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Ethique et réussite – Méditation de sortie de l’Arche 7

La version audio est ici:

Introduction

Nous avons vu que les luttes furent nombreuses depuis le retour des exilés et l’arrivée d’Esdras puis de Néhémie. Les ennemis ont usé de tous les moyens d’intimidation, mais ils ont finalement échoué.

Le succès est assuré sur plusieurs bases :

  • Le rétablissement du culte vrai dédié à l’Eternel ;
  • La reconstruction du Temple pour le culte ;
  • La reconstruction de la muraille pour écarter les menaces ;
  • La prise de conscience des mauvais choix et un travail de purification ;

Tout cela n’est possible que parce que des hommes droits ont accompli leur mission et éclairé le peuple chancelant. Ces hommes étaient porteurs d’une éthique que nous présente le livre de Néhémie.

L’éthique de Néhémie

Lecture Néhémie 5 : 14 à 16

« 14 ¶  Dès le jour où le roi m’établit leur gouverneur dans le pays de Juda, depuis la vingtième année jusqu’à la trente-deuxième année du roi Artaxerxès, pendant douze ans, ni moi ni mes frères n’avons vécu des revenus du gouverneur.

15  Avant moi, les premiers gouverneurs accablaient le peuple, et recevaient de lui du pain et du vin, outre quarante sicles d’argent ; leurs serviteurs mêmes opprimaient le peuple. Je n’ai point agi de la sorte, par crainte de Dieu.

  1. Bien plus, j’ai travaillé à la réparation de cette muraille, et nous n’avons acheté aucun champ, et mes serviteurs tous ensemble étaient à l’ouvrage. » Version NEG.

Cette éthique se signale par trois aspects décrits par le texte.

  1. Le refus de s’appuyer sur le pouvoir politique : c’est le verset 14 qui nous l’affirme. Néhémie est officiellement gouverneur de Juda, au nom de l’Empereur de Perse. Mais il refuse d’user de ce titre pour en tirer des revenus. Il sait que son retour est selon la volonté de Dieu, mise en œuvre par le souverain. Il accepte la mission, mais il ne veut pas être confondu avec un quelconque gouverneur. Sa mission réelle dépend de Dieu. Ce sera donc Lui qui pourvoira à ses besoins.
    1. Le refus de l’exploitation d’autrui est le second pilier de cette éthique : voyons le verset 15. Néhémie ne se paiera pas « sur la bête », il n’agit pas en exploiteur du peuple pour sa nourriture et son revenu. Il ne prend rien au peuple. De plus, il ne met pas en place un système de pouvoir népotique, qui favorise tous les siens, même les plus inexpérimentés. Son éthique est donc un « non-pouvoir », tout à fait conscient ; (rappelons que c’est l’attitude pensée par Jacques Ellul. Voir à ce propos le livre très récent de Frédéric Rognon, Le défi de la non puissance : L’écologie de Jacques Ellul et Bernard Charbonneau, éditions Olivétan, septembre 2020). Il veut être le leader du peuple par la conviction spirituelle seulement.
    1. Ce refus de l’exploitation implique une éthique du travail personnel et de l’enrichissement spéculatif refusé : c’est le verset 16 qui le décrit. Il a pris sa part aux travaux des murailles, comme tout le peuple, sans s’appuyer sur sa position humaine. De plus, il exige que tous ses serviteurs travaillent aussi, au lieu de jouer les petits chefs. Si on lit les versets 17 à 19, Néhémie y montre comment il a, sur ses deniers, nourri de vastes tablées. Il n’exploite pas, il nourrit : c’est l’éthique du partage.

Néhémie se présente devant Dieu avec cette éthique en faveur du peuple. Cela peut nous choquer, car il semble vouloir se sauver par ses œuvres propres. Mais il nous faut alors relire les paroles de Jésus en Matthieu 25 : 34-40 :

« 34  Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde.

35  Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ;

36  j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez rendu visite ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi.

37  Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ?

38  Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ; ou nu, et t’avons-nous vêtu ?

39  Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ?

40  Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » Version NEG.

Les justes auront agi selon l’éthique de Jésus, qu’il a exprimée de manière indiscutable.

Matthieu « 7 : 12   Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes. » Version NEG.

Ce verset établit de manière claire le lien direct entre l’amour actif du prochain et l’accomplissement de la Loi de l’Ancien Testament, pour les Juifs. Il y a une continuité, mais un changement de paradigme : ce n’est plus la crainte, dont se réclame Néhémie au ch.5 verset 15, qui est le moteur de l’éthique, mais l’amour de Dieu et du prochain confondus.

L’éthique de Néhémie est une éthique du devoir (on dirait en sociologie une « éthique de responsabilité »), celle de Jésus est une éthique de l’amour (on dirait « éthique de conviction »), donc une éthique de la liberté d’agir pour le bien du prochain.

