Lecture biblique de base : Actes 16 : 16 à 34
(surtout les versets 25 & 26)
Actes 16 : 16 ¶ Or il arriva que comme nous allions à la prière, nous fûmes rencontrés par une servante qui avait un esprit de Python, et qui apportait un grand profit à ses maîtres en devinant.
17 Et elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant, et disant : ces hommes sont les serviteurs du Dieu souverain, et ils vous annoncent la voie du salut.
18 Et elle fit cela durant plusieurs jours ; mais Paul en étant importuné, se tourna, et dit à l’esprit : je te commande au Nom de Jésus-Christ de sortir de cette fille ; et il en sortit.
19 Mais ses maîtres voyant que l’espérance de leur gain était perdue, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent dans la place publique devant les Magistrats.
20 Et ils les présentèrent aux Gouverneurs, en disant : ces hommes-ci, qui sont Juifs, troublent notre ville :
21 Car ils annoncent des maximes qu’il ne nous est pas permis de recevoir, ni de garder, vu que nous sommes Romains.
22 Le peuple aussi se souleva ensemble contre eux, et les Gouverneurs leur ayant fait déchirer leurs robes, commandèrent qu’ils fussent fouettés.
23 Et après leur avoir donné plusieurs coups de fouet, ils les mirent en prison, en commandant au geôlier de les garder sûrement.
24 Et le {geôlier} ayant reçu cet ordre, les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds dans des ceps.
25 ¶ Or sur le minuit Paul et Silas priaient, en chantant les louanges de Dieu ; en sorte que les prisonniers les entendaient.
26 Et tout d’un coup il se fit un si grand tremblement de terre, que les fondements de la prison croulaient ; et incontinent toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés.
27 Sur quoi le geôlier s’étant éveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et se voulait tuer, croyant que les prisonniers s’en fussent fuis.
28 Mais Paul cria à haute voix, en disant : ne te fais point de mal : car nous sommes tous ici.
29 Alors ayant demandé de la lumière, il courut dans {le cachot}, et tout tremblant, se jeta {aux pieds} de Paul et de Silas.
30 Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?
31 Ils dirent : crois au Seigneur Jésus-Christ ; et tu seras sauvé, toi et ta maison.
32 Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient en sa maison.
33 Après cela, les prenant en cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt après il fut baptisé, avec tous ceux de sa maison.
34 Et les ayant amenés en sa maison, il leur servit à manger, et se réjouit, parce qu’avec toute sa maison il avait cru en Dieu. (version Segond 1910)
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Voici un récit qui, en général, fait le bonheur des personnes chargées du catéchisme : une belle histoire avec de l’action, du suspense et une fin positive où triomphent les bons. Le plus souvent on y voit un beau miracle de Dieu en faveur de ses deux apôtres emprisonnés. Ce n’est pas faux, évidemment, mais je voudrais ici proposer une autre interprétation de ce texte, en lien avec ce que nous vivons en ce moment.
Situons cet épisode dans son contexte. C’est le deuxième voyage missionnaire de Paul. Cette fois-ci, il voyage avec Silas (qui a remplacé Barnabas), Timothée et le narrateur, le médecin Luc. Partie de Jérusalem, la petite équipe repasse par Antioche (l’église-mère de Paul), puis visite Tarse (sa ville natale), avant d’entreprendre un périple en Asie Mineure, qui s’achève à Troas – près du lieu de la légendaire ville de Troie. Jusque là c’est une tournée d’affermissement des églises que Paul a fondées lors de son premier voyage. Mais à Troas Paul reçoit un ordre de mission divin, lors d’une vision ; lisez le verset 9 du même chapitre :
« Passe en Macédoine, et viens à notre secours »
lui dit en songe un Macédonien. Le livre des Actes nous présente plusieurs visions ou messages de ce type (Philippe, Pierre, Paul…) C’est un temps où Dieu se manifeste puissamment par son Esprit (ce qui ne veut pas dire qu’il ne se manifeste plus aujourd’hui !). Paul reçoit l’ordre de mission et part en bateau en Macédoine grecque. Il traverse Néapolis (verset 11) et rejoint la ville principale, Philippes C’est là que se situe notre récit.
Les versets 12 à 15 racontent un début de mission encourageant : une femme, nommée Lydie, se convertit sur leur prédication et se fait baptiser, elle, et toute sa maison (coutume de l’époque : la religion du maître de maison est celle de toute la maisonnée). Puis, les choses dérapent : les versets 26 à 24 nous montrent comment cela se passe ; Un esprit de divination – c’est le sens du mot python – qui habite dans une servante de la ville, dévoile à tous les habitants qui sont Paul et ses compagnons, que la jeune fille suit sans cesse. Nous pouvons penser que c’est une bonne chose, mais Paul, lui, finit par se lasser de cette publicité qui lui apparaît contre-productive, dans une ville grecque et romaine, donc païenne, où il vaut mieux être discret. Il ordonne à l’esprit mauvais de quitter cette femme et celle-ci en est délivrée. Et tout part en vrille. De l’esclave, nous ne savons plus rien. Mais nous apprenons que ses maîtres sont fort mécontents, car ils gagnaient de l’argent avec son don de médium qui vient de disparaître. S’enclenche alors la machine judiciaire ; ils sont accusés de troubles à l’ordre public (c’est une accusation très pratique de tous temps, de Jésus aux Gilets Jaunes !), arrêtés, et bastonnés. Leur faute est énoncée au verset 20 : « Ils sont juifs » (Ah ! le bon vieil antisémitisme de toujours !). On les met en prison avec des blocages de leurs jambes par des pièces de bois.
