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Catégorie : Bible et vie

La nourriture spirituelle du chrétien

 

Introduction :

 

Nous connaissons tous le passage de l’évangile où Nicodème vient rendre visite nuitamment à Jésus pour en savoir plus sur son enseignement.

 

Jean 3 :1 –4 :

 

« 1   Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs,

2  qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui.

3  Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.

4  Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ?

5                    Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »

 

Tout croyant doit accepter qu’il recommence une existence spirituelle quand il s’engage personnellement pour Christ. Il est un nouveau-né qui va devoir grandir à l’image de ce qui se passe pour les enfants. Or, le propre de notre espèce humaine (partagé avec certaines espèces animales) est que le petit est non-autonome et doit manger très progressivement avant d’atteindre un régime omnivore normal. Nous allons nous intéresser à la nourriture de cette nouvelle personne issue de la nouvelle naissance chrétienne (sans entrer dans le détail de celle-ci, qui peut prendre bien des formes).

 

Nous aborderons ce thème sous deux angles majeurs, eux-mêmes divisés en deux parties pour la clarté de la démonstration.

D’abord, nous regarderons la place de l’alimentation et ce que la Bible nous dit de Dieu dans cette optique.

Puis nous passerons au plan de l’étude biblique et de l’enseignement que nous pouvons en retirer pour notre vie personnelle.

 

Partie I : L’alimentation nécessaire et le rôle de Dieu.

 

A / La nécessité de l’alimentation :

  • Nous connaissons tous la phrase proverbiale : « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. » Elle est initialement émise par Socrate et reprise dans « L’avare » de Molière. C’est donc une phrase philosophique plus profonde qu’elle n’en a l’air. Pour beaucoup de personnes, les plaisirs de la table et de la chair sont les seuls à donner sens à la vie.

Esaïe 22:13   « Et voici de la gaîté et de la joie ! On égorge des bœufs et l’on tue des brebis, On mange de la viande et l’on boit du vin : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! »

 

Ecclésiaste 2 : 24 :

 

 « Il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à manger et à boire, et à faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail ; mais j’ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu. »

 

Mais ce que nous dit Socrate, et Jésus après lui, est d’une autre nature : nous devons nous nourrir, mais cela ne doit nullement devenir l’objectif de notre vie. Dans le Sermon sur la montagne, texte inépuisable, Jésus dit :

 

Matthieu 6 : 31-34

 

 « 31 Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ?

32  Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

33  Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

34  Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. »

 

·        Manger est vital et conditionne la croissance de l’individu jusqu’à une stature adulte. Il faut ensuite manger pour garder sa vigueur. Les défauts d’alimentation des enfants entraînent des carences irrémédiables qui pèsent sur le développement des capacités physiques et intellectuelles. Un adulte qui refuse de se nourrir est un malade psychique qu’on nomme anorexique ; cette maladie mène souvent à la mort.

 

Nous voyons donc qu’il y une obligation de se nourrir pour vivre au plan de notre homme charnel, mais que nous devons en ce domaine garder la mesure.

 

B / Dieu nourrit toujours son peuple et ses créatures.

 

La Bible est un livre très charnel au sens où elle parle beaucoup de notre vie d’hommes et de femmes. Nous ne rentrerons pas dans le détail de la multitude des références qui sont partout, de la Genèse à l’Apocalypse. Je prendrai juste deux exemples dans l’Ancien Testament, parmi des dizaines.

·        Dieu donne la nourriture quotidienne aux Hébreux qui ont quitté l’Egypte sous la conduite de Moïse, sous la forme d’un aliment périssable appelé la manne. Relisez le chapitre 16 de l’Exode qui nous raconte en détail ces épisodes. Dieu donne des cailles le soir et de la manne le matin . La Bible nous dit à la fin de ce chapitre que cela a duré pendant les quarante ans passés dans le désert. Dieu a donné juste ce qui convenait pour vivre ; Il a ajouté de l’eau jaillissante dans le chapitre suivant. Ceci concernait le peuple entier. Donc pour nous aujourd’hui l’église. Dieu alimente son église.

·        Dieu donne de la nourriture individuellement aussi.  Reprenons l’histoire bien connue du prophète Elie

 

1 Rois 19 :1-8

 

« 1 ¶  Achab rapporta à Jézabel tout ce qu’avait fait Elie, et comment il avait tué par l’épée tous les prophètes.

2  Jézabel envoya un messager à Elie, pour lui dire : Que les dieux me traitent dans toute leur rigueur, si demain, à cette heure, je ne fais de ta vie ce que tu as fait de la vie de chacun d’eux !

3  Elie, voyant cela, se leva et s’en alla, pour sauver sa vie. Il arriva à Beer-Schéba, qui appartient à Juda, et il y laissa son serviteur.

4  Pour lui, il alla dans le désert où, après une journée de marche, il s’assit sous un genêt, et demanda la mort, en disant : C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères.

5  Il se coucha et s’endormit sous un genêt. Et voici, un ange le toucha, et lui dit : Lève-toi, mange.

6  Il regarda, et il y avait à son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées et une cruche d’eau. Il mangea et but, puis se recoucha.

