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Catégorie : Bible et vie

Tu es mon essentiel – Méditation de sortie de l’arche n° 18

La version audio est là:

Introduction :

Nous vivons actuellement un moment très particulier, qui a d’ailleurs été à l’origine de ces méditations. Le monde est parcouru par une épidémie virale, baptisée Covid 19, portée par un virus de la famille de celui de la grippe, qui perturbe et effraie la population mondiale. Les dirigeants des divers pays réagissent très différemment, mais partout la peur se fait sentir : en France, le gouvernement a pris des mesures très sévères en mars 2020, en confinant sa population à domicile, et en fermant la plupart des commerces, lieux de culture et de sport. Pour justifier ces mesures, il s’est appuyé sur la distinction nouvelle et théorique entre commerces et activités essentiels et commerces et activités non essentiels[1]. Je ne souhaite pas, dans ce cadre, discuter ce choix, mais m’en servir comme point de départ de cette méditation. Qu’est-ce qu’être essentiel à l’humain et qu’est-ce qui nous est essentiel ?

Le point de départ, une fois n’est pas coutume, ne sera pas un texte biblique, mais le refrain d’un chant protestant dont nous usons dans nos cultes et rassemblements.

« Je chanterai gloire à l’Eternel,

Je chanterai louange à son nom,

Je chanterai Dieu, mon essentiel,

Je chanterai en l’honneur de son nom. » (recueil J’aime l’Eternel, vol. 3, n° 910)

Je retiendrai la troisième affirmation : « Je chanterai Dieu, mon essentiel ».

De l’essentiel au non-essentiel

Commençons par rappeler de quoi nous parlons :

  • Est essentiel ce qui appartient à l’essence ou à la nature propre d’une chose. Il faut donc en venir à ce qu’est l’essence d’une chose.
  • Le grec Ousia désigne l’essence (mais aussi la substance, quasi- synonyme), ce qui fait d’une chose ce qu’elle est. On peut parler de la nature d’une chose. L’essence se définit par des caractéristiques propres à chaque objet ou être.

Sans entrer dans un cours de philosophie, il faut donc se demander en quoi nous pourrions affirmer que Dieu nous est essentiel. Il faut également compléter cette interrogation en l’élargissant : qu’est-ce qui est essentiel à l’être humain ?

Tout ce qui ne rentrera pas dans ces éléments de l’essence humaine sera donc de fait non-essentiel.

Nous rentrons ici dans le vif du sujet, car la question de l’essence est première pour la pensée philosophique. Pour simplifier, il existe deux conceptions antagonistes de l’essence humaine.

  • La conception athée et matérialiste, qui a son origine chez les penseurs atomistes grecs antiques, comme Démocrite, dit : l’homme est un assemblage d’atomes (on dirait aujourd’hui de cellules), donc d’abord de matière (chair, sang, os, eau…). Au XXe siècle, les existentialistes athées précisent la définition (voir Heidegger ou Sartre) : lisons ce court extrait de l’œuvre qui a rendu Jean-Paul Sartre célèbre, L’existentialisme est un humanisme :

« L’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après […] L’homme n’est rien, il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera faitAinsi il n’y a pas de nature, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. »

Cette conception écarte donc à la fois l’idée d’un Dieu créateur et d’une nature humaine spécifique (cela rejoint la position de Karl Marx). L’homme est ce qu’il se fabrique à partir de lui-même, en tant qu’être vivant. On résume cela par la maxime suivante, souvent proposée aux candidats au baccalauréat en composition de philosophie : « L’existence précède l’essence » ».

  • La conception métaphysique, spiritualiste et/ou chrétienne est le strict contraire : « L’essence précède l’existence ». Il faut se garder de réduire aux seuls chrétiens cette catégorie, même si, en Occident, ils ont été en position dominante. Il existe tout un courant idéaliste, depuis Platon, qui travaille à définir et légitimer une essence humaine ou une nature humaine. Ce courant est par contre non-matérialiste, quelles que soient ses positions.

Pour centrer sur la foi chrétienne, il faut rappeler que la nature humaine est définie dès le début de la Genèse au chapitre 1 : 26-27 :

« 26   Dieu dit : Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, pour qu’ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre.

