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Catégorie : Bible et vie

L’herbe sèche et l’aigle plane… Méditations de confinement 3

La version audio est ci-dessous:

 medit-3-herbe-et-aigle-mp3.mp3

Lecture de base: Esaïe 40: 6-8; 29-31(version NBS)

 

« 6  Quelqu’un dit : Crie ! On répond : Que crierai-je ? — Toute chair est de l’herbe, tout son éclat est comme la fleur des champs.

7  L’herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR passe dessus. Vraiment, le peuple est de l’herbe :

8  l’herbe se dessèche, la fleur se fane ; mais la parole de notre Dieu subsistera toujours.

…29  Il donne de la force à celui qui est épuisé et il augmente la vigueur de celui qui est à bout de ressources.

30  Les adolescents s’épuisent, ils se fatiguent, les jeunes gens finissent par trébucher ;

31       mais ceux qui espèrent le SEIGNEUR renouvellent leur force. Ils prennent leur essor comme les aigles ; ils courent et ne se fatiguent pas, ils marchent et ne s’épuisent pas. »

Ces versets d’Esaïe sont écrits au VIIIème siècle (et VIème siècle peut-être) avant J.C. Esaïe est le grand prophète de Jérusalem, celui dont le livre est le plus long et le plus attesté. On a retrouvé des rouleaux entiers de son texte dans les grottes de Qmran, parmi les fameux manuscrits de la Mer Morte, en 1947.

Le chapitre 40, où se trouvent nos versets, est le début de la deuxième partie du livre – ce qu’on appelle aussi le “second Esaïe”, dans certains courants théologiques. Cette seconde partie couvre les chapitres 40 à 55. Au chapitre 56 débute la troisième partie ou “troisième Esaïe”.

Cette deuxième partie parle clairement du peuple déporté, alors que la première parlait du règne des rois du VIIIème siècle en Juda: Ozias, Jotam, Achaz et Ezechias. Nous sommes donc deux cents ans après et Juda, en tant que royaume, a été vaincu et toute sa population jeune déportée par le vainqueur (voir ma première méditation “Si je t’oublie Jérusalem…”). Le prophète Esaïe (ou ses disciples, si on croit qu’il y a ici trois livres de trois époques réunis), délivre un message de consolation et d’espérance à ce peuple vaincu et loin de chez lui. C’est dans ce deuxième livre que se trouvent les quatre “chants du serviteur” qui, pour les chrétiens, annonçaient le Messie Jésus-Christ.

 

Mais revenons à nos textes. Les versets choisis nous permettent de recevoir deux enseignements de la part de Dieu, pour nous aujourd’hui, comme pour des millions de juifs et chrétiens qui les ont reçus auparavant au cours des siècles.

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D’abord l’herbe et sa fleur.

En ce moment de printemps, de mon bureau où j’écris ces lignes, je peux admirer tout un lit de pâquerettes, très précoces cette année. D’autres fleurs se joignent à ces modestes fleurs de l’herbe, celles du cerisier, des iris… Le prophète nous dit que nous sommes comme cette herbe et ces pâquerettes. Leur beauté est de courte durée, nous le savons. Un matin, quand j’ouvrirai les volets, elles ne seront plus là, disparues. Notre vie est à l’image de cette petite fleur, belle mais fragile. Qu’est-ce que notre vie en face de la durée des temps de l’univers, quelle que soit l’hypothèse que l’on retienne ? Les psaumes contiennent de nombreux passages qui rappellent cette fugacité de l’homme. Par exemple, le psaume 8 verset 4:

“ Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui?

Et le fils de l’homme pour que tu prennes garde à lui?”

Et dans le plus vieux livre de l’Ancien Testament, nous trouvons ce cri de Job, adressé à Dieu:

“ Qu’est-ce que l’homme pour que tu en fasses tant de cas? Pour que tu te soucies de lui, pour que tu t’occupes de lui chaque matin?” Ch. 7: 17-18.

Assurément, nous sommes aussi passagers que l’herbe des champs. Les cimetières son remplis de gens importants et indispensables. Aujourd’hui ici et, demain, séchés et disparus.