7  L’ange de l’Eternel vint une seconde fois, le toucha, et dit : Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi.

8        Il se leva, mangea et but ; et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb. »

9         

Dieu donne aussi à Elie le nécessaire pour vivre selon les standards de l’époque : une galette et de l’eau. Dieu nourrit donc à la fois son peuple et les individus, l’église et les chrétiens individuellement.

 

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                                     Les noces de Cana, premier miracle de Jésus – par Véronése (1528-1588)

 

Les Evangiles sont remplis d’allusions diverses aux repas. Jésus accomplit son premier miracle dans un repas de noce ; il clôt son ministère par le repas de Pâques et la Cène. Le mémorial est alimentaire : le pain et le vin. Jésus pratique deux multiplications des pains dans les évangiles. Il nourrit une foule affamée. Mais notons qu’au passage, il ordonne à ses disciples de les nourrir.

 

Marc 6 : 35-37 :

 

« 35  Comme l’heure était déjà avancée, ses disciples s’approchèrent de lui, et dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà avancée ;

36  renvoie-les, afin qu’ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour s’acheter de quoi manger.

37  Jésus leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent : Irions-nous acheter des pains pour deux cents deniers, et leur donnerions-nous à manger ? »

       

Il y a donc aussi une mission des chrétiens qui consiste à nourrir les autres. Ceci doit être noté pour la suite de notre étude.

 

Nous avons donc vu que le problème de la nourriture est vital pour nous et que Dieu connaît cette nécessité et donne de nombreux exemples où il pourvoit. Les récits de la Bible ne sont pas des contes pour enfants destinés à nous bercer le soir. Ils sont des récits d’enseignement à valeur symbolique. Il nous faut déchiffrer le message symbolique et en faire bon usage.

 

Thème II : La symbolique des aliments et son enseignement pour nous.

 

A / Les aliments évoqués dans la Bible et leur signification :

·        La manne et les cailles du désert nous donnent deux enseignements :

a.       Dieu ne nous abandonne jamais quand nous sommes « dans le désert », il sait mieux que quiconque ce que nous traversons, il est Notre Père et s’intéresse à nous par essence, car nous sommes faits « à son image ».

b.      Il nous nourrit avec des aliments quotidiens, qui sont périssables mais utiles au jour le jour. Cela peut être une belle rencontre, une bonne action que nous allons faire ou que l’on va nous faire, une phrase qui va nous accrocher, dans la lecture de la Bible ou ailleurs (un poème, une chanson que sais-je…). Nous pouvons, et même nous devons oublier ces petits faits car ils se renouvellent soir et matin et nous ne pouvons en garder toute la mémoire. Mais cela nous fait tenir au quotidien.

·        Quand nous sommes tout jeunes dans la marche avec Dieu, nous avons droit au lait et au liquide.

1 Corinthiens 3 :2 doit être relu positivement :

 

« 1   Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ.

2        Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ; et vous ne le pouvez pas même à présent… »

 

Il y a un âge pout chaque type d’aliment : donner de la viande à un nourrisson le tuerai, mais alimenter un enfant plus grand seulement avec du lait ne lui suffirait plus. Un adulte ne saurait s’en nourrir comme il convient. Le jeune chrétien (quel que soit son âge légal !) doit débuter par le lait qui symbolise ici un aliment facile à ingérer et à digérer. Il est dangereux pour un nouveau-né spirituel de s’attaquer aussitôt aux questions les plus ardues de la fois chrétienne, et nous avons connu ainsi des personnes qui s’y sont brûlées ets e sont ensuite détournées du Seigneur faute d’avoir pu se nourrir comme il fallait en temps utile. Il y a un âge pour le lait, qui représente les rudiments de la doctrine de la foi. Si nous débutons dans la marche chrétienne, ne soyons pas impatients et respectons la progression de notre nourriture spirituelle.

·        Mais il faut savoir ensuite dépasser ce stade pour grandir, sinon on peut rester un enfant spirituel toute sa vie. Il y a de perpétuels enfants dans le peuple de Dieu. Ils restent au lait et s’en satisfont, ne réalisant pas qu’ils n’ont pas grandi et se privent de la vie adulte, qui est celle de l’autonomie. On trouve ce texte assez sévère dans l’épitre aux Hébreux :

 

Hébreux 5 :12-13 :

 

« 12  Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide.

13                     Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice ; car il est un enfant. »

 

Il  faut donc désirer passer à des choses plus consistantes. On peut illustrer cela sur deux points de la doctrine chrétienne. Tout chrétien doit connaître la notion de « salut par grâce », qui est à la base de la foi. Ceci est un rudiment . Mais si l’on veut approfondir ensuite cette notion de base, on rencontre alors « la justification par la foi », qui est d’une autre difficulté. On peut vivre toute sa vie avec la seule notion du salut par grâce, mais en ignorant la doctrine de la justification on passe à côté du sens de la venue de Jésus et de son retentissement en nous. Il est donc bon, de désirer toujours une alimentation solide. La suite du texte d’Hébreux nous le dit très clairement.

