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Catégorie : les critiques

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La joue droite a déjà été tendue…

Sur La déferlante – Cette crise qui a révélé les évangélique

Samuel Peterschmitt avec Kévin Boucaud-Victoire

Mulhouse – Editions Première Partie  / Philadelphie –  2020

La crise sanitaire du Covid19 a commencé par la désignation d’un bouc émissaire très pratique : l’Eglise de la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse. En effet celle-ci avait tenu son rassemblement de prière annuel du 17 au 21 février, lequel avait rassemblé 2 000 personnes. D retour dans leurs lieux de vie respectifs, de nombreux participants se sont avérés être infectés par ce virus que l’on découvrit début mars. Il n’en fallut pas plus pour en faire le foyer initial de diffusion du virus ! Alors que l’on sait maintenant que la source première est sur une base militaire de l’Oise. Peu importe : Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose !

Ce sont ces circonstances qui ont amené le pasteur Peterschmitt à publier ce livre, qui est un long entretien en quatre chapitres. Non seulement, l’accusation portée contre son église est fausse, mais elle est stupide : en effet, à cette date, aucune précaution n’était demandée, puisque le gouvernement croyait à une « grippette » et que dans le même créneau, Monsieur Macron prenait un bain de foule à Mulhouse justement. Mais on comprend bien que les évangéliques, ces chiens galeux du domaine religieux français (juste avant les islamistes radicaux dans la hiérarchie), faisaient des coupables idéaux.

Je ne vais pas développer la contre-argumentations, très solide, que le pasteur développe dans le premier chapitre, il faut le lire. Disons simplement qu’il rappelle que sa communauté a payé un très lourd tribut au Covid19, avec 26 décès. 18 membres de sa famille, dont lui-même, ont été malades.  IL ressort de cet épisode qu’il ya effectivement un climat anti-religieux de plus en plus net en France et que les évangéliques, accusés d’être des suppôts des Américains et des dangereux sectaires sont des cibles récurrentes de journalistes totalement incultes en sciences religieuses et qui ne prennent même pas la peine de combler leurs lacunes abyssales et de rencontrer les intéressés. Ils découvriraient alors que les évangéliques sont d’abord des protestants, mais sur une autre ligne de vie et de lecture de la Bibles que les luthéro-réformés historiques de France. N’est-ce pas le propre du protestantisme d’être cette galaxie de foi qui ignore hérésie et pape ?

Le premier chapitre du livre est donc consacré à un retour sur la crise et ses contre-vérités. Toute personne intelligente qui se tient vraiment au courant d e l’actualité sait qu’il y a eu emballement et mensonge, intentionnel ou pas. Samuel Peterschmitt remet les pendules à l’heure de manière très claire et sans aucune animosité.

Le chapitre 2 fait un historique de cette église bien française, que les médias appellent « mégachurch » par emprunt au contexte américain, alors que personne en songe à nommer ainsi Notre dame de Paris quand elle contenait une telle foule de fidèles. Il y a donc bien intention de nuire et de déconsidérer. Face à cela, le pasteur raconte une histoire familiale, cette église ayant été créée par son père et sa mère. Ce qu’il narre est le destin classique des communautés protestantes indépendantes depuis au moins deux siècles en France (disons depuis Napoléon et le Concordat de 1805). Son récit établit le caractère français, et même alsacien, de cette communauté, qui a grandi au fil des années ; Ceci en grande partie par l’adaptation de ses dirigeants à la mentalité et aux techniques modernes – les évangéliques sont les plus pointus en technique mise au service de la diffusion de l’Evangile. Il rappelle qu’aucun euro n’est d‘origine étrangère et que la règle des évangéliques est l’autofinancement, par une consécration matérielle plus forte que les Eglises historiques.

Le chapitre 3 est peut-être le plus important, au point de vue de l’histoire des religions et de la théologie. Il s’agit en effet d’un exposé très vivant de ce qu’est la théologie évangélique, dont le point d’ancrage principal est une lecture très fidèle des textes –parfois littérale, ce qui pose alors problème – , avec une foi dans l’inspiration totale des Ecritures, selon le principe herméneutique de non-contradiction interne de la Bible. Il serait dangereux de ne voir que les points de divergence, alors que la part la plus importante des croyances est d’origine calviniste. Les évangéliques sont d’abord des protestants, mais qu’il faudrait rattacher plutôt aux anabaptistes et aux hussites qu’aux luthériens. Je recommande cette lecture à tous ceux qui veulent dépasser les fausses informations et les approximations.