En ces jours de drame, nous sommes ahuris, nous qui n’avons pas connu les boucheries de 14-18 ou les camps de 1939-45, par l’image des camions emportant les chargements de cercueils, en Italie ou à New York, lesquels seront inhumés ou incinérés dans la solitude anonyme du chêne ou du sapin selon les moyens et les disponibilités du moment. Je viens de voir une image où un prêtre italien, à Bergame, bénissait à la chaine tout un gymnase de cercueils avant leur chargement pour l’éternel repos, comme dit le cliché de langage. Exactement les mêmes images qu’à Verdun en 1916! Mais cette fois, l’ennemi n’est pas l’Allemand, mais un microscopique organisme qui n’a qu’une seule volonté: vivre en nous, ce qui nous fait mourir.

Sans doute l’homme et la femme de 2020 ont-ils besoin de redécouvrir notre condition de mortel, alors que nos sociétés font tout pour occulter la mort, qui pourrait ralentir l’hédonisme et la consommation, valeurs centrales de nos sociétés matérialistes. Comme au temps d’Isaïe ou de Jésus, nous ne sommes rien de plus, à l’échelle de l’univers, qu’une pâquerette.

Mais… pour parodier le grand Pascal: une pâquerette pensante.

Et la fin du verset 8 est là pour dissiper l’angoisse:

“ La parole du Seigneur demeure éternellement.”

Pourquoi donc opposer l’éternité de la Parole à la fragilité de notre vie?

Parce que le seul salut, face à notre condition, est dans les promesses de la Parole. Ce n’est pas ici le moment de les rappeler, ce serait trop long, tant elles sont nombreuses. Mais rappelons-nous que la mort a été vaincue au Calvaire. Paul a pu s’écrier:

“ O! mort où est ta victoire?

Mort, où est ton aiguillon?” 1 Corinthiens 15:55

En reprenant le prophète Osée (ch. 13:14).

Il nous faut à la fois accepter notre destin de brins d’herbe et l’espérance folle des promesses de la Parole, et garder sans cesse les deux côte à côte.

 

Passons maintenant à l’aigle! (versets 29-31)

 

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Après un constat qui pourrait être effrayant pour celui qui n’a ni la foi ni la force morale d’affronter la mortalité de l’homme, vient un formidable encouragement, mais là encore, tout en contrastes.

Que dit Esaïe? L’exact contraire du discours normal du monde: les adolescents et les jeunes s’épuisent et tombent. Ceux qui se croient insubmersibles se révèlent eux aussi fragiles et fatigables. Le prophète montre alors au verset 31 que le vrai critère spirituel est “ceux qui espèrent le Seigneur”. Il y a un glissement voulu du domaine purement biologique et matériel au domaine élargi du spirituel (qui ne nie en rien le corporel). L’âge n’est plus du tout le critère valable, comme les spécialistes l’avaient laissé entendre au début d e cette pandémie du Covid-19, en faisant des plus âgés des victimes attendues. Ce n’est pas la logique de Dieu.

 

L’homme qui croit reçoit plusieurs promesses:

l      Il renouvelle ses forces (il a donc du repos, car seul cela permet le renouvellement)

l      Il s’élève comme l’aigle: il voit alors les choses de haut, il domine la situation, il peut prendre du recul, il s’extirpe de l’ordinaire. Il voit tout petit ce qui semble énorme au sol.

l      Il court (la bonne course, selon Paul) mais ne se fatigue pas, car il a les bonnes vitamines, les énergies renouvelables.

l      Il marche sur le bon chemin (s’il n’est plus en âge de courir) et ne brûle pas toute sa vigueur, mais il a une direction et un but.

Nous pouvons alors chanter et prier le psaume 103, qui confirme tout ce que nous venons de dire: je lis seulement les versets 5 à 8 et 15 à 18, mais relisez le psaume en entier, car il est magnifique.

 

« 1 ¶  De David. Que je bénisse le SEIGNEUR, que tout en moi bénisse son nom sacré !

2  Que je bénisse le SEIGNEUR, que je n’oublie aucun de ses bienfaits !

3  — C’est lui qui pardonne toutes tes fautes, qui guérit toutes tes maladies,

4  qui reprend ta vie à la fosse, qui te couronne de fidélité et de compassion,

5  qui rassasie de biens ta vieillesse, qui te fait rajeunir comme l’aigle.

6 ¶  Le SEIGNEUR agit pour la justice, il défend le droit de tous les opprimés.

7  Il a fait connaître ses voies à Moïse, ses hauts faits aux Israélites.

8  Le SEIGNEUR est compatissant et clément, patient et grand par la fidélité ;

9  il n’accuse pas sans cesse, il ne garde pas rancune pour toujours ;

10  il ne nous traite pas selon nos péchés, il ne nous rend pas selon nos fautes.

