L’impossible est notre vocation, l’incroyable notre foi et la folie notre sagesse…
Il y a une véritable inversion de la logique dans la Bible et dans le message de Jésus. Le bonheur se trouve là où nous lisons humainement le malheur est inversement. Le chemin de la foi est celui qui casse méthodiquement nos certitudes rationnelles et humaines, surtout pour l’occidental judéo-gréco-romain. Réfléchissons à cela à partir de nos textes de base et de quelques penseurs chrétiens.
L’impossible est notre vocation
Matthieu 5 : 1 à 12
version NEG :
1 ¶ Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.
2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:
3 ¶ Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!
4 Heureux les affligés, car ils seront consolés!
5 Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre!
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!
7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!
9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux!
11 Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
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Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
Version BFC :
1 ¶ Quand Jésus vit ces foules, il monta sur une montagne et s’assit. Ses disciples vinrent auprès de lui
2 et il se mit à leur donner cet enseignement:
3 ¶ Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux!
4 Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera!
5 Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre que Dieu a promise!
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu le demande, car Dieu exaucera leur désir!
7 Heureux ceux qui ont de la compassion pour autrui, car Dieu aura de la compassion pour eux!
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!
9 Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils!
10 Heureux ceux qu’on persécute parce qu’ils agissent comme Dieu le demande, car le Royaume des cieux est à eux!
11 Heureux êtes-vous si les hommes vous insultent, vous persécutent et disent faussement toute sorte de mal contre vous parce que vous croyez en moi.
12 Réjouissez-vous, soyez heureux, car une grande récompense vous attend dans les cieux. C’est ainsi, en effet, qu’on a persécuté les prophètes qui ont vécu avant vous.
Que considérons-nous comme possible ?
Ce que nous pouvons accomplir par nous-mêmes ;
Ce que nous comprenons et pouvons expliquer ;
Ce que nous connaissons déjà ;
Ce qui a déjà été fait ;
Tout le reste est classé sous la rubrique « impossible ». Or ce que nous dit Jésus, aussi bien dans l’Évangile de Mathieu que dans ceux de Marc ou Luc, relève de l’impossible.
Matthieu 19 : 26 « Jésus les regarda, et leur dit: Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible. »
Marc 10: 27 ; Luc 18: 27; ces trois textes tirés de l’épisode dit du « jeune homme riche« .
Voir aussi Luc, chapitre un, verset 37 : » Car rien n’est impossible à Dieu.«
Dieu parle par les auteurs des épîtres aussi et nous enseigne ce que lui considère comme impossible.
Épître aux Romains : 8:3 « Car, chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, »
La loi ne peut effacer le péché. Et pourtant combien nous sommes pénétrés de cette croyance car le salut par les bonnes oeuvres dans le catholicisme ou l’obéissance aux commandements pour les juifs vont à l’encontre de cette déclaration. Or ceci est déclaré impossible par Dieu. C’est par la grâce seule que nous sommes sauvés.
Épître aux Hébreux 6:18: « 17 C’est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse l’immuabilité de sa résolution, intervint par un serment,
18 afin que, par deux choses immuables dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l’espérance qui nous était proposée. »
Dieu ne peut mentir. C’est donc à nous de nous conformer à sa parole est à sa volonté et pas l’inverse. Or cela est possible, nous verrons comment.
Épître aux Hébreux 10:4 et 11:6: » car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés. »
« Or, sans la foi, il est impossible de lui être agréable; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. »
Aucun sacrifice n’ôte le péché (dans la loi juive), mais seule la foi rend possible l’agrément de Dieu. Il est donc totalement hors de notre portée d’offrir quoi que ce soit qui puisse nous faire pardonner auprès de Dieu si ce n’est l’offrande de notre foi, dont nous verrons tout à l’heure qu’il ne s’agit pas d’une chose aisée.
Croire en Dieu par Jésus-Christ c’est admettre que nous devons remettre en question nos catégories du possible et de l’impossible.
L’exemple du bonheur selon Jésus-Christ :
Reprenons les Béatitudes et livrons-nous à une analyse destinée à éclairer leur caractère « impossible » pour l’être humain. Commençant par les Béatitudes «scandaleuses» et négatives de prime abord.
« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux. »
Dans un monde qui valorise l’intellect, ceux-ci est une provocation. Or il n’y alla nullement provocation de l’imbécillité, mais abandon de sa confiance en soi, confiance dans le seul esprit de Dieu.
« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. »
L’homme naturel ne cherche jamais les pleurs. Il n’y a pas, devenu chrétien, à chercher le dolorisme. Mais, de l’épreuve des larmes sort un bonheur inattendu : la consolation, soit par l’esprit de Dieu ou par Dieu lui-même, soit par les frères et soeurs, soit par un prochain quelconque ou encore par l’intervention d’un ange.
« Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux. »
Souffrir l’opprobre par fidélité à ce qui est juste, voilà un comportement réel peu commun. La trahison, le reniement (tel l’apôtre Pierre) ou l’apostasie sont monnaie courante. Jésus nous dit qu’il y a bonheur à une souffrance de cette nature. Parole prophétique pour lui et pour nous.
« Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera qu’on répandra sur vous toutes sortes de mal à cause de moi. »
Comment trouver du bonheur dans l’insulte, la persécution et l’agression ? En s’identifiant à Jésus-Christ par sa mort et sa résurrection. Il a subi cela pour nous, donc nous pouvons subir cela pour lui. Ce n’est possible que par la foi (Hébreux 11:6)
Mais à y regarder de près, les Béatitudes « positives » sont également quasi-impossibles pour nous.
« Ceux qui sont doux… »
« Ceux qui ont faim et soif de justice… »
« Les miséricordieux… »
« Ceux qui ont le cœur pur… » (Jean-Roger Caussimon)
« Ceux qui procurent la paix… » (François d’Assise)
Tous ces comportements sont contraires à l’attitude naturelle de l’homme, surtout dans nos sociétés occidentales de compétition et l’individualisme égoïste.
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Les doux sont perçus comme des faibles ou efféminées, des lâches, des perdants, des loosers…
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Les affamés et assoiffés de justice comme des empêcheurs de tricher en rond, des « zorros » pénibles à la longue.
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Les miséricordieux sont prompts à pardonner, à faire confiance. Donc, là aussi sont perçus comme des faibles. Le pardon est une denrée rare dans le monde actuel, malgré la frénésie apparente de repentance publique des hommes politiques ou des communautés diverses. Voir à ce propos l’idéal chrétien dans le « Notre Père ».
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Les ouvriers de paix remplissent le tonneau des Danaïdes et roulent le rocher de Prométhée. Il est tellement plus facile d’être hargneux, haineux et de semer la discorde.
À l’issue de ce parcours dans l’impossible, le verset 12 vient clore le défi.
«Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. »
Tout croyant est donc ici assimilé au ministère prophétique, c’est-à-dire littéralement « celui qui parle de la part de… » ; or c’est bien l’impossible programme des béatitudes.
Sur ce point, la conclusion sera portée par le penseur chrétien protestant Théodore Monod, qui répondait la chose suivante quand on lui demandait de définir le bonheur :
« Je crois que c’est parvenir à vivre en conformité avec un certain idéal. D’avoir réussi à rendre son existence conforme un idéal entrevu. En ce qui me concerne, cet idéal est celui du Sermon sur la montagne, et de façon encore plus concise, celui des huit béatitudes dans la version de Matthieu. Pour moi, les béatitudes sont le cœur du christianisme. » Extrait du livre « Entre ciel et terre » aux éditions Babel poche.
La même démarche de confrontation à l’impossible peut être appliquée au « malheur » selon les Évangiles ou la Bible. Ce qui est malheur pour Jésus est à rebrousse-poil de notre logique humaine. Voici deux exemples pris encore dans le Sermon sur la montagne, mais dans la version de l’Évangile de Luc.
Luc 6: 24 « mais malheur à vous est riches, car vous avez votre consolation. »
On peut mettre ce texte en corrélation directe avec la Béatitude évoquée plus haut : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » La richesse permet, sur la terre, d’acheter les consolations, donc d’éviter de dépendre des frères et sœurs, et plus largement de son prochain ; cette indépendance est en fait un orgueil, soit une faute grave, un péché qui attriste Dieu.
On peut encore citer, dans le même registre, sans les commenter :
Luc 6: 25 et 26 : « Malheur à vous qui êtes rassasiés… Malheur à vous qui riez maintenant… Malheur lorsque de tous les hommes diront du bien de vous… » Autant de choses qui nous semblent légitimes. Il nous paraît impossible que le malheur vienne de ces choses « normales ». Et pourtant… Pourquoi cette inversion de valeurs ?
L’incroyable est notre foi et la folie notre sagesse
Ce thème est très présent dans le nouveau testament. Il l’était également dans la Torah, et pour la foi chrétienne, concentrons-nous sur la nouvelle alliance
1 Corinthiens 1 :18 à 31
version NEG :
18 Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu.
19 Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et je rendrai nulle l’intelligence des intelligents.
20 Où est le sage? Où est le scribe? Où est le raisonneur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde?
21 Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver les croyants par la folie de la prédication.
22 Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse:
23 nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens,
24 mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs.
25 Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.
26 Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
27 Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes;
28 et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont,
29 afin que personne ne se glorifie devant Dieu.
