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Catégorie : Bible et vie

Même sortie pour tout le monde…Méditation de sortie de l’arche n° 24

La version audio de la méditation est ci-dessous:

Nous voici parvenus à la fin de ce cycle de méditations. Comment conclure ce parcours de réflexion biblique ? Il m’a semblé qu’il fallait clore par un propos général, intemporel et existentiel. La lecture du psaume 49, qui se démarque assez nettement des thèmes habituels des psaumes du premier et deuxième livre, m’en offre la matière. Le propos n’a pas pris une ride et parle aujourd’hui comme hier à tout être humain qui réfléchit.

Quel est le point commun à tous les humains, hormis leur constitution physique ? C’est la certitude que tous connaîtront la mort, issue commune et universelle de toute vie. C’est tout le sujet du psaume 49, sur lequel nous allons méditer. Ce psaume parle de la « même sortie pour tous », entendez sortie de la vie et du corps humain. Peut-être est-ce, finalement, la vraie sortie du confinement que de quitter un corps dont nous apprenons assez vite à connaître les limites et les incapacités, sans parler, avec l’âge qui avance, les inéluctables affaiblissements et altérations. Considérons maintenant la démarche du psalmiste. Nous ferons la lecture du psaume par morceaux successifs. J’userai de la version révisée Segond, dite La Colombe.

Introduction : appel à l’écoute (versets 2 à 4)

« 1 ¶  (49-1) Au chef des chantres. Des fils de Koré. Psaume. (49-2) Ecoutez ceci, vous tous, peuples, Prêtez l’oreille, vous tous, habitants du monde,

2  (49-3) Petits et grands, Riches et pauvres !

3  (49-4) Ma bouche va faire entendre des paroles sages, Et mon cœur a des pensées pleines de sens.

4  (49-5) Je prête l’oreille aux sentences qui me sont inspirées, J’ouvre mon chant au son de la harpe. »

L’auteur apostrophe les auditeurs-lecteurs. Ce qui va suivre concerne tous les humains, sans exception, de tout âge – petits et grands -de toutes conditions – riches et pauvres. C’est un message universel que présente l’auteur.

Il précise, de plus, que ce qui sera dit possède deux qualités importantes : la sagesse et le sens. Nous savons que l’Orient antique était terre de sages et de paroles de sagesse.  La Bible en contient plusieurs livres : Job, Proverbes, Ecclésiaste, Psaumes, et dans les Deutérocanoniques, la Sagesse et le Siracide. C’est une grande partie de la littérature antique que la littérature sapientiale, car on peut y rattacher toute une série d’écrits philosophiques grecs et romains. La sagesse est une aide précieuse pour la vie (et la mort) de l’homme, n’en déplaise aux propos désabusés de l’auteur de l’Ecclésiaste-Qohélet.

Ces paroles seront « pleines de sens ». On peut trouver qu’il y a là une redondance. Mais si c’est le cas, c’est pour renforcer l’attention du lecteur. Le sens, dans une première acception, c’est ce qui donne la direction, qui aide à s’orienter dans sa marche.

Nous devons donc être prêts à trouver de la profondeur dans ce qui va être dit.

Thème 1 : Fausse sécurité, illusion et doute (versets 7 à 13)

« 6 ¶  (49-7) Ils ont confiance en leurs biens, Et se glorifient de leur grande richesse.

7  (49-8) Ils ne peuvent se racheter l’un l’autre, Ni donner à Dieu le prix du rachat.

8  (49-9) Le rachat de leur âme est cher, Et n’aura jamais lieu ;

9  (49-10) Ils ne vivront pas toujours, Ils n’éviteront pas la vue de la fosse.

10  (49-11) Car ils la verront, les sages meurent, L’insensé et le stupide périssent également, Et ils laissent à d’autres leurs biens.

11  (49-12) Ils s’imaginent que leurs maisons seront éternelles, Que leurs demeures subsisteront d’âge en âge, Eux dont les noms sont honorés sur la terre.

12  (49-13) Mais l’homme qui est en honneur n’a point de durée, Il est semblable aux bêtes que l’on égorge.

13  (49-14) Telle est leur voie, leur folie, Et ceux qui les suivent se plaisent à leurs discours. »

Dans ces six versets, deux sous-thèmes sont entrecroisés : le rôle des richesses et des biens et la fin inévitable.

Le rôle des richesses est au cœur des versets 7 à 9. Le verset 7 montre que l’opulence produit deux attitudes chez les riches : la confiance et l’orgueil. Le nanti place – même malgré lui – sa foi (car foi veut dire confiance étymologiquement) dans ses possessions, car il pense qu’il pourra se sortir de toutes les situations difficiles avec elles. Au plan de la vie terrestre, et dans notre contexte actuel d’un capitalisme hégémonique et sans retenue – il est vrai que l’argent (ou les biens matériels qu’on acquiert avec) permet de tout acheter, ou presque. Il n’est pas besoin ici d’insister longuement, mais nous savons, par la simple observation du quotidien que, de l’éducation à la santé, en passant par le travail et l’impunité judiciaire, tout s’achète, il suffit de mettre le bon prix dans la balance. Cette certitude rend donc les possédants confiants, pour leur présent et leur futur.

