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Catégorie : Bible et vie

Et vous qui dites-vous que je suis?

 

 

Ceci est le texte d’une première partie de culte faite le dimanche 5 juillet 2009 à Pessac (Gironde), adresse mail du site de la communauté :  http://eel33.free.fr/

 

 

Textes de base :

 

 Matthieu16 : 13 à 23

Marc6 : 14 à 16

Marc 8 : 27 à 33

Luc 9 : 18 à 32

 

 

Matthieu 16 : 13 ¶ Jésus, arrivé sur le territoire de Césarée de Philippe,  posa cette question à ses disciples: Au dire des gens, qui suis-je, moi, le Fils de l’homme? 

14  Ils répondirent: Les uns disent Jean-Baptiste; d’autres,  Élie; d’autres, Jérémie, ou l’un des prophètes. 

15  Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis? 

16  Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. 

17  Jésus reprit la parole et lui dit: Tu es heureux, Simon,  fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. 

18  Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. 

19  Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. 

20  Alors il recommanda sévèrement aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. 

21 ¶ Jésus commença dès lors à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. 

22  Pierre, le prit à part et se mit à lui faire des reproches en disant: A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t’arrivera pas. 

23               Mais Jésus se retourna et dit à Pierre: Arrière de moi,  Satan! Tu es pour moi un scandale, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. 

 

 

 Marc 8: 27 ¶ Jésus s’en alla, avec ses disciples dans les villages de Césarée de Philippe, et en chemin, il leur posa cette question:  Les gens, qui disent-ils que je suis? 

28  Ils dirent: Jean-Baptiste; d’autres, Élie; d’autres, l’un des prophètes. 

29  Mais vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis?  Pierre lui répondit: Tu es le Christ. 

30  Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire à personne ce qui le concernait. 

31  Il commença alors à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes,  qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite trois jours après. 

32  Il disait ces paroles ouvertement. Et Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches. 

33    Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples, fit des reproches à Pierre et lui dit: Arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. 

 

Luc 9 : 18 ¶ Un jour que Jésus priait à l’écart et que ses disciples étaient avec lui, il leur posa cette question: Les foules, qui disent-elles que je suis? 

19  Ils répondirent: Jean-Baptiste; d’autres, Élie; d’autres un des anciens prophètes ressuscité. 

20  Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis? Pierre répondit: Le Christ de Dieu. 

21  Jésus leur recommanda sévèrement de ne le dire à personne. 

22  Il ajouta qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite le troisième jour. 

23  Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi,  qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. 

24  Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera. 

25  Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même? 

26  En effet quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. 

27       Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d’avoir vu le royaume de Dieu. 

 

 

 Ces textes  comportent quatre  éléments attirent notre attention :

1.      le contexte évangélique

2.      la première question de Jésus à ses disciples

3.      la deuxième question de Jésus à ses disciples

4.       la réponse de Pierre

 

1 / Le contexte de nos textes :

 

Notons tout d’abord le fait assez rare que ce soit Jésus qui pose une question à ses disciples, alors que dans presque tous les textes évangéliques c’est lui qui est interrogé.

Ensuite une variante parmi les trois récits attire notre attention. Marc et Matthieu parlent d’un mouvement et d’un lieu, pas Luc.

 

Matthieu :  « … arrivé sur le territoire de Césarée de Philippe… »

Marc : « Jésus s’en alla avec ses disciples dans  les villages de Césarée de Philippe… »

 

Point de départ , la piscine de Bethsaïda , au bord du lac de Génésareth et remontée vers le Nord, environ 30 à 40 km , à parcourir à pied. Et Marc dit : « En chemin… »

Nous sommes dans une zone très aride où il n’y pas beaucoup d’habitants. Ils sont donc tranquilles

 

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Luc dit : « Un jour que Jésus priait à l’écart et que ses disciples étaient avec lui… »

Pas de lieu donné mais la nécessité d’être à l’écart, tranquille, loin des foules pour aborder ces questions. Luc y ajoute un détail spirituel non négligeable : « Jésus priait ». Ces question à poser ne sont pas anecdotiques, anodines, ne relèvent pas des circonstances du récit. Jésus a attendu un moment précis de son ministère, un temps particulier et un lieu approprié.

Toutes les interrogations ne sont pas bonnes à poser tout le temps.

 

2/ La première question de Jésus :

 

Elle est comme le première étage de la fusée ; elle conditionne la suite. Marc et  Matthieu nous disent : « Au dire des gens, qui suis-je ? » ( c’est le mot « hommes, « humains » qui est employé dans le texte original)

Luc dit : « Au dire des foules, qui suis-je ? »

 

Jésus veut savoir de la bouche de ses disciples ce que les témoins anonymes (hommes, gens , foules) de son ministère pensent de lui.

Il y a là une différence : c’est l’avis des humains, des hominidés pourrait-on dire, donc d’une race terrestre, une foule, soit quelque chose d’anonyme, de banalisé.

