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Catégorie : Bible et vie

La liberté chrétienne selon la réforme : l’enseignement de Luther et Calvin et son actualité

Sources :

·         « De la liberté du chrétien » – Martin Luther – 1520


          Editions du Seuil – Bilingue Français Allemand – 7, 20 €

          In « Œuvres I » Martin Luther – La pléiade – Gallimard

 

·         Institution de la religion chrétienne – Jean Calvin – Kerygma-Excelsis – 2009 (mise en français moderne . Livre III, chapitre XIX, page 767


 

Introduction :

Il faut prendre conscience de l’importance de l’héritage de la Réforme dans notre doctrine ; L’essentiel vient des deux grands Réformateurs, et par-delà des textes de Paul dans ses épitres.

Un grand théologien allemand du XXème siècle a pu dire :

« La liberté est le legs de la Réformation »  mais sans omettre d’ajouter qu’elle « naît de la foi, c’est-à-dire de la paix avec Dieu. »  Gehrard Ebeling

Nous proposons pour introduire ce survol rapide des apports des deux Réformateurs un des textes les plus connus sur ce sujet :

Galates 5 : 1,13, 18

1 ¶ C’est pour la liberté que Christ nous a libérés. Demeurez donc fermes, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. 

13 ¶ Frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour (vivre selon) la chair, mais par amour, soyez serviteurs les uns des autres. 

18  Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi. 

Le texte de Paul établit bien le lien important entre plusieurs points doctrinaux majeurs de la Réforme : la liberté, la foi, la Grâce et l’Esprit.  On doit à Luther la réflexion de fond que tout le mouvement protestant reprendra ensuite.

Partie I : Luther, l’apport décisif

 

« De la liberté du chrétien » en 1520, est un résumé de la doctrine de Luther à l’intention du pape, lors d’une ultime tentative de conciliation avortée. Cela nous permet d’avoir un texte de synthèse qui est la meilleure introduction à la Réforme. Ce texte a été réédité 120 fois dans la décennie qui suit sa parution. Il a été traduit très vite en plusieurs langues, comme l’anglais, l’espagnol, le néerlandais ou le tchèque. Un best-seller de l’époque.

On peut le résumer à une séquence en cinq moments qui est facile à mémoriser visuellement.

 


Le paradoxe initial:

« Le chrétien est un libre seigneur sur toutes choses et il n’est soumis à personne. »

« Le chrétien est un serviteur obéissant en toutes choses et il est soumis à tout un chacun. »

1 Corinthiens 9 :19 & Romains 13 :8, corroboré par Galates 4 :4

1 Corinthiens 9:19 ¶ Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, pour en gagner le plus grand nombre.

Romains 13: 8  N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon celle de vous aimer les uns les autres

Galates 4: 4-5 Mais, quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et assujetti à la loi,   pour payer la libération de ceux qui sont assujettis à la loi, pour qu’il nous soit donné d’être fils adoptifs.

La Parole et la Foi

 

       Qu’est-ce que la Parole?

6. « Tu demandes : «  Quelles est donc cette Parole qui donne une si grande grâce ? Et comment dois-je en faire usage ?  Réponse : elle n’est rien d ‘autre que la prédication du Christ. » Cette Parole est un appel à se remettre entre les mains de Dieu. Il cite Osée 13:9, puis Romains1 :17 et 10 :4.

 

        Quel lien entre Parole et foi?

7. « Dans ces conditions, il est juste que la seule œuvre et le seul effort de tous les chrétiens consistent à bien s’imprégner de la Parole et du Christ, ainsi qu’à exercer dans relâche et à fortifier cette foi. » Jean 6 :28-29 dit cela aussi. La foi est la condition du salut : Marc 16 :16. L’Ancien testament aussi est cité avec Esaïe 10 :22. Cette foi  justifie au-delà de toute mesure, comme le dit Romains 10 :10.

8. « Il convient de noter ici avec zèle et de toujours se souvenir avec sérieux que c’est la foi, qui seule et sans le concours d’aucune œuvre, donne la justice, la liberté et le salut, ainsi que nous l’entendrons plus en détail par la suite. »

       Les deux paroles de la Paroles:

-Loi et commandements

-Promesse et engagements

La Parole de Dieu se divise en deux sortes de paroles : le commandement ou la Loi et la promesse ou les engagements de Dieu. Le commandement ou Loi ne peuvent rien pour nous et nous montrent seulement notre incapacité à les appliquer. Tous les commandements sont hors de notre portée.

9. L’autre parole intervient quand le commandement a été compris dans son message d’impuissance. La promesse de Dieu, manifestée en Christ est alors apte à nous donner le salut ? Le Nouveau Testament accomplit positivement ce que l’Ancien Testament rendait impossible.

 

       La foi aux promesses suffit

10. Dès lors, celui qui s’attache de toute sa foi aux promesses de Dieu devient bénéficiaires des vertus de Dieu. Jean 1 :12 ne dit pas autre chose. Seules la Parole et la foi peuvent résider dans l’âme. « Nous voyons ainsi que la foi suffit au chrétien et qu’il n’a besoin d’aucune œuvre pour être juste. Puisqu’il n’a plus besoin d’aucune œuvre, il est assurément affranchi de tous les commandements et de toutes les lois, et s’il en est affranchi, il est assurément libre. Telle est la liberté chrétienne. »

 

       Elle affranchit de la Loi et des commandements, et des oeuvres

       Elle nous unit à Dieu en communauté de biens

12. La foi unit aussi l’âme à Dieu comme un époux et son épouse. Dès lors, il ya mise en commun de tout ce que les époux possèdent.  « Ce que le Christ possède est la propriété de l’âme croyante ; ce que l’âme possède devient la propriété du Christ. D’un côté le Christ détient tout bien et toute béatitude ; ils sont la propriété de l’âme. De l’autre côté, l’âme détient tous les vices et tous les péchés ; ils deviennent la propriété du Christ. C’est ici qu’interviennent le joyeux échange et le combat joyeux… » Christ libère l’âme de toutes ses turpitudes par sa justice dans l’union de la foi. Dès lors l’âme est riche de la justice de Christ et peut tenir tête à tous les péchés. 1 Corinthiens 15 : 57 & 54.