L’orgueil découle d’un excès de confiance et d’une analyse comparative avec les pauvres. Là aussi, il faut être bien ignorant ou aveugle, pour ne pas voir l’arrogance que donne la richesse. Ceci n’est pas une nouveauté de notre époque. Tous les récits historiques, depuis l’Antiquité, témoignent de l’assurance méprisante des puissants, lesquels sont toujours confondus, avec le temps, avec les riches. Ce qui caractérise notre époque, c’est la dimension de cet orgueil qui semble n’avoir aucune limite[1].

Quelle est la conséquence de ces richesses ? L’idée que tout est achetable.

Versets 8 & 9 : or, le psalmiste pose une première incapacité : celle de payer à Dieu le prix de leur rachat[2], celui de leur âme, au prix beaucoup plus élevé que toute leur fortune. C’est une impossibilité : l’homme, même le plus riche du monde, ne peut effectuer le rachat de son âme. Le matériel ne rachète pas l’immatériel, car ce sont deux catégories étrangères, quoi qu’en aient cru les hommes et les religions.

La conséquence est décrite au verset 10 : pas de vie éternelle et la fosse dans la terre pour tous. Principes non-négociables, que tout vivant appréhende très vite, par l’expérience, dès ses jeunes années.

Le verset 11 enfonce le clou : la mort frappe aussi bien le sage que le sot. La sagesse ne sert pas à éviter ou à vaincre la mort, elle sert seulement à s’y préparer[3].

Verstes 12 & 13 : Une des illusions humaines les plus persistantes est celle de la transmission des biens et de leur permanence. Cette illusion est d’autant plus forte que l’humain a un statut social élevé. Bien qu’il se sache mortel, il cultive ce rêve de voir son nom subsister par ses œuvres et ses monuments. Il s’agit là d’un vieux trait anthropologique, constaté dès l’Antiquité. Mais c’est un leurre, et le psalmiste le dénonce très crûment au verset 13 : le statut social ne dure pas plus que la vie et la fin de l’homme est « semblable aux bêtes qu’on égorge », comparaison radicale qui ne laisse aucun espoir. Car comme le dit le livre de l’Ecclésiaste, chapitre 3, versets 19 et 20 :  « Car le sort des humains et le sort de la bête ne sont pas différents ; l’un meurt comme l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité.

20  Tout va dans un même lieu ; tout provient de la poussière, et tout retourne à la poussière. »

On pourrait avancer que l’histoire retient les noms des grands hommes. Ceci aussi est un leurre : l’histoire est une construction humaine qui suit des modes intellectuelles. Tel individu célèbre aujourd’hui demain sera tombé dans les poubelles de l’histoire à jamais. Rien ne résiste à la mort.

Thème 2 : le riche n’est pas du tout enviable (versets 17 à 20)

« 16  (49-17) Ne sois pas dans la crainte parce qu’un homme s’enrichit, Parce que les trésors de sa maison se multiplient ;

17  (49-18) Car il n’emporte rien en mourant, Ses trésors ne descendent point après lui.

18  (49-19) Il aura beau s’estimer heureux pendant sa vie, On aura beau te louer des jouissances que tu te donnes,

19  (49-20) Tu iras néanmoins au séjour de tes pères, Qui jamais ne reverront la lumière.

20  (49-21) L’homme qui est en honneur, et qui n’a pas d’intelligence, Est semblable aux bêtes que l’on égorge. »

  • Le verset 17 peut nous surprendre, avec son expression « ne sois pas dans la crainte ». Pourquoi serions-nous effrayés par l’enrichissement d’autrui ? En raison de cette illusion humaine que le renom et les grands biens (ou le pouvoir aujourd’hui) assureraient une sorte de survie post-mortem. On peut imaginer une crainte de cette inégalité, même face à la mort. Eh bien, elle est sans aucune raison !
  • Les versets 18 et 19 ramènent à la réalité toute nue : « car il n’emporte rien en mourant… » C’est ce que Job a réalisé dans son épreuve. Nous venons nus au monde et nous partons nus. « On n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard » me disait ma grand-mère, en parlant des riches propriétaires terriens de son village. Voici le bon sens populaire. Tout le bonheur vécu, toutes les louanges terrestres cessent brutalement pour tous. Et la fin est universelle : « Tu iras néanmoins au séjour de tes pères..» (verset 20). Voilà la seule certitude qui nous unit tous et qui égalise toutes les conditions sociales. Bill Gates, Jeff Bezos, Elon Musk, François Pinaud… tous iront dans cette fosse des générations. Et là, tous auront le même destin : « ils ne reverront jamais la lumière. » Il n’y a donc d’avenir assuré que les ténèbres éternelles de la fosse et la putréfaction
  • L’auteur conclut en reprenant le verset 13, mais en lui ajoutant un élément : « L’homme qui est en honneur, et qui n’a pas d’intelligence, Est semblable aux bêtes que l’on égorge.», au verset 21 C’est l’intelligence qui fait la différence. Elle ouvre la possibilité d’une autre fin. Mais le psaume se termine là, nous n’en saurons pas plus. Cependant la réponse existe, elle est sous nos yeux.