 

Les disciples répondent trois choses distinctes qui sont la pensée commune de la foule. Là, ils parlent tous. La foule a aussi interpellé Hérode comme le montre le texte de Marc 6 ;

 

4 ¶ Le roi Hérode l’apprit; en effet le nom de Jésus devenait célèbre et l’on disait: Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts et c’est pour cela qu’il a le pouvoir de faire des miracles. 

15  D’autres disaient: C’est Élie; et d’autres disaient: C’est un prophète comme l’un des prophètes. 

16  Mais Hérode en apprenant cela disait: Ce Jean que j’ai fait décapiter, c’est lui qui est ressuscité. 

 

 Reprenons les trois personnages qui sont évoqués :

 

·        Jean le Baptiste : c’est un contemporain, donc le plus connu. Or Jean a été décapité sur ordre d’Hérode le tétrarque justement (voir le récit de cette exécution dans la suite de Marc 6). Il est toujours rassurant de se référer à du connu, à du réel et de l’explicable. Or, il y a le délicat problème des miracles : Jean ne guérissait pas. Ce serait donc sa résurrection qui lui aurait donné le pouvoir d’accomplir des miracles.

 

·        Elie : il reste le prophète le plus grand et le plus puissant, celui qui a accompli de nombreux prodiges (voir 1 Rois 17 jusqu’à 2 Rois 2 :11) et n’a pas connu la mort. Toute référence au surnaturel passe donc par lui. La foule identifie donc Jésus à ce qui existe de plus puissant en Israël.

 

 

·        Un prophète parmi les prophètes : (Mrc 6 :15) ou « Un des anciens prophètes qui s’est relevé » (Luc 9 :19). Ici se trouve la référence la plus floue et aussi la plus faible en puissance des trois. Jésus est un parmi d’autres dans cette interprétation.

 

Ce qui est frappant dans ces trois réponses, c’est qu’à chaque fois la mort est vaincue. Le caractère unique de Jésus est le fait que la mort ne l’a pas gardé. En Israël à cette époque, cette croyance ne pose pas problème ; le peuple vit avec le surnaturel de Dieu dans les récits des Livres bibliques.

 

Aujourd’hui posons la question à notre foule : « Qui dit-on qu’est Jésus ? « 

 

Nous aurons des réponses également variables :

·        L’athée militant : pour les plus irréductibles, Jésus est une invention pure et simple des Evangélistes et de l’Eglise.

 

·        La masse de nos contemporains : Jésus est un sage, dans la lignée de Socrate, Bouddha ou Confucius.

 

 

·        Les élites les plus cultivées : elles le voient comme un penseur, un philosophe (« Le Christ philosophe » de C. Lenoir) ou un révolutionnaire.

 

Presque tous buteront sur l’incroyable : le rapport de Jésus à la mort et sa résurrection. Nous voyons bien que le contexte historique et culturel est capital pour répondre à cette question. Nos sociétés occidentales ont posé la raison en règle absolue. Or la résurrection (et la naissance de Jésus) ne sont ni raisonnables ni rationnelles.

D’autres sociétés contemporaines, comme celles d’Afrique ou du Grand Nord auraient un autre accueil, plus spiritualiste.

 

Quand Jésus pose cette question, il est clair qu’il connaît la réponse. Ce qui l’intéresse, me semble-t-il, c’est la réponse des disciples, fils du peuple, les plus aptes à recueillir ces impressions.

 

3/ La deuxième question de Jésus :

 

c’est le but de cet entretien. La première question ne sert qu’à amener celle-ci.

« Et pour vous, qui suis-je ? »

 

Par cette question, Jésus veut savoir ce que ceux qui marchent avec lui ont saisi. La lecture du début des Evangiles ne laisse pas beaucoup de doute : les disciples ont du mal à comprendre. D’abord parce qu’ils ne sont pas versés dans les Ecritures, ce sont des travailleurs manuels, des hommes simples. Ensuite parce qu’ils sont le produit de la religion juive et de sa vision messianique particulière. Et pourtant, ils le suivent !…

Nous les trouvons souvent perplexes, parlant entre eux de leurs incompréhensions…Ils ont cependant fait un acte de foi initial en le suivant, en laissant leurs barques et leurs métiers…

 

Pour suivre Jésus, il n’est pas demandé de tout comprendre. Il est demandé de se mettre en marche à son appel. Mais quand les disciples ont vécu plusieurs mois aux côtés de Jésus, sa question est légitime. Elle a un sens précis : « La foule me voit comme Jean, Elie ou un quelconque prophète, mais vous, mes amis, mes fidèles qui mangez , dormez, mangez avec moi, vous, que pouvez-vous dire aujourd’hui, dans cet endroit tranquille où aucun espion de la synagogue ou des Romains ne risque de vous dénoncer ? Qu’avez-vous compris ? »

 

La question d’adresse bien sûr à nous. Le culte est cet endroit tranquille, retiré de la foule quotidienne. Quelque soit notre temps de marché aux côtés de Jésus, il nous adresse la question :

 

« Et pour toi, qui suis-je ? »

 

« Et pour vous, Eglise de Pessac, qui suis-je ? »

 

4/ La réponse :

 

En fait comme dans toute démarche juive, la réponse importe moins que la question. Alors qu’en Occident, en France, nous ne prêtons souvent pas beaucoup attention aux questions, ce que nous aimons, ce sont les réponses.

