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Catégorie : religion et spiritualité

recension et essais sur des livres portant sur toutes les question spirituelles, métaphysiques et religieuses

Une grande dame du XIIe siècle: Hildegarde von Bingen

Hildegarde de Bingen –  Conscience inspirée du XIIe siècle

Régine Pernoud – Livre de poche

Hildegarde de Bingen serait restée parfaitement inconnue du grand public si la mode du bio et de l’alternatif ne s’était pas développée. En effet, ce sont ses écrits « médicaux » qui ont été portés à la connaissance du public et utilisés par des artisans du bricolage ésotérico-naturaliste. Or, ce serait une grave erreur de réduire cette femme à cette catégorie d’écrits et d’en faire une sorte de coach de bien-vivre médiéval. C’est pourtant ce qui lui est arrivé. Essayons de lui rendre justice, à partir du livre de Régine Pernoud, historienne  médiéviste reconnue.

Régine Pernoud (1909-1998), au soir de sa vie

Le XIIe siècle est celui d’une première Renaissance européenne, éclipsée par celle des XV et XVIe siècle. Des personnages de premier plan pour l’histoire spirituelle et culturelle de notre continent vivent à cette époque. Je donne ci-dessous une liste incomplète de quelques noms importants :

  • Pierre Abélard (1079-1142) – Philosophe, théologien et logicien, il est connu pour ses débats intellectuels avec Bernard de Clairvaux et pour sa relation avec Héloïse. Il est l’un des plus grands penseurs du Moyen Âge, ayant influencé la philosophie scolastique.
  • Bernard de Clairvaux (1090-1153) – Moine cistercien, mystique et réformateur, il est un acteur clé dans le renouveau monastique au XIIe siècle. Il est aussi un ardent défenseur de la deuxième croisade et joue un rôle important dans la propagation de l’ordre cistercien.
  • Hildegarde de Bingen (1098-1179) – Mystique, abbesse et érudite allemande, Hildegarde a influencé la pensée religieuse et scientifique du Moyen Âge. Ses œuvres théologiques et ses compositions musicales ont traversé les frontières et inspiré la France médiévale.
  • Héloïse (1100-1164) – Philosophe et abbesse, elle est surtout connue pour sa correspondance avec Pierre Abélard. Elle dirige l’abbaye du Paraclet et est une figure emblématique des intellectuelles du Moyen Âge, ayant laissé des écrits influents.
  • Jean de Salisbury (1115-1180) – Philosophe et évêque de Chartres, il est un écrivain influent du Moyen Âge et un ardent défenseur de la philosophie scolastique. Il est l’auteur de Policraticus, une des premières œuvres de philosophie politique.
  • Thomas Becket (1119-1170) – Archevêque de Canterbury, il est une figure religieuse marquante du Moyen Âge, bien qu’il soit anglais, ses relations avec la France sont importantes. Il s’oppose à Henri II d’Angleterre, ce qui entraîne son martyre et sa canonisation.

Source : https://www.histourismo.fr/grands-personnages/les-grands-personnages-du-moyen-age-en-france/

Nous notons que tous sont des religieux, car la vie culturelle se résume à l’œuvre des religieux, sauf en poésie. Hildegarde de Bingen est donc comptée parmi ces grands personnages, la seule femme de la liste (on pourrait lui adjoindre Aliénor d’Aquitaine). Elle est ici signalée pour ses œuvres théologiques et ses compositions musicales, elles aussi devenues fort à la mode.

Le sous-titre du livre de R. Pernoud est important : conscience inspirée du XIIe siècle. Cela laisse entendre que cette femme fut un grand témoin du siècle, que sa voix portait et qu’elle est reconnue pour être une des grandes « inspirées » du Moyen Âge. Le livre va développer ces trois aspects et tiendra donc toutes les promesses de son sous-titre.

Initialement pourtant, rien ne prédestinait cette fille de la petite noblesse du Palatinat à devenir ce qu’elle fut.