Thème 3 : la mort peut être vaincue (verset 16)

Si on lit rapidement ce psaume, on risque de passer à côté de la réponse de Dieu, que suggère « le pas d’intelligence » que nous venons de considérer ci-dessus. Ce verset 16 est comme une bombe d’espérance au milieu de ce texte désabusé sur la mort.

« (49-16) Mais Dieu sauvera mon âme du séjour des morts, Car il me prendra sous sa protection. »

Alors que l’auteur vient d’enfoncer le clou dans tout le début du texte, la fosse est l’issue commune, la « même sortie pour tout le monde », comme j’ai titré cette méditation. Et voici maintenant que celui qui parle croit fermement qu’il sera sauvé du séjour des morts. C’est le mot schéol qui est employé en hébreu. Ce n’est pas l’enfer, qui est une notion inconnue du judaïsme. Le schéol est le lieu où va l’homme qui a rendu son dernier soupir, et là, plus jamais ils ne verront la lumière.

Il y a donc une espérance post-mortem dans la foi de l’ancienne alliance (ou première alliance). La Bible nous donne quelques exemples d’hommes qui ne sont pas passés par le schéol : Melchisédek, Hénoch, le prophète Elie… La version juive de la Bible (version du rabbinat français sous la direction de Zadoc Kahn) traduit ainsi ce verset :

« Toutefois Dieu délivrera mon âme du cheol, quand il lui plaira de me retirer… »

Notons que la seconde partie du verset diffère car ici elle ouvre sur une notion de temps indéterminé.

Ce que dit le psalmiste, c’est qu’il sera délivré (ou sauvé) du schéol. Il ne séjournera donc pas à jamais dans ce lieu de néant et d’obscurité. Mais nous n’en saurons pas plus sur ce qu’il adviendra de l’homme ainsi sauvé.

Si nous étendons rapidement notre réflexion à la Nouvelle Alliance, il s’y découvre plus de précisions.

1 Corinthiens 15 : 3  « Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ;

4  il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures… »

rappelle le rôle du Christ dans ce salut. Paul affirme sa résurrection et donc, par lui, le pardon des péchés pour tous – c’est le fameux rachat évoqué dans le psaume 49. En croisant les différents textes eschatologiques du Nouveau Testament, que je ne peux pas reprendre ici, il apparaît que le Messie fera un retour en gloire et instaurera alors son royaume sur la terre, afin de vaincre définitivement la mort. Après quoi aura lieu ce que la Bible appelle la « fin des temps » ; là aussi je ne puis développer. Lisons Apocalypse 21 : 1 à 4 :

« 1 ¶  Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus.

2  Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, prête comme une épouse qui s’est parée pour son époux.

3  J’entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.

4  Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. »

Pour ce qui concerne notre thème d’aujourd’hui, c’est le verste 4 qui est capital : Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.  Il ne s’agit plus ici d’une intervention divine sur tel ou tel homme de foi du peuple juif, mais d’un changement total de paradigme : la mort n’est plus, et avec sa fin disparaissent les peines et les douleurs de hommes.

Cette courte mise en perspective du Premier et du Second testament permet de mesurer toute l’importance de l’œuvre accomplie par Jésus-Christ à la croix et par la résurrection.

Conclusion

Tout ce que le psalmiste a écrit sur le terme de nos vies et l’inanité des richesses et de leur amour demeure. Ce qui a changé, c’est la dimension du salut. Le verset 16 du psaume ouvrait la porte à un salut individuel exceptionnel ; l’espérance nouvelle en Christ ouvre ce salut à tous et annonce que la mort sera définitivement vaincue. C’est ce que Paul affirme en 1 Corinthiens 1 :18 :

« 18  Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. »

Ici est le saut de la foi, la coupure radicale entre le raisonnement humain et la logique de la foi. Depuis deux mille ans cette question divise l’humanité : Quel est notre choix ?

J.M Dauriac – octobre 2022.


[1] Considérons, par exemple les patrons des GAFAM et leur hubris financière et politique.