 

« 14  Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal.

15 : 1 ¶ C’est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu,

2        de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel. »

 

Nous trouvons ici une liste non complète des rudiments évoqués plus hauts. La Bible contient de quoi nourrir notre vie spirituelle durant toute notre existence terrestre, et encore n’explorerons nous qu’une petite partie de son enseignement. Cette limitation humaine ne doit pas être le prétexte facile au renoncement. Tout le monde doit désirer aller vers le solide.

·       La Bible mentionne aussi de mauvais aliments, que je veux juste évoquer et non étudier ici . Ainsi ceux qui sont sacrifiés aux idoles et dont Paul parle à plusieurs reprises dans ses épitres (voir Romains chapitre 14 entier –versets 15 à 17 surtout – ; 1 Corinthiens chapitre 8 entier). Notre nourriture doit être pure et non mondaine ou mêlée d’impureté. Il y a aussi les aliments qui divisent, comme ceux que mangeaient les Corinthiens qui s’empiffraient devant leurs frères qui n’avaient rien ou peu à manger (1 Corinthiens 11 : 17-22). Ceux qui mangeaient sans les attendre, égoïstement. La communauté implique la communion fraternelle. La communion est le fait de participer à la même table. Il faut donc des aliments purs et partagés.

 

B / Que signifient pour nous ces enseignements

 

·        Une église chrétienne (ou une communauté de croyants) est un ensemble hétérogène de personnes de tous âges qui sont à des stades spirituels différents : certains ne sont pas encore nés de nouveau, d’autres sont des bébés, d’autres des enfants, des adolescents et d’autres des hommes faits, certains à la stature de Christ comme le dit Paul.

Ephésiens 4 :11-15 :

« 11  Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs,

12  pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ,

13  jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ,

14  afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction,

14                            mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. »

 

Cette croissance a quelque chose à voir avec la communion fraternelle que nous vivons ensemble. Elle est une mise en commun, à partir des divers dons spirituels donnés à l’église pour l’édification de son corps. Nous rejoignons là un aspect important de la vie communautaire. Nous pouvons et devons compter les uns sur les autres pour nous alimenter en aliments solides. Celui auquel il a été donné de beaucoup comprendre doit impérativement mettre son savoir au service de ceux qui ont moins reçu ; sa responsabilité est plus grande car il plus reçu (cf la parabole des talents).

·        Mais il y a aussi une dimension personnelle. Nous devons tous travailler personnellement à notre édification. Celle-ci passe à la fois par la manne et les cailles du quotidien, mais aussi par la prise d’aliments nécessaires tout au long de la semaine. Nous ne pouvons être nourris suffisamment avec un seul repas hebdomadaire, fût-il riche et équilibré. Cette notion de travail est capitale ; elle est un enseignement du christ lui-même, repris dans les épitres.

 

Jean 6 : 27

 

« 27  Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau. »*

 

L’ordre est précis ; nous devons avoir des priorités. Notre travail est d’abord spirituel, il prime sur notre activité matérielle, même s’il ne la supprime absolument pas. Nous devons simplement savoir ce que nous mettons en premier. Quel est notre but dans la vie, à nous chrétiens ? est-ce le même que celui de mon voisin, de mon beau-frère, de mon collègue de travail ou est-ce de viser la « stature de Christ » ? Ceci est absolument capital et détermine notre présent mais aussi ce qui se passera au-delà de cette vie. Nourrissons-nous suffisamment notre esprit ? Ne nous contentons-nous pas souvent de lait amélioré, par paresse spirituelle ? Car le travail évoqué est dur, aride ; parfois nous sommes découragés car nous ne comprenons pas ou nous avons l’impression de ne pas avancer. C’est là que la communion fraternelle est précieuse. Il y a toujours un frère ou une sœur disposé par Dieu pour nous épauler, nous éclairer et nous aider à repartir du bon pied. C‘est cela qui rend l’église nécessaire et non un quelconque ordre biblique. Notre alimentation dépend à la fois de Dieu, de nous et de l’église.

 

Conclusion :

Il est inenvisageable de ne pas s’alimenter dans notre corps ; il nous faut être convaincu de la même nécessité vitale d’alimenter notre être spirituel. Selon nos capacités et nos préférences, notre époque offre des moyens formidables : cassettes ou cd audio, cours divers sur Internet, livres variés et de belles qualité, Bibles d’études, commentaires, réunions d’études bibliques, de prières… Nous ne pouvons pas évoquer le manque de ressources. Il faut travailler, passer outre l’esprit du temps de ce monde qui vise la facilité, le loisir, l’hédonisme. Nous sommes dans ce monde, mais nous ne sommes pas de ce monde. Alimentons notre homme spirituel et vivons par l’esprit comme notre corps vit par ses organes. Nous avons deux vies en une ! quel privilège !