27  Dieu créa les humains à son image : il les créa à l’image de Dieu ; homme et femme il les créa. » (version NBS)

D’après ces deux versets, il y a dans l’humain une part de Dieu, ce que les mots « image » et « ressemblance » décrivent clairement. De plus, le propos est répété au verset 27 et en Genèse 5 : 1-2. Il s’agit donc d’une notion capitale qui justifie la répétition. Il faut ajouter l’affirmation du psalmiste en psaume 8 : 5-8 :

« 5  Tu en as presque fait un dieu : tu le couronnes de gloire et d’éclat ;

6  tu le fais régner sur les œuvres de tes mains ; tu as tout mis sous ses pieds :

7  tout bétail, gros ou petit, et même les bêtes sauvages,

8  les oiseaux du ciel, les poissons de la mer, tout ce qui court les sentiers des mers. » (version TOB)

L’homme n’est pas divin (« tu en as presque fait un Dieu »), mais il y a du divin en lui. Et comme nous savons par Genèse 3 :22-24 :

« 22  L’Eternel Dieu dit : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d’avancer sa main, de prendre de l’arbre de vie, d’en manger, et de vivre éternellement.

23  Et l’Eternel Dieu le chassa du jardin d’Eden, pour qu’il cultivât la terre, d’où il avait été pris.

24  C’est ainsi qu’il chassa Adam ; et il mit à l’orient du jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie. » (version Segond 1910)

 il n’y a pas eu de seconde création, après la désobéissance et l’expulsion du jardin d’Eden, cette nature partiellement divine est encore celle de l’homme et de la femme.

L’essence de l’homme, selon le Dieu biblique, est en partie divine, ce qui autorise donc théologiquement à chanter : « Je chanterai Dieu, mon essentiel ». Dieu est inscrit dans l’essence humaine. Ce qui ne signifie nullement que l’homme ne puisse radicalement nier Dieu.

Mais il faut compléter cette définition de l’essence humaine. L’homme est aussi un corps et une pensée (ou une âme). Ce qui est absolument nécessaire à la vie de l’homme est son essentiel. L’air, l’eau, la nourriture, le sommeil et la relation sociale sont donc aussi des caractères de l’essence humaine par le corps. Tout ce qui aide l’homme à penser est également nécessaire ; s’il en est privé, il devient un animal de type supérieur – voir l’exemple des « enfants sauvages » et le film de François Truffaut qui porte ce nom.

Au total, l’essence de l’homme est au minimum bipartite : une essence corporelle qui a ses besoins vitaux, et une essence spirituelle qui a besoin de Dieu et du travail de la pensée : c’est la culture au sens intellectuel.

Tout ce qui ne peut entrer dans ces deux catégories est non-essentiel ou superflu, au sens vital et existentiel. L’humain a besoin de se nourrir, de respirer, de se protéger du chaud et du froid, des bêtes sauvages, de ne pas vivre seul et de parler et penser ; ce qui inclut l’art sous toutes ses formes et les rencontres avec ses semblables. L’homme pour exister n’a pas besoin de grosse berline allemande, de gadgets chinois, d’armes de guerre… A vous de compléter la liste très longue de tout ce qui est non-essentiel.

Cette distinction implique a minima une réflexion sérieuse sur le mode de vie humain. On aurait pu espérer que deux mois de confinement imposé permette une certaine réflexion. Il est malheureusement à craindre que cette espérance soit déçue en ce qui concerne la grande majorité des Français.

Dieu, mon essentiel

Lecture de base : Psaume 18 : 2-6 (version NEG)

« 2  (18-3) Eternel, mon rocher, ma forteresse, mon libérateur ! Mon Dieu, mon rocher, où je trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute retraite !

3  (18-4) Je m’écrie : Loué soit l’Eternel ! Et je suis délivré de mes ennemis.

4  (18-5) Les liens de la mort m’avaient environné, Et les torrents de la destruction m’avaient épouvanté ;

5  (18-6) Les liens du séjour des morts m’avaient enlacé, Les filets de la mort m’avaient surpris.