[2]  Voici le texte de la note de la NBS, Nouvelle Bible Segond, dans sa version d’étude, sur le sujetd u rachat dans la Bible, notion majeure que je n’ai pas le temps de traiter ici :

 Rédemption :  Le vocabulaire religieux de la rédemption est d’abord employé dans l’Ancien Testament en un sens concret. Il s’agit de la reprise, du rachat, du dégagement ou de la libération d’objets ou de personnes qui sont chargés d’une obligation, d’une condamnation ou d’un engagement (sacrés ou profanes).

       C’est la racine hébraïque g’l qui correspond généralement, dans la présente traduction, aux mots rédemption, rédempteur, et plus rarement au verbe apparenté rédimer; elle est aussi rendue par reprendre (#Jér 31:11). Elle est très proche, quant au sens, de la racine pdh, souvent traduite par libérer ou dégager (notamment dans le cas des premiers-nés ou des esclaves, #Ex 13:12; Ex 21:7,29; Ex 34:20; Lé 19:20; Lé 27:27; No 3:46; No 18:15). On peut aussi en rapprocher kpr, qui fournit le vocabulaire de l’expiation* et dont un dérivé, kopher, signifie également rançon (cf. #Ps 49:8).

       Les termes apparentés à g’l relèvent à l’origine du droit familial. Le go’el ou rédempteur est celui qui a un droit (et dans une certaine mesure un devoir) de rédemption (ge’oulla) en faveur d’un proche parent. Il peut exercer un droit de préemption pour empêcher un bien foncier ou immobilier de sortir du patrimoine familial ou l’y ramener (#Lé 25:23-34; Jér 32:7; Ru 4:4), mais aussi libérer un des siens tombé en esclavage (#Lé 25:47), plus généralement le protéger ({==> NBS_Notes « Ru 2:20 »}; #Ru 3:9), voire venger sa mort (c’est la fonction spécifique du go’el ha-dam, le rédempteur du sang*, que limite partiellement l’institution des villes de refuge en {==> NBS_Notes « No 35:12 »}ss; #De 19:6,12; Jos 20:3,5,9; cf. #2S 14:11). Il assure la succession de son proche parent et peut recevoir, par exemple, une indemnité à sa place (#No 5:8; cf. #1R 16:11). En #Lé 27:13 la rédemption semble consister, pour un propriétaire, à reprendre son propre bien en annulant la consécration de celui-ci (voir saint*, sainteté, sanctification).

       Les termes apparentés à g’l (notamment go’el, rédempteur; cf. #Ge 48:16; Ex 6:6; Ex 15:13; Esa 41:14; Esa 43:1,14; Esa 44:6,22; Esa 47:4; Esa 48:17,20; Esa 49:26; Esa 52:3; Esa 54:5,8; Esa 59:20; {==> NBS_Notes « Esa 63:4 »}, #Esa 59:9,16; Jér 50:34; Ps 19:14 (19:15); #Ps 69:19; Ps 72:14; Ps 74:2; Ps 77:16; Ps 78:35; Ps 103:4; Ps 106:10; Ps 107:2; Ps 119:154; Job 19:25; {==> NBS_Notes « Pr 23:11 »}; en parallèle avec ntsl, délivrer, en #Ex 6:6; Mi 4:10), comme les dérivés de pdh (notamment pour la sortie d’Egypte, assimilée à l’affranchissement de l’esclave; cf. {==> NBS_Notes « Ex 8:19 »}; #De 7:8; De 9:26; De 13:6; De 15:15; De 21:8; De 24:18; 2S 4:9; 1R 1:29; Esa 29:22; Esa 35:10; Jér 15:21; Ps 25:22; Ps 26:11; Ps 31:6; Ps 34:22 (34:23); #Ps 44:26 (44:27); #Ps 55:19; Ps 69:19; Ps 71:23; Ps 78:42; Ps 111:9; Ps 119:134; Ps 130:7; Job 5:20; Job 6:23; Job 33:28; Né 1:10; 1Ch 17:21; en parallèle avec délivrer en #Esa 50:2), peuvent dire l’action de Dieu en faveur de son peuple, collectivement, ou des siens pris individuellement (en #Esa 35:9; Esa 51:10; Jér 31:11; Os 13:14 les deux racines hébraïques sont employées en parallèle). Dans cette rédemption l’image du prix payé est parfois présente (#Esa 43:3), mais plus souvent elle passe à l’arrière-plan, quand elle n’est pas explicitement exclue (#Esa 52:3; cf. #Esa 45:13; comparer le cas de Jonathan en #1S 14:45, où dégager traduit pdh).