30 Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui par la volonté de Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption,
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afin, comme il est écrit, Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur.
Version BFC :
18 En effet, prêcher la mort du Christ sur la croix est une folie pour ceux qui se perdent; mais nous qui sommes sur la voie du salut, nous y discernons la puissance de Dieu.
19 Voici ce que l’Écriture déclare: Je détruirai la sagesse des sages, je rejetterai le savoir des gens intelligents.
20 Alors, que peuvent encore dire les sages? Ou les gens instruits? Ou les discoureurs du temps présent? Dieu a démontré que la sagesse de ce monde est folie!
21 En effet, les humains, avec toute leur sagesse, ont été incapables de reconnaître Dieu là où il manifestait sa sagesse. C’est pourquoi, Dieu a décidé de sauver ceux qui croient grâce à cette prédication apparemment folle de la croix.
22 Les Juifs demandent comme preuves des miracles et les Grecs recherchent la sagesse.
23 Quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié: c’est un message scandaleux pour les Juifs et une folie pour les non-Juifs;
24 mais pour ceux que Dieu a appelés, aussi bien Juifs que non-Juifs, le Christ est la puissance et la sagesse de Dieu.
25 Car la folie apparente de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et la faiblesse apparente de Dieu est plus forte que la force des hommes.
26 Considérez, frères, qui vous êtes, vous que Dieu a appelés: il y a parmi vous, du point de vue humain, peu de sages, peu de puissants, peu de gens de noble origine.
27 Au contraire, Dieu a choisi ce qui est folie aux yeux du monde pour couvrir de honte les sages; il a choisi ce qui est faiblesse aux yeux du monde pour couvrir de honte les forts;
28 il a choisi ce qui est bas, méprisable ou ne vaut rien aux yeux du monde, pour détruire ce que celui-ci estime important.
29 Ainsi, aucun être humain ne peut se vanter devant Dieu.
30 Mais Dieu vous a unis à Jésus-Christ et il a fait du Christ notre sagesse: c’est le Christ qui nous rend justes devant Dieu, qui nous permet de vivre pour Dieu et qui nous délivre du péché.
31 Par conséquent, comme le déclare l’Écriture: Si quelqu’un veut se vanter, qu’il se vante de ce que le Seigneur a fait.
Le mot « folie » revient six fois dans ce court texte. Cela montre à quel point Paul veut graver cette idée dans l’esprit des destinataires.
Qu’est-ce que la folie ? « Aliénation d’esprit » quand on veut aller au plus court ; « dérangement de l’esprit ». La folie est donc reliée à l’esprit. Être chrétien se fonde sur un pari incroyable, une forme de dérèglement de l’esprit selon l’humain ordinaire. Devenir chrétien, c’est recevoir un esprit plus grand que le nôtre en nous, c’est donc bien aliéner notre esprit à l’Esprit de Dieu. C’est donc une folie au sens commun. Aliéner : céder à un autre la propriété d’une chose.
Mais cette folie initiale de l’onction de l’Esprit consécutif à la conversion, est elle-même construite sur un enchaînement d’« incroyables ».
La prédication de la croix est la folie centrale. Qu’y a-t-il de proprement incroyable derrière cette expression ?
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Le sacrifice volontaire de Jésus qui a le « pouvoir de donner sa vie », mais aussi la volonté de le faire, malgré un combat terrible livré au jardin des oliviers.
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La mort sans péché du Christ sur le bois maudit est proprement inimaginable pour tout être humain normalement constitué.
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La résurrection au matin de Pâques, avec toute la symbolique qui l’accompagne ne peut être acceptée par un être humain doté de tout son bon sens. Quelqu’un qui est mort ne saurait revivre.
Vaincre la mort est incroyable ; vivre sans péché est incroyable ; donner sa vie pour ce qui vous haïssent est incroyable. Mais Jésus-Christ est lui-même incroyable par essence. Car d’après le passage de l’Évangile de Luc au chapitre un, versets 26 à 38:
«¶ Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.
28 L’ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.
29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.
30 L’ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin.
34 Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme?
35 L’ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
36 Voici, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.
37 Car rien n’est impossible à Dieu.
38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole! Et l’ange la quitta. »
Jésus est conçu par le Saint Esprit et enfanté par une vierge. Il est savant des choses de Dieu sans avoir été éduqué, ce que nous raconte le texte de l’Évangile de Luc, chapitre 2, versets 41 à 50.
« ¶ Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque.
42 Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête.
43 Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s’en aperçurent pas.
44 Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances.
45 Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher.
46 Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
47 Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses.
48 Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.
