  Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. »

 

Ces textes montrent qu’il y a un usage ancien du terme qui s’inscrit dans l’histoire d’Israël. Mais cette attente a, au fil du temps,  dérivé vers des aspects purement humains ou s’est fondée sur des artifices politiques.

 

Ce besoin d’un personnage miraculeux qui résoudrait les difficultés se rencontre tout au long de l’histoire :

 

Les Romains ont divinisé leur empereur : César et Auguste ont su en jouer pour installer leur pouvoir.

L’Eglise ou les religions diverses ont mis en avant certains personnages qui avaient leur soutien : Charlemagne en Occident ou Saladin en Orient.

En Amérique, avant l’arrivée des conquistadores, le Grand Inca était un dieu vivant.

 

On a aussi créé des mythes à partir de personnages hors du commun :

 

Alexandre le Grand, figure du conquérant lettré, aventurier et fondateur de villes et pays.

Gengis Khan, le grand empereur mongol nomade est mythifié en extrême Orient.

Napoléon Ier se rêvait en successeur de César et Alexandre ; il est lui-même devenu un mythe.

Plus près de nous, en Amérique Latine, on voit bien ce qu’il est advenu du Che Guevara. Le président Hugo Chavez, au Vénézuela, se prenait pour Simon Bolivar, le héros des indépendances du sud des Amériques.

 

Un chant  :

 

 

Le mécanisme de « l’homme providentiel »

 

Voyons maintenant comment fonctionne le mécanisme de « l’homme providentiel » :

·        Au départ se trouve toujours une situation exceptionnelle, inattendue ou insoluble.

·        En découle une crise due à l’incapacité des dirigeants en place à résoudre cette ou ces difficulté(s).

·        Naît alors le désir, confus d’abord, puis de plus en plus formel, évoqué au début par Jacques Brel, d’un « sauveur humain » capable de prendre la difficulté à bras-le-corps et de la surmonter.

·        Rarement, surgit un personnage qui va solutionner totalement ou partiellement la crise.

·        En général, après cette résolution ou son apparence momentanée, vient une période de perte de confiance, de doute envers « l’homme providentiel » qui quitte le pouvoir, est tué ou meurt…

Ce schéma peut-être vérifié sur tous les exemples précédemment cités.

 

Quelques exemples rapides pris dans notre histoire française valident ce processus :

 

·        La Révolution Française de 1789 entraîne des violences inouïes, la ruine économique et le désordre politique total : surgit Bonaparte, héros guerrier, qui se mue en César génial ; il pose les bases d’une France réorganisée (« les masses de granit »), mène des guerres partout et chute en deux temps, pour finir en exil au milieu de l’Atlantique Sud et y mourir isolé.

·        La Grande  Guerre de 1914-18 en France s’avère un désastre. Verdun est une boucherie sans nom. Deux hommes surgissent, amis pas de nulle part : Georges Clémenceau, le « père la victoire » et Philippe Pétain, « le vainqueur de Verdun ». Le peuple français a besoin de ces deux hommes providentiels pour sortir la tête des tranchées ; mais cela n’aura pas de suite et l’on connaît le rôle lamentable du second dans les années 1940 !

·        L’Allemagne d’après 1918 : un effondrement économique total, une inflation énorme, une humiliation inoubliable, une désordre politique et social sont le terreau d’où émerge le caporal-chef Adolf Hitler et le parti national-socialiste ; en 1933, il est élu à la majorité par les Allemands qui voient en lui un sauveur. Le monde entier connaît la suite et la fin.

·        La France de 1940, humiliée, occupée et trahissant ses principes suscite la réaction d’un général inconnu, De Gaulle, en exil à Londres d’où il organise la France Libre. En 1944, sa descente des Champs-Elysées est comparable au triomphe César entrant dans Rome. Mais dès 1947 il est poussé à la sortie. Son retour en 1958, sous les traits de l’homme providentiel une seconde fois, aura un temps de réussite net puis lassera l’opinion et il démissionnera en 1969.

 

L’homme providentiel incarne la résolution du problème et parfois el costume est trop grand pour lui. Il se trouve alors dépassé par les attentes et sa chute est proportionnelle à cette attente démesurée.