       Dans la Septante (LXX*), ce sont souvent les dérivés du verbe lutroo qui correspondent à g’l et à pdh. Dans le Nouveau Testament ils décrivent l’œuvre que le Christ a accomplie pour les siens: une rédemption, ou une délivrance (#Ro 3:24; Tit 2:14; Hé 9:12,15; 1P 1:18), lue comme l’accomplissement des espérances d’Israël nourries de la méditation sur l’Exode (#Lu 1:68; Lu 2:38; Lu 24:21). On peut en rapprocher d’autres termes grecs, comme ceux de la famille de rhuomaï, délivrer (d’un mal ou d’un malheur, #Mt 6:13; Lu 1:74; Ro 7:24; Ro 15:31; 2Co 1:10; Col 1:13; 2Th 3:2; 2Ti 3:11; 2Ti 4:17; 2P 2:7,9; terme apparenté pour libérateur en #Ro 11:26) et de eleutheroo, libérer (#Ro 6:18,22; Ro 8:2,21; Ga 5:1).

       Dans certains textes, cette rédemption est conçue à la façon d’un rachat, obtenu moyennant une rançon( grec lutron, antilutron), à savoir le don fait par le Christ de sa propre vie (#Mr 10:45//; #1Ti 2:6; 1P 1:19). Les dérivés du verbe agorazo (qui rappelle l’agora, la place du marché), suggèrent sans doute une représentation analogue (cf. #1Co 6:20; 1Co 7:23; Ga 3:13; Ga 4:5; Ap 5:9; Ap 14:3). Entendue au sens précis de rachat ou dans celui, plus large, de délivrance, la rédemption est présentée à la fois comme une réalité advenue dans l’expérience chrétienne (#Ep 1:7; Col 1:14) et comme une perspective d’avenir, objet de l’espérance des fidèles (#Ro 8:23; Ep 1:14; Ep 4:30; cf. #Lu 21:28).

Copyright Société Biblique Française/Editions Biblio

[3] Cf le mot de Montaigne : « Philosopher, c’est apprendre à mourir ».

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Les petites fleurs de Saint François d’Assise (Fioretti)

Traduction et notes de Alexandre Masseron ; Guatier-Langereau éditeur, Paris, 1971.

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Mon exemplaire de ce livre est le même que celui-ci, indisponible.

C’est le genre de livre que l’on achète uniquement lors d’un vide-grenier ou d’une foire aux livres, le genre de livre que je n’aurais jamais pensé à aller acheter dans une librairie. Cet édition est une édition reliée, sous jaquette rhodoïd, en bel état. Les seules traces du temps passé sont sur les tranches, marquées de légères tâches de moisissures atténuées. En illustration, l’éditeur a inclus de belles reproductions en couleur des fresques de Giotto réalisées à Assise. Un bel objet, acquis pour quelques euros, sans l’avoir cherché. Je l’ai laissé reposer quelques années sur les étagères de la bibliothèque, comme je le fais souvent de mes achats livresques. Cet été, j’ai eu envie de me plonger dans ce récit étrange.

François prêchant aux oiseaux, Giotto, Assise

Il s’agit d’un texte sans auteur, sans doute l’oeuvre collective des frères franciscains de la fin du XIIIe siècle, époque où les derniers frères à avoir connu François disparaissaient et, avec eux la mémoire vivante de cette vie extraordinaire. Le lecteur devra faire un effort pour pouvoir lire au mieux ces récits. Il lui faudra oublier le poids de tout l’héritage du rationalisme du XIXe siècle et rentrer dans la mentalité chrétienne et mystique du Moyen Age. Faute de quoi, il se découragera très vite et abandonnera au bout de quelques pages. Nous sommes ici plongés dans la vie du XIIIe siècle, dans le cadre d’une chrétienté occidentale qui était sans doute ici à son apogée. La mentalité des peuples, des dirigeants au plus humble des paysans était conditionnée par le catholicisme. Le surnaturel faisait partie de la religion, avec les miracles, les apparitions et les prophéties. C’est évidemment ce qui explique l’étrangeté de ce livre pour un homme du XXIe siècle, pétri de rationalisme, de scientisme et de laïcité ou d’athéisme.

L’ouvrage est en fait bâti en deux sections non distinguées. Les 38 premier chapitres présentent des épisodes de la vie sainte de François, alors que les chapitres 39 à 53 content des actions remarquables des frères franciscains les plus remarquables, épisodes souvent datés d’après la mort de François.  Le même esprit mystique baigne les deux sections. La vie de François ici rapportée est une succession de miracles, au sens premier de « signes » donnés pour faire comprendre. L’hypothèse éditoriale des rédacteurs est que le petit saint d’Assise a revécu la vie du Christ. Il y a donc dans leurs choix de récits une volonté nette de faire ressortir cette similitude. Ce qui ne veut absolument pas dire que ce qu’ils écrivent est inventé. Mais, comme les rédacteurs des Evangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) ont agencé leur vie de Jésus en fonction du public visé – lequel n’est pas du tout le même pour Matthieu (les Juifs) que pour Jean (Les grecs, plutôt gnostiques) – les auteur des Fioretti ont sélectionné les actions en fonction de ce postulat de départ de la similitude de vie avec le Christ.

