« Un tribunal londonien interdit le port d’une « bague de virginité » à l’école lundi 16 juillet » AFP, rapporté par Le Monde du 18 juillet 2007.
Où est la liberté individuelle au pays de l’ « Habeas Corpus » ? Formidable inversion des valeurs en un demi-siècle : la virginité des jeunes filles (Lydia Playton, la jeune fille visée, a 16 ans !) est à consommer tôt (entre 17 et 18 ans en moyenne en France d’après les enquêtes récentes) et affirmer s’en tenir à une position simplement biblique, qui était la norme sociale il y a encore 100 ans, soit une paille dans la fuite du temps, est ridiculisé et doit surtout demeurer dans la sphère privée. Il ne faut pas « choquer » ses camarades par son désir de rester « pure », ni risquer de les entraîner sur la mauvaise pente du respect de soi ou d’une quelconque morale chrétienne (qui est encore valide dans toutes les Eglises y comprise l’Eglise Anglicane, bien que celle-ci soit complètement déboussolée depuis quelques années). Car on ne peut effectivement pas reprocher une ostentation quelconque à une simple bague, alors que les musulmanes britanniques vont à l’école voilées de la tête au pied. Nous voyons là la formidable double-mesure : d’un côté, il faut bien le dire une peur de l’Islam (et des réactions violentes des plus intégristes des musulmans) qui amène à une tolérance qui n’en est pas une vraie, et de l’autre, comme dans toute l’Europe, un mépris et une dérision envers les Eglises chrétiennes sur lesquelles ont peut publier autant de caricatures que l’on veut et ridiculiser dirigeants et croyants sans que personne de puissant ne s’en offusque. Pulsion réellement suicidaire de l’Occident qui dénigre et déconsidère ses propres croyances et croyants face à une communauté musulmane qui ne doute absolument pas de sa vérité et de sa supériorité religieuse en tant que seule vraie religion. Mais comment pourrait-il en être autrement puisque ceux-là même qui devraient faire œuvre de pédagogie juridique et morale se tirent des balles dans le pied.
A titre personnel, je ne crois guère à l’intérêt de ces talismans importés d’Amérique. « Que celui qui veut se garder pur se garde pur » dit la Bible. Nul besoin d’afficher cela. Il y a dans ces pratiques la marque d’un besoin de se fortifier dans son choix par sa publicité au sens premier. Un engagement secret est d’autant plus difficile à tenir qu’il est secret.
Enfin la seule vraie question n’est pas le port de la bague, mais, comme pour le hijab, le poids de la pression familiale. Nous savons qu’il peut être très fort, voire violent dans le cas des jeunes musulmanes, au cas par cas, mais pour les engagements de type « bague de virginité » il s’agit bien plutôt d’un poids environnemental moral, qui peut être tout aussi contraignant d’ailleurs. Et encore faudrait-il avoir l’honnêteté intellectuelle de relire l’histoire des églises chrétiennes et d’y rencontrer les innombrables conversions précoces et durables qui ne devaient rien à la pression familiale,voire qui étaient violemment combattues par elle, et qui ont duré toute une existence !
Le persiflage laïcard ne saurait excuser l’ignardise et la paresse intellectuelle. Nous vivons une époque complex de tensions morales et idélogiques qui radicalisent parfois les comportements. L’ignorer est faire le lit du relativisme culturel, le pire ennemi de nos cultures, quelles qu’elles soient.
8 aôut 2007
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