11  Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant sa fidélité est forte au-dessus de ceux qui le craignent ;

12  autant l’orient est éloigné de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions.

13  Comme un père a compassion de ses fils, le SEIGNEUR a compassion de ceux qui le craignent.

14  Car lui, il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière.

15  L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs.

16  Lorsqu’un vent passe sur elle, elle n’est plus, et le lieu qu’elle habitait ne la reconnaît plus.

17  Mais la fidélité du SEIGNEUR est depuis toujours et pour toujours en faveur de ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils,

18  pour ceux qui gardent son alliance et se souviennent de ses directives, afin de les suivre.

19 ¶  Le SEIGNEUR a installé son trône dans le ciel, et son règne domine sur tout.

20  Bénissez le SEIGNEUR, vous, ses messagers, qui êtes puissants en force et qui exécutez sa parole, en écoutant sa parole !

21  Bénissez le SEIGNEUR, vous toutes, ses armées, qui êtes à son service et qui faites sa volonté !

22  Bénissez le SEIGNEUR, vous toutes, ses œuvres, dans tous les lieux sur lesquels il domine !  Que je bénisse le SEIGNEUR ! »

 

 

Quel beau message d’espérance. Nous sommes à la fois l’herbe et l’aigle, par la grâce du Seigneur.

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Paul et Silas chantaient…Méditations du confinement (2)

Lecture biblique de base : Actes 16 : 16 à 34

(surtout les versets 25 & 26)

Actes 16 : 16 ¶  Or il arriva que comme nous allions à la prière, nous fûmes rencontrés par une servante qui avait un esprit de Python, et qui apportait un grand profit à ses maîtres en devinant.

17  Et elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant, et disant : ces hommes sont les serviteurs du Dieu souverain, et ils vous annoncent la voie du salut.

18  Et elle fit cela durant plusieurs jours ; mais Paul en étant importuné, se tourna, et dit à l’esprit : je te commande au Nom de Jésus-Christ de sortir de cette fille ; et il en sortit.

19  Mais ses maîtres voyant que l’espérance de leur gain était perdue, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent dans la place publique devant les Magistrats.

20  Et ils les présentèrent aux Gouverneurs, en disant : ces hommes-ci, qui sont Juifs, troublent notre ville :

21  Car ils annoncent des maximes qu’il ne nous est pas permis de recevoir, ni de garder, vu que nous sommes Romains.

22  Le peuple aussi se souleva ensemble contre eux, et les Gouverneurs leur ayant fait déchirer leurs robes, commandèrent qu’ils fussent fouettés.

23  Et après leur avoir donné plusieurs coups de fouet, ils les mirent en prison, en commandant au geôlier de les garder sûrement.

24  Et le {geôlier} ayant reçu cet ordre, les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds dans des ceps.

25 ¶  Or sur le minuit Paul et Silas priaient, en chantant les louanges de Dieu ; en sorte que les prisonniers les entendaient.

26  Et tout d’un coup il se fit un si grand tremblement de terre, que les fondements de la prison croulaient ; et incontinent toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés.

27  Sur quoi le geôlier s’étant éveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et se voulait tuer, croyant que les prisonniers s’en fussent fuis.

28  Mais Paul cria à haute voix, en disant : ne te fais point de mal : car nous sommes tous ici.

29  Alors ayant demandé de la lumière, il courut dans {le cachot}, et tout tremblant, se jeta {aux pieds} de Paul et de Silas.

30  Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

31  Ils dirent : crois au Seigneur Jésus-Christ ; et tu seras sauvé, toi et ta maison.

32  Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient en sa maison.

33  Après cela, les prenant en cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt après il fut baptisé, avec tous ceux de sa maison.

 

34  Et les ayant amenés en sa maison, il leur servit à manger, et se réjouit, parce qu’avec toute sa maison il avait cru en Dieu. (version Segond 1910)

 

 

version audio:paul-et-silas-chantaient-jean-paul-ayme-chanson-mp3.mp3 

 

 

Voici un récit qui, en général, fait le bonheur des personnes chargées du catéchisme : une belle histoire avec de l’action, du suspense et une fin positive où triomphent les bons. Le plus souvent on y voit un beau miracle de Dieu en faveur de ses deux apôtres emprisonnés. Ce n’est pas faux, évidemment, mais je voudrais ici proposer une autre interprétation de ce texte, en lien avec ce que nous vivons en ce moment.

