Première étape : Un point de départ évangélique
Le texte que nous avons chois est le plus connu sur ce thème, il s’agit du chapitre 24 de l’Evangile de Matthieu, des versets 1 à 44
1 . Le contexte du discours : versets 1 à 3
1 ¶ Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions.
2 Mais il leur répondit: Voyez-vous tout cela? En vérité je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.
3 Il s’assit sur le mont des Oliviers. Et les disciples vinrent en privé lui dire: Dis-nous quand cela arrivera-t-il et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde?
Les « temps de la fin ». on emploie souvent le mot eschatologie pour désigner cela, ce qui signifie : « doctrine des fins dernières », origine grecque « eskalon » = dernier. Nous confondons très souvent eschatologie et apocalypse. « Apocalypse » signifie en grec « révélation » et non « catastrophe ». C’est le premier mot de ce livre qui lui a donné son nom. Cette confusion eschatologie / apocalypse entraîne de graves conséquences dans notre vision du monde.
2 . Les « signes annonciateurs » de temps de la fin : versets 6 à 8
6 Vous allez entendre parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous de vous alarmer car cela doit arriver. Mais ce ne sera pas encore la fin.
7 Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, par endroit, des famines et des tremblements de terre.
8 Tout cela ne sera que le commencement des douleurs.
Nous identifions là les guerres, les famines et les tremblements de terre.
Mais tout le reste de ce chapitre porte sur le risque spirituel lié aux « temps de la fin » et fait référence surtout à l’apostasie , « rejet total de la foi chrétienne » ; voir les versets 12, 13 et 22. La persécution est aussi évoquée au verset 9.
12 Et en raison des progrès de l’iniquité l’amour du plus grand nombre se refroidira.
13 Mais celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé.
22 Et si ces jours n’étaient abrégés, personne ne serait sauvé, mais à cause des élus ces jours seront abrégés.
9 Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir, et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom.
3 . La comparaison avec l’époque du déluge : versets 37 à 40 et 44
37 Comme aux jours de Noé ainsi en sera-t-il à l’avènement du Fils de l’homme.
38 Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche;
39 et ils ne se doutèrent de rien, jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous; il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme.
40 Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé,
44 C’est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas.
Ceci nous introduit dans la comparaison avec le Déluge que Jésus va développer.
Il établit un parallèle sur deux points majeurs :
· L’inconscience et l’insouciance des gens
· La soudaineté du déluge et du retour du Christ.
Ici le Déluge est un enseignement, un moyen de faire comprendre, pas une référence littérale.
Mais il faut aller jusqu’au bout de l’histoire de Noé pour saisir son sens eschatologique :
Genèse 9 :11 – J’établirai mon alliance avec vous: aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du Déluge, il n’y aura plus de Déluge pour ravager la terre.
Dieu s’engage donc ici à ne plus détruire la Terre sous les eaux et il donne même un signe de cette alliance, l’arc-en-ciel.
Que pouvons-nous tirer de ce premier moment ?
· Nous avons une grille de lecture eschatologique des temps. Nous croyons, comme les Juifs, à une fin de cet ordre de choses présent, nous croyons au Messie et en son retour glorieux. Mais que raconte donc d’autre le livre de l’Apocalypse ?
· Par ailleurs, nous sommes dans un univers et sur une terre soumise à sa logique physique, qui s’exprime par des « colères » que nous nommons « catastrophes naturelles ».
Faut-il faire un lien de cause à effet entre les deux ?
C’est la modeste ambition de ce culte de nous faire réfléchir à cela, Bible en main.
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Deuxième étape : les « colères de la Terre »
Frise de Science et Vie sur l’année 2010
Le bilan est lourd : 295 000 morts et 130 milliards de $ de dégâts.
Regardons quelques images qui illustrent la forme diverse de ces colères terrestres :
Le séisme en Haïti : la force destructrice des tremblements de Terre (sans doute ce qui est arrivé à Sodome et Ghomore)
La tempête Xynthia sur les côtes de France : quand le vent et la mer reprennent leurs droits violemment.
Les incendies en Russie : le feu est un élément que l’homme redoute et ne peut maïtriser.
L’éruption du volcan islandais : le ciel couvert de cendres (une des coupes de l’Apocalypse).
Glissements de terrain en Chine : fragilité de l’emprise humaine sur la terre.
Nous ne pouvons pas passer sous silence ce qui frappe le Japon en ce mois de mars 2011. Il y a d’abord une double catastrophe naturelle, un séisme sous-marin, qui déclenche une vague immense, un tsunami. Les deux se combinent pour un bilan terrible.
Mais l’homme ajoute un élément supplémentaire aux conséquences totalement imprévisibles et immaîtrisables, quoiqu’il dise : la catastrophe nucléaire.
Le Japon illustre bien la façon dont les deux types de catastrophes peuvent s’entremêler.
Nous pouvons nous poser quelques questions, auxquelles nous n’apporterons ici que des réponses lapidaires :
· Y-a-t-il plus de catastrophes naturelles aujourd’hui qu’hier ? la réponse sérieuse des chercheurs est plutôt non.