Le Palatinat est la région qui correspondrait actuellement à la Sarre et une partie de la Rhénanie. Trèves, Cologne et Aix-La -Chapelle seront les limites extrêmes des voyages d’Hildegarde. A la différence de Bernard de Clairvaux, elle ne parcourra pas l’Europe et quittera rarement le monastère qu’elle dirige, dans la petite ville de Bingen Am Rhein. Hildegarde est confiée à un monastère à 9 ans par sa famille, elle vivra en religieuse jusqu’à sa mort. Il est très clair qu’elle n’a pas choisi son destin, mais qu’elle a subi un sort très commun pour les filles de la noblesse au Moyen Âge. C’était le monastère ou le mariage forcé dès la sortie de l’enfance. Le choix de ses parents fut peut-être le meilleur pour leur fille, car les unions étaient souvent malheureuses et les femmes forcées et cloitrées au château. Cloitrée pour cloitrée, elle fut plus libre au monastère.

L’ouvrage ne vise pas à être une biographie exhaustive de la moniale du XIIe siècle. Tout d’abord, parce que nous ne sommes pas renseignés sur tous les détails de cette vie, qu’il y a de nombreuses lacunes. Nous connaissons surtout sa vie religieuse, par les récits de ses contemporains et les lettres qui nous sont parvenues. Sa vie personnelle semble d’ailleurs s’être confondue avec sa vie de moniale, ce qui se comprend aisément quand on sait que depuis l’âge de neuf ans elle a vécu en monastère. De même, nous ne savons rien de sérieux sur son apparence physique, mais il semble qu’elle ait été assez petite et de santé problématique – ce dont nous sommes certains par ses écrits -,  ce qui l’a conduite à s’intéresser à la manière de se soigner et lui fera développer toute sa connaissance de naturopathe avant l’heure. Elle a passé une bonne partie de sa vie alitée, entourée du soin de ses sœurs. Elle a donc, durant sa vie de moniale et de mère supérieure de ses monastères, mené une double existence dont les deux faces sont intimement imbriquées. Elle fut religieuse chrétienne, engagée totalement dans la voie du Christ et, en même temps, une grande créatrice dans plusieurs domaines.

Sa vie religieuse est éminente et a largement contribué à sa renommée dans la chrétienté médiévale. Ses seules sorties furent d’ailleurs pour se rendre à des conclaves ou des assemblées religieuses où elle intervenait à la demande des religieux, abbés ou évêques. Elle était en effet connue pour sa grande sagesse : les hommes et les femmes de son temps, y compris les plus puissants, la consultèrent pour avoir son conseil en des moments délicats. De plus, elle avait reçu des visions prophétiques qu’elle avait transcrites et dont elle a publié les textes. Ce sont ces textes qui ont inscrit Hildegarde dans le grand ordre des mystiques … R. Pernoud donne de larges extraits commentés de ces visions, souvent eschatologiques -c’est-à-dire en lien avec les temps de la fin de ce monde, selon la tradition judéo-chrétienne -, et bien situées dans la ligne des grands prophètes des derniers temps de la Bible juive (Ezéchiel et Daniel, surtout). Ces visions ont été reconnues authentiquement chrétiennes par les papes de son époque et lui ont donné une grande autorité spirituelle. Bernard de Clairvaux lui-même lui a écrit en reconnaissant la valeur de ses charismes. De plus, Hildegarde fut une abbesse particulièrement attentive à ses sœurs et très aimée d’elles. Elle a donc eu, au sens le plus large une sainte vie, ce qui n’est pas nécessairement une vie de sainte[1].

En parallèle, avec cette très riche vie de foi, elle a su développer une vie de culture personnelle très originale et profonde. La (re)découverte de ses compositions musicales, il y a une trentaine d’années, en a fait une compositrice d’avant-garde, dans une civilisation qui invisibilisait facilement les femmes. En réalité, ses compositions ne sont pas vraiment novatrices, mais s’inscrivent dans la tradition du chant liturgique, avec une grande fraîcheur. On en trouve maintenant pas mal d’enregistrements ( à titre d’exemple, la page de la FNAC correspondant à son nom : https://www.fnac.com/ia142803/Hildegard-Von-Bingen ) de ses compositions.

C’est sans doute dans le domaine de la santé qu’elle a connu le succès populaire el plus net. Là aussi, la mode des médecines douces et alternatives lui a rendu un grand service : ses écrits sur la santé, les plantes et leurs propriétés sont maintenant considérés comme les premiers écrits médicaux du Moyen Âge. Ils ont donc envahi les rayons de naturopathie et de développement personnel, la mettant en quelque sorte en position de coach de vie bonne et bio. Il faut raison garder : elle n’a pas inventé la phytothérapie ! elle a consigné des recettes de l’époque et a su observer et innover dans cette tradition.