Le dernier chapitre élargit le propos à la place des évangéliques dans la cité.  Là encore, les propos battront en brèche des clichés répétés ad nauseam. Il est courant de répéter que les évangéliques sont des sectaires qui vivent en circuit fermé, ne se préoccupant ni de la vie politique ni de la vie sociale non-chrétienne. En décrivant simplement ce qui est fait dans le cadre de cette paroisse, l’auteur coupe l’herbe sous le pied à ce type de discours mensonger. Il faut oser affirmer que le monde – et singulièrement la France ! – irait beaucoup plus mal si les chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes…) cessaient de faire tout ce qu’ils accomplissent d ans le domaine social. Et cela dure au moins depuis la chrétienté médiévale, pour en pas remonter à l’Eglise Primitive.

Le livre se termine par une déclaration circonstancié de Jonathan Peterschmitt, le fils de Samuel, médecin, qui revient sur l’épisode du Covid19.

Voici donc un livre fort utile et très opportun, qui vient à point nommé détruire toute une série de contre-vérités (pour ne pas dire de mensonges et calomnies divers) par la force du témoignage. Nul besoin d‘être un fan de La Porte Ouverte Chrétienne pour l’apprécier (ce n’est pas du tout mon cas personnel) ni même d’être croyant pour y saisir l’information authentique sur le mouvement religieux qui croît le plus dans le monde depuis des décennies. Le succès fait forcément des jaloux et suscite des haines. Mais être chrétien évangélique ne signifie pas se laisser calomnier sans rien dire, en supportant au nom du Christ. Le combat pour la vérité est essentiel au christianisme.

J’ajouterai enfin, que ce livre, écrit avec la collaboration d’un journaliste professionnel appartenant à la rédaction de l’hebdomadaire Marianne, se lit très facilement, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.

Jean-Michel Dauriac

Théologien protestant

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Que faire des cons?

De Maxime Rovère

Critique de Frédéric Rodriguez

Entre le petit con et le grand con, il y a une multitude de cons (le pire étant le con dangereux, le gros con, le méchant con, celui qui va au bout de sa connerie, jusqu’à devenir nuisible pour la santé de son entourage, et puis y a le con-nard, ou la con-nasse, ce qui revient au même). Cela dit, je l’avoue, il m’arrive parfois d’être un peu con sur les bords. Qui ne l’est pas aux yeux des uns ou des autres ? Connerie et folie, même diagnostic ? (on pourra toujours lire Eloge de la folie si l’on souhaite creuser la question). Question de point de vue en tout cas mais aussi de perspective, de conscience personnelle et donc de remises en cause diverses et variées. Cela dit, dans nos jugements, ne nous faisons pas trop de mal, hein, ça serait un peu… con. Il suffit d’avoir conscience de sa connerie (que celle-ci soit nuisible, dangereuse ou, mieux, sans conséquence fâcheuse) et de changer (d’autres diraient se repentir ou se réformer). Dès lors, le con, qui est-il ? Et la conne, qui est-elle ? L’éventail de la connerie est si large (d’autres diraient qu’elle est illimitée) qu’il semble impossible d’étudier tous les cons à la fois. Il y a les cons assis sur leurs certitudes, qui refusent de douter ; mais il y en a d’autres qui rejettent tout et qui doutent même de la vérité ; et il y en a encore qui se foutent des deux premiers groupes, qui d’ailleurs se foutent de tout, même des drames qu’on pourrait éviter. Le con est celui ou celle qui manque de respect envers les autres. Celui qui méprise ou regarde de haut ses congénères quand ceux-là sont démunis et faibles. Bref, celui qui n’est pas bienveillant de nature (je ne parle pas de la bienveillance édictée en valeur absolue, ni de la propagande et des palabres hypocrites de certaines autorités, mais bien d’une nature qui ne s’imposera pas, par ailleurs). Le con est surtout celui ou celle qui accable, fatigue, avance sans préavis et justifie ses gestes par un « c’était plus fort que moi ». Mais dès qu’il pense, crée, dessine, joue d’un instrument, lit, etc., bref quand il regarde plus loin que le bout de son nez, l’Homme ne deviendrait-il pas moins con des fois ?