 

Voici deux citations tirés de deux livres du Rabbin Marc-Alain Ouaknin, par ailleurs docteur en philosophie.

 

« La question surgit pour déranger l’être dans sa quiétude, dans l’évidence du « tout est normal », dans le fait de considérer que « tout est réglé » »

tiré de « C’est pour cela qu’on aime les libellules »

 

« Or toute suspension de jugement, même et surtout celle de préjugés, a, du point de vue logique, la structure d’une question. L’essence de la question est d’ouvrir et de laisser ouverte des possibilités.

L’ouverture de ce qui est demandé réside dans le caractère non fixé de la réponse. La chose demandée doit rester en suspens. »

Tiré de « Le livre brûlé »

 

Jésus pose une question de Juif à d’autres Juifs, donc des gens habitués à ce mode de pensée, qui est tout en « questions-réponses », appelée la Mahloquet. La question n’est pas banale, elle ne porte pas sur le temple, le culte, la loi… Elle porte sur la personne-même de celui qui questionne. Cette question est donc redoutable, car elle oblige à un engagement vis-à-vis de celui qui la pose. Il y a douze disciples. Onze se taisent. Un seul parle, Pierre.

 

Pourquoi les onze se taisent-ils ? N’ont-ils rien à répondre ? Ne savent-ils pas ou ne veulent-ils pas répondre ? Pierre seul répond. Sa réponse est précise et très juive aussi : « Le Christ de Dieu », ce qui veut dire le « messie » ou « celui qui a reçu l’onction ». Le texte de Matthieu 16 :16 dit :

 

« Toi, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant »

 

et Jésus commente la réponse du seul Pierre :

 

« Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les Cieux ! »

 

Pierre ne pouvait répondre par sa naissance ou son éducation. Ce qu’il dit lui a été révélé par Dieu, par la seul grâce. Il n’y a que cette courte réponse, absolue.

 

Pierre a-t-il parlé au nom de tous ? Est-ce une réponse collective, une conviction partagée ? Nous n’en savons rien.

En fait, ici, seule la question est importante. Elle demeure toujours d’actualité.

 

La réponse absolue est en Dieu. Nous pouvons la recevoir par révélation, par la foi. Notre intelligence rationnelle ne nous est d’aucun secours pour saisir cela.

 

La réponse relative est apportée au quotidien. C’est chaque jour que cette question doit nous être posée. La réponse d’aujourd’hui n’est pas celle de l’an passé, ni celle d’il y a dix ans.

 

Répéter cette question, c’est rester ouvert, en marche avec Jésus. C’est être un des onze, qui comprennent petit à petit, c’est être comme Pierre et recevoir par révélation, par la seule grâce de Dieu.

 

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Les chrétiens et l’argent

Les chrétiens et l’argent

 

 

 

 

Point d’actualité : La crise financière          


 

·  Le déclencheur officiel : la crise des subprimes et la titrisation des créances douteuses

·  Le contexte particulièrement dangereux : la mondialisation, la financiarisation de l’économie, la spéculation comme fin et l’absence de régulations

·  Les conséquences : les banques en faillite ou en difficultés (sauvés par les contribuables= privatisation des gains mais nationalisation des pertes) ; Les épargnants ruinés ou appauvris ; les entreprises en difficultés de crédit et d’activité car ralentissement de la demande car chute de la confiance, clé de voûte du système.

·  L’économie pénalisée donc au final le travail plus rare, moins bien payé et les contribuables obligés de payer les emprunts réalisés.

 

Pourquoi cette crise : parce que le système capitaliste n’a pas de morale, par définition, au sens strict de sa conception : un système économique est hors des catégories morales ; de plus notre société contemporaine occidentale est dans une situation de crise morale depuis plusieurs décennies ;

 

 

 

 

Citation d’Alain Caillé, anthropologue à Paris-X, Nanterre et spécialiste du don.

 

«  Tout l’enjeu des prochaines années va être de mobiliser la société pour retrouver, au-delà du tout-Etat et du tout-marché, le sens du don, de la solidarité, de la gratuité. Cela ne se fera pas tout seul. Car les morales, laïque et religieuse, qui portaient ces valeurs n’ont pas su les actualiser face à la déferlante néo-libérale. Il nous reste à effectuer un véritable travail de refondation des valeurs démocratiques. Le temps presse. »

cité in « La Vie » – 30 octobre 2008.

 

         Enjeux autour de trois mots : sens du don, gratuité, solidarité

         Interpellation aux laïques et chrétiens sur leur incapacité à être entendus dans le contexte actuel.

 

Voyons comment nous pouvons prendre appui sur l’enseignement de la Bible pour nous situer face à l’argent.