On ne peut pas saisir toute la valeur de ces récits si l’on n’a pas une sensibilité spirituelle, voire mystique. Il faut avoir expérimenté un minimum de vie spirituelle ou de phases mystiques pour entrer dans cette vie. François ne vit plus que pour les pauvres, dans lesquels il sert le Christ. Ila tout quitté, s’est dépouillé de tout pour vivre de la charité et vivre la charité. Mais il a reçu en échange, comme don de Dieu, une foi d’enfant, une confiance totale en son Père céleste. Ce qui frappe beaucoup, au fil des pages, c’est l’importance de la prière dans la vie de François. Comme el Christ, il ses retire loin  des autres frères pour prier seul. Le lieu de prière est « le bois ». Là, il vit des moments d’extase, de rencontres et de dialogue avec Jésus. Il en tire toute sa force et son humilité. Bien sûr, nous trouvons ici la fameuse scène ou il prêche aux oiseaux ou à d’autres animaux (un épisode parle des poissons d’une rivière). Notons qu’il ne prêche pas la repentance aux animaux, mais la gloire de Dieu. François, dans la prière reçoit bien des révélations ; certains, aujourd’hui, diraient qu’il était médium. Ces révélations lui permettent d’aider ses frères. Elles lui montrent aussi quels sont ceux qui vont le rejoindre. Bref, les petites fleurs nous content une vie entièrement guidée par la prière et la révélation. Cet aspect-là est universel.

Le lecteur protestant aura sans doute du mal à ne pas réprimer un peu d’agacement en lisant certains passages trop « catholiques », c’est-à-dire marqué par des pratiques non bibliques, comme le culte des saints ou l’adoration mariale. Il s’énervera à voir le pouvoir de la papauté et de la hiérarchie, qui a bien failli excommunier le poverello et le déclarer hérétique, mais ayant pesé la balance bénéfice/risque, a finalement décidé d’en faire un saint. Nous savons bien qu’aux yeux du monde, religieux ou pas, la limite entre folie et sainteté est floue.

L’éditeur a rajouté après les Petites fleurs les Cinq considérations sur les stigmates. Il faut bien saisir dans ce fait la thèse de l’éditeur : Une vie de sainteté se justifie in fine par la conformité physique avec la fin du Christ. François a donc reçu en sa chair les marques de la crucifixion. J’avoue que ce texte me laisse plus que perplexe, comme la manifestation des stigmates en général, comme certaines manifestations extraordinaires chez certains saints. Je touche sans doute là les limites de mon œcuménisme : je n’arrive pas à croire à ces manifestations, car je n’en vois nullement la raison et n’en trouve aucun fondement dans la Révélation chrétienne.

Au final, j’ai lu ce livre avec plaisir et sans doute avec profit : François n’était pas un tricheur, il vivait ce qu’il prêchait. Sa foi était construite sur une communion constante avec Dieu et Jésus. En cela il parle autant aux catholiques qu’aux protestants ou aux orthodoxes. Dans un siècle de mépris des petites gens et de gaspillage éhonté des riches et puissants, François est un modèle qui peut et doit nous inspirer, avec ou sans stigmates !

La version actuellement disponible est celle-ci, chez le même éditeur, reprenant la même pagination:

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Jean-Michel Dauriac – Septembre 2022.

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Fils ou bâtards ? (2) L’éducation spirituelle des fils

Méditation de sortie de l’arche n° 23

la version audio de cette méditation est ci-dessous:

Introduction

Lors de la précédente méditation, nous sous sommes intéressés à la relation d’éducation qu’un père doit avoir envers son enfant. Nous avons vu que c’était l’exemple que portait la Bible, déjà dans le Premier Testament. Cette image a été reprise dans le Second Testament, notamment dans l’Epître aux Hébreux. Nous avons choisi le texte du chapitre 12, versets 7 à 11, dont nous avions discuté le choix de traduction, qui influait grandement sur le sens selon que l’on prenait paideia comme « châtiment » ou « acte éducatif », ce qui est le sens exact dans la langue grecque à cette époque. Relisons ces versets pour poursuivre ensuite notre méditation.

« 7  C’est pour votre éducation que vous souffrez. C’est en fils que Dieu vous traite. Quel est, en effet, le fils que son père ne corrige pas ?

8  Si vous êtes privés de la correction, dont tous ont leur part, alors vous êtes des bâtards et non des fils.

9  Nous avons eu nos pères terrestres pour éducateurs, et nous nous en sommes bien trouvés ; n’allons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits et recevoir de lui la vie ?

10  Eux, en effet, c’était pour un temps, selon leurs impressions, qu’ils nous corrigeaient ; lui, c’est pour notre profit, en vue de nous communiquer sa sainteté.