Avant d’aller plus loin, un petit diagnostic est donc nécessaire et ce livre du philosophe Maxime Rovere publié par Flammarion en 2019 est une petite bouffée d’oxygène (écrivain et historien de la philosophie, Rovere a enseigné à l’ENS de Lyon ; il a d’ailleurs écrit un bouquin sur l’auteur de l’Ethique, Le Clan Spinoza, que j’ai également lu mais que je trouve moins réussi ; et là, je termine L’école de la vie qui est délicieux). Le con (ou la conne) se distingue donc du fait qu’il insiste un peu trop sur sa différence : il s’observe avant tout, connait tout, vous fait savoir qu’il a tout vu, sa conne- essence est épuisante. Il est ridicule parfois. Sa science sérieuse et ses croyances sont les seuls qui soient valables, souvenez-vous de Bouvard et Pécuchet (Flaubert). Il peut être méchamment prosélyte, inélégant (qui ne sait pas « élire », ne sait pas choisir). Il ne sait pas dire non et refuse toujours. Grossier et vulgaire, il manque de recul et de distanciation (il n’a pas l’esprit critique et n’accepte pas la contestation). Il est manipulateur et manipulable, et si on le critique, il se vexe, boude, ne prend rien avec suffisamment de distance. Son anticonformisme n’est qu’apparence, sa critique de la bourgeoisie fait de lui un bourgeois (« la triste intelligence » d’Harry dans Le Loup des Steppes), et puis ce sont toujours les autres qui sont cons, jamais lui, jamais elle. Bref, le con, ça n’est pas Charlot dans Les Temps Modernes. Le con, c’est le triste sire, le clown de service, l’obséquieux qui aime le Pouvoir. C’est le pantin ou le snob qui ne se sent plus pisser, qui n’a que l’apparence de la force mais qui s’aplatit devant elle (il l’aime tellement, l’apparence de la puissance). Au-delà de ces catégorisations faciles, le con ne pense pas à deux fois, et ne sait pas trouver les mots justes, ni faire de l’humour, ni se taire ni s’arrêter quand c’est nécessaire (ferait bien de tourner sa langue sept fois dans la bouche). Sinon, bien sûr, ne nous arrive-t-il pas, les uns et les autres, de déconner et de dire des conneries de temps à autre ? Par contre, faire, des conneries (question de degré), ça peut être dramatique.

Quand on vous prend pour un con, là aussi, c’est rageant (pauvre Villeret dans Le dîner de cons). Entre moqueurs et courtisans, le fossé est alors très mince. Mais ce sont surtout les conséquences de la connerie qui font le plus de dégâts (collectivement d’abord, individuellement ensuite, ou l’inverse). Le conditionnement pour se comporter comme des cons, voilà bien le problème. Et si la connerie a l’apparence de la connaissance (ou de la conne essence), elle est ignorance, le bien plus souvent. C’est aussi un manque d’amour, nous dit Rovere, une absence d’humanité, une intolérance à la différence. Cela ne signifie donc pas que tous les cons se valent. ll y a plusieurs degrés dans la connerie. « Mais c’est hélas une société malade qui produit aussi des cons en pagaille ». Ce ne sont pas seulement les cons qui détruisent tout et se détruisent par là-même (les conditions de la vie sociale et professionnelle, les conditions d’une vie familiale apaisée et sensée, etc.). C’est aussi la société toute entière qui donne ce sentiment d’autodestruction, d’absurde, faut bien le reconnaître (relire L’homme révolté d’Albert Camus, et même, plus près de nous, La fabrique du cré-tin de Jean-Paul Brighelli ou La fabrique des pervers par Sophie Chauveau). Con dangereux, con destructeur, con-strictor, con-quistador… Un prédateur. Un dominant. Il faut l’identifier rapidement pour s’en protéger. Le titre, forcément, est très accrocheur. Il pourrait en rebuter quelques-uns. Dommage. Aspect commercial ? Au final, comme le dit très justement Marie-Claude Sawerschel (voir son délicieux commentaire) Maxime Rovere donne à lire une étude brillantissime sur le sujet. Fallait oser ! Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ? (Audiard). Je n’irai pas jusque-là. Je veux seulement dire que c’était risqué de publier pareil ouvrage : ça aurait pu être un flop, or, c’est tout le contraire. C’est brillant, intelligent et humain. On connaissait quelques citations de Frédéric Dard (1). Avec le bouquin de Rovere, on en retiendra d’autres (2).