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Equipés pour le service

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Nous prendrons deux textes tirés du livre de l’Exode. Ces deux extraits, comme le livre entier, nous sont culturellement lointains (monde antique et oriental de surcroît, époque polythéiste…). Mais ils peuvent aujourd’hui encore délivrer un enseignement à chaque chrétien et à l’Eglise, locale ou universelle.

 

Exode 3 : 7-12 ; 4 :1-4 & 10-17

 

7 ¶ L’Éternel dit: J’ai bien vu la misère de mon peuple qui est en Égypte,  et j’ai entendu son cri à cause de ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. 

8  Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays découlant de lait et de miel, dans la région (où habitent) les Cananéens, les Hittites, les Amoréens, les Phéréziens, les Héviens et les Yebousiens. 

9  Maintenant le cri des Israélites est venu jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. 

10  Maintenant, va, je t’envoie vers le Pharaon; fais sortir d’Égypte mon peuple, les Israélites. 

11 ¶ Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, pour aller vers le Pharaon et pour faire sortir d’Égypte les Israélites? 

12    Dieu dit: Je suis avec toi; et voici quel sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie: quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple,  vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne. 

………

 

1 ¶ Moïse répondit: Ils ne me croiront pas et n’écouteront pas ma voix. Mais ils diront: l’Éternel ne t’est pas apparu. 

2  L’Éternel lui dit: Qu’y a-t-il dans ta main? Il répondit: Un bâton. 

3  L’Éternel dit: Jette-le par terre. Il le jeta par terre, et cela devint un serpent. Moïse s’enfuit devant lui. 

4        L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main et saisis-le par la queue. Il étendit la main et le saisit: et cela redevint un bâton dans sa main. 

 

……………

 

10 ¶ Moïse dit à l’Éternel: Ah! Seigneur, moi je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n’est ni d’hier, ni même d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car moi j’ai la bouche et la langue pesantes. 

11  L’Éternel lui dit: Qui a donné une bouche à l’être humain? Et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? 

12  Va donc maintenant; c’est moi qui suis avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu auras à dire. 

13  Moïse dit: Ah! Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer. 

14  Alors la colère de l’Éternel s’enflamma contre Moïse, et il dit: N’y a-t-il pas ton frère Aaron, le Lévite? Je sais qu’il parlera facilement.  D’ailleurs, le voici lui-même qui vient à ta rencontre. Quand il te verra,  il se réjouira de tout coeur. 

15  Tu lui parleras et tu mettras ces paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire. 

16  Il parlera pour toi au peuple; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu. 

13    Prends dans ta main ce bâton avec lequel tu opéreras les signes

 

Thème 1 : Moïse, pas du tout équipé et pas décidé à servir…

 

Rappelons brièvement le contexte :

  • Le peuple hébreu est en Egypte depuis 300 ans environ, d’abord venu fuir une famine (au temps de Joseph), puis réduit en esclavage.
  • Moïse, l’enfant sauvé des eaux, recueilli et élevé par la fille de Pharaon, est éduqué comme un noble Egyptien et il découvre fortuitement la condition du peuple hébreu ; il devient meurtrier d’un garde égyptien et doit s’enfuir au désert, au vaste pays de Madian, où il devient berger, prend épouse chez Jéthro et vit une vie fruste d’exilé. Là se situe notre texte qui débute au chapitre 3 versets 1 à 6 par le récit du buisson ardent.
  • L’enjeu : la libération du peuple hébreu, celui que Dieu appelle ici « mon peuple » (verset 7).
  • Le problème : Moïse doit retourner en Egypte pour accomplir la mission que Dieu veut lui confier, avec les risques que cela comporte pour lui. Ce n’est pas humainement souhaitable, c’est même dangereux. On comprend pourquoi il tergiverse. Il est un homme « normal » mis en face de l’a-normalité de la révélation de Dieu. Il ne faut donc pas le juger comme un homme faible et craintif.

 

Premier enseignement pour nous :

 

Toute conversion ou rencontre de l’homme ou de la femme avec Dieu relève de ce choc entre l’humain, le concret, le réel ou le naturel et le divin, l’abstrait, le surnaturel de Dieu. C’est très souvent difficile à accepter et la raison et l’intelligence cherchent à contourner ces faits dérangeants et à nous ramener au rationnel humain.

 

Commence alors un dialogue avec Dieu, à la fois savoureux et majestueux, où Moïse avance des arguments crédibles et raisonnables.

 

1 . verset 11 du chapitre 3 : « Qui suis-je, pour aller vers le Pharaon et pour faire sortir d’Égypte les Israélites? »

 

C’est  l’argument de l’incapacité : « Seigneur, je ne peux pas. Je ne fais pas le poids face aux grands de ces sociétés, aux gens cultivés, riches, religieux… »

 

Nous pouvons avoir ce sentiment, qui est humainement légitime, de ne pas être capable de … La question n’est pas notre qualification, mais avec qui parlons-nous alors ?

 

Le verset suivant dit : « Je serai avec toi. »

 

Là se trouve le saut de la foi.