Une question se pose, qui peut aussi vous venir à l’esprit : pourquoi Dieu les a-t-il envoyés ici, pour qu’ils soient battus et emprisonnés ? Notre intelligence humaine ne comprend pas. Le début de la mission, oui, ça, c’est bien dans le style de Dieu. Mais la suite, très décevante. Dans les jours où nous sommes, j’entends certains chrétiens se prévaloir de la protection divine. Ils seront alors forcément perplexes quand vont mourir des frères et des sœurs de leur communauté. Dieu n’a-t-il pas dit qu’il était avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ? Bien sûr qu’il est avec nous, et même en nous, avec le Saint-Esprit, mais il n’a jamais dit que nous serions protégés de tout ce qui atteint l’humanité. C’est une lecture fausse de l’Evangile. La maladie peut nous atteindre et nous tuer, comme la justice inique de Philippes a arrêté, battu et emprisonné les apôtres.
Comment réagirent Paul et Silas ? Se sentirent-ils trompés par Dieu ? Pas vraiment !
« Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas, en prière, chantaient un hymne à Dieu »
dit une version du XVIIIème siècle. Ils sont donc en train de rendre gloire à Dieu, au lieu de gémir sur le traquenard de cette mission.
Nous pouvons passer notre temps à accuser les Chinois, les Italiens, l’inconscience des Français, l’incurie du gouvernement, le manque de masques et de gel ou de lits de réanimation. Mais ce n’est pas l’attitude de Paul et Silas. Eux prient et chantent la gloire de Dieu. (Car Dieu n’est pas l’auteur du virus et de l’épidémie, mais c’est bien la cupidité des hommes et leur organisation économique mondialisée).
Alors faisons de même. Ces longues journées de retrait offrent tant de moments pour parler avec Dieu et l’écouter. Prier peut prendre de très nombreuses formes : l’écoute, l’oraison, la conversation ou la lecture des psaumes… Une prière n’est pas tarifée à la durée. C’est la sincérité et la disposition de cœur qui comptent. Paul et Silas, dans le noir, en pleine nuit, prient et chantent et il est ajouté dans le texte que « les prisonniers les écoutaient ».
Alors survient l’accomplissement de la promesse, la preuve que l’ordre de mission, l’appel, n’étaient pas une tromperie. Les circonstances font qu’ils se retrouvent libérés de leurs entraves, eux et les autres captifs, toutes portes ouvertes par la secousse sismique évoquée. Dieu est celui qui libère et fait tomber les chaînes. Cela nous ne pouvons pas le faire, nous. Ce que nous pouvons faire, c’est prier et chanter la gloire de Dieu. C’est Lui qui nous libèrera de cette prison de l’épidémie.
La conclusion est magnifique (versets 27 à 34). La délivrance aurait pu virer au drame : évasion collective et suicide du geôlier. Au lieu de cela, Paul et Silas ont un boulevard devant eux pour évangéliser ce gardien et sa famille. Et tous sont baptisés et, à leur tour, rendent gloire à Dieu. Dieu triomphe, Paul et Silas aussi. Il faut lire la fin du chapitre pour voir que le triomphe est total, puisque les magistrats de la ville vont devoir faire amende honorable auprès de Paul et de son équipe.
Que retenir pour nous, aujourd’hui ?
Nous pouvons vivre ces moments de confinement comme une mise aux fers, un séjour en prison. Comment allons nous réagir ? Vivons intensément notre foi et notre vie chrétienne. Prions sans cesse, d’une façon ou d’une autre. Réjouissons-nous, c’est un ordre divin que Paul nous a transmis. Chantons : nous connaissons tous des cantiques, entonnons-les, même seuls. Rendons grâce par le chant.
Nous n’avons pas de geôlier à évangéliser. Mais nous connaissons sûrement des personnes que nous pouvons encourager, soutenir, pour lesquelles nous pouvons avoir une parole de paix et de joie. Qui sait si cela ne finira pas par une grande bénédiction pour l’Eglise ?
« Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient… »
Amen
Je vous propose, pour finir ce moment de partage d’écouter une chanson sur notre sujet : ce sont Chantal et Jean-Paul Ayme qui ont enregistré ce titre, dans les années 1970. Bon confinement à tous.
Jean-Michel Dauriac
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