6  (18-7) Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Eternel, J’ai crié à mon Dieu ; De son palais, il a entendu ma voix, Et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles. »

Ce texte, attribué au roi David, est tiré d’un psaume qui a la particularité d’être deux fois dans la Bible. En effet, on peut lire le même texte (à quelques détails près) en 2 Samuel 22 (tout le chapitre). Il s’agit d’un des plus beaux psaumes du psautier . C’est le début que nous venons de lire. Il y a clairement deux thèmes qui se succèdent : les versets 2-3 décrivent la place que Dieu tient dans la vie de David, alors que les versets 4 à 6 montrent comment l’homme peut crier vers Dieu face à son plus grand ennemi, la mort.

J’ai choisi les deux premiers versets comme exemple de formulation du caractère essentiel de Dieu pour l’homme. Pour en saisir toute l’importance, il faut revenir sur le verset 1 qui donne les circonstances de rédaction de ce psaume (voir aussi 2 Samuel 22 :1) :

« 1  Du chef de chœur. Du serviteur du SEIGNEUR. De David, qui prononça pour le SEIGNEUR les paroles de ce chant, le jour où le SEIGNEUR l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. » (version NBS)

Cette proclamation vient après la délivrance de David de tous ses ennemis, y compris Saül, qui voulaient tous le mettre à mort. C’est cela qui explique le contenu des versets 4 à 6, où le mot « mort » est répété trois fois. David a vu la mort venir et le cri de sa prière a conduit Dieu à le délivrer. Qu’y-a-t-il de plus essentiel à l’humain que la vie et la mort ? Il faut relire le livre de l’Ecclésiaste (Qohélet) pour comprendre ce qu’elle représente pour le sage. Lire Eccl. 2 :16-17 ; 3 :22 ; 9 :3, etc… La mort est la question essentielle de l’être humain, celle qu’il affronte depuis l’origine, sans pouvoir apporter une réponse satisfaisante à ses questions sur le sujet.

L’essence de la vie humaine est celle d’un être mortel. Est-ce à dire que c’est la seule caractéristique de l’homme, sa seule essence ?

Pour les tenants de la conception athée et matérialiste, c’est un fait : l’homme naît et vit pour mourir, donc pour revenir au néant. C’est ce qu’on a appelé l’absurde en philosophie du XXe siècle. Sartre en parle, mais c’est Camus qui l’a le mieux illustré et a su magnifier cette question dans des chefs d’œuvre comme La peste ou La chute. L’homme sans Dieu a comme essence la mort promise.

Et le croyant ?

Il n’échappe pas à la mort, car elle frappe tous les humains, sans exception, même le Messie de Dieu, Jésus. La mort est donc constitutive de l’essence humaine, au moins, dit la Bible, depuis la désobéissance d’Adam et Eve (relire le chapitre 3 de la Genèse). Mais, à côté de cette finitude inévitable, il existe une autre chose essentielle au croyant, c’est Dieu. Et nous revenons aux versets 2 et 3 du psaume. David exprime avec des images ce qu’est Dieu pour lui : une rocher (ou un roc), une forteresse (ou une citadelle), un libérateur, un bouclier, un sauveur et une retraite (ou un rempart). Nous pourrions étudier chacun de ces mots, car ils désignent chacun un des rôles de Dieu pour David. Contentons-nous de remarquer que tous ont en commun l’idée de protection et de sécurité, l’idée de salut. L’ensemble dresse un portrait de Dieu très positif : Dieu est celui qui protège la vie. Il est l’antidote à la mort. Dès lors il devient la composante positive de l’essence humaine. L’essence de l’homme est à la fois la mortalité et la protection de la vie. Mais les deux ne sont pas sur le même plan. La mort détruit le corps humain, par l’arrêt des fonctions vitales. La vie que Dieu est surpasse la mort par le salut. La mort est un moment, certes effrayant, mais bref. La vie de Dieu est éternelle, elle a vaincu la mort. Ce qui permet à Paul cette exclamation si célèbre :

« 55  O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? » (version Segond 1910)

Citons aussi le prophète Esaïe, chapitre 25, verset 8 :

« 8  il anéantira la mort pour toujours ; le Seigneur DIEU essuiera les larmes de tous les visages ; il fera disparaître de toute la terre le déshonneur de son peuple — c’est le SEIGNEUR qui parle. » (version NBS)

Et encore un autre prophète, Osée, chapitre 13, verset 14 :

« 14  Je les libérerai du séjour des morts, je les reprendrai à la mort. Mort, où sont tes pestes ? Séjour des morts, où sont tes épidémies ? La pitié est cachée à mes regards ! » (version NBS)

L’essence de Dieu en nous, c’est le triomphe de la vie sur la mort, sans la supprimer. Dès lors, nous comprenons que Dieu nous est essentiel, car lui seul nous fait échapper à l’absurde de la conception matérialiste.

