Samedi soir 10 mars 2007, le quartet Affinity se produisait dans un bar à musiques de Mérignac, le « 440 ». Pour un Bordelais moyen, aller à Mérignac un samedi soir écouter de la musique c’est comme aller en province pour un Parisien. Ils y sont donc assez rares, ce qui laisse la place aux autres et c’est pas plus mal.
Ambiance sympa, avec un véritable accueil et surtout un authentique coin non-fumeur, ce que j’apprécie grandement (vivement octobre 2007 qu’on en finisse avec la fumasserie passive!). Autre bon point, ça commence à l’heure! On n’est plus habitué, à force de poireauter des dizaines de minutes, ce qui fait boire un peu plus, c’est toujours bon pour le comptoir! mais très mauvais pour le respect du spectateur. Car l’exactitude n’est pas qu’une convention bourgeoise voire royale, mais une authentique forme de courtoisie envers ceux qui se sont déplacés pour écouter. Et tant pis pour les retardataires!
adresse de leur site : http://affinityquartet.free.fr/index.htm
Deux sets denses de standards sur base rythmique funk et latino, mais subtilement variée. On débute par « Caravan », histoire de se chauffer sans trop de risques et de donner des gages au public. Puis on embarque dans des morceaux moins connus, tant au point de vue du tempo que des rythmes. Affinity assure vraiment. On sent la complicité de longue date et tout cela baigne dans l’huile de scène. Chacun prend ses chorus avec entrain et sans barguigner: basse, piano, et saxo; le seul qui ne chorusera pas c’est le batteur (Philippe Valentine), mais de fait, si l’on est attentif à son jeu, et je l’étais, assis à deux mètres de lui, il est clair qu’il choruse tout le temps, à sa façon. Un vrai spectacle à lui tout seul. L’écouter et le regarder permet de comprendre comment faire parler une batterie. J’admire surtout la grande précision rythmique et le dosage des frappes. Avec un tel batteur, il est facile d’avoir l’impression de voyager dans un wagon pullman. Ce qui permet aux trois autres larrons de s’en donner à coeur joie à tour de rôle. Francis Fontes assure la tenue du piano de manière très efficace et subtile, notamment dans les accompagnements toujours structurants mais jamais lourds. A la basse, Dominique Bonadei est celui qui assure la coordination de l’ensemble. Il prend ses tours avec autorité et jubilation comunicatives. Jeu de basse très dynamique, sans perdre le caractère mélodique, chose assez rare pour être signalée. Aux sax ténor ou soprano, Hervé Fourticq asssure la chaleur cuivrée du son. Ce n’est pas un coltranien, de toute évidence, et ce n’est pas un reproche, simplement un constat. Il y a des influences des grands saxophonistes mainstream dans son jeu, à la fois rapide et précis. La mélodie est toujours là dans le chorus, à fleur de rythme. L’alternance des deux instruments permet d’éviter l’uniformité. J’ai songé plusieurs fois à Stan Getz en l’écoutant ou alors au Sonny Rollins et Coltrane des années 1950. Je dois avouer que c’est exactement le style de jeu que j’aime. Donc, j’ai beaucoup apprécié ses interventions.
Le deuxième set se termine en feu d’artifice par une très longue version de « Manteca » qui nous laisse scotchés sur nos chaises. Je repars avant le boeuf – j’aime pas vraiment les bovins musicaux! – en emportant pour moi tout seul des bouffées de morceaux dans le silence automobile de ma nuit banlieusarde (putaing voilà une vraie phrase littéraire comme on aime dans les médias). So long et plus si affinity!
J.M. Dauriac, le lendemain .
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