 

       Par la foi nous avons le statut de premier né

14. Christ est le « premier-né » de Dieu, celui qui a autorité sur tous les autres fils, à l’instar de ce que la loi enseignait aux Hébreux (Exode 13 :2 & 22 :28 à 29). Jésus-Christ est donc roi et prêtre spirituellement puisque son royaume n’est pas terrestre. Ses biens sont tous spirituels : vérité, sagesse, paix, joie, salut… Le sacerdoce de Jésus n’est pas dans les actes et vêtements spéciaux, mais dans l’Esprit, dans l’intercession auprès de Dieu pour nous comme le dit Paul en Romains 8.

 

       Nous sommes donc rois et prêtres (c’est la notion de « sacerdoce universel »)

15. « De même que le Christ possède la primo-géniture  avec l’honneur et la dignité qui lui sont inhérentes, de même il la partage avec tous ses chrétiens, en sorte que, par la foi, ils doivent tous être rois et prêtres avec le Christ, comme Saint Pierre le dit : « Vous êtes une royauté sacerdotale et un sacerdoce royal ». (1 Pierre 2 :9) »  Le chrétien acquiert par la foi une position au-dessus de toutes choses, comme le dit Paul en Romains 8 :28 ou en I Corinthiens 3 :21-23. Il s’agit bien sûr d’une domination spirituelle qui passe par l’asservissement corporel. Voici la liberté et la puissance des chrétiens.

16. « De plus, nous sommes prêtres , ce qui est bien davantage que d’être rois, car le sacerdoce nous rend digne de nous présenter devant Dieu et de prier pour les autres… Ainsi, le Christ nous a acquis le droit d’intervenir spirituellement et de prier les uns pour les autres, comme le prêtre paraît corporellement devant le peuple et prie pour lui. »  Cette dignité est inimaginable à l’homme charnel. « Par sa royauté, il a pouvoir sur toutes choses ; par son sacerdoce, il a pouvoir sur Dieu, car Dieu fait ce qu’il demande et ce qu’il veut, ainsi qu’il est écrit dans le psautier : « Dieu fait la volonté de ceux qui le craignent et il exauce leur prière. » Psaume 144 :19. Nous avons là la preuve supérieure de la liberté du chrétien par la foi.

 

 

       Nous avons la responsabilité d’annoncer cette liberté et cette position.

18. La vraie prédication doit aller à l’essentiel, prêcher le Christ, la raison de sa venue et le salut qui en découle. Son but est d’encourager la foi. « On y parvient en expliquant bien la liberté chrétienne que nous tenons de lui, en disant comment nous sommes prêtres et rois, maîtres de toutes choses, et que tout ce que nous faisons est agréable aux yeux de Dieu qui le reçoit avec faveur… » Ceci nous permet de tenir tête au péché et à la mort, comme le dit Paul en 1 Corinthiens 15 : 55, 57, 54.

 

Liberté, amour et service

 

       Ramener les œuvres à leur juste place:

« Des œuvres bonnes et justes ne font jamais un homme bon et juste, mais un homme bon et juste fait des œuvres bonnes et justes »

– « Des œuvres mauvaises ne font jamais un homme mauvais, mais un homme mauvais  fait des œuvres mauvaises. »

20. Les œuvres commencent par notre propre corps. Nous devons apprendre à le tenir et ne pas lui lâcher la bride. La lutte est forte entre les désirs spirituels de l’homme intérieur et les exigences du corps et de la vie concrète. Romains 7 :22-23, 1 Corinthiens 9 :27 et Galates 5 :24 confirment ce combat.

21. Les œuvres  que nous accomplissons sont une volonté de mettre notre corps en adéquation avec notre homme intérieur purifié et juste par la foi. Mais ces œuvres sont gratuites et sont là pour ne pas nous laisser oisifs. Elles ne peuvent rien pour notre salut. Il faut agir avec sagesse dans le contrôle et la mortification de notre corps.

22. Nos œuvres sont comparables à celles d’Adam et Eve dans le jardin avant la chute : elles sont une tâche agréable à Dieu, amis non rien à voir avec la salut donné par Dieu à la création. De même, un évêque consacré qui accomplit des actes normaux pour cette charge, ne devient pas évêque parce qu’il accomplit cela, mais il l’accomplit parce qu’il est évêque. Ces actes n’ont de valeur que parce qu’il est chrétien, ils n’en ont aucune en eux-mêmes.

 

  • C’est l’amour qui donne sens aux œuvres:

Galates 2: 20  je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi.

21  Je ne rends pas inutile la grâce de Dieu; car si, par la loi, on atteint la justice, c’est donc pour rien que Christ est mort.

28. La vierge Marie elle-même est allée se purifier dans le temple, alors qu’elle n’en avait pas besoin (Luc 2 :22). De même Paul fit-il circoncire le jeune Timothée pour éviter de choquer les judéo-chrétiens fragiles (Actes 16 :3). Christ a envoyé Pierre chercher la pièce dans la gueule du poisson, après avoir rappelé qu’en tant que Fils de roi, ils ne pouvaient être assujettis à aucun tribut (Matthieu 17 : 25-27). Ces trois exemples nous montrent quelles doivent être les œuvres de tous les religieux pour être conformes à l’Evangile. La soumission aux autorités, prônée par Paul en Romains 13 :1 & Tite 3 :1, ne rend pas juste, elle permet de servir librement autrui. Dès lors que l’on a cette vision correcte des œuvres, on peut même s’accommoder des commandements divers de l’Eglise, des papes et autres évêques, car on sait que cela n’apporte rien en terme de salut, mais elles ne nous font aucun tort.