 

I/ La bible juive et la question de l’argent :

 

En simplifiant à l’extrême, il est possible de dire qu’il y a deux types de textes dans les écrits juifs, les récits de dérapage où l’argent est en jeu et les commandements ou instructions à ce sujet.

 

Mais avant tout, il faut rappeler qu’il est impossible de considérer la question de l’argent à cette époque comme nous le faisons aujourd’hui. Le symbole « argent », avec tout ce qu’il signifie pour nous est inopérant en Israël. Pour comprendre les textes bibliques il faut penser à deux idées connexes :la richesse (ou les richesses ou les biens) et les métaux précieux.

 

Les récits de « dérapages » liés à ces problèmes :

 

1/ le Veau d’or : Exode 32 : 1 à 6

1 ¶ Le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne; alors le peuple s’assembla autour d’Aaron et lui dit: Lève-toi, fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. 

2  Aaron leur dit: Défaites les anneaux d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les moi. 

3  Et tous (les gens du) peuple se défirent des anneaux d’or qui étaient à leurs oreilles et les apportèrent à Aaron. 

4  Il reçut l’or de leurs mains, le façonna avec le burin et fit un veau en métal fondu. Puis ils dirent: Israël! Les voici tes dieux qui t’ont fait monter du pays d’Égypte. 

5  Lorsqu’Aaron vit cela, il bâtit un autel devant lui et s’écria: Demain,  il y aura fête en l’honneur de l’Éternel! 

6  Le lendemain, ils se levèrent de bon matin, ils offrirent des holocaustes et présentèrent des sacrifices de communion. Le peuple s’assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir. 

 

 

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Nous avons là un récit connu, mais complexe. Le veau d’or est à la fois une idole qui remplace Dieu et il est en métal précieux, représentant ce qui est cher au cœur du peuple. L’idolâtrie associe l’or et l’animal. Les Israélites font comme les peuples voisins qu’ils connaissent, ni plus ni moins ; ils se « conforment au siècle présent » (romains 12). Ce dérapage à des conséquences très graves : la brisure des tables de la Loi, que les rabbins juifs considèrent comme un des évènements les plus importants de toute la Torah.

 

2/ La faute d’Akan, la convoitise des richesses : Josué chapitre 6 : 17 et suivants

voici le commandement de Dieu :

« La ville et tout ce qu’elle contient est réservée au SEIGNEUR, elle doit donc être détruite. Nous laisserons en vie uniquement Rahab, la prostituée, et tous ceux qui sont dans sa maison, parce qu’elle a caché nos espions. 

18  Vous, faites attention! Ne prenez rien de ce qui est interdit et doit être détruit. Sinon, vous ferez tomber le malheur sur le camp d’Israël, et il sera détruit. 

19  Tout l’argent, l’or et les objets en bronze et en fer, vous les consacrerez au SEIGNEUR et vous les mettrez dans son trésor.» 

 

et voici le dérapage :

¶ C’est alors que les Israélites commirent une infidélité à l’égard de l’interdit: Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah de la tribu de Juda, prit (une part) de l’interdit, et la colère de l’Éternel s’enflamma contre les Israélites. 

 

Akan désobéit et garde pour lui une part de butin, par convoitise, par amour des biens. C’est un des plus vieux ressorts du monde, le désir de possession.

 

Akân répondit à Josué: C’est vrai, c’est moi qui ai péché contre l’Éternel,  le Dieu d’Israël. Voici en détail ce que j’ai fait. 

21    j’ai vu dans le butin un manteau de Chinéar, d’une rare beauté, ainsi que deux cents sicles d’argent et un lingot d’or, pesant à lui seul cinquante sicles; J’en ai eu envie et je les ai pris; ils sont maintenant cachés en terre, à l’intérieur de ma tente, l’argent par-dessous. 

 

 

Dieu va châtier le peuple pour cette désobéissance.

 

 

 

Les commandements :

·        La dîme et les offrandes

·        La solidarité entre riches et pauvres

·        La remise en cause de la propriété par la pratique du jubilé.

 

En conclusion de ce très rapide survol de la période juive de notre bible, nous pouvons à l’inverse méditer sur le cas de Job. Son histoire est aussi un enseignement remarquable sur le rapport aux biens, à la richesse de l’époque (enfants et troupeaux). Job a su accepter de n’être que le gérant de ses biens et il su mettre son obéissance à Dieu au-dessus de ses malheurs économiques.

 

 

 

 


 

II Que dit Jésus ?


 

Il faut noter deux faits préliminaires :

·        Jésus se situe dans le contexte juif et parle comme un rabbin et un prophète, avec tout l’héritage des écrits antérieurs ;

·        Il accorde une place importante aux richesses et à l’argent, plus que dans les écrits anciens, car l’Empire Romain est déjà beaucoup plus monétarisé (la monnaie a été inventée par les Grecs au VIIème siècle avant notre ère et largement utilisée par les Romains qui unifièrent le système monétaire dans tout leur empire).

On peut reprendre la même structure que précédemment et la dépasser.

 

Les dérapages :

 

Toute la série des « Malheur à vous » dans Matthieu 23 :

 

Matthieu 23:13  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui le voudraient. 