 

(On saute les versets 13 à 22 du chapitre 3 où Moïse continue son objection rationnelle : Au nom de qui dois-je parler ? Quelle est ta légitimité pour m’envoyer et la mienne ? Cela donne à Dieu la possibilité de se nommer : « Je suis celui qui suis »)

 

2. Verset 1 du chapitre 4 : « Ils ne me croiront pas »

 

L’incrédulité se déplace de Moïse vers les enfants d’Israël. C’est un classique du doute. Ce n’est pas moi qui suis en cause, mais eux. Inutile de s’occuper de leur incrédulité. Pensons aussi à l’histoire de Jonas.

 

La réponse de Dieu est concrète : c’est le bâton (ou la verge) changé en serpent, puis redevenu bâton. C’est une réponse du registre de ce que les hommes appellent la magie. Dieu use des moyens de l’époque, où chaque cour royale ou impériale a ses mages et ses devins (cf leur rôle dans la suite de la mission de Moïse auprès de Pharaon). Ici, la démonstration est pour les Hébreux d’abord, devenus étrangers à l’Eternel, contaminés par les cultes idolâtres égyptiens. Elle sera pour les Egyptiens en seconde main.

 

3. verset 10 du chapitre 4 : « Ah! Seigneur, moi je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n’est ni d’hier, ni même d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car moi j’ai la bouche et la langue pesantes. »

 

Je ne peux pas parler au nom de Dieu (ou Jésus) car je ne suis pas doué. Je suis naturellement avec « la bouche et la langue pesantes ».

 

Là, Moïse résiste beaucoup car au verset 13, il recule et affronte Dieu par son refus.

 

« Ah! Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer. »

 

Nous avons sûrement été placé dans une situation analogue. Nous savons et nous pouvons refuser la mission avec des tas de bons prétextes. L’argument final de Moïse « Qui tu voudras » est spirituellement absurde. Dieu veut l’envoyer lui, il le lui répète depuis un moments. Mais Moïse refuse la volonté de Dieu.

 

Et Dieu finit par céder, ce qui est très surprenant. Il choisit Aaron comme intermédiaire.

 

Le verset 18 dit : « Moïse s’en alla ».

 

Moïse est vaincu dans son argumentation. Il a pourtant utilisé de gros arguments que nous pouvons résumer :

 

  1. Je ne suis pas qualifié. Réponse : je serai avec toi ;
  2. Je ne sais pas qui je vais représenter. Réponse : « Je suis Celui qui suis ».
  3. Ils ne me croiront pas. Réponse : le bâton-serpent
  4. Je ne peut-être ton envoyé car je ne suis pas un orateur. Réponse en deux temps : Je serai moi-même avec ta bouche (verset 12) ; prends Aarons et tu lui parleras (verset 15).

 

Face à l’appel de Dieu (qui suit ou accompagne notre salut par grâce) , nous sommes dépassés et secoués dans nos raisonnements humains. Il faut souvent que Dieu aille loin pour nous vaincre et que nous le croyions vraiment.

 

Moïse démarre alors sa mission qui remplit le reste du livre de l’Exode. Il fait un grand nombre d’expériences personnelles avec Dieu et accomplit ce pour quoi Dieu l’a appelé.

C’est un bon résumé d’une vie en Christ.

 

Thème 2 : Quand Moïse vit Dieu équiper les autres, comme il été lui-même équipé par Dieu.

 

Exode 31 :1-6

« 1 ¶ L’Éternel parla à Moïse et dit: 

2  Vois: j’ai appelé par son nom Betsaleél, fils d’Ouri, fils de Hour, de la tribu de Juda. 

3  Je l’ai rempli de l’Esprit de Dieu, de sagesse, d’intelligence et de compétence pour toutes sortes d’ouvrages, 

4  pour concevoir des plans, pour travailler l’or, l’argent et le bronze, 

5  pour graver les pierres à enchâsser, pour tailler le bois et pour exécuter toutes sortes d’ouvrages. 

5                    Je lui ai donné pour aide Oholiab, fils d’Ahisamak, de la tribu de Dan.  J’ai mis de la sagesse dans le coeur de tous les gens habiles, pour qu’ils fassent tout ce que je t’ai ordonné: »

 

A partir du chapitre 25 il s’agit des consignes de Dieu pour l’édification de sa demeure, ceci jusqu’à la fin du chapitre 30, donc, juste avant notre texte.

Au chapitre 31 la question est : qui va construire ce sanctuaire ? Qui va être missionné ?

 

Voici une autre mission de Moïse, à un autre moment de sa vie où il n’est plus seul et débutant, mais chef reconnu des Israélites. Il est le Prophète, celui qui parle avec Dieu sur la Montagne et a reçu les 10 Paroles gravées sur les tables de pierre. Dieu peut alors aller à l’essentiel avec lui.

 

  1. verset 1 du chapitre 4 : « J’ai appelé par son nom »

Dieu a choisi les hommes qui vont contribuer par leur action au sanctuaire. L’appel est nominatif, précis. Un don divin, un équipement, un charisme d’après le mot grec utilisé par Paul, n’est pas familial, il n’est pas donné à un couple , il est donné à Un individu particulier, même si c’est toujours pour l’œuvre commune.

