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Le Blog à Jean-Mi ! Posts

Une anecdote totalement roumaine

Lors de la lecture hebdomadaire de « France Footbal », la Bible du football, j’ai éclaté de rire à la lecture de cette brève histoire que je ne résiste pas au plaisir de vous livrer ci-dessous:

Ils sont fous ces Roumains!

L’ère du foot-business n’empêche pas le troc. En Roumanie, un club de Deuxième Division, nommé UTA Arad a recruté un défenseur de Quatrième Division en échange de quinze kilos de vaindes. Malheureusement, après le transfert, Marius Ciora, le joueur en questio, a choisi d’abandonner le football et d ‘aller travailler en Espagne dans l’agriculture ou le BTP! Cette décision a évidement désolé les dirigeants de l’UTA Arad qui se sont lamentés: « Nous sommes ulcérés car nous avons perdu sur les deux plans. NOus sommes privés d’un bon joueur et nous avons donné l’équivalent de la nourriture de l’équipe pour une semaine. » C’est ce qui s’appelle manger son budget. (F.F. n° 3127 / 14 mars 2006)

Ceux qui connaissent bien la Roumanie, comme moi, ne seront pas surpris de cette histoire et la trouveront exemplaire. Dans ce pays, la nourriture est la préoccupation essentielle des 40% de population qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Conclure un transfert pour 15 kilos de viande (sans doute de porc) est une bonne affaire pour la famille du joueur. Le fait que l’UTA Arad propose ce type de troc est une parfaite illustration de la réalité sociale du pays candidat à l’admission européenne en 2007. Enfin, le départ en Espagne de Marius Ciora est également typique de l’émigration massive des adultes jeunes qui ont jeté leur dévolu sur les pays méditerranéens où ils sont mieux accueillis qu’en Europe du Nord et dont ils apprennent très facilement la langue, car le roumaine est à base latine, ce qui permet de très vite se débrouiller en italien, espagnol ou portugais. Ces deux derniers pays sont le nouvel eldorado du Roumain émigrant, le paradis inaccessible étant les Etats-Unis, où ils seront pourtant traités comme des mexicains s’ils parviennent à y aller, c’est peu dire.

Jean-Michel Dauriac

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L’art d’avoir toujours raison – Arthur Schopenhauer

Petit traité posthume du philosophe allemand qui n’a pas l’image d’un comique. Et pourtant ce texte, si on prend la peine de le lire au second degré est formidablement drôle et n’aurait pas déplu à Jean Amadou, auteur d’un inoubliable « Il était une mauvaise foi ».

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A dire vrai, ça commence moyennement dans l’optique de la franche rigolade. Arthur consacre la première partie de son traité à poser les définitions de ce qu’est pour lui la dialectique, notamment en prenant ses distances par rapport à Aristote, dont on sent dès le départ qu’il est le père qu’il va tuer ici. Il commence par distinguer la logique et la dialectique

 » La logique s’intéresse uniquement à la forme des thèses avancées, la dialectique à leur contenu ou à leur matière… » page 12

Puis il précise ce qu’il entend par dialectique aristotélicienne, soit:

 » Nous devons donc rassembler sous le terme de dialectique aristotélicienne la sophistique, l’éristique et la périastique, et la définir comme l’art d’avoir toujours raison dans la controverse. » page 13

Dès lors il va poser le principe de son livre. Pour Arthur, la logique et la dialectique sont une seule et même chose. la dialectique éristique cherche à toujours avoir raison, la sophistique y parvenant par des conclusions fausses. Sous des allures très conventionnelles, ce premier chapitre est un dynamitage de la pensée d’Aristote et un constat totalement cynique: nous ne discutons pas pour faire surgir la vérité du «fond du puits» comme le disait Diogène, mais pour avoir raison; le moteur n’est pas notre soif de savoir ou de vérité mais notre vanité innée. Son ouvrage aura donc pour propos de permettre à son lecteur de triompher à tous coups dans une controverse.