Conclusion :

Au plan spirituel, il n’y a que deux questions essentielles : la mort et Dieu. Le psaume 18 nous montre que Dieu a vaincu la mort. Si elle demeure, elle n’est plus pour le croyant qu’un moment d’une vie qui change de nature. Toute autre chose est donc non-essentielle face à cette essence humaine.

Jean-Michel Dauriac – mai 2021.


[1] En fait, cette distinction n’est pas neuve, elle appartient à l’économie, et a été élaboré dans la théorie des besoins, par divers penseurs de cette disciplines.

One Comment

Pourquoi Gémis-tu ? Psaume 42 – Méditation

Philippe Romain (lecture du psaume 42: Jean-Michel Dauriac)

La version audio est là:

Introduction

Pour commencer nous allons nous rappeler de la définition de la foi dans Hébreux chapitre 11.1

Hébreux 11.1 (COL)

1 Or la foi, c’est l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas.

 Le pluriel « des fils de Qoré » montre que le psaume fait partie d’un recueil familial [Ps 42-49].

L’auteur du psaume 42 est donc un des descendants des fils du rebelle Qoré qui se révolta contre Dieu par jalousie à l’encontre de Moïse et Aaron. Le prophète Samuel lui-même est aussi de la lignée de Qoré dont un petit-fils Héman avait fait partie de l’orchestre liturgique avec ses fils.

Les mots « mon âme » montrent que ce descendant de Qoré est dans la peine, mais on ne sait pas exactement pourquoi.

Les Psaumes 42 et 43 forment une unité qui se termine par le même verset « il est mon salut et mon Dieu ». Même si le psalmiste se plaint plusieurs fois, car il répète souvent « pourquoi t’abats-tu mon âme ? » 3 fois dans ses deux psaumes, mais c’est toujours suivi de « Attends-toi à Dieu, car je le célébrerai encore » puis suivi de l’expression « le salut de ma face et mon Dieu ».

Le fait qu’il proclame à la fin « il est mon salut et mon Dieu » montre qu’il fait une démarche de foi ou plutôt de combat de la foi contre ses propres sentiments, entre autres ses craintes et de ne percevoir que du négatif autour de lui.

Avoir la foi ou la confiance en Dieu qu’il nous aidera ne nous épargne pas des angoisses.

Ce n’est pas parce que l’on déprime que nous avons perdu la foi.

La foi n’est pas un sentiment, mais une volonté ferme de mettre son espérance dans notre Seigneur.

Méditation 1

Le psalmiste a conscience que son état intérieur est troublé, qu’il manque de paix. Mais ce n’est pas ses sentiments qui le dirigent c’est la foi, la foi en la Parole de Dieu en sa promesse : « il est mon salut et mon Dieu » qui est répété à plusieurs reprises. Donc le psalmiste est bien conscient malgré des inquiétudes qui le font souffrir que Dieu peut le sauver parce qu’il est son Dieu.

Pour que Dieu nous sauve, il faut l’avoir accepté dans sa vie comme son Seigneur. Dieu est mon Dieu, je n’ai pas d’autres dieux devant ma face que le Seigneur lui-même, le Créateur de l’univers. Nous devons toujours respecter le 1er commandement :

L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un. 5Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force

Il est vrai qu’il y a un certain style poétique comme un refrain. Mais ce n’est pas qu’une simple chanson. Les lévites qui officiaient pour le chant sacré étaient souvent des prophètes, des anciens disciples du prophète Samuel. Le psaume nous indique comment le psalmiste réagit. La première chose à faire c’est de rechercher la face de Dieu. c’est de A à Z la méthode que la Bible recommande pour se tourner vers Dieu.