Quoi qu’il en soit, il ne peut y avoir de vrai succès sans éthique. Rappelons que ce terme n’a pas que le sens positif que notre époque lui donne : il peut exister des éthiques du mal, comme le racisme ou le nazisme. Ce que j’appelle ici un vrai succès est un succès durable, qui s’inscrit dans la volonté de Dieu et dans son approbation, toujours dans le cadre de l’économie divine de la conscience (d’autres penseraient à l’économie de la rétribution et des récompenses ; c’est une autre lecture possible).

L’éthique conduit au succès

Lecture : Néhémie 6 : 15-16.

« 15   La muraille fut achevée le vingt-cinquième jour du mois d’Elul, en cinquante-deux jours.

16  Lorsque tous nos ennemis l’apprirent, toutes les nations qui étaient autour de nous furent dans la crainte ; elles éprouvèrent une grande humiliation, et reconnurent que l’œuvre s’était accomplie par la volonté de notre Dieu. » Version NEG.

Ces deux versets résument le bilan de la mission de Néhémie. On peut distinguer 3 thèmes dans ces deux versets :

  • Les valeurs numériques du verset 15 ;
  • La défaite qui change de camp au verset 16 ;
  • L’origine du succès.
  1. Le verset 15 : « 15   La muraille fut achevée le vingt-cinquième jour du mois d’Elul, en cinquante-deux jours. »
  2. Le chantier a été achevé en 52 jours. Ce nombre a une valeur particulière, selon la gematria juive, qui use de la valeur numérique des lettres pour établir des équivalences. 52 correspond à la valeur du nom « ELOHIM » (1+12+5+10+24=52), qui signifie « Dieu ». Ce projet était donc dans le temps de Dieu (on notera les 52 semaines du calendrier solaire).
  3. Le 25 du mois était le jour où les cultes païens effectuaient des sacrifices sur leur autel. Achever la muraille ce jour-là, c’est se protéger des cultes faux et garder le vrai culte.
  4. Le mois d’Eloul est le dernier mois de l’année juive. Il clôt un cycle et en prépare un nouveau. C’est le mois de la miséricorde et de la repentance pour les Juifs. On s’y prépare pour les fêtes du premier mois de l’année, dont le Yom Kippour, la fête du Grand Pardon. Achever la muraille en ce mois est aussi clore le chapitre précédent où la repentance a été effectuée, et aller vers le pardon de Dieu, ce que le chapitre 13, un peu plus loin, nous raconte.

Nous voyons donc que la date d’achèvement a une valeur symbolique très forte. Elle établit l’approbation de Dieu et nous envoie au final du verset 16.

  • Tout ce travail a pu avoir lieu et réussir malgré les embûches, car il était selon la volonté de Dieu, ce qui nous a été montré dans tout le déroulement de ces deux livres. La volonté de Dieu n’est pas une assurance contre les ennuis et les luttes, ces livres le montrent bien. Elle est seulement une conviction spirituelle absolue de la direction à suivre. Cette conviction est le fruit de l’Esprit-Saint, dans le cadre de la Nouvelle Alliance en Christ, mais cet Esprit de Dieu se manifestait également dans l’Ancienne Alliance. Le résultat final de cette approbation dans l’action est un retournement complet de situation.
  • La peur et la défaite changent de camp : verset 16 : «16  Lorsque tous nos ennemis l’apprirent, toutes les nations qui étaient autour de nous furent dans la crainte ; elles éprouvèrent une grande humiliation… » Les missions d’Esdras et Néhémie, bien qu’étalées sur des années, sont finalement des succès complets : les restaurations du culte, du Temple et de la muraille de Jérusalem sont achevées  Les ennemis ont échoué dans toutes leurs tentatives, même s’ils ont connu des succès momentanés. C’est à leur tour de connaître la crainte par le constat du succès. Ils ont dorénavant peur de Yahvé. Mais au-delà de ce retournement de situation, ils ont perdu la haute image d’eux-mêmes qu’ils avaient depuis le début du récit. Cela peut paraître très dur pour eux, mais en réalité, ils sont maintenant dans les dispositions d’esprit qui peuvent les amener à la conversion :
  • ils ont dorénavant la crainte de Dieu, ce qui est le « commencement de la sagesse » (Proverbes 9 :10) et la bonne disposition de cœur pour le découvrir.
  • Ils sont devenus lucides sur eux-mêmes et cessent de se croire supérieurs : c’est un travail préparatoire à la repentance.

C’est à eux maintenant de se positionner face au Dieu des Juifs. Cette histoire n’est ni racontée ni écrite, elle est ouverte.

Conclusion

Ces textes établissent, dès le temps de l’Ancien Testament, la nécessité d’une éthique du respect d’autrui et du travail. Ces bases de vie sont la clé du succès, car elles mettent dans les conditions de faire la volonté de Dieu. C’est la communion avec la volonté divine qui confond les ennemis et permet la vie de foi en sécurité.

Jean-Michel Dauriac – janvier 2021

Published in Bible et vie

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