Matthieu 23:14  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières; à cause de cela, vous subirez une condamnation particulièrement sévère. 

Matthieu 23:15  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, quand il l’est devenu,  vous en faites un fils de la géhenne deux fois pire que vous. 

Matthieu 23:16  Malheur à vous, conducteurs aveugles! Qui dites: Si quelqu’un jure par le temple, cela ne compte pas; mais si quelqu’un jure par l’or du temple,  il est engagé. 

Matthieu 23:23  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qu’il y a de plus important dans la loi: le droit, la miséricorde et la fidélité; c’est là ce qu’il fallait pratiquer sans laisser de côté le reste. 

Matthieu 23:25  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, alors qu’en dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. 

Matthieu 23:27  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impureté. 

Matthieu 23:29  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes et ornez les tombeaux des justes,

 

Luc 6:24  Mais malheur à vous, les riches, car vous avez votre consolation. 

 

 

 

Dans ces versets il y a une place importante accordée aux biens et à la richesse.et une condamnation des riches. De même certains personnages de l’Evangile sont liés à l’oppression financière ou à l’enrichissement illicite ou scandaleux : Zachée, Matthieu ou le publicain et sa prière de propre juste ;

 

Les commandements :

Deux exemples seulement

         le jeune homme riche : Matthieu 19 : 16 à 24

16 ¶ Tout à coup, un homme s’approche de Jésus et lui demande: «Maître, qu’est-ce que je dois faire de bon pour avoir la vie avec Dieu pour toujours?» 

17  Jésus lui répond: «Pourquoi est-ce que tu m’interroges sur ce qui est bon? Un seul est bon, c’est Dieu. Si tu veux entrer dans la vie avec Dieu, obéis aux commandements.» 

18  L’homme lui dit: «Quels commandements?» Jésus répond: «Ne tue personne. Ne commets pas d’adultère. Ne vole pas. Ne témoigne pas faussement contre quelqu’un. 

19  Respecte ton père et ta mère. Aime ton prochain comme toi-même.» 

20  Le jeune homme lui dit: «J’ai obéi à tout cela. Qu’est-ce que je dois faire encore?» 

21  Jésus lui dit: «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, et donne l’argent aux pauvres. Alors tu auras des richesses auprès de Dieu. Ensuite,  viens et suis-moi.» 

22  Mais quand le jeune homme entend cela, il s’en va tout triste parce qu’il possède beaucoup de choses. 

23 ¶ Jésus dit à ses disciples: «Je vous le dis, c’est la vérité: pour quelqu’un de riche, c’est très difficile d’entrer dans le Royaume des cieux. 

24  Je vous dis encore ceci: est-ce qu’un chameau peut passer facilement par le trou d’une aiguille? Eh bien, pour un riche, c’est encore plus difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu!»

         Le « rendez à César » Marc 12 : 13 à 17

13 ¶ Les chefs religieux envoient auprès de Jésus des Pharisiens et des gens du parti d’Hérode Antipas. Ils veulent lui tendre un piège en le faisant parler. 

14  Ils viennent dire à Jésus: «Maître, nous le savons, tu dis la vérité et tu n’as peur de personne. Tu ne regardes pas l’importance des gens, mais tu enseignes en toute vérité ce que Dieu nous demande de faire. Dis-nous: est-il permis ou non de payer l’impôt à l’empereur romain? Est-ce que nous devons payer, oui ou non?» 

15  Mais Jésus comprend que ce sont des hommes faux et il leur dit: «Pourquoi est-ce que vous me tendez un piège? Faites-moi voir une pièce d’argent.» 

16  Ils lui apportent une pièce d’argent et Jésus leur dit: «Sur cette pièce, il y a l’image et le nom de quelqu’un. De qui donc?» Ils lui répondent: «De l’empereur.» 

17  Alors Jésus leur dit: «Rendez à l’empereur ce qui est à l’empereur et rendez à Dieu ce qui est à Dieu.» Et ils sont très étonnés par la réponse de Jésus. 

 

Mais Jésus va au-delà :

Il fait le lien entre l’attitude face aux richesses et le  Royaume de Dieu :

 

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Matthieu 6 :23 à 34

23  mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres! 

24  Nul ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l’un et aimera l’autre,  ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. 

25 ¶ C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? 

26  Regardez les oiseaux du ciel: Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? 

27  Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie? 

28  Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Observez comment croissent les lis des champs: Ils ne travaillent, ni ne filent; 

29  cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. 

30  Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs qui existe aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne vous (vêtira-t-il) pas à plus forte raison, gens de peu de foi? 

31  Ne vous inquiétez donc pas, en disant: Que mangerons-nous? Ou: Que boirons-nous? Ou: De quoi serons-nous vêtus? 

32  Car cela, ce sont les païens qui le recherchent. Or votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 

33  Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus. 

34  Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. 

 

Luc 9 : 23 à 27

23  Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. 

24  Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera. 

25  Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même? 

26  En effet quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. 

27  Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d’avoir vu le royaume de Dieu. 