Enfin, elle fut aussi poétesse : Pernoud achève son livre par trois poèmes de notre auteur. Sa poésie est entièrement chrétienne, baignant dans le climat de renaissance spirituelle du XIIe siècle dont elle fut une actrice majeure.

Le petit livre de Régine Pernoud est une excellente introduction à l’univers de l’abbesse allemande. Il permet d’aborder toutes les facettes de cette vie à la fois minuscule et gigantesque. Libre ensuite à chacun d’en rester là ou d’aller approfondir par des lectures directes de la sainte catholique. Je conseille donc vivement ce livre aux lecteurs curieux de mieux connaître la réalité intellectuelle et sensible du Moyen Âge, au-delà des clichés sur les châteaux forts, tournois et autres croisades.

Jean-Michel Dauriac – juin 2025 – Les Bordes.


[1] La théologie biblique ne connaît pas les saints au sens catholique des termes, avec un processus de béatification et de canonisation, des miracles et un culte qui en découle. Le « saint » du Nouveau Testament (au sens paulinien et pétrinien du terme) est un « mis à part » pour Dieu, ce qui est la condition commune du converti-baptisé qui marche selon la foi du Christ. Il n’est évidemment pas inutile de reconnaître les vies les plus édifiantes et justes et de les donner en exemple, mais en aucun cas un culte ne doit leur être rendu et ils ne jouent aucun rôle d’intermédiaire dans la prière : on prie seulement le Père, au nom du Fils dans une saine lecture des Ecritures. Tout le reste est tradition humaine surajoutée.

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La première histoire – Frédéric Gros –

Albin Michel – 2024 –

Voici un roman que j’ai découvert grâce à l’interview de son auteur, lue dans un journal. J’ignorais qui était Frédéric Gros. J’ai ainsi appris qu’il était universitaire et plutôt du camp progressiste, avec une œuvre sociologique assez importante et deux romans à son actif, avant celui-ci. Le journaliste qui l’interrogeait avait l’air très surpris du sujet de son dernier livre, compte tenu de son parcours antérieur et il lui demandait s’il ne s’agissait pas de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler un « coming back ». A quoi il a répondu que c’était bien le cas.

Ceci m’a intrigué. Que révélait donc cet auteur qui pouvait surprendre son intervieweur ? Et, corollaire de la question précédente, en quoi le sujet du livre était-il aussi surprenant ? Et je l’ai acheté et lu, mû par cette curiosité.

Le coming back n’est pas de ceux que l’on entend ordinairement, mais il est tout aussi choquant dans ce cas que l’aveu d’une passion zoophile : Frédéric Gros a été touché par la grâce et est devenu chrétien ! Ce qui est une preuve évidente de faiblesse d’esprit chez les divers progressistes[1], lesquels sont prêts à croire aux lois du marché, à la main invisible, aux OVNI ou à la mémoire de l’eau, mais qui se gaussent de toute croyance religieuse si elle n’est pas islamique (de ceux-là ils ont peur).

Et ce christianisme a amené F. Gros à se pencher sur une histoire antique méconnue, sauf des spécialistes très pointus de littérature chrétienne des premiers siècles. Celle de l’apôtre Paul et de Théoklia, une jeune fille d’Asie Centrale. J’avoue que je ne connaissais pas cette histoire, qui appartient à l’univers des récits paratestamentaires des premiers siècles. En bon protestant, je me méfie de ces écrits qui n’ont pas retenu l’attention de nos frères de l’Eglise primitive et n’ont même pas été en discussion pour la construction du canon du Nouveau Testament. La plupart de ces écrits apocryphes sont légendaires et relèvent d’affabulations transmises par oral d’abord, puis couchées sur le papier. Le texte antique s’appelle Les actes de Paul et Thécle et a été rédigé par un prêtre qui l’aurait reçu de Paul lui-même en confidence orale. Dès cette affirmation il y a problème, puisque du temps de Paul il n’y a pas de prêtre dans les communautés, mais seulement des anciens ou presbytres (dont on fera plus tard dériver le mot prêtre). C’est donc une reconstruction cléricale. Ensuite, il faut bien signaler le silence total autour de ce récit dans les églises du 1er siècle et même du début du IIe. Mais l’histoire a visiblement passionné F. Gros car il a décidé de la raconter à sa manière sous forme de roman. Il affirme cependant, dans une annexe appelée postface avoir suivi fidèlement la trame d récit primitif. Il donne d’ailleurs ensuite un relevé de sources avec citations empruntées aux Actes de Paul et Thécle. Il a seulement rempli les blancs du récit et donné plus de substance aux personnages principaux qui sont Paul, Barnabé et Theokhlia, plus quelques seconds rôles romains ou asiates.