 

  • Le danger des œuvres « qui sauveraient:

29. Luther craint vraiment beaucoup que de très nombreuses congrégations ne soient dans l’erreur totale face aux œuvres. Il rappelle que tout doit être fait par amour et non par intérêt, quel qu’il soit. Nous imitons le Christ et sommes capables de nous charger des péchés de notre prochain comme il l’a fait pour nous

« Regarde, telle est la nature de l’amour quand il est authentique. Or, l’amour est authentique là où la foi est authentique. C’est pour cette raison que le saint apôtre caractérise l’amour en disant en 1 Corinthiens 13 :5 qu’il ne cherche pas son intérêt, mais celui du prochain. »

 

Conclusion: l’admirable paragraphe 30

 

« Regarde, Voilà la véritable liberté spirituelle et chrétienne, qui libère le cœur de tous les péchés, de toutes les lois, de tous les commandements, la liberté qui surpasse toutes les autres libertés autant que le ciel est au-dessus de la terre. Que Dieu nous donne de bien la comprendre et de la conserver. »

L’apport de Calvin et de l’IRC

 

Une reprise intégrale de Luther en premier lieu

 

Les apports pratiques de Calvin

       Un usage équilibré de cette liberté chrétienne

Par la suite Calvin revient sur les interprétations erronées de la liberté, soit en abusant de celle-ci par des excès, soit en lui déniant toute réalité. L’abus des biens matériels est bien loin de l’usage sain des biens que Dieu nous donne. Il faut vivre dignement et non abuser des plaisirs, car alors notre âme est détournée de Dieu. D’autres ont besoin de témoins de leur liberté et font ainsi du tort aux plus faibles. Calvin y voit alors une vaine provocation, comme la viande mangée ostensiblement le vendredi. Il reprend la clause de conscience de Paul.

 

       La question des offenses aux faibles

Il passe ensuite à la question des offenses, et distingue l’offense des faibles et l’offense des pharisiens, soit l’offense commise ou subie. Il faut être attentif aux faibles pour ne pas les casser par un comportement qu’ils ne comprennent pas. Tout ceci concerne les choses indifférentes, les adiaphoroï.

 

       La question des offenses aux Pharisiens

Mais en ce qui concerne l’autre offense, c’est de l’orgueil et de la susceptibilité et nous n’avons pas à y porter considération. Il s’appuie sur l’exemple de Paul et la circoncision de Timothée et le refus de celle de Tite pour établir clairement le distinguo entre les personnes. D’un côté il se met au service des faibles, de l’autre il parle de faux-frères. 1 Corinthiens 10 :23-24 est donc la règle

       La question des « choses neutres »

Tout ceci concerne les choses indifférentes, les adiaphoroï.

       La norme est l’amour du prochain

Dans les comportements définis par la Loi, la norme est l’amour du prochain. Calvin met les fausses doctrines ou les déviations dans cette catégorie de comportements erronés. On maintient les frères dans un statut inférieur au prétexte de les épargner ; ce faisant, ils ne grandissent jamais.

       La question de la liberté face aux puissances humaines

De même, Calvin proclame la liberté des chrétiens face aux puissances humaines. Mépriser cet affranchissement, c’est refuser le salut intégral donné par la foi. Ceci n’a rien à voir avec le rejet de toute autorité ou anarchisme.

 

Les deux règnes

       Un pouvoir spirituel qui est l’Eglise (juridiction spirituelle)

       Un pouvoir temporel qui est politique (juridiction temporelle)

«  Cette distinction doit nous avertir que ce que l’Evangile enseigne sur la liberté spirituelle ne doit pas être invoqué contre le droit et la raison du gouvernement terrestre, comme si les chrétiens ne devaient pas être soumis aux lois humaines, puisque leurs consciences sont libres devant Dieu ; ou comme s’ils étaient exempts de toute limitation corporelle, sous prétexte qu’ils sont affranchis selon l’Esprit. »


 

 

 

 

 

 

 

 

One Comment

Mensonge et vérité dans l’actualité et regard chrétien


 

 

 

 

Introduction :

 

Le mensonge est officiellement rejeté par la morale de notre société mais en fait il est le principe actif de celle-ci, sous divers noms : arrangement, combine, rumeurs, calomnies…

La vérité est officiellement révérée, mais en réalité, elle est crainte est souvent réprimée. On « s’arrange » avec la vérité comme avec le mensonge, grâce à des maximes diverses, comme « Toute vérité n’est pas bonne à dire » ou « La vérité est toujours relative », ou « à chacun sa vérité », citant Pascal et Montaigne à l’appui.

 

« Vérité en deçà des Pyrénées, fausseté au-delà. »

 

 

On peut aussi rappeler l’ancienne et très belle chanson de Guy Béart, « La vérité ».

 

« Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C’est plus juste en somme
D’abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécuté. »

 

Il faut dire dès le début de ce culte que ces positions de compromis ne sont absolument pas compatibles avec la Bible, et que le comportement d’un homme ou d’une femme qui se dit «chrétien» ne peut fonctionner sur ces principes. Rappelons simplement pour dire d’où nous parlerons un texte des propos de Jésus.

 

Matthieu 5 :37 :

 

« Quand vous parlez, dites Oui ou Non: tout le reste vient du Malin. » (TOB)

 

Nous avons donc cette exigence appliquée à notre propre comportement, mais elle s’applique tout autant au monde qui nous entoure. Nous ne pouvons accepter les mensonges et les demi-vérités  d’autrui sans en devenir complices. Nous devons absolument traquer les mensonges où qu’ils se trouvent et quelque désagréable que cela soit, et simultanément avoir une parole de vérité. Nous allons nous intéresser rapidement à quelques aspects du mensonge de la vérité dans l’actualité récente. Nous procéderons en trois thèmes qui nous permettront de survoler plusieurs aspects de l’actualité des dernières semaines.