 

Un chant :

 

La France de 2017 et l’homme providentiel

 

Venons-en au présent et examinons la situation de la France des dernières années.

·        En 2016, la France finit deux quinquennats présidentiels très décevants eu égard aux promesses faites, l’un de droite avec M. Sarkozy et l’autre de gauche avec M. Hollande. Toutes les recettes ont échoué. Les Français boudent les élections, se tournent vers les extrêmes populistes. La crise de la démocratie parlementaire est réelle, doublée d’une crise économique et sociale. Est-ce une situation exceptionnelle ? on peut en douter mais…

·        Les candidats à la succession d’empêtrent dans des scandales financiers (François Fillon et Marine Le Pen), les deux anciens présidents sont rejetés par leurs partis. C’est le bal des seconds couteaux.

·        Et surgit, « de nulle part », selon la formule (qui est fausse si on y réfléchit), un homme neuf, jeune, brillant, moderne, Emmanuel Macron,  qui se présente comme celui qui va renverser « l’ancien monde politique » et réinventer la démocratie tout en relevant le pays. C’est en fait une rhétorique très classique (on a cela dans la Rome antique déjà) de l’ambitieux qui se pose en homme providentiel (Giscard d’Estaing a joué cette partition en 1974, mais on l’a oublié).

·        La victoire est acquise de manière irrationnelle, sans vrai programme, sans expérience aucune, avec seulement la promesse d’en finir avec l’« ancien monde ».

·        La suite est notre présent ; ce n’est pas le lieu d’en dire plus…

 

Nous avons là toutes les caractéristiques de « L’homme providentiel ».

 

Qu’il réussisse ou qu’il échoue, celui-ci reste dans l’histoire, au moins un certain temps.

 

Un chant

 

 La Providence et sa manifestation

 

 

Mais qu’est-ce que cette « providence » qui l’aurait choisi ?

 

La providence est une idée grecque reprise par la théologie chrétienne, qui lui a donné un sens beaucoup plus large. En voici une définition :

 

« On désigne sous le nom de « providence » la manière dont Dieu gouverne le monde selon des fins. Au sens large, la providence concerne toute la création, en un sens plus étroit elle concerne l’humanité et, plus spécifiquement encore, l’orientation de l’histoire. » Dictionnaire de Théologie – J-Y Lacoste direction – PUF.

Sans entrer dans la subtilité des débats philosophiques et théologiques, il faut admettre la place capitale de la providence dans la foi chrétienne – il n’y a de providence que dans la foi. Donc, parler d’« homme providentiel » dans notre monde actuel est soit un non-sens complet, soit une espérance à justifier. En tous les cas, cela prouve qu’on ne se débarrasse pas du christianisme aussi facilement !

 

Nous croyons à la Providence de Dieu ; elle est constitutive du message de l’Evangile. La Providence s’est manifestée en Jésus qui fut, de facto, le seul « homme providentiel » de l’histoire, puisque le seul choisi et envoyé explicitement par Dieu.

 

Or Jésus n’a pas été plébiscité par les hommes de son temps et de son peuple. Ils ont hurlé « crucifie-le » à Pilate qui voulait le libérer. Avant cela, plusieurs fois, nous disent les Evangiles, il a dû fuir pour échapper à la mort. Il a été trahi et renié par Judas et Pierre, les autres disciples se sont enfuis. Il a été mis à mort comme un criminel. Dans tout cela nous ne retrouvons rien des « hommes providentiels » de l’histoire des hommes.

 

C’est que dans l’ascension des « hommes providentiels », il n’est nulle « providence », mais la manifestation de la liberté et de l’ambition humaines.

 

Nous, chrétiens, ne devons jamais nous laisser séduire par les « hommes providentiels », quels qu’ils soient ; ce sont des « faux prophètes » au sens biblique, car ce qu’ils disent n’advient pas. Nous avons en Jésus notre Providence, cause de notre salut et objet de notre foi. Mais il été annoncé comme le « Serviteur souffrant » et non comme un quelconque César, c’est d’ailleurs pourquoi certains juifs de son temps n’ont pu l’accepter, car ils attendaient un messie glorieux et vainqueur des Romains.

 

Conclusion :

Lecture Esaïe 53: versets 1 à 10

 

Leave a Comment