11  Toute correction, sur le moment, ne semble pas sujet de joie, mais de tristesse. Mais plus tard, elle produit chez ceux qu’elle a ainsi exercés un fruit de paix et de justice. » version TOB.

Notre démarche aujourd’hui est d’étudier le propos de l’auteur selon la méthode analogique, qui est très souvent utilisée dans la Bible ou la littérature chrétienne. Nous verrons comment Dieu, en tant que père, éduque ses enfants, puis nous évoquerons quelques pièges à éviter dans le domaine de notre interprétation de cette éducation spirituelle.

Notre Père céleste nous éduque comme ses enfants chéris

Au commencement se trouve ce statut d’ « enfant de Dieu ». Le prologue de l’Evangile de Jean établit de manière limpide les relations entre Dieu, le Fils-Parole et lumière et les hommes.

Jean 14 :  9- 14 «  9  Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

10  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.

11  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.

12  Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu,

13  (1-12) lesquels sont nés, (1-13) non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

14  Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » version Segond 1910.

C’est la Lumière venue dans le monde qui nous a donné le « pouvoir de devenir enfants de Dieu ». Le chrétien peut, par un oui clair à l’appel de Dieu, devenir enfant de Dieu. Nous retrouvons le terme générique qui englobe homme et femme. Il faut donc mettre en relation Jean 1 : 12 et Hébreux 12 : 7-8 que nous avons étudié dans la précédente méditation.

C’est parce que nous sommes devenus enfants du Père que nous pouvons avoir droit à son éducation. Il s’agit du privilège filial, auquel le bâtard, le plus souvent rejeté, nié ou éloigné, n’a pas droit. Le bâtard est celui qui a été conçu avec la complicité du mal, lequel règne sur le monde (1 Jean 5 : 19). Mais à la différence de la vie biologique où le bâtard restera toujours génétiquement incomplet, dans l’analogie spirituelle, il peut, par la foi, devenir enfant de  Dieu et retrouver ainsi son privilège filial.

Les versets 9 et 10 font le lien et établissent l’analogie entre paternité terrestre et paternité spirituelle.

« 9  Nous avons eu nos pères terrestres pour éducateurs, et nous nous en sommes bien trouvés ; n’allons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits et recevoir de lui la vie ?

10  Eux, en effet, c’était pour un temps, selon leurs impressions, qu’ils nous corrigeaient ; lui, c’est pour notre profit, en vue de nous communiquer sa sainteté. »

Dans une situation familiale ordinaire, quand les enfants ont été éduqués justement, ils reconnaissent le bienfait de cette éducation (et des remarques et contraintes associées), et sont d’autant plus respectueux de leurs parents. La méthode juive de l’analogie, Jésus l’utilise dans le Sermon sur la montagne. Relisons Matthieu 7 : 9-11 :

« 9  Ou encore, qui d’entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ?

10  Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ?

11  Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent. » version TOB.

C’est cette même démarche qui est ici reprise. Nous devons donc « à plus forte raison », dit le texte, accepter l’éducation spirituelle du Père et lui en être reconnaissant. Ce n’est nullement un châtiment, une punition ou une brimade, mais une reprise en main, un conseil, une remarque corrective, parfois une expérience douloureuse où nous nous sommes précipités et qui doit nous servir de leçon pour l’avenir.

L’analogie se poursuit, cette fois-ci sur l’échelle du temps. L’éducation humaine, la vie terrestre, le rapport père-enfant, tout cela est pour « un temps », la durée d’une existence. Alors que la vie avec Dieu notre Père et son éducation s’inscrivent dans « la durée des temps ». Avec pour objectif de participer à la sainteté de Dieu, un peu ici bas, beaucoup en sa présence.

L’éducation de notre père est comme celle d’un père aimant, qui nous reprend quand nous errons, mais toujours par amour. Elle est la preuve que Dieu prend soin de nous, qu’il nous aime et veut nous voir marcher sur le bon chemin.

Psaume 25 : 4-5 : « 4  SEIGNEUR, fais-moi connaître tes chemins, apprends-moi tes voies.

5  Fais-moi cheminer par ta loyauté et instruis-moi ; car tu es le Dieu de mon salut,  je t’espère sans cesse. » version NBS.

L’enfant de Dieu, homme ou femme, qui aime Dieu et veut lui plaire le prie de l’éduquer, comme David dans ce psaume.

Voyons ce que cela peut vouloir dire.