L’image de la biche assoiffée est saisissante surtout quand on sait qu’en Israël le manque d’eau était catastrophique, tout le monde en souffrait les animaux compris. Le psalmiste exprime l’intensité de cette soif, son désir de recherche de Dieu, parce qu’il est le recours ultime. Il ne faut pas chercher Dieu légèrement, mais avec profondeur et ardeur parce qu’on peut le rechercher intellectuellement, mais au fond notre cœur n’est pas vraiment disposé.

Il faut Le chercher vraiment, pas avec une certaine nonchalance, voir les quelques problèmes qui ne sont pas vraiment résolus dans notre cœur, que l’on n’a pas envie de mettre à la lumière. Car on sait que souvent Dieu ne nous parle pas lorsque nous avons un problème avec Lui et que nous ne le voulons pas le reconnaître, le mettre à la lumière. Nous avons alors une prière de pure forme, sans profondeur, sans sincérité.

Le verset 3 montre que le psalmiste désire paraître en face de Dieu et se pose la question quand il pourra rencontrer Dieu.

Il fait une sorte de dépression il pleure jour et nuit, il pense que Dieu l’a abandonné. Ses adversaires ou ses proches lui disent la même chose « où est ton Dieu ? ».

Quand nous avons des moments difficiles et que nous déprimons, on a malheureusement des gens à l’instar des amis de Job qui sont là au lieu de nous aider à remonter le moral nous enfonce davantage. On dit parfois quand on a des amis pareils, on n’a pas besoin d’ennemis.

La bonne réaction c’est toujours se souvenir de ce que Dieu a fait pour nous c’est ce qu’à fait le psalmiste « Voici pourtant ce dont je me souviens avec effusion de cœur ». C’était des jours de bonheur pour aller à la maison de Dieu. Peut-être en ce jour-là on avait l’admiration des hommes. Mais dans les difficultés on se trouve seul et les amis ne sont pas toujours présents.

Méditation 2

Les fils de Qoré ont été mandatés par le roi David pour diriger le chant dans la maison de l’Éternel. Les larmes versées jour et nuit, l’ambiance n’était plus à la louange. Probablement l’Esprit de Dieu est attristé dans le Sanctuaire [à cette époque une tente]. Il répète encore mon âme est abattue, mais il se rappelle des souvenirs.

La situation géographique mentionnée est bien connue la montagne de l’Hermon, mais la montagne de Mitsear ne l’est pas. Mais cela lui permet de décrire ce qu’il ressent au verset 8.

On a des vagues et des flots qui passent sur le psalmiste, cela ressemble à une dépression qui nous donne l’apparence que les malheurs arrivent les uns après les autres, ça n’en finit pas.

Le psalmiste malgré sa dépression reconnaît quand même que Dieu agit « Le jour, l’Éternel m’accorde sa bienveillance ; La nuit, son cantique m’accompagne. C’est une prière au Dieu de ma vie. » La dépression n’a pas annihilé sa capacité de réflexion et d’être objectif. Il faut faire un effort volontaire pour reconnaître la proximité de Dieu dans notre vie malgré des moments difficiles. Nous sommes tellement centrés sur nous et sur nos malheurs que l’on oublie la présence de Dieu auprès de nous. Dieu souvent nous donne des signes qu’il est là, présent.

Le psalmiste malgré tout loue le Seigneur, il le prie, il le chante.

On voit qu’il plie sous le poids des épreuves et notamment l’adversité, les moqueries des gens qui ne croient pas en Dieu, qui sont ses adversaires. Un des pires ressentiments est de penser que Dieu nous a oubliés [Jésus a connu cela dans la souffrance même de la Croix peu de temps avant de mourir :

Éli, Éli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnél[1][2]

Méditation 3 : la fermeté dans la Foi

Malgré tout il est ferme dans sa foi. Au v. 12 il affirme « car je le célébrerai encore ; Il est mon salut et mon Dieu ». Il sait qu’il aura la victoire.

Ce Psaume est pour nous un exemple quand nous ne voyons pas le bout du tunnel, de mettre sa foi en Dieu même si les événements extérieurs semblent contrariants. Les promesses de Dieu sont intangibles il a toujours promis d’être avec nous et de nous soutenir au moment opportun pour nos besoins.