 

Soyons attentifs à cet aspect personnel, c’est toute la différence avec les églises de multitudes ou avec l’Islam.

 

  1. verset  2 du chapitre 4 :«  je l’ai rempli du souffle de Dieu »

Le mot original est « ruha », le même mot que celui du verset 2 de la Genèse : le souffle créateur.

Dieu partage sa richesse et sa puissance avec l’homme ou la femme qui lui appartient. Mais n’oublions jamais que c’est SON souffle.

 

  1. suite du verset : « …de sagesse, d’intelligence et de compétence »

 

la sagesse qui est définie en Proverbes 1 :7

« Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel. »

L’intelligence, qui est la capacité à penser, comprendre et réfléchir personnellement.

La compétence qui relève de la culture et de l’apprentissage.

 

Ces 3 qualités se bonifient entre elles. Pourquoi sont-elles données à Betsaleél ?

« pour toutes sortes d’ouvrages. »

 

Tout ce qui contribue à la construction du sanctuaire de Dieu. Il y a diversité des tâches, donc diversité des équipements et dons attribués par Dieu. Le verset 6 précise que la dotation concerne tous les gens habiles utiles.

 

Moïse, parce qu’il a su dépasser ses objections initiales, a grandi à travers sa mission (et aussi ses échecs). Il peut alors voir Dieu équiper le peuple autour de lui pour une action sainte, collective et coordonnée.

 

Conclusion.

 

Ce chemin de Moïse est riche de promesses pour nous. Il ne s’agit pas d’une histoire vieille de plus de 3000 ans mais d’un enseignement de la Torah (mot qui signifie lui-même « enseignement »), la bible juive.

Dans la Nouvelle Alliance, des promesses identiques sont faites par Jésus ou les auteurs des Epitres au nom de Dieu. Elles visent toutes à nous montrer que Dieu nous équipe et équipe son peuple pour libérer l’humanité sous la servitude de la séparation d ‘avec Dieu, ceci à toutes les époques.

 

Nous pouvons citer, sans les relire :

 

  • La promesse du don de l’Esprit : Jean 14 :2-6 ; reprise en Actes 1 :8
  • La promesse des dons qui sont les fruits de l’Esprit : Galates 5 :22-23 &  Corinthiens 12 :4-11
  • La promesses des qualifications spirituelles (ministères) : 1 Corinthiens 12 :27-31

 

Tout cela avec une finalité : l’Eglise, temple de Dieu aux pierres vivantes.

 

1 Corinthiens 3 :16 :

« 6 ¶ Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? »

 

L’objectif est de célébrer la grâce de Dieu qui nous utilise pour le salut de tous les hommes :

 

1 Timothée 2:3-4  « Cela est bon et agréable devant Dieu, notre Sauveur, 

4        qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. »

 

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C’est gratuit !

C’est gratuit !

 

Introduction :

 

Combien de fois n’avons-nous pas été interpellé et appâté par un « c’est gratuit ! ». Dans une société marchande comme la nôtre, il s’agit d’un argument de choc. Le gratuit est à la fois attirant et suspect. Si c’est gratuit, c’est qu’il y a un piège, puisque tout ou presque est payant aujourd’hui. Mais profiter de quoi que ce soit (spectacle, voyage…) sans débourser est quand même intéressant. Ce dilemme est à l’image de notre monde et de la façon dont il a conformé notre esprit. Nous allons donc essayer de voir ce sujet sous l’angle d’analyse chrétien, c’est-à-dire avec un recul critique qui ne s’en laisse pas conter.

 

Comme toujours, il faut revenir au sens premier des mots.

 

Gratuit : vient du latin impérial « gratuitus », signifie au départ « désintéressé », « sans motif ». Ce sens est resté le même au fil du temps.

Mais il existe un autre sens relié à celui-ci, que l’on retrouve dans l’expression « acte gratuit » ou « crime gratuit ».

« Acte étranger à tout système moral propre à une collectivité et individualiste, et qui n’a pour objectif que lui-même. » (Grand Larousse).

Bien que ces deux sens soient reliés, ils sont assez éloignés quant à leurs conséquences.

 

Nous allons procéder en trois temps :

  1. Analyser rapidement la gratuité proposée par nos sociétés ;
  2. La comparer à l’univers de la foi chrétienne dans ses fondements ;
  3. réfléchir au rapport de l’homme à la gratuité dans les deux contextes abordés auparavant.

 

Thème 1 : Le  gratuit et la gratuité dans nos sociétés

 

Dans notre vie quotidienne nous avons plusieurs types de gratuité auxquelles nous sommes confrontés entant que citoyen, consommateur ou simple humain.

 

La gratuité des services publics.