Quelques pièges à éviter en ce domaine

C’est verset 11 qui peut ici nous guider dans notre réflexion :

« 11  Toute correction, sur le moment, ne semble pas sujet de joie, mais de tristesse. Mais plus tard, elle produit chez ceux qu’elle a ainsi exercés un fruit de paix et de justice. »

Il énonce une grande vérité psychologique. Personne n’est heureux quand il est réprimandé et pris en faute, personne n’apprécie la sanction qui peut en découler. L’état normal et logique est l’abattement, la tristesse voire la révolte  ou la colère. Ce sont des réactions humaines tout à fait compréhensibles. L’auteur de l’Epître le reconnaît.

Mais il y a un « après ». Si la remontrance est juste, si la faute est avérée et reconnue, le temps effacera la réaction humaine et mènera à la reconnaissance et, de surcroît, à un progrès de comportement, en évitant de retomber dans la même faute.

Car un des pièges les grossiers des hommes est de réitérer leurs erreurs. Le livre des Nombres est riche d’enseignement à cet égard. Il nous montre comment les Hébreux se sont révoltés à plusieurs reprises contre Moïse et Aaron, ont, selon l’expression biblique « murmuré contre eux ». Or, Dieu les a châtiés à chaque révolte. Mais cela a été sans effet, ils ont recommencé à la première occasion, face à la première difficulté. C’est la raison pour laquelle personne de la génération sortie d’Egypte n’a mis le pied en Canaan, sauf Josué et Caleb. Même Moïse a été sanctionné, en solidarité avec le peuple. Il est si facile de retomber dans l’ornière encore et encore et de dire « je n’y peux rien, c’est ma nature ! ». Il s’agit effectivement de la nature charnelle. Mais, devenus enfants de Dieu et ayant revêtus l’homme nouveau, nous ne pouvons nous réfugier derrière cet argument. Si nous multiplions, en tant qu’enfants de Dieu, les erreurs, nous nous mettons en situation d’être repris et éduqué par le Père. Ce n’est pas sa volonté, mais la nôtre qui est cause de cela.

Un autre piège à éviter est de rechercher la correction, comme preuve de l’amour du Père. C’est une attitude récurrente dans les Eglises chrétiennes, qu’elles soient catholiques, orthodoxes ou protestantes. On a pu appeler cela du « dolorisme chrétien ». On pourrait le résumer à un slogan : « Je soufre, c’est bien car Dieu me châtie » ou reprendre la locution devenue proverbiale : « Qui aime bien, châtie bien ». C’est une attitude totalement contraire à l’enseignement du Second Testament. Relisez les Béatitudes en Matthieu 5 : 3-12. Jésus ne dit jamais qu’il faut rechercher la peine, la faim, la soif, la persécution, l’outrage et toute sorte de mal. C’est contraire à son message. Il veut que nous soyons « ouvriers de paix », pas des martyrs. Par contre, quand ces épreuves arrivent, il nous donne les armes spirituelles pour demeurer « heureux ». Ce ne sont pas ces épreuves, œuvres du Malin, qui sont cités en Hébreux 12. Rien à voir. Dieu ne reprend pas pour nous faire souffrir, mais pour nous redresser, afin qu’à terme, cela donne un « fruit de paix et de justice ».

Enfin, pour me limiter, j’évoquerai un troisième piège : celui qui consiste à se glorifier de l’éducation de Dieu. Celui-ci est le plus pervers et le plus subtil, car la ligne de crête où nous devons nous tenir est étroite. Il nous faut être heureux et reconnaissant que le Père nous éduque comme ses enfants. Mais nous ne devons nullement tirer une gloire personnelle du fait que Dieu nous éduque. Nous revenons ici au salut par grâce. Nous ne sommes pour rien dans notre rédemption. De même, nous ne pouvons aucunement nous glorifier de ce que Dieu nous éduque et nous reprend, car cela reviendrait à se glorifier de ses erreurs et de ses chutes (relisez Romains 3 :5-8). Il y a là une véritable question d’équilibre spirituel.

Conclusion

Ce thème de l’éducation du croyant par le Père est capital dans la marche chrétienne. Nous n’avons fait que l’effleurer, car chaque aspect mériterait d’être fouillé, Bible en main. Le plus important est d’avoir une approche équilibrée, je dirais même rationnelle, de ce sujet. L’analogie entre la paternité terrestre et la paternité divine est là pour nous rendre cet enseignement accessible.

On ne saurait oublier de mentionner que cette éducation du Père ne nous est sensible et compréhensible que par une intelligence transformée (Romains 12 : 2), œuvre du Saint-Esprit. Sans le Saint-Esprit nul ne peut identifier et comprendre ce qu’est cette éducation. Elle est tout le contraire d’un châtiment ou d’une punition vexatoire – la grosse erreur de traduction de Louis Segond pèse lourd dans le monde protestant. Dieu ne peut et ne veut nous « faire mal ». Il veut nous aider à entrer dans sa sainteté, pour jouir de la vraie joie, de la paix et de la justice. Ce but vaut bien quelques remontrances.

Jean-Michel Dauriac – janvier 2022.

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