Il expose ensuite les différents modes de la controverse: le mode {«ad rem»}, qui s’attaque au fond de la controverse elle-même, son objet; le mode {«ad hominem»}, qui s’attaque à celui qui discute avec nous, au travers de sa démonstration ou de sa personne. Suivent les méthodes de réfutation: soit directe en attaquant les fondements du discours, soit indirecte, en s’attaquant à ses conséquences. dans ce cas prècis existent encore deux sous-méthodes, la {conversion} ou l{‘instance}. La conversion consiste à adopter la thèse de l’autre et à démontrer qu’elle produit une conclusion fausse. L’instance consiste à démontrer l’erreur de la proposition en prenant des cas isolés où cela ne marche pas. Tout l’art de la controverse réside dans la combinaison de ces modes et méthodes.
Si l’on s’en tenait là, ce serait un petit cours de philosophie sur un aspect de la réthorique, point du tout drôle et original. C’est en fait le contenu de la seconde partie qui dévoile l’humour décalé d’Arthur. En effet il y expose 38 stratagèmes pour avoir toujours raison, et c’est parfois franchement comique, encore plus quand on songe à l’auteur, pas vraiment un luron!

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Dieu est amour – encyclique « Deus est caritas – Benoît XVI

On a assez dit que le cardinal Ratzinger devenu le pape Benoît XVI était un sale coup pour l’ouverture de l’église catholique sur les points de litige comme l’avortement, le divorce ou l’homosexualité. Bref son cas est réglé: il s’agit d’un conservateur traditionnaliste. Donc sans intérêt. D’autant plus qu’il n’a pas le même charisme populaire et la même fougue communicative que son prédécesseur et maître. On l’attendait donc au tournant de sa première encyclique!

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Eh bien, la voici. Et on n’est pas déçu! Car c’est un texte absolument remarquable pour qui s’intéresse à la théologie. Divisé en deux parties à peu près égales. La première traite de la nature de l’amour dans la perspective chrétienne, au plan théologique. La seconde aborde l’exercice de l’amour par l’Eglise, donc un aspect nettement plus concret. Dans la première partie, Le pape nous rappelle qu’il fut et demeure un grand théologien. Sa démonstration de l’unité de l’amour est proprement impeccable (ce qui est la moindre des choses pour un homme infaillible!). Il réussit à se sortir du piège de la sexualité de manière très claire et à la relier à l’amour divin dans un enchaînement démonstratif remarquable. L’amour divin est ainsi posé in fine comme la fusion de l’Eros et de l’Agape et c’est ce qui lui donne sa valeur supérieure. Dans la seconde partie, il en tire les conséquences pour l’oeuvre de l’Eglise: la charité n’est pas un devoir, elle n’est pas une obligation, elle est la manifestation consubstantielle d’une vie remplie de l’amour divin. la charité ainsi manifestée ne sélectionne pas les personnes à aider mais s’adresse à tous comme Dieu aime tous. De plus, faire le bien n’implique aucun prosélytisme. Pour le chef de l’église catholique romaine, il fallait bien terminer par un retour à la « mère de Dieu ». Les trois dernières pages apparaissent comme un exercice de style pour « placer » le culte marial et paraissent décalées par rapport à ce qui précède. Mais si l’on fait abstraction de cette conclusion pro domo, le propos concerne tous les chrétiens et peut parler tout aussi bien aux autres croyants ou aux hommes de bonne volonté. Si l’on compare le ton de ce texte au « traité d’athéologie » qui roule le catholicisme dans la poussière, il y a matière à chacun de se faire un avis sur qui peut être le plus utile à la société du temps présent (cela n’enlève rien aux erreurs monstrueuses commises par cette église catholique romaine dans le passé!).

Un petit texte par la durée (une soixantaine de pages) mais important par son message et sa hauteur de vue. Un livre vendu à petit prix (4,50 €) qui peut permettre à beaucoup de se faire une opinion personnelle sur le pape, que l’on reconnaisse ou non sa légitimité.

J.M. Dauriac

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