 

 

Matthieu 6:21  Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur. 

 

L’enseignement de Jésus est sans ambiguïté : il se défie des biens et de leur pouvoir sur les hommes.

 

Après Jésus, les apôtres fixeront et développeront des points précis :

Les Actes montrent une communauté qui met en commun ses biens et rompt donc avec la propriété ; contexte eschatologique. Mais certains restent attachés aux richesses ; le dérapage le plus sérieux est celui d’Ananias et Saphira  (Actes 5 :1 et suivants). Le mensonge est puni autant que l’appât des biens.

Paul sera très attentif aux collectes de solidarité entre églises, donc à une forme de redistribution entre riches et pauvres dans le peuple de Dieu. Il donnera des avis sur la façon de pratiquer la charité dans l’Eglise, ou l’offrande…

 

Quant à Jacques, il reprend les propos de Jésus (son frère ) avec une grande et rare violence :

Jacques 5 : 1 à 5 :

1 ¶ A vous maintenant, les riches! Pleurez à grands cris à cause des malheurs qui viendront sur vous! 

2  Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont mités. 

3  Votre or et votre argent sont rouillés; et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous et dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans ces jours qui sont les derniers! 

4  Voici: le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées. 

5  Vous avez vécu dans les voluptés et dans le luxe, vous avez rassasié vos coeurs au jour du carnage. 

 

Il y a donc matière à réfléchir sérieusement sur le rapport entretenu avec l’argent et les biens divers qui constituent la richesse. Il y a un grand danger à se conformer au penchant naturel des sociétés qui nous entourent.

 

 

 

 


Prière : lecture de la prière de Jean Calvin page 65 du livre de Jérôme Cottin

Mon Père et mon Sauveur

 

Mon Dieu, mon Père et mon Sauveur

Puisqu’il t’a plu de me conserver par ta grâce

Pendant la nuit qui vient de finir et jusqu’au jour qui commence,

Fais que je l’emploie tout entier à ton service

Et que je ne pense, ne dise et ne fasse rien

Qui ne soit pour te plaire et obéir à ta sainte volonté,

Afin que toutes mes actions se rapportent

A la gloire de ton nom et au salut de mes frères.

 Et de même que pour cette vie terrestre,

Tu fais luire ton soleil sur le monde,

Veuille aussi éclairer mon intelligence

Par la clarté de ton esprit.

Afin de me diriger dans la voie de ta justice.

Ainsi, ô mon Dieu,

A quelque chose que je m’applique,

Que mon but soit toujours de te servir et de t’honorer,

Attendant tout mon bien de ta seule bénédiction ,

Et n’entreprenant rien qui ne te soit pas agréable.

Fais aussi, Seigneur,

Que tout en travaillant pour mon corps,

Et pour la vie présente,

J’élève mon âme plus haut

Jusqu’à cette vie céleste et bienheureuse

Que tu réserves à tes enfants.

 

Jean Calvin

 

 

 

 

Conclusion : quelques enseignements concrets


nous sommes dans ce monde mais pas de ce monde, donc : 

 

  1. Nous n’avons pas les mêmes intérêts que lui : recherche du profit à tout prix
  2. Ne nous inquiétons de rien si nous sommes dans la foi et dans des pratiques saines au plan financier : Les Béatitudes.
  3. Nous devons rester dans les clous de l’Evangile et relire les Béatitudes le plus souvent possible : l’accumulation de l’argent pour l’argent n’est pas notre programme ; si nous en avons tant mieux, mais faisons-en bon usage.
  4. Choisissons nos placements et nos investissements selon une morale : placements éthiques, aides r coopératives…
  5. L’amour de l’argent (l’avarice) est cité parmi les péchés graves alors qu’on n’y pense guère.
  6. Les affaires d’argent entre chrétiens sont déconseillées.
  7. L’argent des chrétiens doit servir la cause de leur foi et non celle du monde profane.
  8. Ce n’est pas l’argent qui est maudit, mais c’est notre rapport à l’argent qui peut l’être.

 

 

 

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Don, générosité et vie chrétienne

 

 

 

Partie 1 : actualité du don :

 

Citation d’Alain Caillé, anthropologue, à rappeler :

 

«  Tout l’enjeu des prochaines années va être de mobiliser la société pour retrouver, au-delà du tout-Etat et du tout-marché, le sens du don, de la solidarité, de la gratuité. Cela ne se fera pas tout seul. Car les morales, laïque et religieuse, qui portaient ces valeurs n’ont pas su les actualiser face à la déferlante néo-libérale. Il nous reste à effectuer un véritable travail de refondation des valeurs démocratiques. Le temps presse. »

cité in « La Vie » – 30 octobre 2008.

 

 

 

Quels types de dons aujourd’hui ? pour simplifier on peut proposer quatre catégories (non-exhaustives évidemment)

 

1/ les « dons » des Etats, liés à la crise financière actuelle, qui ne sont que des versions urgentes des subventions antérieures :

  • dons aux grandes banques françaises, contre seul engagement de maintenir ouvert le crédit, ce qu’elles ne font manifestement pas.
  • dons aux grands constructeurs automobiles américains (Ford, Chrysler et General Motors) qui demandaient 34 MM de $ et n’ont obtenu que 17 MM !