 

 

·       Mensonge et vie politique

·       Mensonge et peur sur la société

·       Mensonge et avenir de l’humanité

 

 

 

L’actualité politique et petit ou grand arrangements avec la vérité

Commençons au niveau mondial :

 

Le fameux G. 20 et son sommet de Londres : nous allions assister à une véritable refonte du capitalisme, nos dirigeants avaient compris quels étaient leur rôles et plus rien ne serait comme avant. Mais, très bizarrement, dans le texte final adopté à l’issue de la rencontre, tout est mis au conditionnel ou au mieux au futur ; aucun présent de l’indicatif ne vient apporter de décisions immédiates et concrètes.

 

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Six mois plus tard sur quelques points sont repris au dernier G. 20 de Pittsburgh, tenu le 25 septembre, nous pouvons clairement voir qu’il nous a été raconté pour le moins des histoires.

·         Les paradis fiscaux devaient être éradiqués ; une liste noire a été dressée, mais très rapidement vidée de l’essentiel de son contenu à la demande des grands pays du G. 20 qui contrôlent des paradis fiscaux, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni. La demande de transparence du secret bancaire, illustrée par les listes de noms revenus de Suisse, 3000 en ce qui concerne la France et 4000 pour les États-Unis s’avère être pour l’essentiel peu fructueuse. Il ne faut pas avoir peur pour les milliardaires du monde et pour les fraudeurs fiscaux de gros calibre.

·         Le cadrage des fonctionnements bancaires et le plafonnement des rémunérations : en France comme aux États-Unis, on en est resté à des voeux pieux qui ne s’imposent nullement à la profession bancaire. Le gouvernement français a même pris une loi dont le contenu ridicule a été souligné par toute la presse : comme dirait Shakespeare, « beaucoup de bruit pour rien ». Aux États-Unis, les banques viennent de rembourser très rapidement les sommes qui avaient été versées par le gouvernement fédéral, afin de pouvoir reprendre le « business as usual », le train-train comme avant, comme le titrait le New York Times il y a quelques semaines.

·         Les bonus des petits génies de la bourse, les traders : le G. 20 de Pittsburgh a adopté un principe à la fois inapplicable et inefficace, le versement sur trois ans des bonus des traders, pour pouvoir vérifier la réussite de leurs stratégies. Mais, en pratique nous pouvons être sûrs que rien ne changera, puisque sur le fond le président Obama s’oppose, au nom du libéralisme américain, à toute mesure contraignante. Les rodomontades de notre président sont donc purement théâtrales.

·         Nous pourrions continuer longtemps l’analyse des différentes mesures proposées depuis un an pour vérifier que pour l’essentiel elles sont, soit vides de sens, soit oubliées, soit purement mensongères.

Or il s’agit là de la réunion des dirigeants des 20 plus grands pays du monde.

 

 

Les promesses politiques de campagne

 

 

·         Commençant par les tests ADN qui devaient être pratiqués systématiquement sur tous les étrangers en situation irrégulière, et là aussi on allait voir ce qu’on allait voir. Fin septembre, le ministre en charge de l’immigration, Éric Besson, annonce au détour d’une conférence de presse que ce principe est abandonné, car il est tout simplement inapplicable et inutile. Or il s’agissait là d’une promesse de campagne du candidat Sarkozy destiné à capter l’électorat du Front National et les xénophobes de tout poil.

·         « Travailler plus pour gagner plus », ce slogan a connu une fortune médiatique énorme, résumant tout l’aspect social du candidat Sarkozy et de son camp, voulant à la fois réhabiliter le travail et sanctionner la paresse dont le chômeur est la vibrante illustration. Deux ans et demi plus tard, alors qu’une loi a été adoptée, qu’en est-il ? Ceci ne profite absolument pas aux catégories les plus défavorisés mais plutôt à certains fonctionnaires et au personnel de grosses entreprises qui peuvent utiliser les heures supplémentaires comme variable d’ajustement. Ceux qui gagnent plus ne sont pas ceux qui en avaient le plus besoin. Par contre, chaque mois s’ajoutent des milliers de chômeurs ; le mois de septembre devrait apporter au moins 40 000 nouveaux noms sur la liste du chômage. Bien sûr la crise est là, pour expliquer cet effondrement de l’emploi, mais que peuvent comprendre ceux qui sont broyés dans leur vie et leur dignité de travailleurs quand, depuis des semaines, hommes politiques et médias nous expliquent que nous sortons de la crise et que les indicateurs redeviennent positifs. Qui ment ?

·         Revaloriser le travail, peut-on le croire quand on voit combien il est payé 1 l de lait ou un kilo de légumes à un paysan ?

·         terminons par l’affaire « Clearstream » (ce qui veut dire littéralement courant clair en anglais, non pour le moins mal choisi). Nous avons ici l’affaire du mensonge au plus haut niveau de l’État, avec dans les protagonistes un président de la république, un ancien premier ministre et des hauts fonctionnaires ou PDG d’entreprises majeures. Le principal mis en cause, M.Lahoud change de version tous les jours, donc ment tout le temps. Quant aux autres protagonistes, bien malin qui pourra détecter la vérité.

 

Ephésiens  4 :25

 

C’est pourquoi, rejetez le mensonge et que chacun de vous parle avec vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres. 

 

Le mensonge et la peur dans notre société

 

 

Ici, nous pouvons survoler rapidement de thèmes toujours actuels.

