Il ne fait pas bon être non-violent ou pacifiste en ce moment! Malheur à celui qui ne sait pas éviter la Coupe du Monde de Rugby! Il est dit, comme en 1998 avec la Coupe du monde de football que tout le monde doit s’y intéresser. Le concours de publicités et de sponsoring devient complètement absurde: « Torchez-vous donc les fesses avec Motus, le papier hygiénique officiel du XV de France! » Mais, après tout, il est encore possible de passer à peu près à travers, si l’on n’allume jamais ni radio, ni télévision, si l’on ne va pas au cinéma, si l’on ne lit aucun journal quotidien ou magazine, si l’on ne lève pas les yeux vers les panneaux ou les murs publicitaires, si on ne va pas faire ces courses etc..
Mais ce qui motive mon coup de gueule aujourd’hui est quelque chose qui me gonfle depuis longtemps et qui finit par éclater. Il s’agit de la comparaison permanente des sports collectifs avec la guerre. Quand on veut qualifier un magnifique joueur du XV de France, le plus beau compliment qu’un de ces connards de commentateurs sort est du style: » Quel fabuleux guerrier, ce Sébastien Machin! »Et tous les auditeurs-téléspectateurs d’acquiescer in-petto: « Quel beau guerrier, ce Sébastien Machin! ». Et le lendemain matin, dans le métro, le tramway, les bus ou les cours de bahut, qu’entend-on, lorsqu’on laisse traîner une oreille?: « Quel beau guerrier, ce Sébastien Machin! » .Voici résumée en trois phrases la force de l’abrutissement de masse. Voici comment des peuples plutôt pacifiques et cultivés sont capables de partir presque comme un seul homme à la guerre en bavant de haine contre des hommes qu’ils ne connaissent pas et qui ne leur ont personnellement rien fait.
Alors je dis haut et fort que j’en ai ras le pompon d’entendre ces métaphores guerrières qui laissent entendre que le sport c’est la guerre. Si c’est effectivement cela, alors sans moi et vive la maxime de Pierre Desproges: « Un bon sportif est un sportif… mort ».
Mais si le sport est une façon de se dépasser personnellement, si c’est une école de volonté, d’abnégation et de solidarité, alors disons plutôt: » Quel magnifique compétiteur que ce Sébastien Machin! » Exalter la volonté et le courage dans le désir de gagner n’est pas en soi dommageable si ceux qui jouent savent que ce n’est rien d’autre qu’un jeu. Si ceux qui encouragent le savent aussi. je ne suis pas vraiment convaincu que ce soit le cas général! Mais faisons crédit au sport et aux sportifs de ces qualités. Arrêtons de répéter ces propos ineptes et violents qui banalisent l’inacceptable. La guerre est une immonde saloperie, il n’y a pas de guerre juste, pas de guerre propre, tout au plus parfois des guerres inévitables pour survivre. Toute guerre est un échec de l’hominisation. Il faut être le dernier des crétins ou des manipulateurs pour y voir de la grandeur. Même si parfois des hommes y dévoilent un héroïsme admirable, ils ne le doivent pas à la guerre mais à l’humanité qui habite en eux.
La guerre n’est pas un sport de haut niveau; le sport n’est pas une guerre de basse intensité. Un sportif qui a la grinta n’est pas un guerrier ou un « tueur », comme je l’ai souvent entendu dire à ces débilos de journaleux sportifs, croisements illégitimes de Mussolini et de Darwin!
A bon étendeur, salut!
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