Ce sont de purs cadeaux, qui ne sont assortis d’aucune obligation réelle, mais de vœux pieux ou de symboles pour distraire le peuple qui souffre (la suppression des « bonus des dirigeants bancaires en France ou la limitation des salaires de PDG aux EU à 500 000 $ !). En fait c’est une forme de vol de l’argent collectif, public, celui des contribuables qui sert à renflouer des entreprises totalement privées dont la politique de licenciements continuera comme avant.

 

2/ Les dons des  philantropes :

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pas nouveau, car datant de l’antiquité gréco-romaine, avec les mécènes. S’est poursuivi durant tout le cours de l’histoire ( la famille des Médicis à Florence est réputé pour cela ). La version actuelle est la Fondation, société à statut particulier qui vient des E.Unis. Le philantrope a gagné beaucoup d’argent dans les affaires (pas toujours moralement proprement !) et « rachète » sa conscience en donnant une partie de ses immenses gains. C’est toujours mieux que rien, évidemment. Dans l’actualité, deux grandes fondations jouent un rôle mondial, celle de Bill & Melinda Gates, et celle de Georges Soros. La première s’occupe des déshérités et surtout des enfants et des victimes du SIDA en Afrique, l’autre aide à tout progrès vers la démocratie. Ces fondations sont alimentées par des dons défiscalisés et ne paient elles-mêmes pas d’impôts.

 

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3/ Les dons des chercheurs, en sciences humaines surtout. Là, le don est simplement un objet d’étude que l’on passe au crible de l’observation. Pour les sociologues et anthropologues, il n’y a pas de don « pur » (nous dirions, nous chrétiens « gratuit »), mais tout don appelle un « contre-don », conscient ou inconscient. L’observation est subtile et très souvent vraie. Mais le surnaturel divin n’y a aucune place. Ce qui est vrai pour un dîner entre connaissances ne l’est pas pour le salut ou l’offrande !

 

4/ les dons des individus ordinaires : charité, solidarité…Ils obéissent certes souvent à la logique du contre-don inconscient : on donne aux Resto du Cœur en pensant que si on était en situation de nécessité absolue, on aimerait bien recevoir. On peut plus parler de solidarité que de don au sens biblique.

Dans cette catégorie de don qui est la plus massive, l’affectif joue un rôle majeur : Lors du Tsunami du pacifique, les français ont été plus généreux que d’habitude, car les médias ont beaucoup plus insisté sur cette catastrophe-là que sur d’autres, car il y avait des victimes françaises. Qu’en aurait-il été des dons si ce n’avait pas été le cas ? Mais, il faut constater qu’en règle générale, les pauvres donnent proportionnellement plus que les riches, ils sont plus généreux.

 

Retenons aussi que le don est souvent une façon élégante de se débarrasser de son superflu. D’où une grande ambiguïté.

 

Nous allons revenir sur la générosité un peu plus loin.

 

Comment avoir un point de vue chrétien et biblique sans adopter l’attitude du monde profane ou être influencé par lui ?

 

 

 

 

Partie 2 : Dans notre foi, le don est basique et présent sous deux aspects liés.

 


 

1/ Jean 3 : 16, encore et toujours, est clair.

 

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

 

Jésus a donné lui-même sa vie. Nous sommes au bénéfice exclusif d’un don gratuit (« par grâce » au sens étymologique). Certes ce don en espère, en désire un autre en contre-don, mais il est gratuit par essence car anonyme .

 

2/ en échange de la réception de l’Evangile et de ce don, nous pouvons si nous le voulons (c’est la conversion) agir aussi sous forme de don.

 

Romains 6 :13 :

 

Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité; mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants de morts que vous étiez, et offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice.

 

Dieu va au-delà encore et donne son plan pour l ‘humanité

 

3/ Ceci se résume donc dans le verset célèbre de 1 Timothée 2 :3

 

3  Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur,

4  qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

 

 

Reprenons cela dans l’ordre au moyen d’un schéma rapide :

 

 

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Partie 3 : Quelques enseignements et mises en pratique

 

 

Qu’avons-nous reçu en don de Dieu

 

1/ La vie éternelle : Jean 3 :16

2/ L’assurance spirituelle d’être enfant de Dieu :

Jean 1 : 9 à 13

 

Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

10  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.

11  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.

12  Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés,

13  non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

 

3/ Le Saint-Esprit, le Consolateur : Actes 1 :3-4

 

3  Après qu’il eut souffert, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se montrant à eux pendant quarante jours, et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu.

4  Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il;

5        car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit.

 

Promesse faite à tous : Jean 15 :26

 

Jean 15:26  Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi;

 

4/ La paix de Dieu : Jean 14 :27

 

27    Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s’alarme point.

 

5/ Des talents divers à faire fructifier : Matthieu 25 : 14 à 30

 

14 ¶ Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens.