Nous sommes habitués à envoyer nos enfants à l’école gratuitement, à rouler gratis sur nos routes nationales ou a accéder à un service d’urgence d’hôpital sans avoir besoin de payer. Nous sommes ainsi entourés de services publics assurés par l’Etat gratuitement. Mais cette gratuité n’en est pas une : sans contribution commune de l’impôt, plus d’école gratuite, plus de routes, plus d’accueil sanitaire…. Cette gratuité est en fait payée avant que nous la consommions. C’est comme si nous avions acquitté un abonnement annuel. Si les services publics sont gratuits, c’ un abonnement annuel. Si les services publics sont gratuits, c’est uniquement parce qu’il y a un accord politique entre les gens qui habitent un même pays. Nous entendons assez aujourd’hui remettre en cause le « modèle social français ». Cette gratuité est une solidarité assumée. Mais tout ceci a bel et bien un coût ! (vois la Sécurité Sociale et son gouffre).

 

La gratuité de l’assistance aux plus démunis relève de la même logique non-marchande comme on dit en économie. Ainsi faut-il comprendre le rôle du bénévolat. Le travail des millions de bénévoles n’est pas « rien ». d’ailleurs dans les dossiers de subventions, il est demandé d’évaluer et de chiffrer les apports en nature du travail des bénévoles. Le vestiaire ou la soupe du Secours Populaire n’est nullement gratuit. C’est seulement son accès qui l’est. Il en est de même des soutiens financiers défiscalisés aux associations diverses. Ceci coûte à la collectivité et au particulier.

 

La gratuité sur et grâce à Internet doit aussi être analysée. C’est le plus grand mythe économique de ces dernières années. Tout est payé par ailleurs. Pour avoir le droit d’accéder à des cours « gratuits » en ligne, vous devez d’abord vous acquitter d’un abonnement mensuel. Et si ce n’est pas toi c’est donc ton frère ! Ensuite, toute la gratuité du Net repose sur le matraquage publicitaire intensif. La publicité se déplace de plus en plus des médias traditionnels (radio, télé, journaux) vers le web. Il n’y a pas de miracle. Le marché n’est pas extensible. On déshabille Pierre pour habiller Paul. Même les sites personnels ne sont nullement gratuits, il y a toujours des paiements en amont. Il s’agit d’une nouvelle économie mais elle n’est pas gratuité. Une économie peut-elle d’ailleurs être gratuite ?

 

Ainsi voyons-nous qu’en fait rien n’est vraiment gratuit au sens initial. Comparons maintenant avec l’univers de la foi.

 

Thème 2 : La foi chrétienne fondée sur un don gratuit

 

On ne saurait mieux définir la foi chrétienne. S’il existe aujourd’hui tout un univers de « religions chrétiennes », il est entièrement fondé sur un double geste gratuit au sens second précédemment défini.

 

Don gratuit et grâce

Dieu n’avait pas de motif autre que l’amour pour envoyer son fils. C’est tout le sens de Jean 3 :16

 

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. »

 

A la base, seulement un amour incommensurable, celui du Créateur pour sa créature.

La motivation est donc très différente de ce que nous avons vu plus haut. Cet amour n’est pas inscrit dans un système, une sphère marchande et /ou politique. A de très nombreuse reprises dans la Bible il est dit que Dieu a donné. Le don devrait être le contraire de la commercialisation, de la vente ou même de l’échange . Quand je dis à quelqu’un qui a envie d’un objet que je possède « Il te plait ? Je te le donne. », je n’attends rien en retour, n’en déplaise aux anthropologues qui ont élaboré de savantes théories sur le don et le contre-don. Le vrai don est désintéressé et n’attend rien en retour. Dieu donne son Fils uniquement par amour de la créature humaine. Mais le don gratuit est double. Car  ce Fils, pour accomplir la réconciliation voulue par le Père qui l’envoie doit aussi donner sa propre vie humaine dans laquelle il s’est manifesté. Il a la possibilité de refuser. Et nous savons que ce combat moral a eu lieu, dans la jardin des Oliviers près de Jérusalem, le soir de la Pâque.

 

Jésus a combattu contre lui-même pour accomplir ce don gratuit.

 

Une fois ces deux dons accomplis, il reste encore une gratuité pour amener les choses à leur achèvement. Il faut que la réconciliation (le « salut »de l’Evangile) soit accessible à tous et sans contrepartie humaine. A cette seule condition elle sera un vrai don. Nous savons que cela porte un nom en théologie : il s’agit de la « grâce ». Nous sommes bénéficiaires d’un « salut par grâce » pour lequel nous ne pouvons rien faire pour nous le procurer et rien pour le rétribuer. Cette affaire se passe en dehors de nos capacités. Nous n’avons qu’à dire « oui » au cadeau.

 

Le « joyeux service du chrétien » est aussi un don

Les critiques de la religion chrétienne ne manquent pas de signaler que ce salut est acquis au prix de pénitences, dons, pèlerinages et actions charitables. Il s’agit là de la vieille opposition du salut par les œuvres et du salut par la foi, qui a marqué la différence entre Jacques et Paul, mais aussi entre les Catholiques et les Protestants.