· Sont-elles plus meurtrières qu’avant ? La réponse est dans ces quatre chiffres : nous étions 250 millions d’humains à l’époque du Christ, 500 millions à la Renaissance, avec Ronsard et François Ier, environ 1 milliard sous Bonaparte, presque 2 milliards en 1920 et6,8 milliards aujourd’hui. Les zones habités sont plus denses, donc les bilans plus lourds.
· Le réchauffement climatique est-il responsable de cette « augmentation » ? Dans certains domaines oui, comme pour les feux de forêts, les inondations, mais dans d’autres non, comme les tsunamis, les séismes ou les cyclones.
· Sommes-nous mieux informés ? Oui, les spécialistes pensent même que nous avons atteint le stade maximal de pénétration des médias. Nous savons tout instantanément ; les victimes sont dénombrées, les dégâts inventoriés car de plus en plus souvent remboursés par les assurances.
Ces questions en amènent une autre bien plus grave :
Et Dieu dans tout ça ?
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Troisième temps : Dieu, les hommes, la Terre et nous
Nous devons penser avec notre foi ce que nous venons de décrire et essayer d’avoir une attitude conforme à la Bible et à l’Evangile. On peut trouver trois grandes positions face à ce qui vient d’être décrit.
1. La position scientiste, athée et matérialiste :
Elle est celle de la Science, c’est le discours dominant d’aujourd’hui, celui qui est enseigné à la jeunesse de notre pays. Rappelons-en quelques composantes :
· Dieu est mort, il est sans objet. Le monde est un accident physico-chimique que les savants cherchent à expliquer.
· La science fournit la seule explication à retenir et à diffuser ; tout le reste relève de la croyance, seule la science est vraie.
· Pour chaque catastrophe naturelle , elle a son explication : les séismes, les tsunamis et les volcans sont la conséquences de la « tectonique des plaques » et de son jeu ; Les ouragans, cyclones, tornades et inondations relèvent de la climatologie et du jeu des masses d’air ou du relief ; Les glissements de terrain sont du ressort de la géologie.
· Tout ceci est appuyé sur des faits, dont certains sont absolument avérés, alors que d’autres sont purement supputés et relèvent d’hypothèses, certes séduisantes et crédibles, mais non prouvées, comme la tectonique des plaques ou le big bang.
· Il n’y aucun aspect moral à tout cela, même si la compassion et la solidarité jouent ; c’est de la physique et rien de plus.
· L’homme peut interférer avec la nature et peser de plus en plus lourd : le congrès mondial de géologie vient d’avaliser l’appellation « anthropocène » pour désigner notre époque. Mais la science va trouver les solutions à tous les défis, il suffit de lui donner toujours plus de moyens et de pouvoir.
2. Une position chrétienne fondamentaliste :
Elle est assise sur une lecture littérale de la Bible. Celle-ci ne peut comporter aucune contradiction et ne peut errer. Voici quelques composantes de cette attitude :
· La fin des temps est proche, l’eschatologie est au centre de la Bible.
· Les signes du temps sont des signes des temps (de la fin)
· Les hommes récoltent le châtiment de leur folie et de leur refus de croire en Dieu, qui les punit comme il l’a promis : les catastrophes naturelles, comme le SIDA, sont des châtiments…
· Tout cela peut être expliqué par la lecture des textes bibliques pris au pied de la lettre.
· Le monde a été créé selon l’ordre des jours de la Genèse, en six jours, la terre a un peu plus de 5700 ans.
3. Une position médiane, commune aux Juifs et chrétiens libéraux :
Rappelons qu’ici « libéral » ne veut pas dire qui ne croit pas en Dieu, mais qui croit à la liberté. Cette position ne renie en rien la Bible et Dieu, mais elle a une lecture qui est beaucoup plus souple et actualisée de la Bible.
· La notion juive de « tsim-tsoum » est capitale : pour créer le monde, Dieu a dû se mettre en retrait pour lui faire de la place, alors qu’il était Tout lui-même. Ce mouvement, qui accompagne la création est le « tsim-tsoum ». Dès lors, Dieu a accordé à sa création une liberté dans la quelle il n’intervient qu’exceptionnellement, par les miracles ou les prohètes.
· Les chrétiens ont repris cette position pour partie. C’est la discussions célèbre entre libre-arbitre et serf-arbitre. L’arbre de la connaissance nous a ouvert au savoir et à la pensée, en même temps qu’il nous rendait mortel et libres de nos choix. Nous avons les codes d’accès au salut , nous avons le sens du monde et de son avenir, à nous de décider. Nous sommes responsables de notre vie comme de notre mort, et de notre terre.
· Il n’y a donc pas de punition et de châtiment naturel, mais la vie autonome de la création remise en partie entre nos mains : la preuve est que les catastrophes naturelles frappent aveuglément croyants et athées.
Voici quelques pistes de réflexions à partir de notre vie d’aujourd’hui et de la Bible.
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