·         L’insécurité et l’immigration : actuellement tous les syndicats de police affirment qu’on demande avant tout de « faire du chiffre » en ce qui concerne à la fois la déclaration des crimes et délits et leur résolution. La meilleure illustration de cette pression inepte est la montée en puissance des gardes à vue : car une garde à vue, correspond à la fois à une infraction et à sa résolution. Le résultat est net : en 2008,1 % de la population française a été mis en garde à vue ! Cela peut arriver à n’importe qui, lors d’un contrôle d’identité ou routier, ou pour tout autre événement ordinaire de la vie. Notre pays ne devient pas chaque jour plus dangereux, mais tout tend à nous le faire croire.

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·         Toujours dans l’ordre de la manipulation : Éric Besson, ministre de l’immigration, fait raser la « jungle » de Calais. À quoi cela sert-il sur le fond ? Les immigrants clandestins iront simplement ailleurs construire une autre jungle. Chaque année le ministre et ses services doivent expulser un nombre déterminé de clandestins, présentés comme un danger social et économique. Mais en pratique, on expulse souvent des gens qui ont un travail, paient des impôts et scolarisent leurs enfants sans avoir aucun problème avec la société française. Où est la vérité ?

 

Le but de toutes ces manipulations est de créer de la peur pour ensuite mieux apparaître comme les défenseurs de l’ordre et de la sécurité.

 

 

·       La grippe A H1N1

 

Depuis maintenant trois mois nous assistons à une formidable opération associant les médias d’information et le gouvernement, en France, autour du thème d’une épidémie de grippe qui a d’abord été appelée « mexicaine », puis « porcine » et finalement d’une très poétique et médicale appellation  H1N1. Il ne se passe pas un jour sans que l’un ou l’autre des grands médias ne vienne apporter sa contribution à ce qui apparaît bien comme une opération de désinformation sur laquelle il est intéressant de revenir. Pourquoi tout ce tapage ?

La première réponse peut-être tout simplement : « pour notre bien et notre santé ». Je laisse chacun juge d’un intérêt est aussi constant de nos dirigeants pour notre santé, quand on voit comment ils traitent la sécurité sociale.

La seconde réponse peut-être tout simplement politique : la peur de l’erreur, comme en 2003 avec la canicule. Je cite le psychologue, Christophe André, auteur d’un livre intitulé « Psychologie de la peur ».

 

« Les politiques veulent à tout prix éviter les erreurs de la canicule — qui a, en fait, surtout révélé la solitude des personnes âgées –, et les médias trouvent là une bonne info pour retenir les spectateurs devant l’écran ou vendre du papier, et aucun ne semble prêt à dire : « Stop, attendons que la grippe soit là pour en parler. » Mais si cela prend dans le public, c’est aussi que toutes ces manipulations culturelles réveillent en lui des peurs dormantes, celle de l’épidémie, du microbe des maladies infectieuses, dont qu’ils pensaient être débarrassés. » Extrait de « La Vie », numéro 3343, 24 septembre 2009.

 

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La troisième réponse peut-être posée sous une forme de question que j’emprunte à l’hebdomadaire cité ci-dessus : « À qui profite la peur ? ». La réponse est multiple mais on peut résumer la réponse à : « à ceux qui peuvent tirer du profit de la grippe. » Il faut dans ce cas-là tourner les regards vers les laboratoires pharmaceutiques, qui vont vendre des millions de doses de vaccin, dont la plupart seront livrés après le pic épidémique et donc obsolètes ; mais aussi dans ce cas d’espèce, songer aussi à tous les fabricants de matériel de sécurité sanitaire, masques, gants et autres produits désinfectants. La psychose génère  du chiffre d’affaires. Un autre spécialiste, Claude Hannoun, chercheur de l’institut Pasteur, révèle que les deux précédentes grandes pandémies grippales, celle de 1918 et celles de 1968 sont quasiment passées inaperçues en termes de médias :

 

« C’est qu’un événement, si dramatique soit-il, n’est perçu que lorsqu’il est repris par les médias. Même la grippe de 1918, avec ses 20 millions de morts, a très vite été enterrée. Un historien américain a parlé à son propos de la « pandémie oubliée ». Catastrophique sur le moment, comme son pic a coïncidé avec la victoire du 11 novembre 1918, elle est passée inaperçue. À Paris, les cortèges funéraires faisaient la queue au Père — Lachaise, mais la ville était en liesse et les gens pensaient moins à leur propre mort qu’au soulagement de la fin de la guerre. » Extrait de « La Vie », numéro 3343, 24 septembre 2009

 

Nous avons donc bien d’affaires à une construction médiatico-politique qui sert les intérêts de tous : les médias, en créant un phénomène d’audience captive, les politiques, en valorisant leur rôle et en détournant l’attention des masses de la situation conjoncturelle économique catastrophique. On peut dire que cette grippe est bienvenue.

Souvenons-nous que la même tentative a été faite il y a quelques années avec la fameuse grippe aviaire et que ce fut un échec patent.

 

Phillipiens  4 : 5-7

 

5  Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. 

6  Ne vous inquiétez de rien; mais, en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes. 

7  Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Christ-Jésus.

 

 

Mensonge, écologie et avenir de l’homme sur la terre

 

 

Parmi les grandes manipulations dont l’actualité fait grand usage, nous ne pouvons passer sous silence le phénomène des « Grenelle ».

 

Le Grenelle de l’environnement : c’était une des promesses du candidat Sarkozy, ce fut une de ses premières réalisations, lancée lors de l’été 2007. Tout le ban et l’arrière ban de ce que comptait l’écologie dans la société dite civile (ce qui n’a aucun sens propre si on analyse les termes) fut donc invité à préparer des questions et à se réunir sous présidence multi-ministérielle. Deux ans après, l’enthousiasme est retombé et le gouvernement est obligé de nous bombarder une campagne de presse pour maintenir l’intérêt de la chose. Dans la réalité, les belles intentions affichées ont soit été oubliées soit même piétinées allègrement. La majorité des participants écologistes reconnaît aujourd’hui avoir été en grande partie manipulée. Peu importe, l’agitation médiatique est passée, le Grenelle de l’environnement a joué son rôle. La seule véritable nouveauté qui touchera les Français est un nouvel impôt.