Soyons très clairs : nous ne pouvons rien faire pour compenser ou acheter notre salut. La Bible est formelle là-dessus. A ce propos il faut signaler que dorénavant Eglise Catholique et Eglise protestantes historiques sont d’accord, ayant même signé un document sur sujet. La théologie de la grâce est commune à tous les chrétiens.

Il y a une confusion sur ce sujet, entretenue souvent par une imprécision verbale et des siècles de malentendus. Si le chrétien accomplit un service envers l’Eglise et son prochain, ce n’est pas par nécessité ou obligation, comme on rembourserait un crédit.

Si nous servons Dieu, c’est parce que nous avons été transformés par l’amour de Dieu et non pour rembourser une quelconque dette.

 

Thème 3 : L’homme et la gratuité

 

 

Le destin contrarié de l’humanité

L’homme est capable de faire de vrais gestes désintéressés, qui ne lui rapportent rien et qui n’attendent pas de contrepartie. Heureusement dans l’actualité on trouve encore des exemples nombreux : lecture du témoignage du vieil homme publié dans La Vie du 3 octobre.

 

Un simple geste de « bonté » et de « solidarité », anonyme. Contrairement à ce dont nous bombardent les médias sur la violence et l’insécurité, cette France-là existe encore et surtout. Il suffit de voir la réaction de nos concitoyens lors des catastrophes comme la tempête Xynthia. L’humanité des hommes et des femmes est un petit reflet de Dieu comme nous le laisse entendre la Genèse dans le récit de la Création, quand Dieu dit :

 

« Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance… » Genèse 1 :26

 

Nous croyons que la faute a tout cassé, mais c’est en partie faux ; elle nous a séparés de Dieu dans son projet mais elle n’a pas détruit cette ressemblance. Il y a du bon dans l’homme ou la femme, ne l’oublions jamais. Cependant, il faut considérer le poids de l’environnement moral et nos modes de vie. Notre éducation, notre milieu et, surtout, la société dans laquelle nous évoluons pèsent très lourd dans nos comportements. Un modèle capitaliste hyper-individualiste et concurrentiel n’est pas le plus apte à générer de la bonté de la solidarité et de la gratuité. Le modèle marxiste-léniniste, qui affichait de belles ambitions en ce domaine, a échoué lamentablement aussi. Nous récoltons ce qui a été semé. Les naufragés réguliers de la Méditerranée près de l’île de Lampedusa sont le pur produit de notre société mondialiste avancé : ils meurent de nos guerres, de notre exploitation, de nos sectarismes religieux, de notre Forteresse Europe etc… Ils sont aussi le produit de l’incurie de leurs propres pays (Somalie, Sahel ; Tunisie…)

 

Les clés d’une gratuité durable et révolutionnaire

La Bible nous donne le chemin à suivre. Elle nous offre à la fois un enseignement et des exemples de toute nature.

  • La « conversion » est à la base : Actes 2 :37 à 41 – La  « génération perverse » est celle qui a perdu le contact avec la nature initiale de l’homme-créature de Dieu. Certes la conversion est un moment ou un temps unique, mais je suis convaincu que c’est aussi un processus permanent : je dois chaque jour me remettre dans cette attitude de réconciliation. Chaque jour est une « conversion » nécessaire face au monde qui dérive.
  • La réconciliation est la conséquence de la conversion. Je rétablis le contact avec Dieu par l’Esprit Saint revivifié en moi lors de mon baptême. Mais je me réconcilie aussi spirituellement et concrètement avec mes frères et sœurs humains. Paul nous en donne l’injonction de la part de Dieu au nom de l’action de Jésus-Christ: 2 Corinthiens 5 :19

« Car Dieu était dans le Christ, réconciliant le monde avec lui-même, sans tenir compte aux humains de leurs fautes et mettant en nous la parole de la réconciliation. »

  • La transformation de notre façon de penser la vie et le monde est la troisième étape de ce processus. Ce verset de Romains 12 :2 que nous citons si souvent est la clé définitive.

«  Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence…. »

 

Quand nous avons franchi ces étapes alors nous pouvons agir véritablement gratuitement et sans aucun calcul. La Bible nous encourage à l’action envers les hommes sans restriction. Je citerai deux versets du livres de l’Ecclésiaste pour terminer :

 

Ecclésiaste 9 : 10 d’abord :

« Tout ce que ta main trouve à faire, avec ta force, fais-le… »

C’est ici et maintenant qu’il faut travailler par amour pour nos frères, il n’y a pas de seconde chance, pas d’ailleurs où le faire, la fin de ce verset le dit clairement.

 

Ecclésiaste 11 :1 ensuite :

« Jette ton pain sur l’eau, car avec le temps tu le retrouveras ; donne une part à sept, et même à huit, car tu ne sais quel malheur peut arriver sur la terre »

verste à la fois énigmatique et clair, qui nous appelle à la distribution, aux semailles et au partage. Gratuitement véritablement, sans savoir si le fruit sera ou pas, par la foi. Sans attendre d’effusions de remerciements, d’honneurs ou de réciproque. Comme le don de Jésus-Christ sur la Croix.

 

Jean-Michel Dauriac – Octobre 2013

 

 

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