Le Psaume 43 qui suit est une continuité du psaume 42. Il prie le Seigneur et encore il se sent rejeté. Il demande la lumière car il ne comprend pas. On voit ici que les sentiments contrarient l’assurance de sa foi, pourtant il ne chancelle pas, car il est ferme.

Au verset 4 du Psaume 43, il s’écrie « j’irai vers l’autel de Dieu vers Dieu ma joie et mon allégresse et je te célébrerai sur la harpe ô Dieu mon Dieu »,

Donc il continue à chanter le Seigneur et à le proclamer être son Dieu. Mais même si son âme est abattue, comme s’il parlait à elle, il lui dit de s’attendre à Dieu, « car il est mon Dieu » même quand les sentiments sont contraires, sa foi reste ferme.

Ces 2 psaumes sont des exemples de constance dans la foi malgré les sentiments contraires. Les sentiments sont tyranniques parfois ils peuvent nous faire exalter parfois ils peuvent nous attrister. Nous devons avoir foi non pas dans ce que nous ressentons, mais dans ce que nous croyons : la parole de Dieu et ses promesses.

Dans le prophète

Ésaïe 26.3–4 (COL)

3 A celui qui est ferme dans ses dispositions, Tu assures la paix, la paix, Parce qu’il se confie en toi.

4 Confiez-vous en l’Éternel pour toujours, Car l’Éternel, l’Éternel Est le rocher des siècles.


[1]l Ps 22.2.

[2] Nouvelle Version Segond Révisée (Colombe) (Villiers-le-Bel : Société Biblique Française [Bibli’o], 1978), Mt 27.46.

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Une histoire de semence – Méditation de sortie de l’arche n°17

La version audio de cette méditation est ci-dessous:

Nous allons méditer sur une toute petite phrase, juste un bout de verset de sept mots, mais ces sept mots sont parmi les plus connus des chrétiens ; ils appartiennent à l’imaginaire collectif du christianisme, des écoles du dimanche et des lectures familiales du soir. Mais ils ont encore quelque chose à nous dire dans notre voyage spirituel.

Lecture de base :

Lecture 1 : Luc 8 : 5 « Le semeur sortit pour semer sa semence. » version NBS.

Tout le monde, ou presque, chez les chrétiens, connaît ce début de la parabole dite « du semeur ». Elle est présente dans les trois Evangiles synoptiques. Son interprétation ne prête pas à confusion, puisque Jésus lui-même l’explique à ses disciples, après l’avoir prêchée à la foule (ch.8, versets 9 à 15 de Luc) Ce n’est pas à vrai dire le sens de cette histoire qui m’intéresse aujourd’hui, mai seulement son entame : « Le (ou un) semeur sortit pour semer ».

Notons d’abord la lourdeur de ce morceau de phrase qui réussit l’exploit de contenir trois fois la même idée en sept mots. Tout enseignant ne pourrait que déconseiller à un élève d’écrire une telle phrase, et pourtant elle est là, telle quelle, pour inaugurer l’histoire. Pourquoi ?

Parce que cette très courte phrase sujet-verbe-complément suffit à planter le décor de ce qui va suivre. On a l’acteur : un semeur ; on a l’action : celle de semer ; et on a l’objet de la semaille, sa semence !

Le semeur

Selon les traductions, on trouve « un » ou « le » semeur. Si l’on suit le grec, c’est « le ». mais si l’on veut étudier le sens des mots, l’article indéfini convient mieux.

En effet, « le » laisse entendre qu’il est unique. Or je crois que cette introduction parle au contraire d’un type humain et désigne donc n’importe quel membre de cette petite confrérie.

Il faut, en premier lieu, s’étonner de ce que Jésus ne dit pas « l’homme » ou « un homme », comme il le fait dans la plupart des paraboles. Il s’agit évidemment d’un choix délibéré. Si vous dites « Un homme sortit pour semer sa semence », la phrase n’a plus le même sens, elle peut même avoir un sens sexuel tout à fait conforme à la pratique biblique.