On a ensuite multiplié les « Grenelle » : de la mer, de la famille, des ondes… toujours avec des résultats infimes, mais un gros tapage médiatique.

 

 

La taxe carbone est en effet directement issue des promesses du candidat Sarkozy reprenant les propositions de Nicolas Hulot. Là aussi, celui qui analyse les propositions dans le détail verra aisément qu’il y a pour le moins mensonge par omission. En effet, la taxe carbone, comme la contribution pour les personnes âgées issue de la canicule, ne touchera qu’une partie de la population, ce qu’on appelle les ménages. Les grandes entreprises et les administrations publiques ne seront nullement touchées ; les agriculteurs et les transporteurs routiers sont prêts à engager un bras de fer pour ne pas être concernés. Les avions de chasse et ceux de la flotte gouvernementale paieront-ils la taxe carbone ? Il ne restera donc que les Français ordinaires, qui sont, individuellement, les plus petits émetteurs de CO2 dans l’atmosphère.

 

 

Le réchauffement climatique est aussi un des sujets les plus abondamment utilisés, par les médias comme par les politiques. Là aussi, à partir d’une réalité difficilement niable, il y a manipulation de cette vérité et mensonge éhonté de ceux même qui nous prêchent la bonne parole. Ainsi, monsieur le ministre Boorlo, en charge de l’environnement, s’est-il rendu avec un avion rempli de journalistes pour un périple de quelques heures, donnant lieu à d’abondantes photographies, au Groenland pour constater de visu l’accélération de la fonte des glaciers. Gaspillage qui contredit tout le discours qu’on nous serine à longueur de journée. De même, les déplacements de notre président donnent lieu à une débauche d’énergie tant physique qu’humaine qui piétine totalement la préservation de la durabilité environnementale. Voici quelques informations livrées par un journal dont l’indépendance ne saurait être contestée, « le Canard enchaîné », dans son édition du 16 septembre 2009.

 

 

« Le discours qu’a prononcé Sark, le 10 septembre, pour justifier la taxe carbone était furieusement écolo. Mais son déplacement, lui, s’est soldé par un bilan vertigineux de CO2. Pour se rendre à Culoz et à Artemare, dans l’Ain (plus de 1000 km, aller-retour, depuis Paris), le Président en a produit une cinquantaine de tonnes. Soit autant qu’une flotte de 350 voitures de moyenne cylindrée sur une distance équivalente. »

 

 

Ainsi donc, les propos sont-ils toujours démentis par les actes.

 

 

Dans cette épineuse question de l’environnement et de la pollution, nous devons nous poser la question : qui nous a menti autrefois ? Qui ment aujourd’hui ? L’Apocalypse est-elle vraiment pour demain, ou les prophètes de malheur ont-ils intérêt à noircir la situation pour justifier les mesures les plus autoritaires possibles à venir ?

 

 

Y aura-t-il assez de terres cultivables pour nourrir toute la population de la Terre en 2050 ? L’eau est-elle en quantité inépuisable ? Mangera-t-on encore du poisson dans 30 ans ? Toutes ces questions appellent des réponses de vérité. À qui faire confiance ?

 

Conclusion : entre mensonges par omission et mensonges avérés, vérités frelatées et discours ambigus, où est la parole droite ?

 

texte d’André Dumas

 

«  Notre Dieu, donne-nous la joie de ta discipline. Tu connais l’impétuosité de nos envies et la marée de nos frustrations. Tu connais la façon que nous avons de farder le mal en bien, de déguiser nos complaisances en légèretés et d‘arriver ainsi à confondre ce qui nous plaît avec ce qui nous convient.

Peux-tu, ô Dieu, reconstruire nos vies dans la bonté et la beauté de ta discipline, si bien que ta loi devienne le garde-fou de nos folies et non pas la censure de nos plaisirs, si bien que nous en arrivions à remercier pour tout cela même qui, au premier abord, nous rebute et nous attriste.

Ô Dieu, nous consacrons nos vies à la grâce d’observer ta loi. Amen. « 

 

 

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Et vous qui dites-vous que je suis?

 

 

Ceci est le texte d’une première partie de culte faite le dimanche 5 juillet 2009 à Pessac (Gironde), adresse mail du site de la communauté :  http://eel33.free.fr/

 

 

Textes de base :

 

 Matthieu16 : 13 à 23

Marc6 : 14 à 16

Marc 8 : 27 à 33

Luc 9 : 18 à 32

 

 

Matthieu 16 : 13 ¶ Jésus, arrivé sur le territoire de Césarée de Philippe,  posa cette question à ses disciples: Au dire des gens, qui suis-je, moi, le Fils de l’homme? 

14  Ils répondirent: Les uns disent Jean-Baptiste; d’autres,  Élie; d’autres, Jérémie, ou l’un des prophètes. 

15  Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis? 

16  Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. 

17  Jésus reprit la parole et lui dit: Tu es heureux, Simon,  fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. 

18  Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. 

19  Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. 

20  Alors il recommanda sévèrement aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. 

21 ¶ Jésus commença dès lors à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. 

22  Pierre, le prit à part et se mit à lui faire des reproches en disant: A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t’arrivera pas. 

23               Mais Jésus se retourna et dit à Pierre: Arrière de moi,  Satan! Tu es pour moi un scandale, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. 