15  Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit.

16  Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents.

17  De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres.

18  Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître.

19  Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte.

20  Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres.

21  Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.

22  Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres.

23  Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.

24  Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné;

25  j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.

26  Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné;

27  il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt.

28  Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents.

29  Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.

30    Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

 


 

2/ Comment avons-nous reçu ?

 

« Je ne vous donne pas comme le monde donne… » dit Jésus . Que signifie cette expression ? Au minimum qu’il y a deux façons de donner distinctes : celle du monde (voir partie 1) et celle de Jésus. L’affirmation de Jésus vise à encourager les disciples. Donc, le don par Jésus est supérieur aux dons du monde. Il est d’une autre catégorie, ne rentre pas dans les calculs humains. Ce que nous avons reçu de Jésus (et donc de Dieu par lui) est bien meilleur et d’une nature différente : ce don ne peut se détruire et se corrompre.  1 Pierre 1 :14

 

4  pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir; il vous est réservé dans les cieux,

 

 

C’est le don le meilleur : ce qui est venu par grâce de Dieu est notre vraie richesse.

 

3/ Que devons-nous donner et comment le donner ?

 

C’est là qu’intervient la générosité, cette belle qualité.

L’étymologie du mot est intéressante : Generosus= de bonne ou noble race, donc animé de sentiments nobles, de bonne source. Elément complémentaire de définition : « Qui donne plus qu’il n’est tenu de faire » (1677)

Rappelons-nous que nous sommes maintenant fils de roi, donc de noble race et que nos sentiments ont cette source.

  • nous devons donner tout ce que nous avons reçu gratuitement au plan spirituel ; il ne faut rien garder, c’est la condition pour que ce soit sans cesse renouvelé : cf le vin des noces de Cana ou la multiplication des pains.
  • Mais nous devons aller au-delà et pratiquer la générosité absolue par amour. Deux textes importants et difficiles pour nous.

Matthieu 6 : 19 à 21

 

19 ¶ Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent;

20  mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.

21    Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.

 

Matthieu 5 : 40-42

 

40  Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

41  Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.

42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.

 

Jésus appelle à dépasser la mesure. Il n’y a pas de don raisonnable dans le programme divin. Il y a un don généreux qui fait plus que ce qui convient.

Dans la logique de l’Evangile, nous n’avons pas à être économe . Matthieu 6 : 25-34

 

25 ¶ C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?

26  Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux?

27  Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie?

28  Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent;

29  cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.

30  Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?

31  Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi serons-nous vêtus?

32  Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

33  Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

34    Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

 

L’épargne n’est pas une qualité chrétienne. Seules les dettes sont proscrites par le message de l’Evangile : Romains 13 :8

 

  Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi.

 

Or le discours du monde actuel est tout autre :

 

         valorisez votre épargne, assurez votre vieillesse, vos enfants, vos biens… Ces principes sont en  fait d’un autre esprit que celui de Jésus.

         Utilisez votre temps libre et votre argent pour prendre soin de vous. Le développement personnel est la grande mode, on remplit des rayons de librairie là-dessus, y compris dans les publications chrétiennes. Ceci aussi est en contradiction avec ce que dit Jésus. Par vocation céleste, nous sommes « sauvés pour servir », selon la belle devise de l’Armée du Salut. Et non sauvés pour jouir.

         Etre généreux, c’est être inconséquent, imprévoyant.  Ce n’est  pas ce que dit Jésus ou ce qu’écrit Paul.

 

Donnons non seulement le message spirituel du salut par l’Esprit, mais donnons nos talents avec les deux sens du terme, argent et capacités.

Et en plus, donnons notre temps. Ne tombons pas dans le piège que nous tend le monde : l’hédonisme, l’égoïsme, la jouissance, la qualité de la vie, le développement personnel… autant de trappes sous nos pas.

 

C’est quand je me suis allégé de tout que je peux recevoir et communier.

 

Texte de Bill Deraime ou écoute du morceau « Rien ne Pourra »

 

Rien ne pourra me séparer de toi

 

 

 

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

 

Dans la tempête et dans la nuit,

C’est ta main qui me conduit.

Dans le désert où je m’enfuis,

C’est ta loi qui me suffit.

Quand je suis seul, tu me donnes ta main.

Si je t’appelle, tu m’écoutes comme un père.

Quand je me perds, tu oublies tout

Pour me chercher très loin, tu vas jusqu’au bout,

Jusqu’au bout…

 

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

 

 

Lorsque j’ai soif, c’est ton eau que tu me donnes,

Mon Dieu, que ton eau est bonne…

Lorsque j’ai faim, c’est ton pain que tu me romps,

Mon Dieu, que ton pain est bon…

Quand je me vide, tu me combles de vie.

Quand je m’enterre, tu m’attires au Paradis.

Quand je descends, c’est ton bras qui me soulève.

Cent fois je tombe, cent fois tu me relèves,

Tu me relèves…

 

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

Rien, non rien ne pourra me séparer

Rien, non rien ne pourra me séparer de toi

 

 

 

Paroles et musiques de Bill Deraime

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