La trame est assez simple. Une jeune fille, habitant la ville de Konia (Iconium en latin), entend un soir, de son balcon, la prédication enflammée de Paul à un groupe de croyants et de curieux réunis dans un jardin. Elle est saisie par ce message et décide de s’engager auprès de Paul et de répandre l’évangile chez les femmes, car c’étaient surtout les hommes qui bénéficiaient des prédications des apôtres. Mais sa famille, en l’occurrence sa mère, a d’autres projets pour elle, notamment un mariage avec un riche citoyen de la ville. La jeune fille s’enfuit et commence alors une poursuite où sa mère et son fiancé la cherchent, la retrouvent dans une ville voisine, la font arrêter et juger, car elle refuse de revenir à la raison et confesse cette nouvelle foi. Deux fois condamnée à mort, elle sera sauvée successivement par deux interventions surnaturelles. Elle retrouvera Paul, sera baptisée et prêchera avec succès auprès des femmes, jusqu’à ce qu’elle soit retrouvée par son fiancé haineux veut sa mort. Il n’y aura pas de troisième miracle : elle mourra en martyre.

L’auteur raconte tout cela avec un certain talent de conteur. La lecture est aisée et palpitante. Il a su créer une tension entre les trois principaux protagonistes, sur laquelle il joue tout bau long du roman. Barnabé et Paul s’opposent au sujet de cette jeune fille, Théoklia est complètement fasciné par le message de Paul. Paul est bouleversé par cette jeune femme, avec une certaine ambiguïté de sentiments qui l’amènent à la fuir et à remettre son baptême. L’auteur suggère la crise de Paul, mais ne nous en dit rien de concret. Il est un fait qu’il est troublé, mais de quelle manière, l’auteur nous laisse imaginer.

Il faut apprécier le roman en lui-même, en essayant de faire abstraction du fait que les personnages sont réels. Tel quel, le récit fonctionne comme une sorte de western de Cilicie au 1er siècle. On prend bien conscience de la bombe que représente cette prédication du Ressuscité et des effets divers qui en sont le produit : les conversions, les persécutions, les déplacements apostoliques, l’atmosphère d’urgence, car les premiers chrétiens attendent le retour imminent du Christ.

La question qui reste en suspens est celle de la part de vérité dans cette histoire. Les deux miracles qui sauvent la vie de Theoklia appartiennent à ce que la foi chrétienne a pu vivre dans ses débuts. Promise aux lions dans une fosse, elle sera léchée par la lionne qui tuera pour la protéger deux mâles affamés. D’où le surnom de « sainte à la lionne » donné à Thécle, qui a été canonisée. En soi, ce miracle n’est pas plus invraisemblable que la multitude de ceux que Jacques de Voragine conte dans sa Légende dorée. Il faut pour cela franchir le pas de la foi. Selon ses opinions, le lecteur le fera ou pas. Mais qu’il rejette le miraculeux ne l’empêchera pas de lire ce livre avec plaisir, comme on se régale à lire Le Seigneur des anneaux.  On lira avec profit tout ce qui concerne la mission de Paul et Barnabé, car cela est bien rendu et assez documenté.

Un livre de  détente que je conseille pour un voyage ou un week-end de vacances. Agréable, palpitant et éclairant une période exotique pour nous, individus rationnels du XXIe siècle.

Jean-Michel Dauriac – Les Bordes, juin 2025.


[1] Un de ces jours il nous faudra bien parler de cette notion de « progressisme » , qui est un des plus beaux mythes de la modernité ;

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L’âme vive et légère

Ce beau titre est celui du numéro 286 de la revue Christus, revue de vie spirituelle et édification des Jésuites. Parution en avril 2025.