 

 

 Marc 8: 27 ¶ Jésus s’en alla, avec ses disciples dans les villages de Césarée de Philippe, et en chemin, il leur posa cette question:  Les gens, qui disent-ils que je suis? 

28  Ils dirent: Jean-Baptiste; d’autres, Élie; d’autres, l’un des prophètes. 

29  Mais vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis?  Pierre lui répondit: Tu es le Christ. 

30  Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire à personne ce qui le concernait. 

31  Il commença alors à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes,  qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite trois jours après. 

32  Il disait ces paroles ouvertement. Et Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches. 

33    Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples, fit des reproches à Pierre et lui dit: Arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. 

 

Luc 9 : 18 ¶ Un jour que Jésus priait à l’écart et que ses disciples étaient avec lui, il leur posa cette question: Les foules, qui disent-elles que je suis? 

19  Ils répondirent: Jean-Baptiste; d’autres, Élie; d’autres un des anciens prophètes ressuscité. 

20  Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis? Pierre répondit: Le Christ de Dieu. 

21  Jésus leur recommanda sévèrement de ne le dire à personne. 

22  Il ajouta qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite le troisième jour. 

23  Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi,  qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. 

24  Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera. 

25  Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même? 

26  En effet quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. 

27       Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d’avoir vu le royaume de Dieu. 

 

 

 Ces textes  comportent quatre  éléments attirent notre attention :

1.      le contexte évangélique

2.      la première question de Jésus à ses disciples

3.      la deuxième question de Jésus à ses disciples

4.       la réponse de Pierre

 

1 / Le contexte de nos textes :

 

Notons tout d’abord le fait assez rare que ce soit Jésus qui pose une question à ses disciples, alors que dans presque tous les textes évangéliques c’est lui qui est interrogé.

Ensuite une variante parmi les trois récits attire notre attention. Marc et Matthieu parlent d’un mouvement et d’un lieu, pas Luc.

 

Matthieu :  « … arrivé sur le territoire de Césarée de Philippe… »

Marc : « Jésus s’en alla avec ses disciples dans  les villages de Césarée de Philippe… »

 

Point de départ , la piscine de Bethsaïda , au bord du lac de Génésareth et remontée vers le Nord, environ 30 à 40 km , à parcourir à pied. Et Marc dit : « En chemin… »

Nous sommes dans une zone très aride où il n’y pas beaucoup d’habitants. Ils sont donc tranquilles

 

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Luc dit : « Un jour que Jésus priait à l’écart et que ses disciples étaient avec lui… »

Pas de lieu donné mais la nécessité d’être à l’écart, tranquille, loin des foules pour aborder ces questions. Luc y ajoute un détail spirituel non négligeable : « Jésus priait ». Ces question à poser ne sont pas anecdotiques, anodines, ne relèvent pas des circonstances du récit. Jésus a attendu un moment précis de son ministère, un temps particulier et un lieu approprié.

Toutes les interrogations ne sont pas bonnes à poser tout le temps.

 

2/ La première question de Jésus :

 

Elle est comme le première étage de la fusée ; elle conditionne la suite. Marc et  Matthieu nous disent : « Au dire des gens, qui suis-je ? » ( c’est le mot « hommes, « humains » qui est employé dans le texte original)

Luc dit : « Au dire des foules, qui suis-je ? »

 

Jésus veut savoir de la bouche de ses disciples ce que les témoins anonymes (hommes, gens , foules) de son ministère pensent de lui.

Il y a là une différence : c’est l’avis des humains, des hominidés pourrait-on dire, donc d’une race terrestre, une foule, soit quelque chose d’anonyme, de banalisé.

 

Les disciples répondent trois choses distinctes qui sont la pensée commune de la foule. Là, ils parlent tous. La foule a aussi interpellé Hérode comme le montre le texte de Marc 6 ;

 

4 ¶ Le roi Hérode l’apprit; en effet le nom de Jésus devenait célèbre et l’on disait: Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts et c’est pour cela qu’il a le pouvoir de faire des miracles. 

15  D’autres disaient: C’est Élie; et d’autres disaient: C’est un prophète comme l’un des prophètes. 

16  Mais Hérode en apprenant cela disait: Ce Jean que j’ai fait décapiter, c’est lui qui est ressuscité. 

 

 Reprenons les trois personnages qui sont évoqués :

 

·        Jean le Baptiste : c’est un contemporain, donc le plus connu. Or Jean a été décapité sur ordre d’Hérode le tétrarque justement (voir le récit de cette exécution dans la suite de Marc 6). Il est toujours rassurant de se référer à du connu, à du réel et de l’explicable. Or, il y a le délicat problème des miracles : Jean ne guérissait pas. Ce serait donc sa résurrection qui lui aurait donné le pouvoir d’accomplir des miracles.

 

·        Elie : il reste le prophète le plus grand et le plus puissant, celui qui a accompli de nombreux prodiges (voir 1 Rois 17 jusqu’à 2 Rois 2 :11) et n’a pas connu la mort. Toute référence au surnaturel passe donc par lui. La foule identifie donc Jésus à ce qui existe de plus puissant en Israël.

 

 

·        Un prophète parmi les prophètes : (Mrc 6 :15) ou « Un des anciens prophètes qui s’est relevé » (Luc 9 :19). Ici se trouve la référence la plus floue et aussi la plus faible en puissance des trois. Jésus est un parmi d’autres dans cette interprétation.

 

Ce qui est frappant dans ces trois réponses, c’est qu’à chaque fois la mort est vaincue. Le caractère unique de Jésus est le fait que la mort ne l’a pas gardé. En Israël à cette époque, cette croyance ne pose pas problème ; le peuple vit avec le surnaturel de Dieu dans les récits des Livres bibliques.

 

Aujourd’hui posons la question à notre foule : « Qui dit-on qu’est Jésus ? « 

 

Nous aurons des réponses également variables :

·        L’athée militant : pour les plus irréductibles, Jésus est une invention pure et simple des Evangélistes et de l’Eglise.