 

Situons cet épisode dans son contexte. C’est le deuxième voyage missionnaire de Paul. Cette fois-ci, il voyage avec Silas (qui a remplacé Barnabas), Timothée et le narrateur, le médecin Luc. Partie de Jérusalem, la petite équipe repasse par Antioche (l’église-mère de Paul), puis visite Tarse (sa ville natale), avant d’entreprendre un périple en Asie Mineure, qui s’achève à Troas – près du lieu de la légendaire ville de Troie. Jusque là c’est une tournée d’affermissement des églises que Paul a fondées lors de son premier voyage. Mais à Troas Paul reçoit un ordre de mission divin, lors d’une vision ; lisez le verset 9 du même chapitre :

 

«  Passe en Macédoine, et viens à notre secours »

 

lui dit en songe un Macédonien. Le livre des Actes nous présente plusieurs visions ou messages de ce type (Philippe, Pierre, Paul…) C’est un temps où Dieu se manifeste puissamment par son Esprit (ce qui ne veut pas dire qu’il ne se manifeste plus aujourd’hui !). Paul reçoit l’ordre de mission et part en bateau en Macédoine grecque. Il traverse Néapolis (verset 11) et rejoint la ville principale, Philippes C’est là que se situe notre récit.

 

Les versets 12 à 15 racontent un début de mission encourageant : une femme, nommée Lydie, se convertit sur leur prédication et se fait baptiser, elle, et toute sa maison (coutume de l’époque : la religion du maître de maison est celle de toute la maisonnée). Puis, les choses dérapent : les versets 26 à 24 nous montrent comment cela se passe ; Un esprit de divination – c’est le sens du mot python – qui habite dans une servante de la ville, dévoile à tous les habitants qui sont Paul et ses compagnons, que la jeune fille suit sans cesse. Nous pouvons penser que c’est une bonne chose, mais Paul, lui, finit par se lasser de cette publicité qui lui apparaît contre-productive, dans une ville grecque et romaine, donc païenne, où il vaut mieux être discret. Il ordonne à l’esprit mauvais de quitter cette femme et celle-ci en est délivrée. Et tout part en vrille. De l’esclave, nous ne savons plus rien. Mais nous apprenons que ses maîtres sont fort mécontents, car ils gagnaient de l’argent avec son don de médium qui vient de disparaître. S’enclenche alors la machine judiciaire ; ils sont accusés de troubles à l’ordre public (c’est une accusation très pratique de tous temps, de Jésus aux Gilets Jaunes !), arrêtés, et bastonnés. Leur faute est énoncée au verset 20 : « Ils sont juifs » (Ah ! le bon vieil antisémitisme de toujours !). On les met en prison avec des blocages de leurs jambes par des pièces de bois.

 

Une question se pose, qui peut aussi vous venir à l’esprit : pourquoi Dieu les a-t-il envoyés ici, pour qu’ils soient battus et emprisonnés ? Notre intelligence humaine ne comprend pas. Le début de la mission, oui, ça, c’est bien dans le style de Dieu. Mais la suite, très décevante. Dans les jours où nous sommes, j’entends certains chrétiens se prévaloir de la protection divine. Ils seront alors forcément perplexes quand vont mourir des frères et des sœurs de leur communauté. Dieu n’a-t-il pas dit qu’il était avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ? Bien sûr qu’il est avec nous, et même en nous, avec le Saint-Esprit, mais il n’a jamais dit que nous serions protégés de tout ce qui atteint l’humanité. C’est une lecture fausse de l’Evangile. La maladie peut nous atteindre et nous tuer, comme la justice inique de Philippes a arrêté, battu et emprisonné les apôtres.

 

Comment réagirent Paul et Silas ? Se sentirent-ils trompés par Dieu ? Pas vraiment !

 

«  Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas, en prière, chantaient un hymne à Dieu »

 

dit une version du XVIIIème siècle. Ils sont donc en train de rendre gloire à Dieu, au lieu de gémir sur le traquenard de cette mission.

Nous pouvons passer notre temps à accuser les Chinois, les Italiens, l’inconscience des Français, l’incurie du gouvernement, le manque de masques et de gel ou de lits de réanimation. Mais ce n’est pas l’attitude de Paul et Silas. Eux prient et chantent la gloire de Dieu. (Car Dieu n’est pas l’auteur du virus et de l’épidémie, mais c’est bien la cupidité des hommes et leur organisation économique mondialisée).