(1) « Les cons me blessent, me contraignent, me ligotent, me flagellent, m’ulcèrent, me démoralisent, m’irritent, m’endorment, me conspuent, m’oppriment, me dépriment, m’usent, me défèquent, m’engluent, me ruinent, m’embrigadent, m’écrasent, me crucifient, me baisent, me volent, me violent, m’accidentent, m’assassinent, me font alternativement suer et ch…, m’obligent, me vilipendent, me rognent, me bafouent, m’emplâtrent, m’épouvantent, me vieillissent, me profanent, me cocufient, m’éclaboussent, me soûlent, m’amputent, me saignent, me noircissent, me font voter, m’étatcivilent, m’inculquent, m’enc…, me gauchissent, me droitisent, et surtout – ô combien surtout ! – immensément surtout : me fatiguent et me re-refatiguent un peu plus chaque jour, m’emmerdent jusqu’à la désintégration finale. Qu’à la fin je leur porte plainte contre, à tous ! Au tribunal de Dieu, du diable ou de mes fesses. » (extrait de son livre, Les Con, notez l’absence du « s », puisqu’il s’agit d’un nom propre ; ce livre s’inscrit un peu dans la veine des San Antonio, c’est donc plein de verve et d’humour). Je ne sais pas si Frédéric Dard aurait aimé le bouquin de Rovère. Sans doute que oui. Audiard aussi (même si question de style, entre Rovère et Dard, ça n’est pas comparable, puisqu’avec le premier, on n’est pas dans la farce piquante, mais plutôt dans un manuel d’éthique interactionnelle, une étude ne manquant pas de recul et de distanciation par ailleurs). On peut commencer à lire si on est lycéen (c’est même recommandé quand on est élève en classe de terminale et que l’on suit des cours de philo). Le bouquin vient d’être publié en édition de poche (Que faire des cons, chez Champs Flammarion).

(2) C’est déjà ça, même si certains et certaines pourront toujours se reconnaître ici et là. Maxime Rovere donne par ailleurs pas mal de remèdes et de solutions (avec des exemples concrets) dans nos interactions avec les cons. Voici quelques passages croustillants : par exemple, « le con ou la conne se définissent, du fait d’un comportement que nous estimons inadéquat, comme des êtres que nous identifions, même momentanément, comme situés à un degré inférieur d’une échelle morale où, sans être parfaits, nous nous situons nous-mêmes – dans notre effort à tous pour devenir des êtres humains accomplis ». « D’ailleurs, qui sait définir ce qu’est un être humain accompli ? ». « La disparition des cons savants va de pair avec la prolifération des cons d’expérience » (page 56). « Au même titre que l’existence des cons, l’existence de la haine, de la colère, etc., doit être accueillie non comme une erreur, mais comme un fait. Vous allez donc non seulement devoir faire avec l’existence du salopard qui refuse de récompenser vos efforts même par un geste qui ne lui coûterait rien, mais vous allez en plus devoir survivre aux émotions qu’il vous inspire. Pour travailler correctement, il faut d’ailleurs inverser les choses : d’abord leur régler leur compte à vos émotions ; ensuite, on s’occupera de ce salaud. » (page 62) « Ce qui définit les cons : ils rendent les accidents inévitables / ils nous accablent, ils ne nous laissent pas tranquilles, ils s’obstinent » (page 12 et 68), etc., etc. A lire, quitte à y revenir pour méditer. 

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Tout est possible, tout est accompli

Tout est possible, tout est accompli

Jean Agogué

Si je dois vous donner une seule raison d’écouter cette œuvre, elle est dans l’introduction du premier titre, Si la vie que je mène.  Ca dure exactement 40’ et c’est proprement bluffant ! Il y a là un toucher de guitare du soliste d’une telle grâce et délicatesse que j’ai été immédiatement conquis. J’ai instinctivement pensé à deux de mes guitaristes préférés, Marc Knopfler et Eric Clapton. Ce n’est pas rien, mais le jeune Mickaël Lubin, le mérite : il a la grâce. Il n’imite pas, il fait parler sa guitare avec sensibilité, tout sonne juste dans ce chorus initial. Et c’est un vieux guitariste qui parle, un qui n’a pas la grâce de ce jeune musicien. Au bout de ces quarante secondes, c’est gagné : on a envie de réentendre ce son formidable ! Donc, on va écouter très attentivement tout les titres, en tendant l’oreille à chacune de ses interventions, et il y en a beaucoup car, visiblement, Jean Agogué est du même avis que moi. Je vous laisse faire vous-même ces découvertes, vous ne serez pas déçu. Il y a même un petit instrumental qu’il a orchestré, en plage 6 !