 

·        La masse de nos contemporains : Jésus est un sage, dans la lignée de Socrate, Bouddha ou Confucius.

 

 

·        Les élites les plus cultivées : elles le voient comme un penseur, un philosophe (« Le Christ philosophe » de C. Lenoir) ou un révolutionnaire.

 

Presque tous buteront sur l’incroyable : le rapport de Jésus à la mort et sa résurrection. Nous voyons bien que le contexte historique et culturel est capital pour répondre à cette question. Nos sociétés occidentales ont posé la raison en règle absolue. Or la résurrection (et la naissance de Jésus) ne sont ni raisonnables ni rationnelles.

D’autres sociétés contemporaines, comme celles d’Afrique ou du Grand Nord auraient un autre accueil, plus spiritualiste.

 

Quand Jésus pose cette question, il est clair qu’il connaît la réponse. Ce qui l’intéresse, me semble-t-il, c’est la réponse des disciples, fils du peuple, les plus aptes à recueillir ces impressions.

 

3/ La deuxième question de Jésus :

 

c’est le but de cet entretien. La première question ne sert qu’à amener celle-ci.

« Et pour vous, qui suis-je ? »

 

Par cette question, Jésus veut savoir ce que ceux qui marchent avec lui ont saisi. La lecture du début des Evangiles ne laisse pas beaucoup de doute : les disciples ont du mal à comprendre. D’abord parce qu’ils ne sont pas versés dans les Ecritures, ce sont des travailleurs manuels, des hommes simples. Ensuite parce qu’ils sont le produit de la religion juive et de sa vision messianique particulière. Et pourtant, ils le suivent !…

Nous les trouvons souvent perplexes, parlant entre eux de leurs incompréhensions…Ils ont cependant fait un acte de foi initial en le suivant, en laissant leurs barques et leurs métiers…

 

Pour suivre Jésus, il n’est pas demandé de tout comprendre. Il est demandé de se mettre en marche à son appel. Mais quand les disciples ont vécu plusieurs mois aux côtés de Jésus, sa question est légitime. Elle a un sens précis : « La foule me voit comme Jean, Elie ou un quelconque prophète, mais vous, mes amis, mes fidèles qui mangez , dormez, mangez avec moi, vous, que pouvez-vous dire aujourd’hui, dans cet endroit tranquille où aucun espion de la synagogue ou des Romains ne risque de vous dénoncer ? Qu’avez-vous compris ? »

 

La question d’adresse bien sûr à nous. Le culte est cet endroit tranquille, retiré de la foule quotidienne. Quelque soit notre temps de marché aux côtés de Jésus, il nous adresse la question :

 

« Et pour toi, qui suis-je ? »

 

« Et pour vous, Eglise de Pessac, qui suis-je ? »

 

4/ La réponse :

 

En fait comme dans toute démarche juive, la réponse importe moins que la question. Alors qu’en Occident, en France, nous ne prêtons souvent pas beaucoup attention aux questions, ce que nous aimons, ce sont les réponses.

 

Voici deux citations tirés de deux livres du Rabbin Marc-Alain Ouaknin, par ailleurs docteur en philosophie.

 

« La question surgit pour déranger l’être dans sa quiétude, dans l’évidence du « tout est normal », dans le fait de considérer que « tout est réglé » »

tiré de « C’est pour cela qu’on aime les libellules »

 

« Or toute suspension de jugement, même et surtout celle de préjugés, a, du point de vue logique, la structure d’une question. L’essence de la question est d’ouvrir et de laisser ouverte des possibilités.

L’ouverture de ce qui est demandé réside dans le caractère non fixé de la réponse. La chose demandée doit rester en suspens. »

Tiré de « Le livre brûlé »

 

Jésus pose une question de Juif à d’autres Juifs, donc des gens habitués à ce mode de pensée, qui est tout en « questions-réponses », appelée la Mahloquet. La question n’est pas banale, elle ne porte pas sur le temple, le culte, la loi… Elle porte sur la personne-même de celui qui questionne. Cette question est donc redoutable, car elle oblige à un engagement vis-à-vis de celui qui la pose. Il y a douze disciples. Onze se taisent. Un seul parle, Pierre.

 

Pourquoi les onze se taisent-ils ? N’ont-ils rien à répondre ? Ne savent-ils pas ou ne veulent-ils pas répondre ? Pierre seul répond. Sa réponse est précise et très juive aussi : « Le Christ de Dieu », ce qui veut dire le « messie » ou « celui qui a reçu l’onction ». Le texte de Matthieu 16 :16 dit :

 

« Toi, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant »

 

et Jésus commente la réponse du seul Pierre :

 

« Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les Cieux ! »

 

Pierre ne pouvait répondre par sa naissance ou son éducation. Ce qu’il dit lui a été révélé par Dieu, par la seul grâce. Il n’y a que cette courte réponse, absolue.

 

Pierre a-t-il parlé au nom de tous ? Est-ce une réponse collective, une conviction partagée ? Nous n’en savons rien.

En fait, ici, seule la question est importante. Elle demeure toujours d’actualité.

 

La réponse absolue est en Dieu. Nous pouvons la recevoir par révélation, par la foi. Notre intelligence rationnelle ne nous est d’aucun secours pour saisir cela.

 

La réponse relative est apportée au quotidien. C’est chaque jour que cette question doit nous être posée. La réponse d’aujourd’hui n’est pas celle de l’an passé, ni celle d’il y a dix ans.

 

Répéter cette question, c’est rester ouvert, en marche avec Jésus. C’est être un des onze, qui comprennent petit à petit, c’est être comme Pierre et recevoir par révélation, par la seule grâce de Dieu.

 

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