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Catégorie : les critiques

rassemble tous les écrits critiques

Stéphane Mazurier trio live au Satin Doll de Bordeaux

Ce groupe bordelais, formé de musiciens professionnels chevronnés, se produisait au bar-club le Satin Doll le samedi soir 4 mars 2006 . J’y étais. Et bien content d’y être allé! J’en ai ramené quelques photos (prises en fait par ma femme!) et un article qui essaie de dire objectivement tout le bien que je pense de ce groupe et tout le plaisir qu’ils nous ont apporté, à nous, la petite poignée de spectateurs présents. Alors, allez les voir nombreux!

Vous écouterez un répertoire varié, avec de nombreux standards de jazz connus et moins connus et des compositions du pianiste, le tout dans un style très marqué par les influences mélodiques de Bill Evans ou Michel Petrucciani! On a connu pires références!

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Le trio est composé de Stéphne Mazurier au piano et synthé, Sébastien Charierras à la basse électrique et contrebasse et Stéphane Desplats à la batterie.

Pour en savoir plus et lire l’article complet, rendez-vous sur mon site:

http://musiquesetmots.danslamarge.com/

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Le devoir de mémoire – Primo Levi

« Le devoir de mémoire » est en fait la retranscription d’une longue conversation entre Primo Levi et deux universitaires italiens, Anna Bravo et Federico Cereja. Ceux-ci ont en effet initié un projet qui a consisté à recueillir la parole de 220 déportés survivants en 1982. Primo Levi est sans nul doute le plus célèbre d’entre eux, mais il se livre ici avec son humilité et sa franchise habituelle à l’interview.

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Cette discussion mélange deux thèmes. D’abord des faits concrets liés à la déportation, en réponse à des questions précises des intervieweurs. Par exemple, sur les « rites » qui existaient dans les camps. Mais entrecroisé avec ces informations, court le second thème sur la transmission (d’où le titre du livre, que je ne trouve pas très bon, mais ceci parce que je n’aime pas cette formulation – il y aura un de ces jours un texte là-dessus sur mon site -). Et là se trouvent sans nul doute les propos les plus surprenants du livre. Car Primo Levi constate avec lucidité que la déportation n’intéresse plus beaucoup les jeunes italiens et qu’il se sent dépassé.

 » J’éprouve, j’avoue que j’éprouve un sentiment d’infériorité par rapport à eux, même si je sais que j’ai dit des choses importantes, si je n’ai aucune hésitation, aucun doute sur la valeur de mes livres, mais j’ai l’impression qu’ils sont vieux, qu’ils ont vieilli. » page 38

Terrible aveu, dont je ne peux m’empêcher de penser qu’il est pour quelque chose dans la décision que prendra plus tard Levi de se suicider, en 1987. Ceci est confirmé par la lecture de son dernier livre « Les naufragés et les rescapés ».

On notera au fil de la lecture, le nombre important de questions très intellectuelles auxquelles Primo Levi ne répond pas, soit parce que la formulation le surprend, soit parce qu’il n’en voit pas l’intérêt. On se trouve ici en présence de deux conceptions du discours, l’un qui veut rendre compte avec la plus grande précision et exactitude, un discours scientifique, et l’autre qui se paie parfois de mots ronflants pour masquer son vide .

Je ne saurais trop recommander la lecture de ce petit livre paru chez « Mille et une nuits », ce qui le met à 2.50€. C’est une très bonne façon de pénétrer dans cette oeuvresi forte, avant de lire « Si c’est un homme » ou « La trêve ».

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L’univers concentrationnaire – David Rousset

Ce petit livre fut initialement une série d’articles publiée au milieu de l’année 1945 par Maurice Nadeau et d’autres dans La Revue Internationale qu’ils venaient de créer. Devant le succès rencontré, Maurice Nadeau décidé de l’éditer sous forme de livre. Ce fut le premier témoignage écrit sur les camps nazis. Il est aujourd’hui considéré à juste titre comme un classique sur ce sujet. David Rousset est mort en 1997. Il était philosophe de formation et avait vu le jour dans une famille modeste de confesssion protestante, ce qui a son importance pour ce livre-là. Il fut socialiste puis trotskiste, dénonçant dès le début des années trente à la fois les exactions du nazisme et du stalinisme (ce qu’il faut avoir en tête lorsqu’on lit ce livre et les passages où il rend hommage aux détenus communistes et à leur rectitude, ce qui n’est pas une faveur quand on sait ce séparait communistes et trotskistes à cette époque).

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Son livre est bref (moins de 200 pages) et va à l’essentiel, dans une optique d’urgence: faire saisir ce qu’était un camp de concentration et sa société. Il a conscience de l’incapacité vraie à transmettre l’expérience des camps (il partage ce point de vue avec Primo Levi, qui mettra beaucoup de temps avant d’écrire son témoignage). Ce qui caractérise « L’univers concentrationnaire » est assez bien dit dans le titre. Il nous introduit dans un autre monde. Mais, comme dans tous les grands livres sur ce sujet, il n’y a là aucun jugement moral et pas de sentimentalisme. On est par-dela « le bien et le mal », notions qui n’ont plus cours une fois passée l’enceinte du camp. La seule réalité est la hiérarchie humaine créée par le nazisme. Au sommet les S.S., puis les Allemands, fonctionnaires ou détenus, puis les autres, qui sont tous des sous-hommes, mais avec une subtile hiérarchisation interne. Rousset montre, comme Levi ou Antelme (qui fut un de ses compagnons d’infortune), comment les Seigneurs usaient des leviers psychologiques les plus primaires et comment cela marchait. Il nous présente dans le détail l’organigramme des camps et nous comprenons bien quels sont les lieux stratégiques et ce qui a permis à certains de s’en sortir et pas à d’autres. Au passage David Rousset conte, presque du bout des lèvres, quelques abominations commises par les maîtres nazis, mais on sent une énorme retenue chez lui, sans nul doute par peur de n’être pas cru et aussi par ce sentiment commun à tous, au retour des camps, de l’indicibilité de ce qu’ils avaient affronté. Les titres de chapitre viennent droit de sa culture protestante d’enfance, détournant des expressions bibliques. par exemple: « Dieu a dit qu’il y aurait un soir et un matin », ou « Il existe plusieurs chambres dans la maison du Seigneur »… Cela vient nous rappeler la formidable interrogation que l’exterminantion et les camps adressèrent aux croyants et à laquelle certains répondirent par un déni absolu de Dieu. Le croyant ne peut que se questionner inlassablement à ce sujet.

C’est un livre majeur sur ce thème que nous devons continuer à éclairer afin que la « bête immonde » ne revoit pas le jour. Il rejoint les quelques chefs d’oeuvres incontestés que je rappelle ci-dessous.

L’univers concentrationnaire – David Rousset – Livre de poche, collection  » Pluriel » –
Si c’est un homme – Primo Levi – Presse Pocket

L’espèce humaine – Robert Antelme – Gallimard – Collection « L’imaginaire »

Etre sans destin – Imre Kertéz – 10/18

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