Alors faisons de même. Ces longues journées de retrait offrent tant de moments pour parler avec Dieu et l’écouter. Prier peut prendre de très nombreuses formes : l’écoute, l’oraison, la conversation ou la lecture des psaumes… Une prière n’est pas tarifée à la durée. C’est la sincérité et la disposition de cœur qui comptent. Paul et Silas, dans le noir, en pleine nuit, prient et chantent et il est ajouté dans le texte que « les prisonniers les écoutaient ».

 

Alors survient l’accomplissement de la promesse, la preuve que l’ordre de mission, l’appel, n’étaient pas une tromperie. Les circonstances font qu’ils se retrouvent libérés de leurs entraves, eux et les autres captifs, toutes portes ouvertes par la secousse sismique évoquée. Dieu est celui qui libère et fait tomber les chaînes. Cela nous ne pouvons pas le faire, nous. Ce que nous pouvons faire, c’est prier et chanter la gloire de Dieu. C’est Lui qui nous libèrera de cette prison de l’épidémie.

 

La conclusion est magnifique (versets 27 à 34). La délivrance aurait pu virer au drame : évasion collective et suicide du geôlier. Au lieu de cela, Paul et Silas ont un boulevard devant eux pour évangéliser ce gardien et sa famille. Et tous sont baptisés et, à leur tour, rendent gloire à Dieu. Dieu triomphe, Paul et Silas aussi. Il faut lire la fin du chapitre pour voir que le triomphe est total, puisque les magistrats de la ville vont devoir faire amende honorable auprès de Paul et de son équipe.

 

Que retenir pour nous, aujourd’hui ?

 

Nous pouvons vivre ces moments de confinement comme une mise aux fers, un séjour en prison. Comment allons nous réagir ? Vivons intensément notre foi et notre vie chrétienne. Prions sans cesse, d’une façon ou d’une autre. Réjouissons-nous, c’est un ordre divin que Paul nous a transmis. Chantons : nous connaissons tous des cantiques, entonnons-les, même seuls. Rendons grâce par le chant.

Nous n’avons pas de geôlier à évangéliser. Mais nous connaissons sûrement des personnes que nous pouvons encourager, soutenir, pour lesquelles nous pouvons avoir une parole de paix et de joie. Qui sait si cela ne finira pas par une grande bénédiction pour l’Eglise ?

 

« Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient… »

 

Amen

 

Je vous propose, pour finir ce moment de partage d’écouter une chanson sur notre sujet : ce sont Chantal et Jean-Paul Ayme qui ont enregistré ce titre, dans les années 1970. Bon confinement à tous.

 

Jean-Michel Dauriac

Deuxième semaine de confinement contre le Covid-19

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Si je t’oublie, Jérusalem… Petite méditation pour temps de confinement (semaine 1)

 version audio: si-je-toublie-jerusalem.MP3si-je-toublie-jerusalem.MP3

Texte de base : Psaume 137 : 1-6 (version NBS)

 

« 1 ¶  Près des fleuves de Babylone, là-bas, nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Sion.

2  Aux saules de la contrée nous avions suspendu nos lyres.

3  Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants ; nos bourreaux, de la joie : Chantez-nous des chants de Sion !

4  Comment chanterions-nous le chant du SEIGNEUR sur une terre étrangère ?

5  Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite oublie !

6  Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens pas de toi, si je ne mets pas Jérusalem au-dessus de toute autre joie. »

 

Ce psaume est assez original dans l’ensemble du livre. C’est un psaume à résonnance historique. L’auteur rappelle un épisode douloureux de l’histoire d’Israël : l’exil en Babylonie.

En –722, les dix tribus d’Israël (le royaume du Nord) sont déportées à Babylone. En – 587, c’est au tour de Juda d’être vaincu et de voir une grande partie de sa population déportée (le livre de Daniel nous en parle bien). Le temple de Salomon est détruit, les objets précieux du culte dérobés et les murailles de Jérusalem détruites : c’est le symbole visible d’une volonté d’anéantissement complet des royaumes d’Israël par Nabuchodonosor. L’exil sera levé en –538 par un décret de Cyrus, qui permettra le retour des déportés, au moins en partie. Donc, un minimum de cinquante ans loin du foyer de la religion juive, puisque le culte était centralisé à Jérusalem.