Celui qu’il met en scène n’est pas n’importe quel homme, c’est celui dont le métier est de semer. Nous avons, de nos jours, complètement perdu la notion de ces métiers agricoles millénaires. Depuis la Révolution agricole du XIXe siècle et la mécanisation des tâches, nous avons oublié que les hommes et les femmes faisaient à la main toutes les opérations aujourd’hui réalisées par des machines.

Il y avait des laboureurs, spécialistes de l’araire ou de la charrue, il y avait des semeurs, spécialistes des semailles, puis des faucheurs, spécialistes de la coupe des céréales à la faux ou à la faucille ; enfin, il y avait les moissonneurs, qui faisaient tout le travail de récolte. Il faudrait y ajouter le vigneron (le mot existe encore activement aujourd’hui, les bergers (terme générique pour celui qui prenait soin des divers animaux d’élevage).

Le semeur ne laboure pas, il intervient après le laboureur. Il maîtrise le geste ample qui lance la semence de manière à ce qu’elle atteigne tout le terrain. C’est d’ailleurs ce que montre la parabole (versets 5 à 8). De mauvais gestes gaspillent la semence et hypothèquent la future récolte.

Remarque : Le Nouveau Testament a repris au sens figuré les métiers agricoles, pour parler de l’annonce de l’Evangile.

Le laboureur est celui qui prépare le terrain, le nettoie, le retourne, ôte les pierres. C’est tout le travail préparatoire. On dirait aujourd’hui que c’est le travail social de l’Eglise ou la pré-évangélisation.

Le semeur vient ensuite mettre la semence en terre, nous allons y revenir.

Le faucheur intervient avant le moissonneur, son travail est juste de préparer les épis pour la récolte. Ce peut être le travail de tout croyant qui collabore à l’œuvre de Dieu.

Le moissonneur accomplissait un travail plus gratifiant, mais qui ne pouvait avoir lieu que grâce aux trois précédentes étapes. Le moissonneur met en gerbe, il écarte l’ivraie de la vraie céréale. Puis il fait le battage et sort les grains de leur enveloppe. C’est lui qui livre le produit pur, duquel on tirera la farine, le pain et la future semence.

Tout cela est œuvre collective, comme l’est l’œuvre de l’Eglise de Jésus-Christ.

Revenons au semeur. Jésus nous dit « un semeur sortit ». L’opération qui va enclencher le processus de la fructification ne peut être faite que par quelqu’un qui sait faire les bons gestes. Le semeur est peut-être un mauvais laboureur ou un piètre faucheur mais il a sa place par sa compétence précise. Dieu, qui s’est fait connaître à nous, nous a donné à chacun une fonction dans son champs. Il nous faut l’identifier pour ne pas faire ce que nous ne savons accomplir. Nous sommes complémentaires. C’est une autre façon de parler du corps de Christ.

 1 Corinthiens 12 : 7 à 11 en est la description en terme ecclésial.

Sortit pour semer

Le semeur ne peut être opérationnel que dans le champs préparé. S’il reste chez lui, dans sa maison, dans son fauteuil, il ne fera rien, même s’il est le meilleur semeur du canton.

Il faut sortir. Ce verset nous renvoie à un double sens. En premier lieu, la mission apostolique de l’annonce de la Bonne Nouvelle, que Jésus a délivrée aux disciples, où il les a envoyés en « stage » pratique (mission des douze et des soixante-dix), puis les a ensuite eux-mêmes chargés de la suite (Matthieu 28 :19 & Marc 16 :15). Cette mission parcourt aussi toutes les Epîtres. En second lieu, nous pouvons le relier à notre existence propre, dans ce contexte de long confinement, mais aussi dans les communautés locales. Il faut sortir, quitter son confort, aller sous le soleil, la pluie, le vent, avancer difficilement dans un sol remué. L’évangéliste est la figure de celui qui sème, mais cela concerne tout croyant qui maîtrise cet art de la semaille, c’est-à-dire qui sait témoigner de manière diversifiée et intelligente, qui sait donner une parole biblique à bon escient et l’accompagner des mots justes, qui va faire une visite amicale, fructueuse, etc… L’appel d’Esaïe 6 : 8 retentit toujours.