Je tiens à vous signaler cette parution, car le thème de l’âme est assez obscur, surtout en notre époque qui lui a longtemps nié toute existence, au nom d’un matérialisme primitif (on se souvient avec une ironie cruelle des expériences des savants soviétiques pesant des mourants et leurs cadavres de suite après leur mort pour établir que l’âme n’existait nullement, puisque le pois était quasiment inchangé avant et après le grand passage). Or, l’âme fait retour depuis quelques années, et pas seulement chez les croyants. Nous savons que ce concept est ancien, venant, pour notre civilisation de la Grèce classique. L’âme était un grand sujet de débat entre les philosophes et penseurs hellènes. Il est certain que le Nouveau Testament, en plusieurs textes porte la marque de cette idée hellénistique. Mais il est tout aussi certain que parler de l’âme est délicat, puisqu’elle nous est insaisissable au sens premier. Mais, comme l’amour ou le bonheur, cette immatérialité n’est pas du tout synonyme d’inexistence. Les auteurs de ce dossier se sont attachés à parler de l’âme sous divers angles, ce qui permet d’en avoir une vue assez riche. Une douzaine de contributions est proposée. Toutes ne sont pas du même intérêt. Mais toutes méritent l’attention du lecteur.

Le dossier est organisé par grands thèmes. Le premier est un rappel des textes bibliques qui parlent de l’âme. Nous y trouvons une synthèse des mots employés dans les langues d’origine du Livre, mais aussi un intéressant article sur l’âme dans les Psaumes. C’est à la fois savant et accessible. Une autre section rassemble des textes sur des aspects « pratiques », tel « La prière, « nourriture de l’âme » », tant il est vrai que toutes les traditions spirituelles utilisent la prière comme voie d’accès à la vie de l’âme. L’étude des rapports de l’âme et de la conscience est abordée dans un autre article. Les œuvres d’auteurs tels que Marie Noël, la poétesse française, ou Hildegarde de Bingen, l’abbesse médiévale, sont examinées au sujet de l’âme. Deux articles interpellent le lecteur philosophe ou curieux : l’un traite du délicat sujet de l’existence ou non d’une âme chez les « animaux non-humains » selon la belle formule litotique actuelle, et l’autre s’interroge sur une formule rendue célèbre en poésie, « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? », par Lamartine. La proximité des humains et des animaux, notamment dans le cadre des animaux de compagnie, ne peut manquer de nous interpeler. De même, nous « prêtons une âme » aux lieux et aux choses, selon notre histoire. On le voit, le champ couvert est large et ouvre des horizons de réflexion.

Je dois terminer par une remarque sur les deux derniers articles du dossier. IIs sont consacrés au purgatoire qui est, en doctrine canonique catholique, le tiers lieu où patientent les âmes qui ont juste assez fauté pour ne pas aller en Paradis, mais pas assez gravement pour mériter l’Enfer. On est donc chez Dante et sa Divine Comédie, mais au XXIe siècle. Le premier article est écrit par une religieuse membre d’une congrégation vouée aux âmes du purgatoire, qui fait l’historique de celle-ci et donne en même temps son ressenti sur le purgatoire. Le lecteur, au travers des précautions sémantiques alambiquées, comprendra bien qu’elle a du mal à accepter ce dogme médiéval. Mais elle n’en dit rien expressément.  Le second est écrit par le recteur d‘un site catholique qui accueille les personnes qui veulent se rassurer ou assurer la position d’une âme défunte. Et là, chez ce religieux, aucun doute ne transparaît, il adhère des quatre fers au dogme et y ajoute, pour faire bonne mesure, la dévotion mariale, comme moyen d‘appui, présentant une théologie pratique sans aucun fondement biblique ou évangélique.

Je laisse aux lecteurs le droit à leurs croyances ouà  leurs refus, mais je me dois de rappeler, en tant que théologien protestant, qu’il n’y a aucun fondement scripturaire solide à la notion d’Enfer et que l’idée même d’un Purgatoire est totalement absente de la Bible. La seule chose qui s’y trouve est celle du « Séjour des morts », notion juive du Shéol ; normal, puisque Jésus était juif !

Hormis ces deux articles qui sont très discutables, le dossier est vraiment intéressant et mérite votre lecture.

La revue peut se commander directement sur le site de la revue :

https://www.revue-christus.com

Jean-Michel Dauriac – mai 2025.

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