49 Il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père?
50 Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »
Les miracles des Évangiles sont humainement incroyables. Depuis des siècles, les hommes charnels cherchent des explications à cette « magie », n’hésitant pas à émettre les hypothèses les plus farfelues parce qu’ils refusent de croire l’incroyable qui s’appelle dans le langage spirituel le surnaturel.
La radicalité de Jésus et de ses propos est parfaitement incroyable, si on la replace dans la tradition juive, même essénienne. Jésus est en rupture totale avec son temps et les principes religieux et moraux de son peuple. Non seulement on ne peut le croire, mais il faut l’empêcher de continuer.
Jésus est proprement incroyable. Croire en lui est donc impossible rationnellement. Et pourtant nous y croyons !
Car l’Esprit Saint déversé en nous par Jésus de la part de Dieu rend possible l’impossible et croyable l’incroyable. La folie de la croix devient sagesse, et la sagesse humaine devient folie. Ce miracle est un acte double : l’appel de Dieu envers nous ; le pas de foi, le « lâcher prise » du oui à l’appel de Dieu. Dès lors notre vie devient incroyable même en sans fondement.
Qui que nous soyons, et à plus forte raison si nous sommes des gens simples et modestes, peu éduqués, méprisés selon les critères de ce monde, Dieu le veut et va nous utiliser. C’est l’inverse de la course à la qualification humaine. Nous devenons frères de Jésus, participant à son destin, rachetés par son sacrifice. Ce qui signifie que nous sommes donc promis à la résurrection et à la présence éternelle de Dieu, ce que nous traduisons par « l’espérance de la vie éternelle ». Combien de gens qui se disent chrétiens ne croient pas cela car c’est trop « incroyable » ! Comme s’il y avait une hiérarchie dans l’incroyable.
Si j’accepte de croire, alors tout l’incroyable devient incroyable :
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Le Christ, sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection, son ascension et son retour en gloire un jour inconnu.
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L’Esprit saint donné à chaque croyant pour l’équiper, avec ses dons ou charismes, et le renouvellement de l’intelligence humaine afin qu’elle puisse comprendre les mystères de Dieu.
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La guérison divine des corps et des âmes.
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L’eschatologie chrétienne (et juive) : ce monde actuel finira et sera remplacé, comme Jésus-Christ l’a dit, comme les prophètes l’ont dit, comme l’Apocalypse de Jean le dit.
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Le salut offert à tous gratuitement par grâce.
Voulons-nous vivre cette vie impossible et l’incroyable ? Acceptons-nous devenir « fous », d’aliéner notre esprit (et non notre intelligence) pour entrer dans la « vie chrétienne normale » comme l’écrivait Watchman Nee, Pasteur et théologien chinois du XXe siècle ? Tout est à nous. Tout est dit dans la Bible. À nous de nous en saisir à la mesure de notre foi.
Conclusion : citation de Jacques Ellul, tiré du livre « La subversion du christianisme » aux éditions du Seuil.
« Si l’on n’admettait que ce que le nouveau testament entend par christianisme et être chrétien était conformes aux idées humaines, propre à plaire à l’homme, à le flatter comme s’il s’agissait de sa propre invention, d’une doctrine sortie de son cœur : il n’y aurait pas de problème ! Mais il y a un « mais ». Une difficulté : ce que le Nouveau Testament entend par être chrétien est justement ce qu’il y a de plus contraire à l’homme. C’est pour cet homme un scandale. Ou bien ce contre quoi il doit se révolter ou bien ce dont il doit chercher à se débarrasser par ruse et à tout prix, par exemple grâce à cette escroquerie qui consiste à appeler christianisme exactement le contraire… Puis à rendre grâce à Dieu de la faveur immense d’être chrétien ! « Rien ne déplaît plus à l’homme, ne le révolte davantage que le christianisme du Nouveau Testament : vraiment annoncé, il ne peut gagner ni chrétiens par millions, ni salaires et profits terrestres !… Alors se produit la confusion : pour que les hommes acquiescent, il faut que la chose annoncée soit de leur goût et les séduise… Et ici réside bien la difficulté : elle ne réside nullement à montrer que le christianisme officiel n’est pas celui du Nouveau Testament mais à montrer que le christianisme du Nouveau Testament et ce qu’il entend par être chrétien sont des choses profondément désagréables à l’homme » (Soren Kierkegaard). « Jamais, pas plus aujourd’hui qu’en l’an 30, la révélation chrétienne ne peut plaire à l’homme : le christianisme a toujours été pour lui au fond de son cœur un ennemi mortel. Aussi l’histoire témoigne-t-elle que de génération en génération existe une classe sociale hautement respectée (les prêtres) dont le métier consiste à faire du christianisme exactement le contraire de ce qu’il est » (Soren Kierkegaard). »
Jean-Michel Dauriac – Mars 2008
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