 

Les versets 1 et 2 nous parlent de la tristesse des Juifs en exil, de leur incapacité à chanter et à être joyeux : les cithares sont inutiles, accrochées aux branches des arbres. Leurs vainqueurs voudraient les entendre chanter et jouer, car leurs chants sont réputés et très beaux. Mais la réponse du verset 4 est très claire : « Comment chanter un chant du Seigneur en terre étrangère ? » Ils n’ont pas le cœur à cela.

Sort alors le cri du cœur, devenu une des devises du juif de la diaspora au fil des siècles, partout et en tous temps dans le monde :

«  Si je t’oublie Jérusalem, que ma main droite oublie ! »

Cette formule, typiquement juive, signifie l’importance de ne pas oublier, afin de ne pas être comme celui qui a perdu l’usage de sa main droite. L’éloignement ne doit pas se traduire en oubli, mais au contraire en culte de la mémoire. Le Juif, comme le chrétien est un  homme de mémoire. Jérusalem, c’est le lieu du rassemblement des croyants, où chaque Juif devait monter une fois l’an au moins ; nous dirions pour nous que c’est l’église ou le temple.

 

Nous vivons une période inédite d’éloignement de la maison du culte et de la prière. C’est un exil sanitaire nécessaire. Mais sans doute pouvons-nous, chez nous, dire en cœur, le verset 1 du psaume. L’église locale me manque, comme elle vous manque. Nous pouvons ne pas avoir le cœur à chanter, souffrir de l’isolement, d’une forme de solitude, nous sentir comme en prison.

C’est le moment de faire une double expérience qui nous fera grandir dans la foi.

 

La première est celle de chérir la mémoire de notre communauté. C’est quand l’église n’est plus accessible que nous pouvons mesurer à quel point nous y sommes attachés et à quel point elle est utile et nécessaire à notre vie spirituelle personnelle. C’est peut-être l’occasion de réfléchir, chacun pour notre part, aux raisons pour lesquelles elle nous manque : Sont-ce les prédications de notre pasteur ? Les rencontres de prière ? La Cène partagée et le culte dominical ? Toutes les activités diverses que ce lieu et cette communauté nous offrent ? Est-ce parce que nous y rencontrons nos frères et sœurs ?

Pensons aussi à ce que nous y apportons et ce que nous pourrions y apporter. N’avons nous pas parfois plus pris que donné ? Ne voulons-nous pas partager tel ou tel talent ou idée ?

Si nous répétons chaque jour « Si je t’oublie église de Pessac… », alors nous serons comme les enfants d’Israël quand ils revinrent d’exil, capables de reconstruire, agrandir, vivre un temps de réveil spirituel.

 

La seconde expérience nous fait passer du souci local de l’église de Pessac au souci mondial de l’Eglise Universelle (ou catholique dans son sens exact du terme) du Christ. Pendant quelques semaines, il nous est donné de vivre un peu de la vie de nos frères et sœurs persécutés, qui ne peuvent pas se réunir au grand jour et sont contraints souvent à l’isolement. Bien sûr, ils doivent en plus subir la surveillance policière, les dénonciations et les calomnies, au péril de leur vie.

Je suis persuadé que ce temps particulier du confinement est une occasion formidable de comprendre ce que vivent ou ont vécu les chrétiens d’Orient, chassés de leurs maisons, interdits de culte, maltraités… Ce que vivent au quotidien les chrétiens du Pakistan, de l’Inde, du Bengladesh ou de la Chine, soumis à l’arbitraire du pouvoir, à la clandestinité, mais aussi au bénéfice de la solidarité fraternelle souterraine.

Mettons à profit ces semaines pour penser à ceux dont c’est la vie habituelle, portons-les quotidiennement devant Dieu par nos prières, allons sur internet chercher  des renseignements plus complets sur leur sort. Bref, aimons en paroles et en actes nos frères persécutés.

 

Alors, nous pourrons employer, quand nous reparlerons plus tard de ces semaines, l’imparfait du psalmiste et mesurer notre bonheur d’avoir la liberté du culte et d’appartenir à une église locale. Nous aurons gravé dans nos cœurs le sort des chrétiens persécutés et nous ne les oublierons jamais, comme nous saurons que l’église est la bénédiction du croyant, en tant que réunion de fidèles.

 

Alors, oui, merci mon Dieu de ce temps d’épreuve.

 

Jean-Michel Dauriac

18 mars 2020

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