Lorsque le semeur sort, il le fait avec un objectif précis : pour semer. Il ne se promène pas, ne chasse pas, ne cueille pas de fleurs ou de fruits, il sème. C’est sa mission, son ministère, sa vocation. On l’ a appelé pour cela, il est connu et reconnu pour son succès dans les semailles. Il nous faut savoir précisément ce que nous avons à faire. La foi chrétienne est une vie radicale : la semaille n’est pas un hobby, un petit loisir, mais l’identité du semeur. Il nous faut être littéralement habités par ce métier.

Sa semence

Ce complément d’objet peut surprendre et paraître redondant, voire pléonasmique. En réalité il n’en est rien.

Le possessif « sa » du texte original indique bien le lien entre le semant (c’est le mot qui est traduit par « semeur » et qui donne un sens plus actif encore) et la graine mise en terre. Il sait ce qu’il sème car c’est lui qui l’a sélectionnée ou qui l’a reçue. Tous ceux qui ont un jour jardiné savent l’importance de la graine : une semence de mauvaise qualité ne germera pas. (je parle ici d’expérience concrète). Or ici, nous savons, par la suite de la parabole que toutes les semences, sur tous les terrains, vont germer, sauf celles que les oiseaux ont mangées. Cette semence est donc la preuve de la qualité du semeur.

Quand nous sommes dehors (c’est-à-dire au milieu de l’humanité), nous ne pouvons pas nous permettre de répandre de la semence de mauvaise qualité. Il faut que nous puissions la garantir, donc que nous soyons sûre d’elle. Et comment être sûr de cette valeur sans en connaître la source. C’est ici que nous faisons la seconde lecture de notre méditation.

Lecture 2 : 2 Corinthiens 9 :10 «  Or celui qui fournit de la semence au semeur et du pain pour la nourriture vous fournira la semence, la multipliera et fera croître le produit de votre justice. » version NBS.

En bon élève du rabbin Gamaliel, Paul cite un magnifique verset du prophète Esaïe, ch. 55 : 10-11.

 « Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n’y reviennent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondé et fait germer, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim ; ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas à moi sans effet ; sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée. » version NBS.

Il en extrait ce qui est nécessaire à sa démonstration : c’est Dieu qui fournit la semence et le pain. Le croyant reçoit cette semence par l’Esprit, et elle devient alors sa semence propre. Mais le verset d’Esaïe nous indique encore plus clairement le secret de la valeur de cette semence : c’est la force de la Parole de Dieu, laquelle a toujours de l’efficacité et qui n’agit que dans le sens de la volonté de Dieu.

Or nous savons que, pour le chrétien, la Bible est Parole de Dieu. La semence a répandre est donc celle de la Bible, de l’Evangile. Nous n’avons rien à inventer, nous n’avons qu’à connaître et diffuser cette Parole. C’est d’ailleurs le sens que confirme Jésus dans son explication aux disciples (verset 11 de Luc).

Nous ne pouvons rien semer qui soit le fruit de notre seule pensée, fût-elle géniale. Le salut des hommes ne vient pas de Platon, de Kant ou de Marx, mais de la Parole de Dieu, le temps long de l’histoire nous le prouve bien. Luther, Calvin et tous les grands théologiens protestants, de même que les grands maître catholiques peuvent nous être utiles quand ils se font les interprètes et les guides dans la Bible. Ils sont des ouvriers dans l’œuvre et sèment aussi la Parole. Ne confondons pas la valeur des sources. Il existe une hiérarchie spirituelle : la Bible d’abord, puis les auteurs chrétiens travaillant la Bible, et ensuite seulement, les plus grands penseurs de l’humanité. Cette hiérarchie peut choquer le non-croyant, mais elle doit habiter le semeur.

Conclusion

Les quelques mots introductifs de cette parabole si connue nous ouvrent des horizons de réflexion touchant aussi bien à la vocation chrétienne (sommes-nous laboureurs, semeurs, moissonneurs ?) qu’à l’enseignement de l’Eglise et à la mission des croyants. Semons ce qui est devenu notre semence, éprouvée et reçue de la Parole de Dieu, nous serons alors inscrits dans la volonté de Dieu du salut de tous les hommes comme le disent Esaïe et Paul.

Jean-Michel Dauriac – Avril 2021 –

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