Mais on ne saurait réduire les chansons livrées à ce seul musicien de talent. Disons que c’est la cerise sur le gâteau. J’avais déjà chroniqué le précédent album de Jean Agogué (voir sur mon blog), qui offrait une belle collection de chansons d’inspiration chrétienne. Celui-ci se situe dans la continuité. Jean A. affiche clairement la couleur : il est chrétien et trouve cette vie de foi formidable. Ce qui ne veut pas dire facile ou béate. Les onze chansons de l’album donnent une palette très riche d’approches de la vie chrétienne. Celui qui croit sera évidemment comblé, mais je suis persuadé que ce disque peut aussi parler à toute personne honnête qui se pose des questions sur le sens profond de l’existence.

Jean Agogué a entrepris une collaboration avec le pasteur Thierry Bulant, lui-même musicien-chanteur. Il signe huit des onze textes de l’album. Deux sont de Jean Agogué, qui a composé toutes les musiques des chansons. Il s’agit donc d’un travail d‘équipe, ce qui lui donne toute sa cohérence. Le style musical que Jean aime et défend depuis plus de 40 ans est résolument américain : folk, blues, ballade rock soft. On est du côté de Nashville-sur-Rhône. Les ambiances sonores de chaque morceaux sont très travaillées, pour apporter de la variété. Il y a des rocks, des thèmes ternaires, des bons pickings binaires et du blues. On ne s’ennuie vraiment pas !

J’ai dit tout le bien que je pensais du guitariste solo (tiens, mettez donc l’intro du titre 11, Il vient), mais il n’est pas seul, il y a une équipe complète qui « assure ». Citons-les : Daniel Grail aux claviers, Christian peyron à la guitare basse, William Gaudin à la batterie, Corentin Martinez aux percussions, sans oublier Jean Agogué à la guitare acoustique.

Les voix sont bien en place. Celle de Jean est chaude et pleine, les composition sont taillées sur mesure. Il partage les leads vocaux avec une voix féminine, celle de Sophie Waysenson. La complicité vocale des deux interprètes est manifeste (écoutez Elle est longue la route). S’ajoutent des choristes féminines pour densifier les refrains ou passages forts. Rien à redire sur l’aspect vocal : c’est clair et surtout très bien articulé (chapeau Jean pour cette diction impeccable), ça change du gloubi-boulga qu’est devenue toute une partie de la chanson française (j’apppelle ça le syndrome Daho). On comprend absolument tout, et c’est très important, compte tenu des textes et de l’intention du disque. Il s’agit de partager cette foi et cette espérance en Jésus. A ce propos, il faut signaler Mon Dieu Mon père, écrit, composé et chanté par Thierry Bulant, sur un rythme jazzy. Une belle profession de foi qui échappe au prêchi-prêcha par la sincérité et la conviction qui en émanent.

Bien : tout serait donc parfait dans ce disque ? Eh bien non ! Il ya un titre où l’orchestration me meurtrit l’oreille à chaque écoute, c’est le morceau-titre de l’album, Tout est possible – tout est accompli. La sonorité du synthé est, pour moi, quasi-inuspportable : elle sonne comme un clavier-jouet, agressive et un peu ridicule. Je sais bien, pour le pratiquer, qu’un choix de sonorité au clavier est toujours un pari. Celui-ci est perdu. Du coup, le morceau en est assez sérieusement altéré, alors qu’il est un hymne à la foi. Mon second reproche porte sur les derniers morceaux de l’album, que je trouve moins réussis que ceux du début, disons à partir du titre 8. Je ne saurais pas donner d’explication sûre, sauf peut-être les thèmes abordés et la structure des paroles.  Des titres comme Dieu a tant aimé le monde ou Le train du ciel  me séduisent moins, car moins originaux que les six ou sept premiers.

Je voudrais terminer par présenter mon morceau préféré ; Cest la chanson Pour le meilleur et pour le Père, particulièrement réussie, sur un sujet historique : celui de la persécution et de la fuite des Huguenots français au XVIIème siècle, après la Révocation de l’Edit de Nantes, en 1685. Voilà une chanson aboutie que tout protestant ne peut que faire sienne.

Ce disque est une belle réussite, malgré les petits défauts signalés. Il s’en dégage de la joie et de l’espérance. On peut le réécouter sans risque qu’il ne lasse, il s’enrichit à chaque écoute. Indispensable dans votre discothèque ;

Jean-Michel Dauriac

Ps : on peut commander le disque directement,

Pour 15 €, port compris. Contact: contactjean84@gmail.com

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